Les arts sont un composé d'éléments en quelque sorte hostiles les uns aux autres : le sentiment et la perspective, la science et l'inspiration, le fait historique et son interprétation par un esprit personnel, l'idée du mouvement à représenter au moyen de traits fixes ou de matériaux rigides, la surface plane d'un tableau et l'espace qui doit y être figuré, la joie ou la douleur animant des substances mortes, etc.
Les expositions ont vulgarisé les beaux-arts , cela n'est pas douteux. Mais en cette circonstance le mot « vulgariser » a une double signification : les expositions, en répandant le goût des beaux-arts, les ont en même temps rendus vulgaires. Des ambitions factices, à la vue de tant de tableaux et de statues, sont nées dans les cœurs des jeunes gens, qui ont cru à une vocation irrésistible. Les académies avaient les bras ouverts pour accueillir ces vocations. L'organisation de l'encouragement était ainsi complète et il n'y avait qua attendre qu elle produisît ses fruits.
Nous sommes en pleine période de production depuis un demi-siècle : on peut donc juger de l'excellence de cette organisation.
Ce sentiment de l'art est sous l'influence du milieu, se prête aux modes, aux attractions, aux excitations momentanées, suit les tendances générales, subit l'autorité des personnalités vigoureuses, se révolte ou s'apaise selon des lois dont on peut déterminer la nature. Et c'est ainsi que se forment les évolutions en avant ou en arrière.
L'art, comme la politique, comme la religion et la philosophie, subit ces mouvements de va-et-vient de l'esprit toujours enquête de formules nouvelles, passionné pour l'action et la réaction.