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4,23

sur 5120 notes
Pas de surprise, Pierre Lemaitre, en vrai maestro, connaît sa partition : l'époque (les 30 glorieuses) est narrée avec précision , les personnages sont hauts en couleurs (on adore les détester), il y a la guerre (toujours), des meurtres, une escroquerie, quelques trahisons et de l'amour. Beaucoup d'amour. Ce roman est un véritable condensé des passions humaines par l'entremise d'une famille, les Pelletier père et mère et de leurs 4 enfants : Jean, François, Étienne et Hélène. C'est dépaysant (on voyage de Beyrouth à Paris en passant par Saïgon), virevoltant, addictif. On y rencontre « ….un lanceur d'alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri… »
Et quelques délicieux rebondissements 😉
Bref, comme toujours avec ce conteur de talent, l'histoire a un vrai souffle romanesque. Un roman dévoré en 2 petites soirées 😀
A lire bien évidemment !
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À travers le destin des membres de la famille Pelletier, Pierre Lemaitre nous entraîne dans le Grand Monde, celui de l'époque des Trente Glorieuses et de la guerre d'Indochine. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la savonnerie familiale fondée par M. et Mme Pelletier prospère à Beyrouth. Leurs enfants auront pourtant envie de voir du pays : les deux aînés, Jean et François, partent l'un après l'autre tenter leur chance à Paris. Leur jeune frère Étienne rejoint quant à lui Saigon, sur les traces de son amoureux. Quant à Hélène, la petite dernière, elle trépigne en attendant de pouvoir prendre son envol à son tour.

Pierre Lemaitre met au monde un roman d'aventures palpitant où virevoltent des trafiquants en tous genres, une improbable secte, des fumeurs d'opium, des mineurs grévistes, une actrice célèbre et un tueur en série.

Les personnages principaux et secondaires sont hauts en couleur, si bien décrits qu'on a l'impression de les connaître. Attachants, intrigants, désespérants et parfois même franchement insupportables, tous sont pleins de surprises. C'est Etienne, embauché à l'agence des monnaies de Saigon, qui fournit le fil rouge de l'histoire autour d'un sombre de trafic de piastres dont les ramifications se révèlent petit à petit. Parallèlement, les enfants deviennent adultes, la famille se recompose et ses secrets remontent à la surface…

Foisonnant mais parfaitement maîtrisé, le roman fait magnifiquement entrer en résonance la grande histoire et la plus petite histoire des Pelletier. L'auteur s'est solidement documenté pour restituer l'atmosphère de Saigon, les ressorts terribles de la guerre, mais aussi l'ambiance des Beaux-Arts à l'aube des années 1950s ou la montée du journal France Soir. C'est saisissant et très éclairant, à commencer par la découverte pour ma part de cette fameuse « affaire des piastres » qui s'est avérée absolument véridique. le Grand Monde n'en reste pas moins une lecture 100% plaisir, bourrée de suspense, de rebondissements et d'humour.

Pour rien au monde je ne renoncerai à lire la suite !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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le roman se situe en 1948, les autres années suivront dans les prochains tomes.
Louis Pelletier dirige une savonnerie prospère à Beyrouth avec sa femme Angèle.
Il espère bien que son fils aîné, Jean, reprendra l'entreprise.
Celui-ci est effacé, ne connaît pas son personnage. Quand il le révèlera, ce ne sera pas joli, joli.
Étienne part à Saïgon avec son compagnon Raymond qui s'enrôle dans la guerre d'Indochine avec toutes les cruautés que cela comporte et l'auteur ne ménage pas ses descriptions insupportables parfois. Pendant ce temps, Étienne devient agent des monnaies. Il recherche son ami Raymond. À Saïgon, le roman nous fait entrer dans les fumeries d'opium, dans une salle de jeux appelée "Le grand monde", dans des trafics de monnaies, des corruptions...
François Pelletier, parti à Paris pour étudier à l'École normale supérieure, bifurque et devient journaliste.
Sa soeur Hélène Le rejoint pour vivre à Paris.
Jean y aboutira également et révèlera hélas sa vraie nature.
Rebondissements, corruptions, meurtres, guerre...on retrouve un peu l'ambiance du roman "Au revoir là-haut" ,mais dans un autre contexte historique. Ce roman avait été une véritable découverte pour moi.
Les personnages qui gravitent autour de la vie des enfants Pelletier ajoutent beaucoup de piment au récit.
Pierre Lemaître a l'art de décrire les scènes caricaturalement, crûment, avec les mots magnifiquement choisis.
Le suspense est créé à la fin et on a ainsi envie de continuer l'aventure.
Un roman fort, très différent du ronron dans lequel je me promène habituellement, vite lu car très vivant.
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Je me réjouissais de lire le premier tome de cette nouvelle trilogie de l'auteur, et même si la note et le plaisir de lecture restent élevés, j'ai cependant éprouvé une petite déception.
Peut-être en ai-je lu trop de critiques dithyrambiques, peut -être le souvenir des deux premiers tomes de sa précédente trilogie est trop présent encore dans mon esprit.

