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Au début du XVIIIe siècle, la « longue nuit » qu'impose le Danemark à l'Islande, réduite à la misère, semble ne jamais vouloir prendre fin. Comble de l'insulte, le pouvoir danois confisque la cloche de l'Alþing, le parlement millénaire des Islandais, pour en faire des canons. Face à cet affront, un homme se lève, annonçant le réveil de l'Islande.

Plongé malgré lui au coeur d'une épopée picaresque, ce misérable paysan ainsi que les hommes et les femmes qui continueront son oeuvre incarne tout un peuple, rebelle, doté d'une capacité de résilience hors-normes et jaloux de ses traditions, notamment des histoires et chansons qui se transmettent génération après génération. Chef d'oeuvre du Nobel islandais Halldór Laxness, La Cloche d'Islande est une merveilleuse et passionnante introduction à l'histoire de l'Islande et à ce qui constitué l'âme islandaise.
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Je comprends pourquoi ce roman est considéré comme un chef-d'oeuvre national pour les Islandais : célébration poétique des paysages, mise en valeur du patrimoine culturel, des héros luttant pour l'indépendance du pays.
Mais pour une lecture française, c'est un peu long et répétitif. Dommage que les motivations d'Arnas Arnaeus et Snaefrid ne soient pas plus explicites, leur amour n'est que suggéré et allusif - même si dépeint de façon très poétique, notamment avec le passage du temps.
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Íslandsklukkan
Traduction : Régis Boyer

