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« On ne laisse pas derrière soi son ombre. » Mathilde revient à Bordeaux après plusieurs années de détention. le drame qui a conduit à son incarcération l'a marquée à jamais. Sa démarche se distingue par une claudication appuyée. Et son esprit brûle d'une colère prête à exploser. Je n'en dirai pas plus sur ce court roman si ce n'est que les faits se déroulent à la veille de l'opération « Tempête du désert » dans un Sud-ouest sous la neige et dans un contexte de « sale guerre » entre les services antiterroristes français et espagnols et les militants de l'E.T.A.. le roman s'inspire d'Antigone de Sophocle. Les clefs de lecture du récit se trouvent dans cette tragédie antique, certains personnages incarnant l'autorité tyrannique au nom de la raison d'état, d'autres la transgression au nom d'idéaux ou de sentiments amoureux. Et la confrontation se finira – nécessairement - dans un bain de sang. le récit est bref et ne développe pas le contexte politique et international. Il est aussi nerveux, fait de fuites, poursuites, traques et affrontements. le lecteur reconstitue chapitre après chapitre le noeud de l'intrigue au gré des sauts dans la chronologie. « du sable dans la bouche » est un roman remarquable qui réunit toutes les qualités d'un grand polar. Un contexte suggéré, une écriture épurée et efficace, une construction élaborée, une intrigue nerveuse et un supplément d'âme littéraire. Chapeau l'artiste.
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Mathilde sort de prison en claudiquant - elle boite -un genou raide comme la justice guide ses pas mécaniques vers une armurerie... le passé ressurgit. Un attentat, des terroristes basques en fuite, un ancien gauchiste à la rescousse, une ordure sans nom à leur poursuite, la guerre des polices, un piège tendu et puis tout bascule le vent qui tourbillonne et qui souffle des grains de sable que l'on balaie d'un revers de main. ...

Du sable dans la bouche est le deuxième roman de la trilogie bordelaise d'Hervé le Corre.
Comme dans son premier roman, La douleur des morts, on suit la destinée d'un personnage lambda. Ici Mathilde, l'héroïne plongée malgré elle- par amour- dans une affaire de terrorisme et de traque. l'histoire se déroule à Bordeaux et dans le pays basque. L'intrigue est palpitante, les personnages puissants, notamment un méchant vraiment abominable Angel Matanza qui n'a pas vraiment une gueule d'ange . Hervé le Corre a le chic pour décrire les salopards! Les autres personnages ne manquent pas de corps comme un ancien gauchiste idéaliste, l'inspecteur Garcia , un agent trop exemplaire et le futur retraité commissaire Marquet qui compte finir sa carrière sur un coup d'éclat !

Une écriture épurée, un style sans fioriture, une histoire bien ficelée ,des personnages bien cadrés et une fin fin toujours aussi explosive font de ce polar noir, un très bon cru bordelais 1993.
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Ce second roman policier d'Hervé le Corre a été publié dans la Série Noire en 1993. On sent bien que l'auteur se cherche encore un peu, mais son ton très noir et pourtant vraiment humain est déjà là.

L'intrigue est avant tout politique. Elle met en scène des terroristes basques et leurs soutiens face à des policiers adeptes de coups tordus et à un tueur sadique venu d'Espagne.

Je n'ai pas été très convaincu par l'aspect “romantisme révolutionnaire” du roman. Même si tout se noie dans la violence, la souffrance (et la mort), ce ton un peu “bravache” m'a semblé de trop.
Mais je compte bien poursuivre avec d'autres romans plus anciens de cet auteur que je considère comme l'un des tout meilleurs dans le domaine policier.
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La mort dans l'âme, il faut parfois savoir renoncer à s'inscrire dans le courant enthousiaste des chroniqueurs encensant un roman comme Après la Guerre d'Hervé le Corre. Car dans cette déferlante de louanges unanimes que pourrait-on ajouter de plus qui n'a pas été dit ? Alors, après deux ans de silence, il ne reste peut-être plus qu'à exprimer simplement son impatience à l'idée de retrouver cet auteur majeur du polar français. Aussi, pour nous faire patienter, Rivages/Noir a choisi de publier du Sable Dans la Bouche, dans une nouvelle édition entièrement révisée pour ce roman paru en 1993 chez Gallimard pour la collection Série Noire (n° 2327).

