L'impression qui reste durablement dans ma mémoire de ce livre, lu il y a quelques années, est celui d'un violent contraste entre ombre et lumière. L'ombre de la gorge s'ouvrant sur la mer où Alexis s'est installé dans une pauvre cabane décidé à trouver dans cet endroit un trésor illusoire et la lumière qui inonde la mer lorsqu'il accompagne Ouma la jeune Manaf dans ses plongées où son corps ondule entre eau et soleil, ou bien lorsque sur son bateau il se rendent sur une île toute proche. C'est, pour moi, l'un des deux ouvrages majeurs de
Jean-Marie le Clézio, avec
Désert. Il s'en dégage une poésie qui tient aussi bien aux mots qu'au style de l'auteur.
L'histoire que conte ce merveilleux livre est celle-ci : Au début du XXéme siècle Fils de colon de l'île Maurice Alexis va voir sa vie insouciante brisée par la ruine et la mort de son père tout en gardant un attachement profond à ses racines et sa famille. Il va parcourir les mers australes et se consacrer à la recherche d'un trésor illusoire sur l'île Rodrigues qui va, durant quatre années, le voir creuser un peu partout le sol. Ouma, une jeune fille Manaf, déshéritée mais terriblement libre, lui fera oublier sa terrible solitude. 1914, il va sur un coup de tête s'engager et traverser la grande guerre et ses atrocités sur le front français, avant de revenir sur son île. de retour sur son île, puis à Maurice, il va comprendre que la recherche de son trésor est intérieure, liée à la beauté de la nature et la liberté inspirée par Ouma.