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4,12

sur 4296 notes
Bien sûr que Miroir de nos peines était un succès annoncé. Impensable pour les lecteurs des deux opus précédents de Pierre Lemaitre de faire l'impasse sur le roman censé clore cette trilogie de l'entre-deux guerres. Il s'agit cette fois du temps qui va de la "drôle de guerre" à l'exode, autrement dit à la débâcle qui précède l'armistice et les 4 années d'Occupation allemande qui suivent. Drôle est bien le qualificatif qui convient, dans toutes les acceptions du terme, pour caractériser cette période, de la confiance et de l'arrogance initiales de la France à la grande débandade. le livre de Lemaitre est drôle aussi de toutes les manières, captant parfaitement l'esprit de l'époque par le biais d'une narration éclatée où les agissements de ses principaux personnages, Louise, Raoul, Fernand et Désiré, entre autres, nous sont racontés en parallèle, reliés à la rapide avance de l'armée allemande. Moins ingénieux et flamboyant que ses prédécesseurs, Miroir de nos peines souffre un peu de cette dispersion du récit, la personnalité de Louise, héroïne des scènes les plus marquantes, dépassant de loin celle de tous les autres protagonistes. Mais le talent de feuilletoniste et de grand fablier de l'auteur n'est plus à prouver, son sens du rythme également, et il parvient toujours à nous inciter à lire encore un chapitre avant d'interrompre à regret la lecture. Il n'y a pas d'énormes surprises pourtant, ni de rebondissements gigantesques, avec un dénouement attendu et finalement optimiste, en dépit des temps très sombres qui s'annoncent, pour l'ensemble des français, s'entend. Pierre Lemaitre a annoncé la fin de sa trilogie et règle d'ailleurs le sort de ses personnages en une brève biographie à la fin du livre. Mais qu'est-ce qui pourrait bien l'empêcher, si l'envie lui en prend, de s'attaquer prochainement à la période 1940-1944, riche de potentialités avec ses collaborateurs, ses résistants, ses victimes et ses simples français essayant simplement de survivre ? Difficile peut-être d'y mettre de la fantaisie, de la légèreté et de la bonhomie mais pas impossible pour le talent de conteur du romancier.
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Pierre Lemaître est à l'origine un grand spécialiste des polars et des thrillers qui a su se renouveler en devenant un grand auteur de littérature générale, couronné du Prix Goncourt, pour enfin devenir un grand écrivain tout court. Avec ce mélange de littérature noir et blanche, il est donc en parfaite adéquation avec mon blog et je le suis avec plaisir depuis plusieurs années.

Après avoir traité la fin de la première guerre, puis de l'entre-deux guerre, le troisième volume de la trilogie des « enfants du désastre » nous entraîne dans les premiers mois de la seconde guerre mondiale. Grâce à un éventail de points de vue, on assiste aux prémices du conflit aux côtés de personnages variés. Ainsi, le lecteur devient un observateur de l'impact de ce drame dévastateur et du bouleversement qu'il va imposer à la population. Les hommes et les femmes de ce roman sont tout à la fois acteurs de leur survie et victimes d'un évènement qui les dépassent.

Pour rendre l'ambiance de l'Histoire moins documentaire, l'auteur insuffle une pointe de romanesque en créant des aventures parallèles, qui sont tantôt familiales, romantiques, amicales… et qui redonnent une face humaine à ces affrontements matériels. En réaction au chamboulement de leurs vies, les hommes et les femmes continuent à vivre et à se donner de nouveaux buts. Ces destins vont se croiser et former une aventure pleine de rebondissements.

La maîtrise de la narration est toujours à l'oeuvre dans ce dernier volet. Je suis resté suspendu aux destins des protagonistes, tous aussi attachants les uns que les autres. Les scènes sont rythmées, assez cinématographiques et on ressent parfaitement l'atmosphère des moments. Pierre Lemaître conclue cette trilogie avec brio. L'ensemble de cette oeuvre dépeint l'énorme tragédie d'une époque en se plaçant au plus près des gens, à hauteur d'homme.
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"Miroir de nos peines", troisième opus de la trilogie de Pierre Lemaitre. de la littérature populaire, au sens positif du terme. Un troisième roman qui souffre toutefois à mon sens d'un certain déséquilibre...