Par une étrange coïncidence, je postais tout à l'heure sur Kenzaburô Ôé qui fut Prix Nobel de littérature en 1994 et voici maintenant celui qui reçut le même prix, mais en 1955, pour "avoir ressuscité l'ancienne tradition narrative islandaise."
Né en 1902 dans le milieu paysan, à Laxness qui, plus tard, lui servira de pseudonyme, Halldór Gudjonsson arrête ses études avant d'avoir obtenu son baccalauréat. Mais cela fait déjà un certain temps qu'il écrit. Rebelle-né, il s'insurge contre la religion d'Etat - le prostestantisme luthérien - et ira jusqu'à se convertir au catholicisme en 1923. Il abjurera d'ailleurs un peu plus tard mais il faut dire à sa décharge qu'il est aussi, en Islande, le traducteur de Voltaire.
C'est un grand voyageur : Paris d'abord où il approche le mouvement Dada et les Surréalistes ; les USA et surtout la Californie ensuite (à Hollywood, ses scénarii ne sont d'ailleurs pas passés à la postérité) ; le Canada ; l'URSS qui le verra adhérer à l'idéologie communiste jusqu'en 1956 où, une fois de plus, il rompt avec éclat. A la fin de sa vie - il vécut très vieux, centenaire à deux ans près - revenu dans son pays natal, il se tourna vers les systèmes philosophiques orientaux, notamment le Taoisme.
Et puis, bien sûr, il écrit. "La Cloche d'Islande" passe pour son chef-d'oeuvre. Je ne saurais le dire puisque c'est le premier ouvrage de Laxness que je lis mais une chose est sûre : cet étrange roman est une espèce de météorite, la trace et la résurrection d'un passé qui a permis au peuple islandais de survivre à l'occupation danoise et de finir par en triompher.
Certes, on peut le résumer mais en aucun cas, on ne saurait donner au lecteur une idée exacte de son style, épique, foisonnant, une espèce de chaînon manquant entre la littérature moyen-âgeuse et la littérature moderne : c'est un peu comme si, en s'appuyant sur le passé littéraire de son peuple, issu de l'oralité la plus pure et retranscit dans les sagas, Laxness avait façonné une chanson de geste moderne où tiendrait toute l'Histoire de son pays.
La construction répartit l'action en trois parties :
1) la première, "La Cloche d'Islande", a pour personnage principal un paysan pauvre mais matois, nommé Jon Hreggvidsson. Ses aventures sont un mélange de Rabelais et de Swift. Jon est ce que l'on peut appeler un mauvais sujet mais, s'il passe beaucoup de temps à voler, c'est qu'il est pauvre, que les Danois ont interdit aux Islandais de commercer avec tout autre pays que le Danemark et que la vie est, comme d'habitude, particulièrement pénible aux humbles. Jon dérobe un bout de corde - cette corde soutenant la fameuse cloche qui, selon la légende, existait bien avant que l'Homme abordât en Islande - afin de s'en faire une ligne. Comme, quoique pauvre, il se veut libre, il se permet aussi quelques plaisanteries malvenues envers le roi du Danemark. A partir de là, il se retrouve flagellé, en prison et bientôt condamné à la pendaison. Mais la fille du gouverneur s'interpose et le fait évader, le chargeant au passage d'une mission pour son amant, Arnas Arnaeus, Islandais émigré au Danemark ...
2) dans la deuxième partie, "La Vierge Claire", c'est Snaefrid qui accède au rôle principal. Seize années se sont écoulées depuis qu'elle a confié son message à Jon. Elle a épousé sans amour un junker fort porté sur l'eau de vie, Magnus de Braedratunga. le couple est sans enfants mais, en raison des habitudes de dilapidation et de boisson du mari, est pratiquement ruiné. Bientôt, ils seront expulsés de leur domaine. Mais il y a plus grave : le père de Snaefrid, le gouverneur, est menacé de déchéance pour certains jugements - dont celui de Jon Hreggvidsson - qui ont été prononcés sous son administration. Arnas Arnaeus revient en effet au pays pour en juger, mandaté par le roi du Danemark ...
3) la troisième et dernière partie - la plus brève : 18 chapitres pour 20 dans chacun des volets précédents - "L'Incendie de Copenhague", on voit Snaefrid, qui a renoué commerce amoureux avec Arnas, mener une lutte longue, difficile et dangereuse pour que lui soit restitué le domaine que possédait son mari, dont elle est désormais veuve.
Avec ces trois points, on n'aura dessiné que le squelette de cette épopée, mais au moins pourront-ils servir de points de repère au lecteur, un peu dépaysé sans doute par les noms islandais mais aussi par le matériau lui-même et la façon dont Laxness l'a forgé, de cette épopée irracontable et prodigieuse où se nichent toute l'âme d'un pays et le souvenir inoublié des guerriers nordiques et celtes - eh ! oui ! celtes, la chose est prouvée et ce n'est pas un hasard si, lorsqu'il se convertit au catholicisme, Laxness choisit "Kiljan" comme second prénom - qui, les premiers, peuplèrent l'Islande.
A lire à haute voix, pour ne pas trop s'y perdre et goûter toute l'art du conteur (traduit par Régis Boyer, un inconditionnel) ainsi que son amour, immense et je suis tentée d'écrire indicible, pour son pays, l'Islande. ;o)
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Trois récits, trois personnages, trois tons.
C'est trois fois magnifique.
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un roman magnifique dans un pays sauvage et magnifique.
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Au début du XVIIIe siècle, l'envoyé du roi du Danemark arrive en Islande pour saisir de la vieille cloche de Thingvellir, symbole national de l'indépendance islandaise, pour en faire des canons. Il est assassiné. Jón Hreggvidsson, un pauvre paysan, présumé assassin, porte plainte contre le magistrat qui l'a condamné à mort. Il est soutenu par Amas Amaeus, le bibliothécaire du roi, mais aussi amant de la belle Snæfrídur, fille du magistrat… Amas n'est autre qu'Arni Magnusson, le sauveteur des anciens manuscrits des sagas, un des héros de l'histoire islandaise.

C'est la grande trilogie de Laxness, à la fois roman picaresque, tragédie amoureuse et drame historique évoquant des personnages qui ont réellement vécus en Islande à la fin du XVIIe siècle. Cette oeuvre est un hommage à la tradition islandaise et au refus de la tyrannie (celle du Danemark à l'époque) écrit à l'époque où l'Islande accédait à l'indépendance.

