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3,79

sur 1898 notes
Lisant les belles et justes critiques de Nastasia-B et de Palamede, des souvenirs anciens mais forts me reviennent, j'ai l'impression de revivre certaines scènes. Oui, quel livre important !
Ma touche personnelle d'amoureux des langues : il m'a fait découvrir la réalité de la langue comme signe de la séparation des classes au Royaume-Uni. On parle souvent de l'accent comme marqueur de classe outre-Manche - plus qu'ici - mais Lawrence montre qu'il s'agit presque de dialectes différents, et c'est un intérêt annexe mais réel de ce livre. Pour un angliciste débutant la langue des mines et de l'industrie est difficile quand celle de l'aristocratie paraît déjà familière, et cela souligne la vision sociale de Lawrence.
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Un roman magnifique malheureusement trop souvent dévoyé par les non-lecteurs de cette oeuvre très moderne parlant des normes de la société du 19iem siècle dans la bourgeoisie industrielle, normes pas si éloignées des nôtres, et surtout du choix d'une femme à être heureuse. L'allégorie de l'homme sauvage en opposition avec l'homme machine (jusque dans son fauteuil roulant) est forte en symbolique, et la scène du fleurissement des amants reste un des passages dignes des romantiques allemands les plus beaux dans ma mémoire de lectrice. Il est d'ailleurs amusant que, bien souvent, ce livre soit condamné en raison des choix de son héroïne, quand, d'un autre coté, on ne voit que de la misère humaine et du fatalisme dans boule de suif.... Un rare roman féministe écrit par un homme avant l'heure !
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Quel beau roman, qui prône l'ouverture vers l'autre, la liberté et la conscience de soi et le plaisir sensuel désacralisé!
Ce livre est bien plus qu'un roman érotique (qu'il n'est qu'à peine finalement) puisqu'il aborde aussi la lutte des classes, le féminisme et les conséquences de l'ère de l'industrialisation. Mais ce qu'on en garde, c'est bien sûr l'amour entre Lady Chatterley et le garde-chasse de son mari et qui naît peu à peu après de premiers ébats sexuels dans la forêt. Volontairement, Lawrence laisse son héroïne initier la relation sexuelle, la voulant pleinement actrice de son corps, de sa liberté individuelle (voir la postface d'André Malraux).
L'écriture m'a légèrement déroutée, les répétitions volontaires et insistantes apportant une grande modernité à un récit d'une société encore très dix-neuvième siècle et j'ai adoré la liberté de ton des personnages.
Après ce roman, je regrette qu'il n'y ait pas plus d'érotisme finalement dans les autres grandes histoires d'amour de Stendhal ou les Soeurs Brönte par exemple, qui comme Lawrence mettent en avant la liberté féminine.!
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C'est une amie qui deviendra ensuite mon épouse, il y quelques décennies, qui m'a fait découvrir D. H. Lawrence. Ce fut un véritable choc. C'est un des des écrivains qui m'ont fait comprendre que la littérature pouvait être le reflet de la vie et s'affilier à des concepts philosophiques. Très vite, je me suis identifié à ses personnages. Leurs valeurs et leurs quêtes existentielles sont souvent aussi les miennes.
Il est toujours surprenant qu'un auteur ne soit pas apprécié de son vécu et encensé des années après sa mort, comme ce fut le cas de Lawrence. Difficile d'être en avance sur son époque, de bousculer les codes de la société bourgeoise bien-pensante, la morale hypocrite. C'est surtout cet aspect de l'auteur qui m'intéresse.
Je ne prétends absolument avoir compris tous les aspects de son oeuvre. Je livre juste mon ressenti.
Mais il me semble que Lawrence, à travers ses livres et sa vie, n'a cessé de lutter contre l'hypocrisie sociale et morale de la société victorienne, pour essayer d'en dégager l'aspect naturel de l'Humain. (Dans un autre registre, John Fowles, fait à peu près la même chose avec « La maîtresse du lieutenant français », où son héros de l'époque victorienne se torture contre ses penchants naturels pour rester fidèle à la société qu'il représente).
Lawrence voulait que ce livre soit un peu son testament littéraire. Il l'a même modifié 2 fois pour définir au plus juste ses idées. « L'amant de lady chatterley » est un peu un condensé de toutes les idées développées dans ses autres écrits.
Constance découvre véritablement l'amour avec son garde-chasse. L''amour physique, bien sûr, que ne peut plus lui donner Clifford, son mari invalide, (lui a-t-il jamais donné?), rendu impotent par ses blessures de guerre. Mais avec Mellors, elle se découvrira comme être « naturel », dépourvu du carcan social et pouvant s'assumer comme telle. Réellement Être Humain, dans toutes ses dimensions. Mellors la révélera à elle-même, comme femme, mais aussi comme être pensant. Il ne s'agit donc pas seulement de bouleverser les idées reçues sur le plaisir féminin et la virilité, comme j'ai pu le lire ailleurs. Ce serait bien réducteur.
Par ailleurs, les multiples traductions nous rendent une écriture précise mais poétique, tout en étant fluide.
Comme je m'en aperçois en relisant ces lignes, je suis incapable de détacher une lecture importante, la découverte d'un auteur... du contexte et de l'environnement de sa lecture. J'en retire quelques chose de « plein », ayant du sens. Lawrence est pour moi, maintenant du passé, mais un passé qui ressurgit parfois, au décours d'un souvenir...
C'est, je crois, une grande leçon philosophique que nous offre Lawrence.
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« Le sexe, c'est seulement un contact, le plus intime de tous les contacts. »

