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sur 196 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Christian Léourier est un auteur français de SF, écrivant aussi bien à destination des adultes que de la jeunesse (ce qui fait en général sonner des alarmes chez moi, car j'ai souvent constaté un appauvrissement de la partie adulte de l'oeuvre des auteurs concernés -prise de mauvaises habitudes dues à un degré d'exigence moindre du lectorat jeunesse ?-). Il est particulièrement connu pour son cycle de Lanmeur. La novella dont je vais vous parler aujourd'hui, parue dans la collection Une heure-lumière chez le Belial', n'en fait cependant pas partie. Alors que les premiers retours étaient très encourageants, je dois dire que pour ma part, j'ai trouvé à ce texte de (trop) nombreux défauts, même si j'ai lu avec un certain empressement la seconde moitié, car j'avais fait une hypothèse (qui s'est révélée exacte) que j'avais hâte de confirmer ou d'infirmer. Et donc, sans tout à fait considérer que Helstrid n'est bon qu'à caler une table ou alimenter le poêle à bois, je le tiens cependant pour un titre franchement dispensable, dans une collection qui en contient bien peu.

Titan, pardon Pandora… euh je veux dire Helstrid, est une planète extrasolaire très inhospitalière (-145°c, des vents violents, un climat imprévisible, une atmosphère composée d'hydrocarbures, des lacs de méthane, etc) dont le seul intérêt pour la Compagnie (avec un grand « C ») est qu'elle abrite des gisements d'unobtainium… pardon d'une substance jamais nommée mais rarissime et ultra-précieuse. On y maintient donc une base abritant des installations de raffinage, plus un second site où on évalue actuellement une autre veine de minerai afin de savoir si on va en faire une seconde mine ou pas. Quasiment tout étant automatisé, la présence humaine n'est que symbolique (et je n'ai toujours pas compris, après avoir achevé le texte, à quoi elle servait, vu que les robots peuvent s'entretenir tout seuls). On vient dans cet enfer, malgré la solitude, les vingt-cinq ans de voyage en cryogénie (et donc le décalage d'un demi-siècle avec ses proches une fois le contrat fini) et l'environnement hostile que parce que cinq ans sur place équivalent à une vie de labeur sur Terre. C'est, outre le fait de fuir le souvenir de sa petite amie, Maï, qui l'a plaqué, ce qui a poussé le protagoniste, Vic, à signer.

Alors qu'on a dû repousser plusieurs fois le ravitaillement du second site, cette fois, on ne peut plus reculer, et Vic va partir dans un des trois camions robotiques, dont les IA (pardon, les noyaux Noétiques…) sont par ailleurs parfaitement capables de se débrouiller toutes seules, merci. Celle de son véhicule s'appelle Anne-Marie, et se révèle tout à la fois paternaliste, charmeuse, psychologue dans le genre inquisiteur / c'est pas le moment et intrusive. Bref, c'est un personnage agaçant, tout comme Vic, d'ailleurs, qui, de la Terre à Helstrid, est un individu passif, subissant sa vie plus qu'il n'en est acteur, plus prompt à fuir, accepter son sort sans combattre ou laisser les autres décider à sa place qu'à prendre ses responsabilités, ce qu'il ne fera qu'à la toute fin de l'intrigue. Car, comme vous vous en doutez, le voyage ne va se révéler de tout repos…

Je ne sais même pas par où commencer en matière de défauts, c'est tout dire… le worldbuilding, alors. J'ai vu passer des avis laudateurs à son sujet, alors que franchement, on a vu bien mieux en matière de Planet Opera (ou de post-humanisme, d'ailleurs), d'une part, et que d'autre part, c'est tout de même fortement inspiré par Avatar, le monde des films Alien, et par d'autres oeuvres dont je reparlerai plus loin. de plus, l'auteur balance des péripéties sorties de nulle part, des phénomènes qui ne cadrent pas avec les données connues (depuis des décennies…) sur la planète, et qui ne seront jamais expliqués (les séismes à intervalles réguliers, le changement d'aspect du ciel -il va d'ailleurs falloir m'expliquer comment le ciel normal de la planète peut être vide d'étoiles d'habitude, ça m'intéresse beaucoup… À moins d'une explication type Niven & Pournelle -le système concerné se trouve en plein au milieu d'une nébuleuse obscure type Coal Sack / Sac à charbon, je ne vois pas, personnellement…-).

L'intrigue ensuite. Outre une série incroyable (dans tous les sens du terme) de complications, incidents et autres catastrophes complètement improbables, je ne comprend pas quel était son but. À part nous balancer une énorme banalité (une machine pilotée par IA seule se débrouille au moins aussi bien sans supervision humaine qu'avec), je ne vois pas. Toute la psychanalyse par Anne-Marie et le cheminement psychologique de Vic (au passage, on croise aussi un Pol et une fille au prénom asiatique -Maï- : il est fan de Yoko Tsuno, Léourier ?) ne servent à rien, on s'en rend clairement compte à la fin. le lecteur fera aussi des hypothèses, qui pour certaines seront invalidées par ladite conclusion (disons que j'ai beaucoup pensé à, hum, l'élément AE35, si vous voyez ce que je veux dire), et qui pour d'autres, à moins de poser directement la question à l'auteur (ce que j'appellerais mon « hypothèse Solaris »), resteront à jamais sans réponse, car il ne vous fournit pas les réponses, ni même matière réelle à spéculation.