La première partie est en effet assez prenante. Il y a le plaisir de retrouver des personnages croisés précédemment, même furtivement. Il y a cette superbe galerie de personnages, avec ses belles personnes... et de vrais salauds. Et il y a la toile de fond, cette période dramatique vécue par notre pays. Ce récit d'une débandade face à l'inéluctable avancée ennemie. Où l'on s'aperçoit, dans cette période plus que troublée, que tout n'est pas blanc ou noir, la réalité des hommes est bien plus complexe.

Malheureusement, le récit a tendance à s'embourber au bout d'un moment, la seconde partie souffre de longueurs, l'histoire devient un peu cousue de fil blanc. Dommage... ceci dit, reconnaissons que Pierre Lemaitre avait placé la barre tellement haut avec les deux précédents romans, en particulier avec l'exceptionnel "Au revoir là-haut" !

Reste que "Miroirs de nos peines" m'a permis, en dépit de ses imperfections, de passer un agréable moment de lecture...
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Miroir de nos peines est le troisième et dernier volet de la trilogie de Pierre Lemaitre " Enfants du désastre " auscultant la France de 14/18, celle de l'entre deux guerres et enfin celle de 1940.
Tout comme Au revoir là haut et Couleurs de l'incendie, Miroir de nos peines est un livre romanesque , enlevé, documenté historique.
On est bien dedans malgré l'époque qui n'incite pas à la légèreté. On n'est au plus proche des personnages quelqu'ils soient. Et puis il y a toujours un lien ténu, une petite musique qui nous relie aux tomes précédents de cette trilogie.
Mais pour les personnes qui n'ont pas lu Au revoir là haut ou Couleurs de l'incendie, il n'y aura aucun souci. Chaque tome peut être lu indépendamment.
Comme pour les 2 tomes précédents Pierre Lemaitre nous propulse dans la grande Histoire de France avec une galerie de personnages haut en couleurs

Comme dans Au revoir là haut on retrouve deux hommes que les circonstances de la vie ont rapproché. Et ce duo à les mêmes caractéristiques que celui d'au revoir là haut. Gabriel et Raoul sont les pendants d' Édouard et Albert dans Au revoir là haut. L' un est un légaliste un peu fade et introverti ( Albert ou Gabriel) l'autre est extraverti fantasque, à la limite escroc ( Édouard ou Raoul )
Dans Au revoir là haut , Édouard et Albert étaient les moteurs du roman ; c'est par eux que le récit avancé, c'est par eux que la vengeance, l'arnaque se mettaient en place.
Rien de tel dans Miroir de nos peines.
Le personnage central est Louise. Louise Belmont nous l'avions entr'aperçu dans Au revoir là haut. Elle avait dix ans et était amoureuse d'Édouard qui vivait chez sa mère.
Pierre Lemaitre va rechercher Louise pour en faire le personnage principal de son roman. Et quel personnage !
En ouverture du roman Louise qui a trente ans court, nue, sur le boulevard du Montparnasse . Excusez du peu !
Et nous voilà emmené, aux côtés de Louise, dans les secrets de famille, les douleurs de l'enfance.
Va se mettre en place les ressorts d'un roman d'aventure, d'un roman d'initiation. le tout dans la France de 1940.
Louise est institutrice et serveuse à La Petite Bohème à Paris. Jules le patron ventru, à la moustache et au béret inamovible la couve avec attendrisement.
Gabriel et Raoul sont soldats mobilisés sur le front de l'est pas loin de la ligne Maginot au Mayenberg.
Désiré, hableur à souhait parcourt le roman de ces diverses identités et amène rire, émotion et humanité.
Sans oublier Jeanne et le Docteur Thirion.
Tout va se mettre en mouvement et nous allons être emporté dans ce maelstrom tout comme les personnages avec cette drôle de guerre.
Car la découverte des secrets de de famille s'accompagne de la défaite de la France passant de la certitude que la ligne Maginot est infranchissable à l' exode sur les routes de France.
Des faits réels plus ou moins connus parsèment le récit et donnent véracité au récit.
Gabriel et Raoul font partie de l'exode des prisonniers de la prison du Cherche Midi.
Fernand participera à la destruction des milliards de billets de la Banque de France afin qu'il ne soit pas à la merci de l'armée allemande.
Quant à Désiré, son côté hableur ne pouvait que convenir à une entreprise de désinformation . Dormez tranquilles braves gens l'armée française gagne de grandes batailles et refoule l'ennemi allemand.
Et que dire de la restitution et de de la description de l'exode!
On est au coté de ce peuple en déroute.
Comme à l'habitude avec Pierre Lemaitre, c'est foisonnant, c'est humain, terriblement humain.
Cette humanité qui se retrouve sur les routes de l'exode, qui se découvre ou se redécouvre.
Malgré l'époque cela reste une épopée romanesque , virevoltant et humoristique.
Épopée addictive tout comme le sont Au revoir là haut et Couleurs de l'incendie.
Pierre Lemaitre est digne des plus grands feuilletonistes de la fin du 19eme et du début du 20ème siècle.
Quelle trilogie !