Il ne faut pas en avoir peur mais le partager. Ce roman est magnifique. Cet antagonisme entre deux mondes, deux pensées, est si bien rendu. La plume de D.H. Lawrence est somptueuse, pleine de nuances et de sensibilité.

Je me suis passionnée pour Olivier Mellors, un homme qui laisse s'exprimer sa part de féminité et adore les fesses de la femme qui donne vie. Lady Chatterley, Constance manque encore, selon moi, de maturité mais elle sait déjà d'instinct beaucoup de la femelle qui est en elle, malgré son jeune âge. Une ode au plaisir, à la tendresse, au don de soi dans l'acte d'amour, de tout son corps et de toute son âme dans la « conscience sexuelle », une « fonction vitale » naturelle.

« Tu es réelle, même un peu chienne » « et sans honte »

Mellors, cet homme qui déteste le devenir de ce monde, qui en a peur parce qu'il sait la déraison qui aveuglera les masses pour l'argent. Nulle recherche du plaisir à regarder l'éclosion d'une fleur, surtout celle que l'on n'oublie pas tressée dans les liens d'amour, mais une vaine quête d'un bien dont on pourrait se passer et qui nous tue, à petit feu. Pourquoi tant de désolation dans le devenir d'un monde qui aurait pu être beau, sans « l'impudence de caste », sans le progrès, sans les mines et la grisaille qui avilit les couleurs, même celle du soleil et de l'espoir. Quel avenir pour notre civilisation dans ces conditions ?

Retrouvons « le contact les uns avec les autres, avec un peu de délicatesse et un peu de tendresse. C'est notre plus grand besoin. »

Sur ces mots, Sir « John Thomas dit bonsoir à lady Jane, la tête un peu basse, mais le coeur plein d'espoir. »
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Tout ce serait-il joué en un instant ?
Lord Clifford Chatterley avait jugé froidement la situation. Il avait épousé Constance, une jeune et belle écossaise à l'esprit indépendant. Un mariage arrangé entre gens de la bonne société. Mais il était revenu des champs de bataille de la Grande Guerre invalide. Alors il s'en était ouvert à son épouse, ici dans les bois de son domaine : si elle voulait se choisir un amant afin de porter un enfant, il y consentait. C'est à cet instant que le troisième protagoniste de cette histoire fait son apparition : Oliver Mellors, le garde-chasse. Vivant symbole de 'homme des bois frustre, libre.
Ou est-ce le fruit de lente déliquescence ?
Constance refuse de se laisse glisser. Sa vie peut s'envisager vide de toute perspective. En bonne épouse, elle soutient son mari s'épanouit cyniquement dans une vie de romancier plus populaire que vraiment talentueux.
Wargby, leur résidence, appartient à cette morne campagne anglaise marquée du sceau noir de l'industrie minière. La pluie tâchant les sols comme les coeurs. En quittant sa carrière littéraire pour prendre en main ses affaires, Lord Chatterley parachève le rejet de Connie...
Reste l'espace préservé des bois – terres frondeuses car siège des exploits de Robin Hood – et l'homme qui s'y est volontairement retiré. L'amant, l'homme sauvage, si éloigné des conventions de la société anglo-saxonne que leurs premiers échanges amoureux sont simplement, mécaniquement sexuels. Et l'épanouissement de cet amour aura toujours pour ressort principal l'acte, décrit dans des termes les plus explicites. Tout comme leurs échanges : Oliver appréhende les femmes de sa vie sur le plan du sexe et Connie essaye à mots couverts d'évoquer l'amour, tout en ne retenant que les propos les plus licencieux...

