Avec ce roman noir, sorti de ses tiroirs,
Pierre Lemaitre s'est fait plaisir à écrire et j'ai eu plaisir à lire cette histoire un peu fofolle.
Bien sûr, nous sommes loin des grandes sagas comme «
Au revoir là-haut » ou «
le Grand Monde ».
Bien sûr, ce n'est pas un roman avec des détails sadiques ou violents comme nous pouvons en lire dans les thrillers glauques de
Karine Giebel, en exemple.
A chacun son style !
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Mais le roman est très bien écrit, est original et plein d'humour. J'ai surtout bien aimé le personnage central très cynique, que l'auteur a mis en scène dans son récit.
Mathilde est une personne bien inquiétante, qui sous des apparences de vieille dame honorable, est une âme insensible, pas recommandable.
Elle aurait pu, comme ses voisines, terminer tranquillement sa vie à tricoter, à broder, à regarder les fines émissions d'Hanouna ou à promener paisiblement son chien.
Mais non ! Mathilde préfère d'être une super-mamie, privilégiant l'action. Car Mathilde est une tueuse à gages. Et une tueuse solitaire au caractère irascible, mais qui est très performante dans ses exécutions. C'est d'ailleurs pour cela qu'on l'emploie.
Mathilde est donc une vieille chouette et un monstre, qui semble aimer tuer, qui n'accepte aucune contrariété et que je n'aurais pas voulu avoir comme belle-mère.
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Mathilde est une exécutrice, froide et sans remord, qui fait un travail efficace, propre et sans bavure. C'est Henri qui le dit. C'est lui qui donne les ordres. C'est lui qui donne aussi le flouze.
Pan ! Une ou deux bastos qui ne manquent jamais leur cible, comme dans un rituel.
Ploc ! (avec silencieux) Et la victime, qu'elle soit un vieux monsieur ou une jeune étudiante, s'écroule en pissant du sang partout.
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Le quotidien de Mathilde lui est exaltant.
Elle attend toujours les mots d'ordre.
Imperturbable, elle organise méthodiquement ses meurtres.
Elle ne se pose jamais de question subsidiaire.
La seule fois où elle se posera « une toooute p'tite question de rien du tout », sa vie commencera à être un vrai polar noir.