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Dans ce dernier tome de la trilogie Les enfants du désastre, vous trouverez :
Un médecin suicidaire,
Une femme très belle, mais seule,
Un couple heureux, mais sans enfants,
Un enfant adopté et maltraité,
Deux militaires déserteurs un peu par hasard,
Une femme au coeur fragile,
Un mystificateur de génie,
Un cafetier bourru en Charentaises,
Un homme qui a volé une fortune,
Des milliers de réfugiés,
Un gros chien.

Cette foule est précipitée et bringuebalée par la Drôle de guerre et par l'exode. « Cette guerre, on ne savait plus ce qu'elle voulait faire. » (p. 357) Éclatent des secrets de famille et surviennent des retrouvailles douces et tendres. L'intrigue se déroule sur trois lignes de front : l'officielle qui mène au feu, la faussement sécurisée de l'arrière et la mouvante sur les routes. « Les civils s'enfuient, les militaires, eux, font retraite, nuance ! »(p. 176) Pierre Lemaitre montre une nouvelle fois la mocheté de la guerre et ce que certains humains savent en tirer de beau. En cela, la figure de Désiré est hilarante. Mais j'avoue une préférence pour Louise, cette trentenaire qui se cherche une famille. L'auteur ne manque pas de critiquer les manoeuvres politiques et la propagande martiale, et l'on pourrait lire dans ses attaques des arguments pour accuser notre propre gouvernement. « En temps de guerre, une information juste est moins importante qu'une information réconfortante. le vrai n'est pas notre sujet. Nous avons une mission plus haute, plus ambitieuse. Nous, nous avons en charge le moral des Français. » (p. 101)

J'ai peut-être un peu moins apprécié ce troisième tome que les deux premiers de la trilogie. Mais j'ai encore passé un savoureux moment avec la plume de Pierre Lemaître et les personnages qu'il malmène avec tendresse. Évidemment, si ce n'est pas fait, lisez Au revoir là-haut et Couleurs de l'incendie.
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Ce roman est le dernier opus de la trilogie intitulée "Les enfants du désastre " qui couvre la première moitié du XXe siècle.
Le premier opus, "Au revoir là-haut", retraçait les années qui ont suivi la Grande Guerre, dont nous commémorons aujourd'hui la signature de l'armistice qui a mis fin aux combats.
Le second opus "Couleurs de l'incendie" nous parlait de la crise des années 30.
Le dernier opus "Miroir de nos peines" se déroule entre avril et juin 1940, durant la très courte période que l'on a surnommée, la "drôle de guerre" (en fait cette drôle de guerre a commencé un peu avant mais je simplifie). La France vient à peine d'entrer dans le conflit mondial, les allemands gagnent Paris et l'exode amène des milliers de gens sur les routes, fuyant la capitale pour se rendre dans le sud de la France .