" L'Amant... " est une réflexion sur une transformation. On retient principalement le parcours d'une femme qui s'affranchie des conventions sociales pour vivre son amour – son plaisir ? - Mais c'est aussi une britannique analyse du passage de la société traditionnellement rurale à l'ère industrielle et ses conséquences sur les hommes. Sur ce fossé qui se creuse entre gens de peine – de peu – et la Bonne Société où les gentlemen-farmer se font capitaines d'industrie.
Ce fossé, qui rends l'histoire d'amour entre la Lady et le domestique plus inconcevable. A fortiori car le ressort est non une forme de romantisme romanesque mais le sexe. Qui continue à donner à l'oeuvre sont petit " parfum de scandale "...
Pour ma part je retiendrai l'évolution de Lord Chatterley : capable de toute les concessions pour conserver la présence – la considération ? l'amour ? - de son épouse. Il devient un monument de cynisme et de dégoût : préoccupé de la réussite de ses entreprises minières et tyrannisant avec veulerie sa garde-malade par dépit.

" L'Amant... " est une oeuvre dérangeant. Son style est incomparable. Il offre des perspectives de réflexion. Il use les mots les plus crus. Il évoque des bouleversements sur le plan humain pour chaque personnage en particulier et pour l'ensemble de la société britannique. Ces changements semblant paradoxalement inextricablement liés.
L'amour triomphe-t-il de l'adversité ? La question reste posée...
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Incontestablement le roman le plus connu de l'auteur, à cause du scandale, et d'une réputation sulfureuse. Un grand malentendu je crois. Lawrence fait la description et le procès d'une société, celle de son époque, en pleine mutation. Et c'est cela qui est réellement intéressant dans ce livre. Lord Chatterley, représentant d'une classe sur le déclin, une espèce en voie de disparition, ce qui ne l'empêche pas de mépriser tout ce qui n'appartient pas à la même caste que lui. Les méfaits de l'industrialisation, ce qui fait ressembler l'homme de plus en plus à une machine. La destruction de la nature. La violence des rapports sociaux. Les milieux littéraires, artistiques décrits au vitriol. Tout cela dans un très beau style.

Reste ce qui fait la renommée du livre, la passion charnelle de Constance avec le garde chasse de son mari, Mallors. C'est là qu'on voit à quel point le temps passe vite : difficile d'imaginer que le livre ait pu être objet d'un procès à ce sujet en ...1960. Je ne crois pas que cela choque grand monde de nos jours. Et je trouve que si le livre a vieilli c'est dans ces pages de passion. Déjà, je trouve globalement les personnages masculins infiniment plus intéressants, consistants, que Constance, et tout ce qui touche la sensualité féminine trahit très fortement un point de vue masculin. Mais le livre est vraiment intéressant par d'autres aspects, ce qui donne envie de mieux connaître d'autres facettes de l'oeuvre.
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C'est un retour à la nature (restituée avec maestria par le film de Pascale Ferran) dans laquelle vit Mellors, que nous propose Lawrence de toute urgence. La sexualité est l'élément essentiel de la vie (de la vraie) selon le romancier. La froideur est liée à son absence, notamment chez Clifford et c'est la civilisation qui, par sa froideur a tué la sexualité non seulement chez l'aristocratie, mais un peu partout. La guerre a grandement façonné une civilisation en ruines.
Il reste heureusement la sensibilité qui donne accès à la vie menée par Constance et Olivier et les caractérise peut-être plus encore que la nature et la sexualité.
Un très beau livre pour moi.
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Une sensualité forte et et douce, tout près de la nature, dans la volupté des sens et de la chair, une fête sauvage et le comble de la civilisation finalement. Quand l'amour rencontre le désir et le plaisir, c'est un miracle. Et une écriture somptueuse. Il ya du sexe? Ah oui. On dirait cela aujourd'hui.Il y en a, et c'est ce qui a effrayé et déchaîné la censure.. Mais il y a tellement plus que cela, ou plutôt au-delà..
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L'histoire est connue : Dans l'Angleterre du début du 20ème siècle, où les femmes commencent à s'approprier leurs pensées et leurs corps, Constance épouse un aristocrate et devient Lady Chatterley. Hélas, Clifford part à la guerre, et en revient en fauteuil roulant. La vie sexuelle du couple est réduite à néant. Constance doit constamment aider et soutenir son mari au détriment de sa vie de femme, et Clifford ne lui donne pas une once de tendresse en échange de ce qu'il considère comme normal.


