RIC-RAC –
Arnaud le Guilcher
'' Ma petite maman,
Je ne suis pas sûr d'avoir vécu depuis l'enfance.
Vous ne pouvez pas bien savoir cette immense gratitude que j'ai pour vous, ni quelle maison de souvenirs vous m'avez faite. J'ai l'air comme ça de ne rien sentir. Je pense simplement que je me défends terriblement.
J'écris peu, ce n'est pas ma faute. J'ai la bouche cousue la moitié du temps. Ç'a toujours été plus fort que moi.
Buenos-Aires - janvier 1930 '' (extrait)
Antoine de Saint-ExupéryLettres à sa mère
Faut r'connaître...c'est du brutal !
En plein hiver, quand la nuit persiste à faire la grasse mat' et à se coucher avec les poules, les journées se déclinent en une seule nuance de gris et il y a bien cinquante bonnes raisons de ne rien trouver d'érotique à la veille qui ressemble déjà au lendemain : sybarite m'était conté, sexy comme un mois de janvier !
Erotique sa mère, tiens !
On est là, tranquille, à la (très) fraîche, et puis Crac, un bourre-pif !
Ric-Rac.
Pile entre deux (!), la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours, même pas la peine d'essayer de feinter...Préparez vos mouchoirs !
Je résume pour ceux qui ne suivent pas et qui s'apprêtent à lire le dernier
Arnaud le Guilcher :
1- Pluie+froid+hiver = avoir le nez qui coule : mouchoir !
2 - Situations hilarantes+ humour déjanté = pleurer de rire : mouchoir !
3- Requiem pour Yvette + Stabat Mater spectral = passer du rire aux larmes : mouchoir !
Un coup à faire augmenter les cadences de production chez Kleenex !
Ric-Rac, donc (Un été à la Sourle, c'est précisé juste en dessous).
La Sourle, c'est le village de Jeanyf.
Le bled pour lequel l'expression « trou-du-cul-du-monde » a été inventée.
Jeanyf c'est le fils de de Pierryf et d'Yvette et le neveu de Jackyf.
Du (pas très) haut de ses quatorze ans, il s'entraîne à devenir un homme. le genre qui dribble sur quatre-vingt-dix mètres pour balancer un retourné direct,
ric-rac, dans les filets, à la Zidane. Sauf que Zidane, lui, la taille ça le connaît. Jeanyf, dans son centre d'entraînement pour apprentis-footballeurs, n'est qu'un (trop) petit d'homme. A quelques centimètres de devenir le nouveau Cantona, il rentre chez lui pour les vacances d'été.
Chez lui, c'est « le palais à Yvette », l'oeuvre de Pierryf, son Douanier Rousseau de père qui sculpte, peint, reproduit à l'infini, l'image d'Yvette qui a quitté la maison.
Pour tout vous dire, elle l'a pas quittée comme ça. Elle a succombé à la "Grande Fatigue", Yvette. Les bras de Morphée, Mort-Fée.
C'est pour ça que Pierryf créé un monde fantastique à La Sourle. Pour que le visage d'Yvette, la silhouette d'Yvette ne soit pas qu'un souvenir, qu'une illusion. le sort en est jeté : le palais des Mille et une Nuits enchanté par la divine icône d'Yvette.
Jeanyf, partage ses vacances d'été entre ses visites à Jackyf, son oncle qui ne mégote pas sur les conseils avisés entre ses décoctions fumistes plus que fumantes, son cousin qui a vu la Vierge, le bien-nommé Soubirou, et de longues scéances de course à pied qui fatiguent le corps et soulagent l'esprit.
Et puis il fait la connaissance de ses nouveaux voisins. Ceux qui ont acheté le manoir dépravé délabré à coté du "Palais à Yvette", pour en faire un gîte trivial rural. Et de leur fille Bessie.
Branle-bas-de-combat à La Sourle ! Et c'est rien de le dire !
Bessie déboule dans la vie de Jeanyf comme un chien dans un jeu de quilles (et de quilles, il est aussi question à La Sourle).
Et pas que.
Parce que Soubirou, en dehors d'avoir vu la Vierge, prétend aussi avoir le pouvoir de faire tourner les tables. Et le fantôme d'Yvette pourrait bien se trouver au menu.
Dites, faudrait pas nous prendre pour des lapins de six semaines, Monsieur le Guilcher !
Elle est bien là, votre tendresse, derrière cet écran de fumée (hallucinogène).
Vous auriez appelé votre livre "Cinquante Nuances au pays des Péquenots", on y aurait quand même vu clair dans votre jeu ! Au milieu du délire jubilatoire de votre histoire, de l'exaltation des envolées frénétiques, des métaphores burlesques, comme ça, l'air de rien, il y a ces petites incursions qui mettent la larme à l'oeil. Et qui nous donnent raison d'avoir gardé la boite de mouchoirs à portée de mains.
Parce qu'elle est partout, infusée dans le récit, l'émotion.
Ric-Rac, juste quand on s'y attend le moins.
La douleur, l'absence, le manque, la tristesse, par petites touches au milieu du grand feu d'artifice.
Des mots emprunts d'une vraie poésie dans le grand n'importe-quoi de l'histoire de Jeanyf.
Et ça marche !
Bien joué !
Pas mieux !
Cueilli, le lecteur hilare.
Gloussements intempestifs, éclats de rire incontrôlables, et puis par moments, cette bonne grosse boule dans la gorge, les yeux mouillés - et pas uniquement parce que c'est la péride des rhumes-.
Ames sensibles, ne pas s'abstenir ! Les émotifs vont en prendre pour leur grade ! La grande valse des sensations !
Merci pour tout, c'est tout bon votre bouquin
Arnaud le Guilcher !
J'ai même envie de dire, j'y croirais bien, moi, des fois, à ces histoires de table qui tournent. Et puis je vais reprendre la course à pied. On sait jamais...
What if…
Et si...