Vous avez entendu dire vaguement que l'homme possède quelque chose d'immortel que l'on appelle l'âme, et l'on suppose que cette âme survit à la mort du corps. Je désire vous amener à rejeter cette assertion trop vague et à comprendre qu'elle est bien inférieure â la réalité. Ne dites pas : "J'espère que j'ai une âme", mais : "Je sais que je suis une âme". Car c'est là l'exacte vérité : l'homme est une âme et possède un corps. Le corps n'est pas l'homme lui même ; il n'en est que le vêtement. Ce qu'on nomme mort n'est que le fait de quitter un vêtement usé, et ce n'est pas plus la fin pour celui qui meurt que l'acte d'enlever votre pardessus n'est la fin pour vous-même. Il s'ensuit donc que vous n'avez pas perdu votre ami ; vous avez seulement perdu la vision du vêtement dans lequel vous étiez habitué â le voir. Le vêtement a disparu, mais l'homme qui le portait continue son existence et c'est â coup sûr l'homme et non le vêtement que vous aimez.
En ce qui concerne la vie après la mort, bien des théories ont eu cours, dont la plupart étaient basées sur une fausse interprétation des Ecritures anciennes. Pendant un certain temps, l'horrible dogme des peines éternelles fut presque généralement adopté en Europe, bien que de nos jours il semble tomber en désuétude. Ce dogme se basait sur une traduction erronée de certaines paroles attribuées au Christ, et les moines du Moyen âge eurent grand soin d'entretenir cette croyance, épouvantail utile, qui servait à amener le peuple ignorant à bien agir par crainte de l'Enfer. A mesure que le monde fit des progrès en civilisation, les hommes commencèrent à comprendre qu'un tel dogme était non seulement blasphématoire, mais absurde. Aussi les théologiens modernes le remplacèrent-ils par des opinions
La première chose que nous apprenons est que la mort ne met pas fin à la vie, ainsi que nous l'avions cru par ignorance, mais qu'elle n'est que le passage d'un stade de vie à un autre. J'ai déjà dit que la mort était comparable au fait d'enlever un vêtement extérieur, un pardessus, mais qu'ensuite l'homme se trouvait revêtu quand même de son vêtement ordinaire, c'est-à-dire de son corps spirituel.