Comme vous le savez sans doute déjà, soit par une des nombreuses critiques, soit par la publicité qui en a été faite, ce livre nous raconte quelques moisde l'année 1948 dans l'histoire de la famille Pelletier, à l'heure où les enfants quittent tous le nid familial.
Jean, l'ainé, qui vivote à Paris, auprès d'une femme insupportable, après avoir échoué à prendre la direction de l'usine familiale à Beyrouth
François, à Paris aussi, soi-disant pour faire l'ENS, mais qui cherche à percer dans le journalisme
Étienne, parti en Indochine rejoindre L'amour de sa vie, Raymond, soldat dans la légion
Et enfin Hélène, qui ne supporte plus la vie seule avec ses parents et part pour Paris où elle espère que ses frères vont l'accueillir.
Tout ce petit monde va vivre de multiples aventures, les rebondissements s'enchainent et l'auteur nous entraine à la suite de ses personnages dans un tourbillon magnifiquement raconté.

J'ai particulièrement aimé la partie qui se passe en Indochine, et Étienne reste mon personnage préféré dans les enfants. La description de Saïgon et de l'ambiance qui y règne sont criantes de vérité, j'ai ressenti la moiteur du climat, j'ai pris l'apéritif dans ces vieux hôtels qui sentent la fin d'une époque, j'ai été tentée de participer moi aussi à ce trafic, qui enrichit les français d'Indochine au dépens de la France, j'ai craint de succomber à la tentation de l'opium pour survivre dans cette atmosphère oppressante. La meilleure partie du roman et le personnage le plus attachant à mon avis.

Alors pourquoi ce petit bémol, et cette étoile en moins, c'est un sentiment diffus, difficile à expliquer, Peut-être l'accumulation d'évènements en quelques mois, peut-etre le caractère de ces enfants qui me semblent tous terriblement égoïstes, peut-etre le caractère trop caricatural de Jean, prodigieux raté, sans une seule qualité pour le sauver. Un peu de tout cela sans doute.

Mais il reste un roman que l'on dévore en quelques heures, une écriture nerveuse, des décors bien plantés, et ce jubilatoire clin d'oeil final, pour les lecteurs de la trilogie précédente.

Je lirai surement la suite, et je l'attends avec impatience, quoiqu'il en soit.
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Cette saga familiale commence en mars 1948 à Beyrouth : la famille Pelletier défile au grand complet sur le boulevard, en direction de la savonnerie familiale, comme tous les ans. Il s'agit de montrer à la population que la famille a réussi sur le plan social, étalant sa richesse, son pouvoir et par la même occasion sa progéniture.

On voit donc défiler dans l'ordre Louis, le patriarche, son épouse Angèle qui cette année traîne des pieds, discutant avec Étienne, son troisième fils, comme si elle suivait son propre enterrement, le fils aîné Jean dit Bouboule avec son épouse Geneviève, le deuxième enfant François et la jeune soeur Hélène.

Après avoir raconté pour la énième fois l'histoire de la savonnerie, le nom des différentes cuves (ce sont en fait des noms de demi-mondaines, Mr Pelletier ne manquant pas d'humour !) on assistera au traditionnel repas familial.

En fait la dynastie semble avoir un peu de plomb dans l'aile : François est parti pour Paris pour faire des études universitaires, Jean Bouboule, après un mariage calamiteux avec la fille du postier, a brillé par son inefficacité en reprenant contre son gré la savonnerie, et finit par rejoindre son frère à Paris (pour un travail pistonné par papa).

Étienne, sans nouvelle de l'amour de sa vie, Raymond disparu en Indochine pour combattre dans une guerre qui ne dit pas encore son nom, quitte à son tour le giron familial pour un poste à Saïgon à l'hôtel des monnaies (merci Papa encore une fois !). Il ne reste plus qu'Hélène qui ne pense qu'a partir aussi.