Mathilde marche dans les rues de Bordeaux. Elle est sortie de prison et elle boite. Elle laisse derrière elle les quelques amis qui n'osent évoquer le drame d'autrefois. Difficile de réveiller les vieux souvenirs enfouis. Ce groupuscule d'autonomistes basques traqués par un tueur psychopathe à la solde des services secrets espagnols. Est-ce au nom d'un amour de jeunesse ou de ses anciennes convictions que Pierre s'est mis en tête d'aider les membres de cette cellule terroriste. Un démarche dangereuse, d'autant plus que les flics français ont mis en place un traquenard machiavélique pour appréhender les fugitifs. Mathilde marche dans les rues de Bordeaux. Elle est sortie de prison et elle boite. Mais la démarche est assurée car elle a fait l'acquisition d'un fusil. Il est des meurtrissures plus profondes dont on ne saurait guérir.

L'essouflement des convictions, la résignation et le sursaut dont l'ensemble est imprégné d'une logique de vengeance tels sont les thèmes qu'Hervé le Corre aborde avec une habilité narrative singulière où, par exemple, la conjugaison des temps désigne les différentes périodes de l'histoire permettant ainsi de se dispenser de dates ou autres notions temporelles. Car finalement c'est en cela que l'auteur se distingue, avec quelques autres, dans cette maîtrise de la langue qu'il manipule avec un talent indéniable pour servir un récit à la fois poétique et implacable.

A bien des égards, du Sable Dans la Bouche contient de nombreux éléments qui composeront la trame d'Après la Guerre. Outre l'inexorable parcours de représailles, on retrouvera des thématiques qui accompagnent toute l'oeuvre de l'auteur à l'instar de ces femmes vulnérables devenant les victimes expiatrices de bourreaux manipulateurs. Dans du Sable Dans la Bouche, Mathilde incarne donc ce personnage à la fois déterminé et fragile, en rupture total qui va demander réparation. L'enjeu du roman consiste à déterminer les raisons qui poussent la jeune femme à s'engager sur cette voie de la violence en entraînant le lecteur dans une longue analepse mettant en scène des protagonistes inquiétants comme Angel Matanzas, tueur froid et déterminé, prenant un plaisir sadique à malmener ses victimes avant de leur ôter la vie. Mais plus retords et finalement plus monstrueux il y a ces flics ambitieux n'hésitant pas à manipuler et sacrifier des vies sur l'autel de la raison d'état pour mettre en place une opération visant à interpeller un groupe d'indépendantistes basques.

Avec ce récit dense et ramassé Hervé le Corre ne s'attarde pas vraiment sur le contexte du combat lié au nationalisme basque pour se concentrer principalement sur les protagonistes et leurs divers degrés d'implication dans cette lutte armée. Ayant choisis plus ou moins sciemment de s'engager dans le conflit on assiste au rapprochement entre Emilia la combattante déterminée et Pierre l'ancien syndicaliste qui renoue avec des convictions qu'il avait mises de côté depuis bien des années. Sympathie pour la cause ou reliquat d'un amour défunt, les motifs de Pierre sont incertains mais mettront en péril le couple qu'il vient de former avec sa compagne Mathilde qui est totalement étrangère au conflit basque. Impliquée malgré elle, la jeune femme subira les affres de cette guerre sans nom dans une inéluctable spirale de violence.

L'ambiance est triste et froide, à l'image du contexte hivernal dans lequel évoluent les différents protagonistes. Dans cette ville de Bordeaux, ainsi que dans les campagnes landaises transies on s'imprègne d'une atmosphère pesante et désenchantée qui alimente toute la noirceur d'un récit cruel où la barbarie et la compromission ne laisse aucune place à un quelconque perspective de probité et d'intégrité.