Le lecteur retrouve Louise la petite fille qui dessinait des masques pour Edouard dans "Au revoir là-haut". Elle est à présent devenue institutrice. Son drame est celui de ne pas avoir eu d'enfants. le week-end, elle va aider Jules qui tient le restaurant en face de sa maison où elle vit à présent toute seule depuis la mort de Jeanne, sa mère. Jules est très attaché à Louise. Il était très amoureux de Jeanne qui elle, en aimait un autre, ce qui explique son dévouement sans faille et son côté protecteur pour la jeune femme.
Un jour, alors qu'elle aide au service, le vieux docteur qu'elle connait bien, car il vient à la même table chaque semaine, lui demande de venir à l'hôtel avec elle, en tout bien tout honneur, il veut juste qu'elle se mette nue devant lui et il lui dit qu'il la paiera. Elle ne sait pourquoi mais quelques temps après, elle accepte de le rencontrer et il choisit ce moment-là, pour se suicider. Pourquoi l'avoir choisi, elle, pour passer à l'acte. Louise n'en restera pas là...
A peine remise du choc provoqué par le suicide en direct du docteur, et par sa fuite, affolée, traumatisée et nue, dans les rues de la ville, et le scandale qui s'en suivra et entachera sa carrière modèle d'institutrice, elle décide d'en apprendre davantage sur le docteur et sur sa vie. Ce qu'elle va peu à peu découvrir, tout comme les événements qui vont suivre, vont considérablement modifier le cours de son existence.
Le lecteur croise aussi Désiré, sous différentes "casquettes" selon où le mènent ses pas. Nul ne sait d'où il vient ni où il va. On le retrouve, tantôt stratège, tantôt...chut je ne vais pas tout vous raconter !
En parallèle, le lecteur fait la connaissance de Raoul, un petit escroc particulièrement roublard, mais au fond de lui d'une grande sensibilité, même s'il donne plutôt l'impression d'être en permanence révolté. Raoul n'a pas son pareil pour monter des coups incroyables. Il se retrouve proche de Gabriel, un professeur de mathématiques, très droit dans sa vie et dans ses actes, qui lui est totalement opposé. Mobilisés ensemble, ils vont tous deux être fait prisonniers, puis transférés en car tout d'abord, avant de se retrouver avec les autres prisonniers sur les routes, mais les ordres ne suivent pas et les routes sont encombrées par les nombreux civils qui fuient la capitale...
Fernand garde mobile à Paris est chargé d'accompagner les prisonniers tandis que sa femme Alice, qui souffre d'une maladie cardiaque, va se mettre à l'abri chez sa belle-soeur. Jusqu'où sera-t-il obligé de faire son devoir ? Vous le saurez en lisant ce roman.
Evidemment, le lecteur sait par avance qu'à un moment donné tout ce petite monde va forcément se croiser...