On va suivre cette famille jusqu'à l'automne 1948, traversant ainsi Saïgon, sur les pas d'Étienne, les magouilles politiques, l'enrichissement personnel, les tortures des soldats par les communistes, les méthodes dignes de la mafia, et le pouvoir des clans, des sectes : on ne sait jamais à qui faire confiance.

à Paris, François lâche les études pour devenir reporter (rubrique des faits divers) lorsque le meurtre d'une jeune star de cinéma lors de la projection de son dernier film va le propulser sur le devant de la scène et du journal, car il était sur place au moment des faits.

J'ai beaucoup aimé toute la partie consacrée à Étienne, les difficultés de l'homosexualité à l'époque, sa ténacité pour savoir ce qui était vraiment arrivé à Raymond et la description du Saïgon de l'époque. L'enquête de François, les amourettes et le côté rebelle d'Hélène ou le couple Louis Angèle confronté au départ des enfants, la vieillesse…

Par contre le couple Bouboule-Geneviève m'a vraiment horripilée surtout elle d'ailleurs, car elle n'a pas grand-chose dans la tête sauf quand il s'agit d'argent ou de nuire aux autres… Elle ment comme elle respire et finit pas croire en ses mensonges, tandis que son époux, le pauvre type par excellence trouve ce qu'il peut pour évacuer sa colère et sa haine…

Pierre Lemaître nous décrit avec brio tous ces personnages, y compris le chat Joseph car son comportement nous le rend immédiatement sympathique, avec des descriptions détaillées, documentées de la société de l'époque, du rôle des femmes, des années d'après-guerre, « les trente glorieuses » et leurs difficultés, avant de plonger dans une autre guerre avec les conséquences que l'on sait. Il nous réserve une révélation surprise au cours du récit et une fin plus qu'intéressante. C'est le portrait d'une époque, d'un journal avec ses difficultés, et d'une famille.

Pour une fois, la quatrième de couverture est tellement hermétique qu'elle ne révèle rien du tout, ne faisant qu'attiser l'envie d'en savoir plus chez le lecteur.

J'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans « Au revoir là-haut », un récit haut en couleurs, une écriture rapide, élégante, pleine de punch, ce qui fait que j'ai dévoré les presque 600 pages en un week-end, impossible en effet de reposer le livre, sauf pour les besoins vitaux…

C'est donc un « page-turner » passionnant mais un petit degré en-dessous du premier opus de la trilogie précédente. J'attends néanmoins la suite de pied ferme ! Pierre Lemaître nous ayant bien prévenus qu'il s'agissait d'une tétralogie.

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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C'est avec un certain vide, mais déjà une grande impatience ( de lire la suite ), que je débute la rédaction de ce billet...
Je viens tout juste de terminer la lecture du dernier roman de Pierre Lemaitre « Le Grand Monde ». le premier volume d'une tétralogie, qui nous embarque dans l'après guerre de 1939-1945, au tout début de la période des Trente Glorieuses.
Au demeurant, « Au revoir là-haut » apparaît comme un prologue.

Tout commence au Liban, à Beyrouth, où la famille Pelletier vit confortablement. le père gère, avec savoir et autorité une savonnerie. L'année 1948 est particulière pour cette famille, marquée par le départ des enfants vers Paris et Saigon, avec pour toile de fond la guerre d'Indochine, cette « guerre oubliée ».

« Le Grand Monde » est un roman feuilleton, maitrisé, bien construit, avec des personnages savoureux, très vivants, parfois inégaux, qui nous intrigue et nous happe. Une histoire incroyable, saisissante, d'une famille au coeur des évènements dans une époque où la vie quotidienne à Paris, est encore marquée par les restrictions, la pénurie de logements, les manifestations, et la prospérité économique de la France qui n'a toujours pas débuté.
Une rythmique scandée, rapide, des chapitres courts, une culture du rebondissement et du suspens bien affirmée. On veut savoir la suite. Vite ! Vite ! et les pages défilent, défilent...
Dans ce roman, Pierre Lemaitre nous effleure avec le plaisir du romancier sur la question du point de vue. La position de son regard lorsqu'il se projette d'écrire une scène, et de quelle façon il va impliquer son lecteur. Dire les choses, les cacher ou pour partie seulement, laissant de cette manière une totale liberté d'implication pour le lecteur.

