AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782355350474
66 pages
Imprimé en numérique (01/01/2024)
5/5   1 notes
Résumé :
Malque : La souffrance abolie
Aniel
Éditeur : Lemarcis Christian
74 pages ; x cm ; broché
ISBN 978-2-35535-047-4

Résumé :
MALQUE (Mireille PIQUEMAL) artiste surréaliste Née en 1944 à Beaupuy (Tarn-et-Garonne), disparue tragiquement en 1971. Médaille Ingres 1971, à titre posthume. Malque a laissé une série d'eaux-fortes marquées par l'insolite et d'une richesse d'invention surprenante ainsi que par une sensibilité tou... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Malque, la souffrance abolieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Christian Lemarcis, ou Aniel, a consacré un album à l'artiste du Tarn-et-Garonne Mireille Piquemal, née en 1944 à Beaupuy et morte vingt six ans plus tard dans des conditions effroyables : alors qu'elle se trouvait le 4 mars 1971 dans un train entre Paris et Dijon, elle fut happée dans un virage par la porte ouverte du wagon. On retrouva le lendemain son corps sur la voie.
Il n'y eut aucune enquête et la SNCF "perdit" opportunément les dossiers d'accidents antérieurs survenus dans les mêmes conditions.
Mon souvenir personnel est qu'à l'époque les portes d'accès aux trains n'étaient pas vraiment sécurisées : seul un loquet solide les fermait, mais il était possible de les ouvrir et de pousser quelqu'un (homicide), ou tout simplement de l'ouvrir soi-même par mégarde au lieu de la porte des toilettes. A moins qu'elle soit restée ouverte par négligence et que Mireille ait été happée par la force centrifuge en gagnant cette partie du train...
--
Mais revenons à l'artiste elle-même et à sa vie rayonnante : Mireille Piquemal est née dans une famille de souche rurale. Sa mère était institutrice et son père cartographe à l'IGN. Ce dernier reçut la légion d'honneur pour faits de résistance, ainsi que ses deux grands pères, très impliqués dans la vie politique locale.

Mireille manifesta très tôt des dons pour le dessin, notamment la gouache : il nous reste, entre autres, quelques portraits de ses grand-parents, de ses cousines Edith et Germaine, de sa tante et une scène de troubadours.

Elle fit de brillantes études au lycée Jean de la Fontaine à Paris (option latin grec mathématiques) et à l'École Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Elle devint professeur de dessin dans le lycée même où elle avait été élève et mena en parallèle sa carrière d'artiste sous le pseudonyme de "Malque" (inversion des deux dernières syllabes de son patronyme (Pi)-que-mal.

Sa production est constituée de gouaches, de dessins, d'encres, d'huiles et surtout, fait notable, de gravures (eaux fortes et tailles douces).

Les scènes peintes montrent une recherche dans les zones internes de la psyché humaine, sans doute une quête métaphysique.
Je décrirai à titre d'exemple une gravure qui pour moi est particulièrement expressive. (D'autres le sont tout autant, avec la même connotation tragique : le destin tient en effet une place importante pour Malque, comme le révèle son splendide Oedipe en lavis d'encre sur papier, 1962).
La gravure évoquée, une eau-forte de 1968 intitulée "Devenir" représente un cheval qui se tient à la barre d'un tribunal désert, avec en arrière-plan, une architecture gothique évoquant une église. le siège du juge est vide, et, détail d'une ricanante désinvolture, ce siège est en fait un rocking-chair. le cheval a le corps tellement démantibulé à la barre des témoins qu'on ne saurait dire s'il est agonisant ou encore vivant ; sa tête pend lamentablement vers le sol tandis qu'une de ses pattes (jambes) est dirigée en sens inverse vers le ciel. Sur le fond gauche de la gravure, un escalier à vis s'élève vers le haut plafond mais ne semble donner sur rien.
Il y a dans les tableaux de Malque des charpentes de toitures propres à sa Lomagne natale, de nombreuses et inquiétantes machines aux rouages en fonctionnement, des instruments de musique accrochés aux murs d'un atelier d'ébéniste, des échiquiers où se livrent des guerres sanglantes, des escaliers à vis menant à des trappes scellées, des murs borgnes, des scènes crépusculaires d'exécutions, des ampoules et des soupiraux donnant peu ou pas d'éclairage. On trouve aussi des bicyclettes et des landaus vides, de forme parfois très étirée : la représentation de ces deux derniers objets m'a fait penser par leur graphisme à celle du dessinateur Jean-Marc Lelong, qui a illustré la série des "Carmen Cru" parue chez Fluide Glacial. Il est à noter que l'oeuvre de Malque précède de dix ans la parution des albums de Lelong.

Dommage qu'une artiste d'un tel talent (sans doute peut-on appeler cela du génie) nous ait quittés à un si jeune âge. Lors de sa mort elle avait déjà constitué une oeuvre vigoureuse et inspirée qui promettait de s'épanouir encore.

Elle reçut à titre posthume la médaille Ingres à Paris en mai 1972. En juin fut organisée une exposition de ses tableaux à la galerie "La Mandragore" de Bordeaux. En décembre de la même année, sa famille remit ses dix-neuf gravures au musée Ingres-Bourdelle de Montauban : ce serait merveilleux qu'elles fassent l'objet d'une exposition en ce lieu et sortent des réserves où elles sont soigneusement conservées.

La mère de Mireille ne lui survécut pas longtemps : elle mourut en 1973 d'une maladie que tous associèrent au chagrin.

L'élan vital, même parfois un peu noir, qui émane de ces gravures, leur construction à la fois précise et onirique, la puissance du trait, l'absence totale de fioritures nous révèlent un imaginaire riche et dépouillé à la fois, un regard attentif à la tragédie humaine. Il ne faut pas imaginer pour autant une artiste mélancolique et repliée sur elle : Malque, aux dire de ceux qui l'ont connue, rayonnait : elle était la joie et la générosité mêmes.

Christian Lemarcis lui a rendu dans cette parution un très bel hommage et l'a réintégrée dans la lignée des grands créateurs et des grands textes du génie humain, notamment ceux de Nietzsche, elle qui peignit une huile sur carton intitulée Zarathoustra.

Le titre choisi par Lemarcis "Malque, la souffrance abolie" se réfère à une oeuvre de l'artiste ainsi intitulée : il s'agit d' une encre sur cahier d'écolier datant de 1962. On y voit un Christ à la chevelure solaire enroulée en spirale dont la croix git en morceaux éclatés devant lui. Il montre ses mains transpercées et saignantes et la plaie de son flanc, tandis que les clous sont encore visibles sur les morceaux de croix épars. L'ensemble du dessin évoque un vent cyclonique qui aurait pulvérisé l'instrument de torture du Christ.

Il émane beaucoup de tendresse et d'admiration de l'auteur de cette biographie pour l'artiste : habitant comme elle un temps Boulogne-Billancourt, n'a-t-il pas le sentiment de l'y avoir un jour croisée ?



Commenter  J’apprécie          161


autres livres classés : essai artistiqueVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

L'univers Harry Potter

Quel est le prénom de Hagrid ?

Robinus
Rubeus
Rufus
Rémulus

15 questions
178 lecteurs ont répondu
Thème : J.K. RowlingCréer un quiz sur ce livre

{* *}