Un roman magnifique, repoussant l'horizon sans cesser de s'intéresser au réel. Une quête touchante, désespérée, le récit d'une vie au plus près du sensible, des rêves, de l'infini vu des îles. Une plume enchanteresse, hésitant entre le bercement des vagues et la violence des hommes. Une écriture étoffée, ramenant au goût des choses. L'écho de l'enfance dans le trésor mûri. Un voyage somptueux, sincère et lointain.
Voilà le souvenir que me laissent ces pages... comme si j'avais refermé un bout de ma vie.
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Superbement écrit (et j'insiste: quelle plume!) mais aussi passablement ennuyeux en raison d'une surabondance de descriptions, qui doivent bien occuper les 2/3 du texte, au bas mot. A la longue, ça en devient franchement lassant, surtout lorsque l'auteur passe pour la centième fois cinq pages entières à nous illustrer le bruit de la mer ou le chant des oiseaux...
Ceci mis à part, le thème même du livre (en gros qu'il faut laisser le passé là où il est et regarder l'avenir) est ici très bien mis en scène, mais aussi particulièrement éculé (le trésor est en nous, cultivons notre jardin...) et déjà abordé presque dans les mêmes termes par des cohortes d'auteurs avant lui. Rien de nouveau donc.
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Une écriture lumineuse qui tout de suite nous emmène dans un univers singulier, chaud, humide, aux saveurs de souvenirs d'enfance.
Une histoire de quête, comme un long cheminement initiatique.
Des circonvolutions autour de la recherche de l'or, qui se cache au fond de chacun.
Un livre sur le temps qui passe, les êtres qui disparaissent, la solitude, l'amour, la sororité.
Un livre rare, dont il est vrai, j'ai pu trouver quelques longueurs parfois. Ce qui n'enlève rien à sa qualité, sa capacité d'envoûtement.
La mer, comme personnage central, fascinant, effrayant, apaisant.
À lire une fois dans sa vie.
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Ce roman est une sorte de long poème en prose, une invitation au voyage, voyage dans les îles de l'Océan Indien.
Un lyrisme, une musicalité émanent du chercheur d’or qui confère à la quête d’Alexis une tonalité particulière.
Le motif du cœur battant d’Alexis, la mention des paille-en-queues, le motif des traces qu’on laisse ou qu’on efface - se répètent tout au long du roman.
Les mots parfois entassés en litanies souvent poétiquement étrangers et incompréhensibles, répétés de loin en loin forment une mystérieuse incantation.
A l’âge de sept ans le Clézio écrit son premier livre sur la mer, élément naturel qui le fascine tout au long de sa vie et de sa carrière. Ci après quelques descriptions et réflexions envoutantes de ces paysages dans le Chercheur d’Or.
« J’ouvre les yeux, et je vois la mer. Ce n’est pas la mer d’émeraude que je voyais autrefois, dans les lagons, ni l’eau noir devant l’estuaire de la rivière du Tamarin. C’est la mer comme je ne l’avais jamais vue encore, libre, sauvage, d’un bleu qui donne le vertige, la mer qui soulève la coque du navire, lentement, vague après vague, tachée d’écume, parcourue d’étincelles »
« La mer est une route lisse pour trouver les mystères, l’inconnu. »
« Je m’assois tout à fait à la proue, sous les ailes des focs, et je regarde le ciel et la mer. Il n’y a pas de lune, et pourtant mes yeux dilatés aperçoivent chaque vague, l’eau couleur de la nuit, les taches de l’écume. C’est la lumière des étoiles qui éclaire la mer. Même autrefois, dans le jardin du Boucan, quand nous marchions avec notre père sur l’allée des étoiles ce n’est pas aussi beau.
Sur terre, le ciel est mangé par les arbres, par les collines, terni par cette brume impalpable comme une haleine qui sort des ruisseaux, des champs d’herbe, des bouches des puits. Le ciel est lointain, on le voit comme à travers une fenêtre. Mais ici, au centre de la mer, il n’y a pas de limites à la nuit. »
« Comme j’ai hâte, déjà, de retrouver le désert de la mer, le bruit des vagues contre l’étrave, le vent vibrant dans les voiles, de sentir la coupure de l’air et de l’eau, la puissance du vide, d’entendre la musique de l’absence. Assis sur la vieille chaise défoncée, devant la fenêtre ouverte, je respire l’odeur du jardin. »
« Est-ce qu’on interroge la mer ? Est-ce qu’on demande des comptes à l’horizon ? Seuls sont vrais le vent qui nous chasse, la vague qui glisse, et quand vient la nuit, les étoiles immobiles, qui nous guident. »
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Séparations, ou pire décès d'un père... des blessures profondes pour un garçon de 8 ans qui aura du mal à se trouver, se construire, s'insérer dans la société...
Quand la pression humaine est trop dure, l'enfant entre en souffrance. Avec le Clésio, c'est la nature qui prends le relais. Elle devient un refuge, une antre où se protéger... Un pouvoir, une force de vie qui amène à la rêverie, à l'évasion, la fuite... et les douleurs se creusent... où même l'amour semble fugitif et insaisissable !
Un beau roman initiatique plein de sensualité, une exploration de cette nature si riche en couleurs, si violente, si douce en sensations comme le sable qui s'écoule des corps sous l'ardeur du soleil après la pêche sur le lagon...
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