Un roman d'aventures entre le roman noir et la fresque historique, et lorsque qu'on le referme, on reste sans voix, avec une seule idée en tête... vivement le prochain

.Je ne peux que fortement conseiller de lire cet excellent premier volet de cette tétralogie, que j'ai adoré et dévoré.. Merci Monsieur Lemaitre !

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Pierre Lemaître possède indubitablement deux qualités.
Il maîtrise l'art feuilletonnesque, et il a une imagination très fertile.

C'est très utile, quand on se lance comme lui dans une future tétralogie.
Avec « le grand monde » il réussit à nous brosser le portrait d'une drôle de famille française au sortir de la deuxième guerre.

Il y a les parents – sur qui on ne dira rien pour ne pas divulgacher la surprise de fin de roman.
Il y a Jean, le fils aîné, dit Bouboule, dont on pourrait dire qu'il est un « looser » si cet anglicisme n'était pas anachronique par rapport à l'année 1948 au cours de laquelle se déroule notre histoire. Bouboule, à qui rien ne réussit, a aussi de curieuses manières de se détendre lorsqu'il ressent trop de pression.
Il est aussi doté d'une épouse dénommée Geneviève qui cumule tous les défauts possibles et imaginables : c'est une véritable teigne, qui adore torturer son mari, faire du chantage à sa belle-famille, et dénoncer son employeur en l'accusant de détournement de biens appartenant à des Juifs – un régal de femme.

Il y a François, qui annonce à ses parents qu'il va mener de brillantes études à Paris, mais qui ne rêve que rotatives et ambiance de conférence de rédaction – il sera journaliste rubrique faits divers... et justement il sera bien servi.

Il y a Etienne qui est amoureux de Raymond, parti servir la France en Indochine, et qui va partir lui aussi en direction de Saigon pour y retrouver l'homme de sa vie, mais celui-ci vient de passer l'arme à gauche d'une manière bien peu agréable – et pour Etienne tout va aller de travers dans cette colonie française.

Il y a enfin Hélène, la petite dernière qui voudrait être beaucoup plus vieille que son âge, qui est en colère contre tous – peut-être sauf contre Etienne – et qui va elle aussi frôler la catastrophe.
La famille Pelletier est donc une drôle de famille dans cette période dite des « Trente Glorieuses » qui ne l'est pas vraiment en 1948.

Et puis il y a encore toute une galerie de personnages secondaires, tous plus truculents les uns que les autres.

Mais le plaisir est assuré : Pierre Lemaître est aux commandes de ce Grand monde et le plaisir est toujours aussi addictif. Très bien documenté (il suffit de lire les pages de sa « dette de reconnaissance » pour en prendre conscience) et toujours aussi habile à maintenir le suspense, l'auteur de « Cadres noirs » manie parfaitement la plume feuilletonnesque.

Lu pour ma part le temps d'un week-end, je confirme le talent, l'humour, et la verve dont fait preuve un Pierre Lemaître décidément très en forme.
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Les Pelletier ! Vous ne connaissez pas les Pelletier ? M'enfin ! Les savons Pelletier ! Ah ! Je vois que vous y êtes enfin !

Il y a le père, Louis. Un sacré bonhomme ! Vous avez vu comment il a fait prospérer l'entreprise familiale ? Il a le sens des affaires et de l'innovation… Mais attention ! Généreux avec ça ! Toujours le premier à ouvrir son portefeuille pour l'école de ses enfants.

Il a voulu céder les rênes de l'entreprise à son fils aîné, Jean. Oh ! La ! La ! Quel grand dadais celui-là ! Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle « Bouboule ». Il rate tout ce qu'il entreprend, lui. Vous avez vu avec qui il s'est marié ? Geneviève ! Cette abomination ! La Ginette ! Oui, celle qui suçait tout ce qui passait. Elle n'est même pas belle ! le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle devait espérer mettre la main sur la fortune des Pelletier en épousant l'aîné. Il paraît que Monsieur Jean a tellement mal géré l'entreprise qu'il a fini par partir s'installer à Paris. Il y travaillerait comme représentant en lingerie. Non, mais quelle déchéance, n'est-ce pas ?