Les personnages choisis par l'auteur, sont tous issus du peuple et c'est peut-être pour cela, que je les ai trouvé terriblement attachants. Chacun va vivre ce début de guerre à sa façon donnant le pire comme le meilleur de lui-même. L'auteur nous décrit ici une belle fresque sociale. Il a une manière très personnelle de revisiter L Histoire. Les événements de ce début de guerre, vus de son point de vue à lui, ne manquent pas de sel car son humour et son cynisme, sont toujours bien présents, comme c'était le cas dans les deux premiers opus. L'auteur sait aussi nous émouvoir en nous permettant d'entrer dans la vie de ces personnages, au point que nous nous sentions concernés véritablement par leur destin.
Il s'est encore une fois parfaitement documenté avant d'écrire ce troisième opus. Si je n'ai pas été étonnée d'apprendre que l'émission de radio dont il est question dans le roman a bel et bien existé, et qu'elle avait été conçue pour remonter le moral des troupes et de leur famille, j'ai été par contre surprise de savoir que l'exode de mille détenus, sur les routes aux côtés des familles, étaient un fait réel.
Finalement, si je fais le bilan de ma lecture de cette trilogie, j'avais aimé moyennement le premier. J'avais été déroutée, voire choquée d'ailleurs, par la manière dont l'auteur racontait les faits, sans doute parce que j'y avais mis trop d'affect, et que je trouvais certains de ses propos déplacés quand je songeais à mon grand-père et à l'histoire de ma famille.
Presque à contre-coeur, j'ai fini par lire le second opus car plusieurs personnes de mon entourage sont arrivées à me convaincre de le faire. Je l'avais trouvé beaucoup mieux, même si je n'étais pas arrivée à m'attacher aux personnages autant que je l'aurais voulu.
Et je peux dire sans me tromper que le troisième opus est mon préféré. Comme quoi j'ai bien fait de m'accrocher !
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Même si je n'ai pas trouvé autant d'intérêt pour ce dernier volet de la trilogie j'ai fini par me laisser aller au plaisir de cette lecture. Les personnages bien campés, la certitude qu'ils vont se croiser, se rencontrer , s'aimer ou s'affronter, la peur de ce qui peut leur arriver, amènent la soif de tourner les pages. J'ai particulièrement aimé Désiré,ce magnifique comédien,mais bien sûr aussi Louise,que je ne m'attendais pas à retrouver. Jules, Gabriel, Alice...tous sont attachants. L'exode de juin 1940 est très visuel et humain. Par le biais de tous les personnages P.Lemaitre donne au lecteur différents angles de vue et donc une vision non manichéenne de ce qui c'est passé. le regard critique et ironique de l'auteur sur les fonctionnaires et surtout les militaires reste sympathique mais moins jouissif que dans le premier volume. En conclusion,un bon roman de fin de vacances qu'il est possible de lire même sans avoir lu les premiers tomes.
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Avec Pierre Lemaitre, on s'intéresse à l'histoire même quand ce n'est pas notre passion première. Ses personnages nous entraînent dans des aventures que l'on a peine à croire et qui, pourtant, correspondent à la réalité historique (le travail de préparation de son roman et les références qu'il cite sont impressionnants). Des personnages qui sont souvent attachants: pas de bons et de méchants, de génies et d'imbéciles, seulement de vraies personnes avec leurs qualités et leurs travers, avec leur humanité et leur éducation. Je n'ai pas ressenti une seule minute d'ennui en lisant ce roman. Dîtes monsieur Lemaitre, puisque les 3 mousquetaires sont 4 et que votre trilogie Verhoeven comprend 4 romans, ne pourrait-on pas espérer un quatrième tome pour cette trilogie historique ?
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Bien sûr, la dernière partie, un peu bâclée, déçoit. On reste sur notre faim, c'est sûr, et on s'attendait à un épilogue plus dense, mieux charpenté. Il faut le dire, ce n'est pas le meilleur de la trilogie. Et après ? On en lit quand même la plus grande partie avec un plaisir difficile à dissimuler et on vit nous aussi cette drôle de guerre et l'exode qui lui succède avec une délectation parfois jubilatoire. Car Pierre Lemaître reste un redoutable écrivain, qui fait mouche à chaque page. Les quatre-cinquième du livre enfoncent allègrement toute cette littérature de salon qu'on nous vend à grand renfort d'une complicité médiatique incestueuse. Alors, ne boudons pas notre plaisir et n'allons pas brûler ceux qui tiennent encore route au motif qu'ils nous ont (un petit peu) déçus...
