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4,12

sur 4295 notes
Quel bon roman ! Et même : quel très bon roman ! le genre à laisser des paillettes dans les yeux, une fois qu'on l'a refermé.
Dernier volet de la trilogie consacrée à l'entre-deux-guerres, on y retrouve Louise, la gamine d' "Au revoir là-haut", devenue adulte. Alors que l'Allemagne est sur le point d'envahir la France, Louise va vivre le choc de sa vie. Mais d'autres personnages, hauts en couleurs, vont également être secoués par ce printemps 1940 : des bourrus, des naïfs, des rusés -qui vont se comporter comme des salauds, des escrocs, des héros, mais toujours de façon nuancée ; malgré la truculence de son écriture, Pierre Lemaître fait refléter en eux toutes les facettes de l'humanité, sans jamais sombrer dans la caricature. Et c'est bonnard.
Il est question de la débandade de 1940, et l'auteur se fait plaisir (et nous fait plaisir) en décrivant l'impréparation de l'armée française et l'inconséquence du gouvernement français, choisissant d'en rire (rageusement) pour mieux les condamner. Puis il recrée de façon saisissante le cauchemar de l'exode. Mais il n'oublie pas pour autant de soigner l'aspect romanesque de son oeuvre, et là, on est servi : rebondissements, mystères, suspense... le tout saupoudré d'humour et d'émotion (et mon petit coeur a palpité, et mes petits yeux se sont embués). Et comme c'est du Pierre Lemaître, ça se lit comme on déguste un nectar : c'est fluide, riche, léger, pétillant, intelligent ; impossible de s'arrêter tellement on est emporté.
Malgré son thème tragique, c'est un roman qui rend heureux. Pierre Lemaître a réussi ce paradoxe. N'hésitez pas, lisez-le !

Un mot sur la couverture, que je trouvais naïvement jolie : c'est en fait un dessin d'enfant, réalisé en Juin 1940. Je la trouve désormais terrible, et remarquablement bien choisie pour ce roman.
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Qu'il est fort ce Pierre Lemaitre. Il m'a encore une fois embarquée, émue et divertie dans le dernier tome de sa trilogie commencée par l'incroyable "Au revoir là-haut".
De multiples destins racontés pendant l'exode et qui vont finir par se croiser.
Encore une fois ses personnages sont attachants ; des gens ordinaires qui vont devoir trouver des ressources pour vaincre des secrets de famille, surmonter des épreuves, subir des séparations liées à la guerre, avouer des amours cachés et faire preuve de solidarité.
Il y a toujours la patte de l'auteur : de la tendresse, de l'humour, de l'ironie, des situations improbables et surtout une histoire bien ficelée et captivante.
J'ai adoré.
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"Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer les images." Jean Cocteau.

Ô miroir, sombre miroir...
Raconte-moi l'entre-deux-guerres, avec décadence et déliquescence.
Confie-moi la débâcle, la panique, la mort et le gâchis.

"Dans une guerre, un manquant, c'est un échec ; un mort, c'est une victoire."

Ô miroir, truculent miroir...
Glisse ta plume panachée et ton imagination étonnante pour me conter la stupeur, les mensonges et la folie humaine.

Ô miroir, multi-miroir....
Dépeins-moi les gens. Amuse-moi avec les fourbes, les emmerdeurs, les gredins, les dégonflés et les niaiseux.
Embarque-moi avec les facétieux, les audacieux, les douces fripouilles et les acharnés.

Ô miroir, mon beau miroir...
Parle-moi d'amour... Brosse-moi les hommes et sublime-moi les femmes.

"Elle lui dit des mots d'amour, des mots de désir, elle se coucha sur lui, s'empala sur lui, ils ne savaient pas s'ils avaient fait du bruit, ici, c'était comme dans les familles nombreuses très pauvres, on entendait tout, on ne disait rien."

"Je la sens encore sur mes lèvres, votre main, comme je vous sens en moi, partout, tout le temps."

Ô miroir, miroir brisé... Emmène-moi de l'autre coté du reflet. Mes yeux seront l'écho de mon âme. Retrace-moi le chemin, la fuite, la peur et l'isolement.

"La poésie est le miroir brouillé de notre société." Louis Aragon

Ô miroir, miroir chagrin... Confesse tes peines. Murmure-moi les douleurs d'un peuple brisé par la cruauté...

"C'était partout des visages et des visages. Un immense cortège funèbre, devenu l'accablant miroir de nos peines et de nos défaites."