Eh, puis, le François ! Ah, celui-là, rien à voir avec son grand frère ! Lui, c'est l'élève brillant. Il est parti à Paris pour faire l'Ecole d'Administration… Un truc comme ça ! Vous savez bien, le genre d'endroit d'où sortent les grands commis d'état. Ah, ça, il a de l'ambition, le François ! … Remarquez… On raconte qu'il aurait menti à ses parents… Monsieur François jouerait au journaliste… Oh, rien de bien grandiose ! Il ferait les « chiens écrasés » …

Et le petit Etienne. Ah, celui-là… Un solitaire… Gentil, mais… Bon, on ne l'a jamais vu sortir avec une fille, si vous voyez ce que je veux dire… Il a un « cousin » … Un Belge… Un légionnaire… Il est très proche de son « cousin », si vous voyez ce que je veux dire… le « cousin » a été envoyé en Indochine… Monsieur Etienne entretient une grande correspondance avec ce « cousin » … Enfin ! Il entretenait… Il paraît qu'il ne reçoit plus de nouvelles. On raconte que l'Etienne se serait embarqué pour Saïgon pour le retrouver…

Et sa soeur… Hélène… Jolie, mais jolie ! Enfin… Trop jolie pour être honnête si vous voulez mon avis… Elle ferait des ateliers photographiques avec son professeur de mathématiques… Un nouveau-venu à Beyrouth. C'est bizarre, comme c'est étrange de constater que ce sont surtout de jolies jeunes filles qui suivent ses ateliers… Moi, je dis ça et je ne dis rien, mais vous savez, c'est ce qu'on raconte… Loin de moi l'idée de propager des ragots, mais si vous voulez mon avis, il n'y a pas de fumée sans feu !

Critique :

Ah, Pierre Lemaitre, comme je vous aime ! … En tout bien tout honneur !

J'admire votre style qui vous rend proche d'un Zola, mais un Zola du XXIe siècle, bien dans son époque. Un écrivain qui a le sens de la narration, du drame, de la passion… Et de l'humour ! Vous, qui, à travers des personnages qui nous semblent tellement proches, nous narrez la France de l'après-guerre… Une France qui s'étendait jusqu'à la lointaine Indochine. Vous nous rappelez que le rationnement des Français ne s'est pas arrêté à la libération de Paris, ni même le 8 mai 1945, date de la fin de la guerre en Occident. Et la difficulté de se loger à Paris ? Cela ne date pas d'aujourd'hui ! Et puis, il y a ces mineurs, héros de la nation un jour et tabassés par les forces de l'ordre lorsqu'ils font grève pour contester leur grosse perte de revenus et ces lois absurdes qui les noient dans la misère. Vous nous plongez dans les trafics en Indochine tellement profitables à certains petits malins, et au Viêt-Cong, mais aussi à certaines grosses huiles françaises, le cul confortablement posé dans leurs fauteuils hexagonaux. Et ce n'est pas tout ! Vous nous immergez dans les assassinats horribles de ces jeunes femmes au crâne fracassé. Vous nous livrez le coupable directement, mais la question n'est pas de découvrir ce dernier, mais de savoir si la police et le petit juge vont arriver à lui mettre le grappin…

Il semblerait que ce ne soit là que le début d'une trilogie, alors, sans vouloir être méchant, je vous invite à travailler au moins quatorze heures par jour, seize seraient mieux, mais je ne voudrais pas que vous me traitiez d'esclavagiste… Et sept jours sur sept ! Je sais ! Dieu s'est reposé le septième jour, mais vous n'êtes pas Dieu, alors pour vous, pas de repos avant la publication du troisième volume de ce triptyque ! D'ailleurs, j'ai mené un sondage auprès de votre lecteur le plus assidu, moi, et le résultat est sans ambages : faut vous grouiller, mon vieux ! Votre public, dans son impatience, pourrait assiéger votre maison d'édition, et à partir de là, à quels débordements risquerions-nous d'assister, je vous le demande ! Être le plus grand auteur français vivant, cela se mérite ! N'est pas Hugo qui veut. Si pour travailler plus vite et mieux vous devez envisager l'exil, n'hésitez pas ! Bruxelles vous attend ! Je suis même disposé à vous payer un restaurant et à vous faire connaître les bières belges… Après vos quatorze heures de labeur quotidien, bien entendu !

Monsieur Lemaitre, je suis sûr que vous me comprenez et ne m'en voudrez pas de vous bousculer quelque peu ! C'est pour votre bien ! Si ! Si ! Si !
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J'attendais tellement de ce nouveau Pierre Lemaître que je craignais une légère déconvenue ; que nenni ! Comment même ai-je pu douter du talent de l'auteur à créer une nouvelle trilogie française après "les Enfants du Désastre" ?