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Alors, ce troisième volume, lecteur, tu te demandes à juste titre ce qu'il vaut et si tu peux risquer d' investir ton argent de poche dans cet épais roman de 532 pages...
Après Au revoir-là-haut et Couleurs de l'incendie, Pierre Lemaître nous propose le dernier tome de cette « trilogie de l'entre-deux-guerres » : Miroir de nos peines, dont l'intrigue se situe en 1940 entre le 6 avril et le 13 juin, autrement dit, entre la « drôle de guerre » et l'exode…
Les premières pages mettent en scène un cafetier parisien nommé M. Jules qui râle (un cafetier parisien, disais-je…) parce que la guerre ne commence pas, parce qu'une guerre, c'est pas ça et parce que, dit-il en jetant son torchon sur son épaule gauche et sans cesser de râler, le prix du charbon augmente, les quotidiens censurés y'en a marre et le couvre-feu ras-le-bol… C'est pas une vie, quoi !
Dans un recoin de son restaurant « La Petite Bohème », se tient tous les samedis depuis vingt ans un homme silencieux que tout le monde surnomme « le docteur »… Il prend son repas, sourit à Louise qui le sert et repart… Mais ce jour-là, il se penche vers la jeune femme et lui fait une demande pour le moins étrange : accepterait-elle de se dénuder devant lui ? Il ne s'approcherait pas d'elle, non, il la regarderait et c'est tout…
Qui est ce docteur ? Qu'attend-il ? Que veut-il ?
Hé, hé, lecteur, à la quatrième page, te voilà ferré… Parce que ce Pierre Lemaître a incontestablement l'art et la manière de nous saisir, de piquer notre curiosité et de ne pas nous lâcher… Si ce roman était paru en feuilleton, au XIXe, dans un quotidien quelconque, à coup sûr on n'en aurait pas loupé un numéro… Oui, il y a du « roman populaire » dans ce texte (et je ne mets rien de péjoratif dans ce terme)… Des histoires d'amour, des enfants abandonnés, des secrets de famille, des gens qui meurent et qui pleurent, des lettres passionnées, des séparations, des retrouvailles, des rebondissements à gogo… le tout parfaitement rythmé : pas de temps mort… Un vrai page-turner… le plaisir de lecture est là, à chaque page, et l'on ne s'en plaint pas !
Bon, le côté mélo est peut-être un peu plus prononcé que dans les deux premiers volumes… Ce n'est pas ce que j'ai préféré mais autant dire que ça marche, on veut connaître la suite, on est humain quoi…En plus, comme tout cela se lit très facilement, on traverse les pages à la vitesse d'un bolide de Formule 1 et c'est délicieux, incontestablement… Pierre Lemaître est doué, pas de discussion là-dessus…
Mais voyez-vous, ce que j'ai préféré se loge ailleurs : dans deux domaines où l'auteur excelle vraiment. 1 : les grandes scènes (qu'on n'oubliera jamais) et il y en a quelques-unes (dont une qui arrive très vite au début du roman… mais chut… - quand je pense que dans une émission de France Culture, ils ont osé la dévoiler… je leur aurais tordu le cou en direct…) Franchement, Lemaître a de l'idée pour créer des situations improbables, complètement inattendues et très cinématographiques…
Il est fort, très fort mais là où il est le meilleur, c'est dans la création de personnages qui portent à mon avis le roman : un certain Raoul Landrade et surtout, surtout et là, je pèse mes mots : un homme hors du commun, ébouriffant, fou ?, inouï, tellement rocambolesque, j'ai nommé (roulements de tambour)... Désiré Migaud…
Alors, rien que pour lui, mes amis, vous pouvez, les yeux fermés, investir 22 euros 90 dans ce roman parce qu'il en vaut la chandelle… Pourquoi ? Ah ah… C'est pareil, faut pas trop en dire… ça gâche et vous m'en voudriez... mais sachez quand même que ce personnage va vous faire hurler de rire (bon j'exagère un peu, c'est vrai, mais pas tant que ça), que vous allez le rencontrer de façon plutôt inattendue et que vraiment, là, on touche à la perfection en terme d'originalité, de mystère et d'invention…
Sacré Désiré, tiens, tu me manques déjà !
Allez à sa rencontre : il est phénoménal et, dans les dernières pages du roman… il touche, disons-le, au sublime…
On en reparlera de celui-là, vous verrez…
Foncez !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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