"Et maintenant, réfléchissez, les miroirs."
Jacques Rigaut.

Lu en mars-avril 2020.
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Ouvrir un Pierre Lemaître, c'est se fermer au temps qui passe, oublier les aiguilles qui depuis longtemps ne tictacquent plus sur nos horloges numériques pour se re plonger dans le passé et revivre le temps d'avant, celui où se maillaient les compagnonnages, les coups de sang, d'ardeur, de patriotisme revendiqués ou de lâchetés parfois bien trop rémunérées, les secrets de famille qui étaient de Polichinelle pour les uns, cadenas ou caveaux pour les autres.
Dans ce dernier opus, l'auteur, une nouvelle fois, mélange le vrai ‘historique' avec l'inventé qui sonne tout aussi juste. Ses personnages ont tous pu exister. Leurs qualités, leurs défauts étaient ceux des lambdas de ces temps agités et sans beaucoup d'espoir. Et pourtant, Pierre Lemaître les fait vivre avec une telle force qu'on croit les avoir connus, qu'ils se mélangent aux souvenirs de nos vieux qui nous contaient ce temps en disant « Vous ne pouvez pas savoir… » ou qui sifflaient entre leurs dents « Vous faudrait une bonne guerre … » devant nos exigences ou notre manque de reconnaissance pour les anciens.
C'est donc avec bonheur qu'on découvre ou retrouve des personnages tels Louise, connue dès Au Revoir Là-Haut, Gabriel et Raoul, M. Jules ou encore Désiré, caméléon, champion toutes catégories quand il faut endosser un nouveau costume. Mais tout ce petit monde est en débandade devant la botte ennemie qui force le pas en cette année 1940. Fuyant devant l'avancée allemande, la France est en exode, ‘un immense cortège funèbre, pensa Louise, devenu l'accablant miroir de nos peines et de nos défaites.' Pour ce peuple en débâcle où la plupart cependant aspirait à vivre debout, c'est le temps des magouilles, de la débrouille, des forts en gueule, des grands silences. le temps où chaque jour peut être le dernier ou s'éterniser, chaque année être une source d'espérance en sa bonne fortune ou un gouffre de désespoir.
Et c'est tellement bien écrit, savoureux, empli de tendresse pour les personnages que l'on trouve drôle ce récit d'un temps qui ne l'était pas.
Avec Miroir de nos peines qui complète la trilogie commencée avec Au revoir Là-haut et Couleurs de l'incendie, Pierre Lemaître s'impose, une nouvelle fois, comme la plume suffisamment puissante, aiguisée, drôle et tranchante pour sublimer l'Histoire et ses anecdotes. Il engendre, une fois de plus, un récit romanesque qui ne peut que conquérir les lecteurs. Assurément, Pierre Lemaître mérite une place parmi les grands auteurs.
A noter que, comme Henning Mankell ou Ken Follet, il est aussi habile dans l'écriture de romans de haut vol, de fresques inspirées de l'Histoire que dans l'écriture d'excellents polars qu'on adore lire sous un plaid, au coin du feu lors de nos longues soirées d'hiver ou en tenue plus légère dans nos transats, à la plage, lors des jours langoureux d'été.
Pierre Lemaître, un auteur qu'on ne présente plus mais qu'on redécouvre chaque fois avec beaucoup de plaisir.
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Il n'y a pas dire, il écrit bien Pierre Lemaître. Quel sens de la formule, quelle verve, quelle plume ! Et il a une imagination débordante qu'il sait canaliser et étayer de détails véridiques ou réalistes. Un vrai plaisir de lecture.

Cet opus qui clot la trilogie débutée avec "Au revoir, là-haut " nous y rattache avec le personnage de Louise Belmont, la petite voisine d'Édouard Péricourt et Albert Maillard.

Les années ont passé, la seconde guerre mondiale a éclaté, enfin éclaté n'est pas vraiment le mot, en cette période de drôle de guerre. Cest l'occasion de faire connaissance avec Gabriel et Raoul militaires en poste sur la ligne Maginot, Désiré, avocat (?) et Fernand, garde mobile.
Nous voilà embarqués dans les aventures des uns et des autres, sans lien apparent entre elles.

J'ai d'abord été déçue, comme à la lecture de "Couleurs de l'incendie" en ressentant pendant le premier quart du roman cette impression que l'auteur s'amusait, follement, mais écrivait pour se faire plaisir et pas pour ses lecteurs. Des personnages secondaires caricaturaux, tel le juge le Poittevin ou M. de Varambon apparaissent plus que leur rôle ne l'exige.