Soit, pour ce 1er tome, la famille Pelletier, en 1948 à Beyrouth, avec les parents qui font tourner leur fabrique de savons, et leurs quatre enfants qui rêvent d'être ailleurs : le fils raté, le fils ambitieux, le fils amoureux, la fille rebelle. Sur quelques mois, on suit les aventures de ce petit monde, de Paris à Saigon, sur fond de tickets de rationnement, de chômage, de grèves réprimées, et de Guerre d'Indochine.
Et, comme toujours avec Pierre Lemaître quand il se fait historien, on en apprend de belles sur la France. Les Trente Glorieuses n'ont pas débuté glorieusement, et l'on assiste ici à une reconstruction du pays basée sur le système d'populaire, tandis que quelques privilégiés de la IVe République s'en mettent plein les poches grâce aux colonies (sidérante "affaire des piastres" que j'ai découverte grâce à ce roman !). Mais ce n'est pas pour autant que le récit est désolant : racontées par Lemaître, les différentes péripéties vécues par les Pelletier prêtent à rire -quand elles n'émeuvent pas aux larmes.
Comme toujours chez cet auteur, j'ai admiré la façon dont il agence les événements dans sa structure narrative, pour nous surprendre et nous entrainer de façon déroutante là où l'on n'aurait jamais imaginé aboutir. On pouffe en croisant des personnages haut-perchés plus vrais que nature, et on se cogne violemment, au détour d'une phrase anodine, à des sentiments purs et puissants. La grande classe ! Une fois encore, j'ai adoré les traits d'humour absurde, la finesse drôlatique des analyses, et le ton mordant, qu'adoucit la grande tendresse de Lemaître pour les Pelletier et ce, malgré leurs mensonges, leurs lâchetés et leurs crimes. J'ai retrouvé avec bonheur son style truculent, maîtrisé avec une telle force tranquille tout au long des 580 pages que je n'ai pu que me délecter de cette lecture.
J'en redemande -vivement le 2e tome !

Alors, si vous avez envie d'un bon gros roman plein d'humour et d'émotion, qui vous instruise tout en vous divertissant, n'hésitez plus, et jetez vous à votre tour dans le Grand Monde !
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Bravo Monsieur Lemaitre, je tiens à vous tirer mon chapeau : après une très belle trilogie débutant sous les balles et les obus de la Première Guerre mondiale, nous vous retrouvons à Beyrouth quelques années après la Deuxième Guerre mondiale pour débuter cette quadrilogie qui sera à coup sûr une réussite !

Quittons les aventures d'Albert Maillard et d'Édouard Péricourt pour laisser place à l'histoire de la famille Pelletier, un couple de quatre enfants propriétaires d'une savonnerie familiale. Alors que Louis Pelletier imagine que l'un de ses descendants deviendra un jour son digne successeur dans cette aventure dans la manufacture, ses enfants ont décidé de prendre des chemins différents dans des contrées lointaines. Jean dit Bouboule, après un essai désastreux au sein de la savonnerie quitte Beyrouth avec son épouse Geneviève pour vivre leur vie de couple à Paris, ville où son frère François est soi-disant étudiant à l'École Normale. Etienne quant à lui partira du domicile familial pour tenter de retrouver son ami disparu en Indochine laissant la pauvre Hélène fille unique seule chez leurs parents…

Véritable invitation au voyage qui a commencé pour moi grâce à un challenge #letourdulivreen80jours et après une très belle rencontre avec l'auteur, on est rapidement envoûté et emporté par la plume si singulière de l'auteur. Pierre Lemaitre est certes un écrivain mais, il est aussi, un très bon conteur. J'ai eu l'occasion de l'écouter lire en livre audio « Au revoir là-haut » est il se révèle être une véritable Shérazade et comme Chahriar, nous sommes transportés par ses mots que nous ne pouvons lâcher. Dans « Le grand monde » la magie a aussi opéré… Tous les ingrédients sont réunis : un récit très bien documenté, une famille aux membres très différents, des intrigues, des situations cocasses...

Le seul conseil que je peux vous apporter est de vite aller dans votre librairie préférée pour vous offrir ce petit bijou riche en rebondissements magnifiquement ficelé que nous ne pourrez lâcher une fois sa lecture terminée...
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