Bref, tout ça pour vous dire que l'intrigue ne sert… fondamentalement à rien (sa conclusion est identique aux prémices du worldbuilding : les machines n'ont nul besoin des hommes, et ce sont elles qui mèneront l'exploration / exploitation de l'espace). Et pire que ça, c'est du déjà vu chez Stephen Baxter et dans une nouvelle (et je dis bien nouvelle) de Iain M. Banks. On retrouve d'ailleurs bien l'ambiance hautement maussade et désespérée du roman du premier. Alors de deux choses l'une : ou Léourier a cru innover alors que ce n'est en rien le cas, ou c'est sa déclinaison ou son hommage à ces oeuvres. Dans les deux cas, lisez les originaux, ils sont meilleurs.

Donc je récapitule : worldbuilding / point-clef de l'intrigue stéréotypé ou déjà vu, personnages peu sympathiques (développés pour rien, en plus…), intrigue invraisemblable dans l'accumulation des péripéties, message flou ou déjà-vu cent fois, au mieux (à moins de chercher à y voir un sous-texte tellement subtil ou convoluté qu'il n'est en fait probablement pas présent ailleurs que dans l'esprit de certains lecteurs), et surtout un positionnement très mauvais : le vrai intérêt que j'ai trouvé, surtout à la seconde moitié (la première est à la fois verbeuse pour le peu qu'elle raconte et assez molle), est dans les hypothèses que j'ai échafaudées, qui m'ont fait tourner les pages avec frénésie pour connaître le fin mot de l'histoire (et ça, c'est plutôt la marque d'un bon texte, d'habitude). A cela, je vois deux soucis : premièrement, pour mettre sur pied certaines desdites hypothèses, il faut une certaine culture SF, et on sait bien que certains lecteurs d'UHL ne l'ont pas (c'est même un des intérêts de la collection : amener à la SF haut de gamme des gens qui n'en lisent pas ou plus) ; mais deuxièmement, le connaisseur, arrivé à la fin, se sent floué, car il a bien vu venir le truc, a espéré un twist par rapport aux inspirateurs, qui… ne viendra pas. Donc à la rigueur, c'est plus taillé pour plaire à un débutant en science-fiction qu'à un vieux briscard, car ce lectorat là se laissera porter par l'intrigue. Et encore, j'ai des doutes, vu l'atmosphère finalement très morose du truc et surtout vu la fin.

Ajoutons (mais c'est plus personnel qu'un vrai défaut universel) un agacement dû à l'emploi (heureusement très occasionnel) d'un vocabulaire de m'as-tu-lu (le fléau des écrivains de SFFF français !) qui a achevé de me sortir du bouquin (Pourquoi dire « noyau noétique » au lieu d'IA, comme tout le monde ? Et je passe sur « un obstacle dirimant » ou « un critère adventice« …), tout comme une édition électronique multipliant les soucis de typographie mettant là aussi à rude épreuve des nerfs déjà bien portés au rouge par le fond du texte.

EN CONCLUSION

Helstrid est un Planet Opera qui nous montre un convoi de ravitaillement comprenant un seul humain, Vic, confronté à la nature hostile de la planète du même nom. En même temps, on assistera au cheminement psychologique du protagoniste. J'ai pour ma part été franchement déçu par un texte au worldbuilding à la fois sans attrait et déjà-vu, aux péripéties invraisemblables, à l'intrigue qui ne mène à rien de concret ou d'intéressant, et qui, là aussi, est du déjà-vu (chez Baxter ou Banks), et aux personnages agaçants ou falots. Bref, je tiens cette novella pour un titre franchement dispensable, dans une collection qui en contient bien peu.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Helstrid, c'est un livre et une planète très lointaine sur laquelle vivent quelques humains qui doivent extraire du minerai, ou plus exactement qui aident des intelligences artificielles à extraire un minerai qui sert à on ne sait pas trop quoi. le personnage principal, Vic, est un de ces humains et part pour une traversée avec un convoi de camions pilotées par des intelligences artificielles.
J'ai bien aimé l'idée autour de laquelle tourne cette novella, qui veut faire réfléchir sur l'espèce humaine. Vraiment. Mais il ne se passe rien d'excitant. Attention, j'aime autant le contemplatif que l'action. Mais il n'y a rien de contemplatif dans Helstrid. Il pourrait s'y passer des tas de choses, car beaucoup de situations sont initiées par Christian Léourier, mais elles finissent en impasses à chaque fois. Elles ne servent pas l'intrigue.
Je trouve Helstrid inabouti, frustrant. On ne sait rien sur la planète mystérieuse aux conditions de vie extrêmes, qui ne sert que de décor. le personnage principal n'est pas intéressant. On s'attend au moins à une novella qui s'intéresse à l'intelligence artificielle, mais ce n'est pas le cas. Pas complètement, en tout cas. On n'aboutit à rien d'original, à rien qui fasse vraiment réfléchir après la lecture.
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