Un récit solide, une intrigue forte, du Sable Dans la Bouche décline toute la nébulosité d'une implication belliqueuse dont les conséquences mettront à mal tous les principes de victimes qui deviennent forcément bourreaux. Un texte lumineux servant la noirceur d'un roman au souffle désespéré.

Hervé le Corre : du Sable Dans la Bouche. Edition Rivages/Noir 2016

A lire en écoutant : La Ville S'endormait de Jacques Brel. Album : Les Marquises. Barclay 1977.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Deuxième roman de cet auteur que je lis et je retrouve l'atmosphère et le thème de la vengeance qu'il reprend dans un roman plus récent Après la guerre.
Un personnage lambda : Mathilde, victime de la situation. Elle sort de prison, boite et erre dans les rues de Bordeaux sous la neige. La narration très fluide de l'auteur nous permet de comprendre la transition vers des moments de flashbacks : que s'est-il passé pour qu'elle finisse en prison, elle une femme sans histoires, prof, en couple, avec le théâtre pour passion ?
Sur fonds d'attentat terroriste de l'ETA, de policier obsessionnel, de loyauté ancienne, Mathilde n'a pas en fait eu le contrôle de sa destinée.
Un roman finement écrit, une lecture plaisante.
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La lecture de ce livre est ma première approche de l'univers d'Hervé le Corre.
Le résultat est plutôt satisfaisant.
L'intrigue, assez basique, est néanmoins rondement menée, les atmosphères toujours judicieusement rendues.
L'auteur évite tous les écueils du genre "polar politique" (stéréotypes, manichéisme,...).
L'écriture est fluide, élégante, sans fioriture ni maniérisme.
Toute la magie d'un puzzle reconstitué patiemment, pièce par pièce, sous la conduite d'une main experte.
Je pense être prêt à poursuivre l'aventure avec Hervé le Corre.

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Merci à la masse critique Babelio, ainsi que les éditions Rivages & Payot pour cet envoi.

Ce texte qui est paru à la rentrée littéraire, est une nouvelle version révisée d'un texte qui avait déjà était édité dans les années 90. Je suis ravie par cette lecture, tant ce roman noir m'a emballé.

Au démarrage on se laisse porter, on ne comprend pas tout et puis rapidement le ton accélère et on se retrouve plongé dans une course poursuite affolante : amour, trahison et torture rythme ce texte qui se lit d'une traite. Les chapitres de quelques pages accentuent le rythme infernal de ce livre. On ouvre le texte sur un chapitre isolé. Il nous conte le futur et à partir de cela, on va retourner dans le passé pour comprendre ce qui s'est déroulé. On va donc remonter le temps une fois ce premier chapitre passé et de là toutes les pièces vont s'assembler pour nous mener à une fin explosive.

Ce texte est d'une grande richesse, car en moins de 200 pages, on nous présente un sujet fort et qui résonne par son actualité. Dans cette course poursuite, on va vite, on nous présente ces quelques personnages tous impliqués dans un acte terrorisme et chacun à son niveau cherche à coincer l'autre. Mais on nous perd dans ce bric-à-brac. On ne sait plus qui suit qui, qui veut coincer qui ? Et surtout qui va s'en sortir en vie ?

Ce livre est une très belle découverte, j'ai plongé dans l'univers de Hervé le Corre et j'en suis dingue. Un rythme rudement bien mené, un ton acerbe à souhait. On nous balade entre cynisme, fausse déclaration et manipulation. On comprend très vite que le texte est un condensé de noirceur, autant sur le ton que sur le sujet. Mais on ne peut que rester admiratif face à une telle maîtrise de son récit. Dans ce texte, il ne se passe rien et pourtant on est captivé dans un livre à cent à l'heure.

En résumé un roman noir comme je les adore. le tout nuancé par ce retour dans le passé bien mené qui va attiser notre curiosité. le texte va vite au vu de sa longueur et de l'écriture de l'auteur. Des chapitres extrêmement court qui accentuent notre envie d'aller toujours plus loin. Un fil conducteur que l'on a hâte de dérouler pour comprendre le fin mot de l'histoire. On s'y plaît, on s'y complaît et on a plus envie de le quitter. En quelques mots j'ai adoré !
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Mathilde vient de sortir de prison. Elle revient à Bordeaux régler ses comptes.
Par le passé, elle s'est retrouvée, malgré elle et par amour, liée à un commando de séparatistes basques traqué par la police française et par un tueur aux ordres des services secrets espagnols.