« La trilogie Íslandsklukkan (1943-1946, La Cloche d'Islande ) est une oeuvre dont l'action se passe au commencement du XVIIIe siècle, alors que le peuple islandais subissait encore l'absolutisme danois, mais les événements historiques dont il est question sont un biais commode pour évoquer les avatars de l'Islande actuelle en face des grandes puissances qui pourraient menacer son indépendance. le livre date de l'époque où les Islandais rompaient définitivement leurs liens avec le roi de Danemark pour fonder une nouvelle République (1944). C'est en même temps un message de victoire, l'image de la virilité et de la culture qui légitiment l'indépendance d'un si petit peuple et un message d'avertissement, un tableau de la misère qui avait accablé le peuple sous une domination étrangère maladroite. Un des héros de la Cloche d'Islande , le paysan Jón Hreggvidsson, personnage haut en couleur qui symbolise la rude énergie du peuple islandais, est condamné à mort pour avoir assassiné le gouverneur du roi, malgré l'absence de preuves. Après une fuite mouvementée, des errances et un long procès, il évite le billot grâce à l'intervention d'un savant islandais vivant à Copenhague, Arnas Arneus; ce dernier sait quels trésors possèdent les Islandais en fait d'anciens livres ou de manuscrits. le savant a parcouru le pays pour les rassembler et, un jour, il a pu mettre la main sur des fragments d'un précieux parchemin, précisément dans la petite ferme du paysan Jón Hreggvidsson. La comparaison s'impose avec Árni Magnússon qui parvint à rassembler l'impressionnante collection d'anciens manuscrits islandais que posséda longtemps la Bibliothèque royale de Copenhague. Laxness a adapté, en 1950, La Cloche d'Islande pour le théâtre sous le titre de Snaefrídur Íslandssól (Snaefridur, soleil d'Islande). Peu de pièces furent aussi populaires. »
Régis Boyer, l'Encyclopédia Universalis édition 2000.

« Aucun autre auteur islandais n'a décrit avec autant de compréhension le rôle vital de la littérature dans l'existence de l'individu et du peuple, sa valeur humaine nationale et par conséquent universelle.
Ainsi fait Laxness dans La Cloche d'Islande, roman en trois parties où il prend pour modèle de son héros le grand collectionneur de manuscrits Arni Magnusson (qui vécut aux environs de 1700). Cette oeuvre est l'une des plus riches et des plus grandioses de l'auteur; en même temps elle marque une ligne de partage dans l'ensemble de ses écrits. Jusque-là il n'avait donné que des romans contemporains, mais maintenant vers l'âge de quarante ans, il écrit son premier ouvrage historique. Au moment où il nous parle de l'importance vitale de la littérature islandaise ancienne, il est peut-être indiqué de s'arrêter un instant, de regarder en arrière, d'examiner l'influence que cette littérature ancienne eut sur Laxness, et de voir l'attitude du poète à son égard, comme à l'égard de la langue islandaise et de tout l'héritage littéraire en général.
Il faut ici signaler également des influences des sagas anciennes dans la psychologie des héros et dans le style. Il ne s'agit pas du tout d'une imitation. " La Cloche " malgré cela a son propre son. Dans Lumière du monde nous avions trouvé, par places, une narration large, des descriptions prolixes, une éloquence dégagée. Maintenant le style est plus resserré, nous avons quelques traits brefs, clairs, des phrases courtes, des répliques fortement taillées qui touchent leur but. C'est le style des sagas anciennes recréé dans un autre milieu avec une autre allure ! Avant tout, c'est le style personnel de l'auteur qui, pour l'essentiel, vise à rendre la narration et le dialogue plus concis, plus ramassé. » Steingrimur J. Thorsteinsson.
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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La cloche d'Islande, souvent considérée comme le chef-d'oeuvre de Halldór Laxness, prix Nobel de littérature en 1955, est initialement parue en 3 volumes, centrés chacun sur un des trois personnages principaux, pris dans des tourmentes politiques, judiciaires, familiales ou sentimentales. Jón, Snaefrid ou Arnas, tous trois placent, au-dessus de tout, leur honneur, celui de leur famille ou celui de la nation. Il y d'ailleurs chez Snaefrid quelque chose de cornélien : pour restaurer l'honneur bafoué de son père, elle devra trahir l'homme qu'elle aime. Laxness fait revivre l'Islande du XVIIIè siècle, plongée dans une grande misère et écrasée par le Danemark ; et à travers le propos historique, il dénonce les dangers plus sournois qui, dans l'immédiat après-guerre, menaçaient la nation tout récemment indépendante. Oeuvre majeure de la littérature islandaise moderne, imprégnée des sagas dont elle reprend certains codes, La cloche d'Islande adopte un style tour à tour épique, satirique ou dramatique. Ce texte appartient au patrimoine littéraire mondial.
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