Constance étouffe dans cette vie, et sa santé en pâtit. Et lorsqu'enfin une infirmière la seconde pour qu'elle se rétablisse, sa famille l'incite à se divertir avec un amant. Dans le même temps, son mari voudrait bien un héritier et lui propose de trouver discrètement un gentleman pour avoir une aventure sans lendemain avec lui et lui donner un enfant. A condition que cela ne change rien à leur mariage…


Constance s'interroge alors sur ses droits et devoirs en tant que femme, sur l'importance qu'elle doit accorder à ses aspirations et à celles de son corps, sans trouver de réponse sur ce qu'elle doit faire d'elle-même. Elle rencontre alors Mellor, le garde-chasse encore marié mais séparé de sa femme, et des réponses se profilent sur ce qu'elle désire vraiment, ce que veut son corps mais aussi son esprit ; Ce qu'elle veut tout entière puisqu'avec lui, son corps et son esprit sont enfin réunis. Et finalement, n'est-ce pas simplement cela, l'amour ? de simple aventure dans les bois, cette relation devient rapidement fusionnelle et pourrait bien changer leurs vies. Mais le divorce n'est pas encore monnaie courante à l'époque, et le respect des convenances est la seule certitude à laquelle veut s'accrocher une population dont les moeurs évoluent. Constance et Mellor vont-ils sacrifier leurs sentiments aux convenances, ou bien le scandale éclatera-t-il ? Et s'il éclate, sera-ce pour le meilleur… ou pour le pire ?


*****

Si ce classique a une réputation sulfureuse et raconte effectivement une histoire d'amour, il est avant tout le formidable portrait de l'Angleterre de la révolution industrielle, d'une société en plein bouleversement technologique et en pleine évolution des moeurs à laquelle la population tente de s'adapter : Quelle place reste-t-il pour l'aristocratie dans cette société ? Quel y sera le rôle de la femme ? Des classes sociales ? D.H. LAUWRENCE nous y livre toute une série de réflexions intéressantes sur le contexte socio-politique de l'époque, et c'est ce qui rend ce livre passionnant et en a fait un chef d'oeuvre : Car il mêle intimement l'individu avec son époque et montre comment les deux évoluent l'un avec l'autre.


Ainsi, le sexe est très présent dans les réflexions échangées entre les protagonistes, parce qu'il correspond aux bouleversements subis par la société à cette époque. Cependant, contrairement à ce que suggère sa réputation, les scènes d'amour nous sont épargnées, simplement suggérées après quelques gestes tendres. Je n'ai pas vu le film mais d'après ce que j'en ai entendu, il est peut-être plus érotique que le livre lui-même ?


Quant à la plume, elle est belle et facile à lire, ce qui fait de ce classique une oeuvre très abordable. Vous n'avez donc plus d'excuse pour ne pas le découvrir. J'ajoute que dans l'édition que je vous présente en photo, vous pourrez lire la préface de D.H. LAUWRENCE qui explique et défend son oeuvre contre les jugements et censures qu'elle a subi :

« L'esprit garde, au fond de lui, une antique peur du corps et de la puissance du corps. Et c'est l'esprit qu'il convient de libérer, de civiliser sur ce point. La terreur que le corps inspire à l'esprit a rendu fou d'innombrables hommes. »

« L'obscénité n'apparaît que si l'esprit méprise et craint le corps, si le corps hait l'esprit et lui résiste. »

« La vie n'est acceptable que si l'esprit et le corps vivent en bonne intelligence, s'il y a un naturel équilibre entre eux, et s'ils éprouvent un respect naturel l'un pour l'autre. »


L'avantage des classique est que, bien souvent, les questions qu'ils posent restent en partie d'actualité longtemps après, car ils abritent une part d'universalité. Ici, que ce soit l'histoire ou les questions posées, il y a encore aujourd'hui matière à réfléchir avec l'auteur...

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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