Puis, je me suis prise au jeu et laissée embarquer, savourant le récit et me demandant comment tout cela allait se terminer. Je n'en dirai pas plus.

Si vous avez aimé les deux premiers ouvrages, n'hésitez pas à lire celui-ci, je pense que vous ne serez pas déçus. Il s'appuie sur une solide documentation pour livrer une histoire rocambolesque et haute en couleurs.
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J'avais l'intention en ouvrant ce livre de profiter à fond d'un vrai grand roman, c'est ce que j'ai fait , je n'ai pas cherché "la petite bête" et ai profité pleinement de ma lecture.
J'y ai retrouvé des noms qui me rappelait les romans précédents , toujours traversé cette foutue guerre, ses désastres, et cette formidable envie de vivre.
Des personnages bien campés,et une fin bienfaisante pour tout le monde.
Pas facile d'étaler un Goncourt sur six années! C'est réussi. Chapeau l'artiste!
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Un peu déjanté, comme toujours, mais une peinture éblouissante et à mourir de rire de l'enfoncement de la ligne Maginot et, moins drôle, de l'exode des parisiens...mais avec un personnage de curé imposteur haut en couleurs.Quelque chose d'un roman picaresque aussi avec cette bande de sympathiques tricheurs sans foi ni loi.
Un feu d'artifice, pour le dernier livre de la trilogie
A lie absolument.
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Dernier opus de la trilogie "Les enfants du Désastre" Pierre Lemaitre nous embarque cette fois sur les routes de la France en débâcle, lors de la guerre de 1940.
On y croise, comme toujours avec lui, des personnages totalement romanesques et attachants, dont les destins abracadabrantesques se croisent et se recroisent dans une histoire improbable et qui pourtant, à peu de choses près, pourrait être vraie.

Plein de surprises et de rebondissements laissent le lecteur impatient de connaitre la suite, et ainsi on se surprends à dévorer le bouquin avec délectation.

C'est un vrai régal de lire cet auteur .
Ses livres sont des romans absolument magiques... on se laisse raconter ces histoires, sur fond de réalités politiques, avec un ton et un humour tellement drôle .
Cette écriture si proche du langage parlé est vraiment agréable à lire .
On imagine sans peine les scènes , les décors et les personnages.
C'est du vrai roman qui fait du bien que je conseille vivement, surtout quand la periode est morose !
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Ce troisième tome de la trilogie consacrée à l'entre-deux-guerres par Pierre Lemaitre achève le lien d'une guerre à l'autre. Au revoir là-haut était un roman poignant sur le retour à la vie civile des gueules cassées. Couleurs de l‘incendie se plaçait dans le contexte des combines tant politiques qu'économiques des années vingt et trente. Miroir de nos peines est le récit de la débâcle de l'armée française en avril 1940 et de l'exode des populations civiles fuyant l'avancée allemande.
Le lien entre les trois romans est assez tenu dans ce tome. Seule Louise Belmont rappellera quelque chose aux fidèles lecteurs de Lemaitre. C'est elle la petite fille qui avait développé une étrange amitié dans le grenier de sa mère avec deux anciens soldats de retour de la guerre, et particulièrement avec Edouard Perricourt, malgré sa quasi-impossibilité à communiquer. Elle traduisait ses râles en langage compréhensible.
Adulte, elle est devenue institutrice et elle sert en plus au café de monsieur Jules. Un bon gros cuistot, au verbe haut, au cœur grand comme cela.
C'est dans ce café qu'elle va recevoir une étrange proposition de la part d'un client habituel. Un vieil homme qui se dit prêt à lui payer rune jolie somme pour la voir nue. Le début d'un drame et d'une quête d'identité familiale.
Gabriel, professeur de mathématique, est l'un de ces soldats, basés dans les forts constituant la ligne Maginot, qui attendent avec plus ou moins d'anxiété l'attaque allemande. Raoul Lantrade qui sert sous ses ordres n'a lui aucune peur. Truqueur, escroc, manipulateur, il profite de la guerre pour mener sa barque dans de petits trafics. Quand le front des Ardennes va s'effondrer, malgré toute leurs différences, cet improbable duo va se serrer les coudes.
Fernand est garde-mobile. Lors de l'avancée allemande il envoie sa femme Alice, cardiaque, se réfugier en province, quand s'offre à lui une opportunité comme seules les situations de guerre en permettent.
Désiré Migault, si tant est que ce soit son nom, est un jeune homme qui a génie d'interpréter des rôles : ceux que la vie lui propose. Faux timide, vrai orateur, habile manieur d'opinion, il enchaîne les usurpations d'identité : faux médecin, faux avocat, il se retrouve au service de la censure à l'hôtel Continental à broder autour de l'action victorieuse des armées française en pleine déconfiture. La réalité est catastrophique. Les armées allemandes progressent. Qu'importe ! En fait, scande t-il, les forces françaises opèrent un retrait stratégique parfaitement coordonné pour mieux repousser l'envahisseur jusqu'au Rhin...