En abordant le terrorisme basque, on retrouve les facettes sociales, historiques et politiques qui sont souvent le terreau des histoires d'Hervé le Corre.

C'est un récit tragique sur le thème de la vengeance, navigant adroitement entre engagement idéologique, loyauté amoureuse et manipulation policière.

Ce le Corre daté de 1993 n'est pas le meilleur de ceux que j'ai lu mais on y sent déjà la finesse et la maîtrise.
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" du sable dans la bouche" est une pépite du roman noir. Déjà paru en 1993 chez Gallimard, les éditions Rivages/Noir ont relancé une nouvelle édition et c'est plutôt une bonne nouvelle.

J'ai fait connaissance de Mathilde; elle sort de prison et boite dans les rues de Bordeaux. Elle est prête à tout pour entraîner tout le monde dans la violence. de nombreux personnages entrent en action; il y a des forts, des tueurs qui ne manquent pas de prendre plaisir à tuer froidement des victimes.

Les flics quant à eux vont aussi détruire pas mal de vies. Vous l'aurez compris dans cette histoire, la vengeance et la manipulation sont au coeur de l'intrigue.


" Elle regarde le petit écran du Minitel. Autour d'elle, le bureau de poste presque vide flotte un peu. Elle a retrouvé le dernier sanglier du Médoc dont l'adresse, « Vignemorte-Cantenac », jette un éclat grisâtre.
C'est facile. Pas de vaines recherches, pas d'enquête compliquée.
Sa gorge se noue, sa bouche s'assèche, elle tousse un peu dans le silence approximatif des préposés au travail. Les doigts tremblants ont du mal à maîtriser le stylo. Elle calligraphie enfin, en larges capitales, les coordonnées de la tanière.

Tout peut alors commencer et finir en même temps".

Avec une écriture sèche, froide et noire, Hervé le Corre, nous interroge sur la façon de faire de la police. L'univers de ce Pays Basque est parsemé de noirceur créant ainsi un certain malaise.

Les scènes d'actions sont explosives procurant ainsi au lecteur une envie irrésistible d'en savoir plus au fil des pages.

" du sable dans la bouche" décrit une histoire bien ficelée avec des personnages aux caractères bien trempés tels que Angel Matanzas qui est loin d'être un ange comme son nom l'indique.


Rivages/noir a bien fait de revisiter ce roman. Avis aux fans aimant les romans noirs dérapants et explosifs.

Lien : http://delphlabibliovore.blo..
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C'est bref, c'est intense ....
C'est brutal, c'est sanglant ...
C'est un tableau magistral de ce que fut ce que l'ont a appelé les années de plomb !
Un combat contre une société qui n'avait rien à proposer, rien pour faire rêver, qui ne faisait que désespérer une certaine jeunesse qui rêvait d'un autre monde et qui ne voyait que la lutte armée pour délivrer le peuple des oppresseurs qui les maintenaient dans un vide intellectuel sidérant.
Il y a eu ceux qui croyaient être les soldats libérateurs,
Il y a eu ceux qui n'osaient pas mais qui par sentimentalisme étaient prêts à accepter toutes ses vengeances et ces crimes,
Il y a eu ceux qui servaient bêtement un pouvoir incapable de répondre autrement que par la violence à la violence,
Il y a eu ceux qui se sont retrouvés blessés, abandonnés par la société, ne trouvant plus rien de plus valable que la vengeance pour faire taire leurs cauchemars,
Et tous ces gens sont dans ce roman, juste des hommes et des femmes décrits dans leur quotidien, pris dans la spirale de la violence.
C'est comme ils le disent un petit livre qui dévoile toutes les capacités de l'auteur a nous décrire les travers de notre société !
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