Une française venait chez nous faire le ménage pendant une heure ou deux. Illitch l'entendit un jour fredonner un air. C'était une chanson alsacienne. Illitch pria la femme de ménage de la lui chanter et de lui en dire les paroles; par la suite, je l'ai souvent entendu fredonner cette marche lui-même. Elle se terminait par ces paroles :
Vous avez pris l'Alsace et la Lorraine,
Mais malgré vous nous resterons français.
Vous avez pu germaniser nos plaines,
Mais notre cœur vous ne l'aurez jamais.
C'était en 1909, l'époque de réaction; le parti était démantelé mais son esprit révolutionnaire n'était pas brisé. Et cette marche correspondait parfaitement à l'état d'esprit d'Illitch. Il fallait entendre l'accent triomphal que prenaient dans sa bouche ces paroles :
Mais notre cœur vous ne l'aurez jamais !
1065 - [p. 211] Nadejda Kroupskaïa
Dominique Noguez Lénine dada .L?extraordinaire coïncidence qui fit se côtoyer à Zurich en 1916, plusieurs mois durant, Lénine et les premiers dadaïstes, est longtemps passée inaperçue. L?étude patiente et méticuleuse de cet épisode trop mal connu conduit Dominique Noguez à une découverte stupéfiante, qui remet radicalement en cause la vision qu?on avait jusqu?ici du leader bolchévique, de sa politique et, d?une façon générale, de l?histoire contemporaine. Traduit en plusieurs langues dont le japonais (mais pas le russe), ce livre où tout est vrai passe depuis près de vingt ans pour un classique du canular. À tort ou à raison ?
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