Autour de ces personnages forts, alors que l'exode confine au chaos, Lemaitre bâtit des intrigues croisées mêlant secret de famille et parfois une sorte de second degré. Les personnages avancent dans une désorganisation générale, qui conduit à des situations absurdes.
Même les pires escrocs prennent de la consistance et de l'humanité sous la plume de Lemaitre. Il y a de la tendresse pour tous ces êtres ballottés par les évènements et qui y découvrent qui ils sont vraiment.
Lemaitre rappelle l'absence de vision du commandement français, l'effondrement de la logistique, les ordres contraires, les civils guettant des nouvelles toujours manipulées par un camp ou l'autre. Les pages consacrées à la fuite de Paris et à la longue colonne du petit peuple tentant de garder quelques biens dans sa fuite vers la Loire et le sud sont impressionnantes. Juin 1940 est un effondrement. Les fermiers locaux voient passer des réfugiés, tout en profitant de leur détresse pour leur vendre au prix fort quelques victuailles.
Les chapitres se succèdent avec un intérêt renouvelé. Lemaitre sait attirer le lecteur, le garder soucieux de connaître la suite de l'histoire, qu'à la fin on devine aisément. Ce livre a une grande qualité : celle de proposer à partir de personnes issus du quotidien des héros en puissance. Mention spéciale au père Désiré...
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Auteur de romans noirs ou / policiers d'une qualité assez exceptionnelle ( entre autres Robe de marié, Alex, Cadres noirs , Trois jours et une vie) Pierre Lemaitre a été unanimement reconnu comme un des meilleurs écrivains hexagonaux

Mais ce n'est que depuis qu'il s'est essayé à la littérature dite blanche avec "au revoir là haut", qu'il fut récompensé par de très nombreux prix littéraires nationaux et courronné de succès avec le prix Goncourt dès son premier essai hors des rives du roman noir .

Auteur de roman noir ou Auteur de roman blanche, Pierre Lemaitre est un grand auteur tout court, tout le monde l'admet largement.

C'est pour cela que la perspective de le rencontrer pendant un tête à tête d'une heure (on vous en reparle normalement rapidement) fait partie de ces privilèges qui ne peuvent se refuser.

Au revoir là-haut, immense succès critique et public était, même si l'auteur dit qu'il l'ignorait alors, le premier volet d'une trilogie consacrée à la période 1920-1940. En 2018, il en publie le second volet, Couleurs de l'incendie, qui s'avère être un nouveau énorme succès.

Miroir de nos peines, qui est sorti début janvier vient donc clôturer cette grande somme romanesque, roman feuilleton à l'image des romans d'Alexandre Dumas et de tout un pan de la littérature du 19eme siecle que son auteur dit adorer

Avec Miroir de nos peines, il clôt sa trilogie dite du désastre consacrée à l'entre-deux-guerres, et nous transporte en pleine débâcle, à la veille de l'occupation allemande.Ce récit palpitant sur fond de drôle de guerre, d'exode et de faux-semblants comporte un tas de personnages hauts en couleurs comme Lemaitre sait tant les croquer: Louise, la petite fille de "Au revoir là haut", qui a désormais bien grandi , le caporal Raoul, perdu dans l'enfer de la guerre, Désiré, usurpateur de génie qui va endosser différents habits avec délectation ( et pour le lecteur aussi) ou encore Fernand, préfet de police partagé entre devoir civique et amour pour sa femme malade.

Son évocation de la France de 1940 est magistrale, ses personnages attachants, son message fort.

Comme son talent de feuilletoniste est toujours attaché viscéralement à sa plume, Pierre Lemaitre n'oublie pas de soigner l'aspect romanesque de son oeuvre, et l'auteur sait y faire pour distiller à chaque page ou presque rebondissements et suspense...

Aussi fluide que virevoltant, jubilatoire qu'intelligent, léger que pétillant, ce nouveau roman est un plaisir de lecture incontournable ..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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