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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'Avenir est un roman uchronique (*) dont l'intrigue se passe dans une version de la ville de Détroit dégradée par une quelconque catastrophe autant économique que climatique: un Fort Détroit que l'auteur imagine sombre et brûlé où on continue de parler français comme à l'époque de sa fondation.
Dans ce monde un peu gris, Gloria s'installe dans la maison désertée de sa fille à la recherche de ses deux petites filles qui ont disparu après la mort de leur mère. Elles vivent sans doute dans la forêt avec les autres enfants à l'écart des adultes, se protégeant de leurs excès. Dans la ville, malgré le chaos et la violence, une communauté tente de s'organiser pour survivre, ensemble. Comme Salomon qui laisse volontiers les enfants de la forêt chiper ses légumes, elle tente de les approcher, de créer un pont.
Petit à petit, elle prend la mesure de la désolation et de la violence qui l'entourent, mais aussi de la beauté d'une nature qui reprend ses droits et de la résilience des humains qui tiennent bon. Au sein d'une communauté têtue et généreuse, elle s'éprend de la complexité de ce lieu où les rivières guérissent et empoisonnent, où les enfants fondent des royaumes dans les arbres, où les maisons brûlent pour mieux repousser, où la jeunesse arrache sa vie à l'ancien monde, et où passé et futur sont confondus dans un même mouvement libérateur.
C'est un roman empreint de résilience, de complicité et même de tendresse malgré la dureté, la désolation et la violence.
C'est aussi un roman d'espoir et de renouveau porté par la beauté de la nature qui reprend ses droits et de la forêt où les enfants fondent des royaumes dans ses arbres.
Une histoire qui prouve que la beauté peut renaître à tout moment même au milieu des cendres d'une maison carbonisée. Un roman à l'écriture juste et audacieuse qui nous rappelle à l'ordre sur notre impact face à la nature et qui nous assure que l'amour et l'entraide sont à la source même des grands changements.
Un roman porté par une écriture riche, troublante et évocatrice.
Les maisons qui sont habitées sont des « mortes ressuscitées »

(*)Dans la fiction, l'uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l'Histoire à partir de la modification du passé.
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Gloria cherche ses deux petites-filles disparues après le meurtre de leur mère dans Fort Détroit, un double inventé de la ville de Détroit, ayant subi on ne sait quelle catastrophe. C'est une uchronie sur la famille, les erreurs des adultes, le retour à la vie sauvage, à la nature.

C'est un roman dense qui use de beaucoup de phrases descriptives. Trop peut-être. C'est parfois contemplatif, parfois historique, et ses réflexions ralentissent le récit. Certain.e.s aimeront, personnellement je préfère quand c'est par petites touches. Sinon ça me lasse. Et j'ai bien failli arrêter ma lecture tant la première partie m'a paru longue. Mais, à partir de la deuxième partie, on entre dans le vif du sujet et je n'ai plus lâché ce livre.

L'histoire de Gloria et de sa famille est assez addictive. On a envie de connaître le fin mot de l'histoire. Qui a tué sa fille ? Où sont ses petites-filles ? Pourquoi cette femme a-t-elle perdu le contact avec sa famille ? Etc. Bon, il y a des choses qu'on soupçonne progressivement mais c'est assez intrigant quand même...
J'ai également trouvé les personnages de ce roman lumineux, particulièrement Salomon, Eunice et les enfants sauvages. Il y a une jolie fin aussi, sur le passage de l'enfance au monde des adultes, sur le fait de s'apprivoiser ou de retourner à une liberté plus primitive. C'est bien amené et c'est une lecture qui pousse à s'interroger sur pas mal de choses : la place de la nature, la place de l'enfant dans la société, la gestion des violences et le fait de laisser chacun.e être soi-même dans la société. Intéressant.
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Extrait de ma chronique :

"L'univers de L'Avenir se partage donc, à première vue, entre deux mondes irréconciliables :

– celui des adultes, tentant de survivre dans une ville abandonnée par les autorités (les forces de l'ordre n'interviendront guère que quand le sort d'une usine sera en jeu, et sans efficacité aucune, voir page 264 : "ils ont intimidé une population déjà accablée sans élucider quoi que ce soit") ;

– celui des "gamins perdus", des "enfants sans famille" (page 112), "des kids de familles rough qui ont fait des fugues ou que les services sociaux ont échappé. Des orphelins d'overdose, des filles de parents incarcérés" (page 172), tentant eux de survivre dans la forêt (d'où leur vulnérabilité à la fois aux conditions climatiques et à la pollution humaine), mais aussi de "stopper l'avancée de la ville et réussir l'exploit de ne pas grandir" (page 117).


Cette opposition reflète évidemment celle entre monde réel et Neverland, car le modèle assumé de L'Avenir (voir le même entretien), c'est évidemment le Peter Pan de James Matthew Barrie (même si d'autres références peuvent venir en tête, comme Quinzinzinzili de Régis Messac, Toxoplasma de Sabrina Calvo, ou les films Lost River de Ryan Gosling et Ame et Yuki de Mamoru Hosoda)"
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Dans un Fort Détroit abandonné des puissants, où les enfants perdus retournent aux forêts des parcs municipaux, de nouvelles solidarités s'inventent dans la tourmente, en une vraie fête du langage.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/04/01/note-de-lecture-lavenir-catherine-leroux/

Je ne peux que vous inviter à vous précipiter dès que possible sur cet excellent roman de la Québécoise Catherine Leroux, publié chez Asphalte en janvier 2022 (après une première publication au Canada chez Alto en 2020).

Pas de véritable note de lecture pour l'instant, car ce pas de côté légèrement science-fictif ou uchronique (qui a pour cadre déliquescent un Fort Détroit qui ressemble au Detroit d'aujourd'hui mais qui ne l'est pourtant pas tout à fait, très malicieusement) fait l'objet d'un petit article de ma part dans le Monde des Livres, numéro du jeudi 31 mars daté du vendredi 1er avril 2022 (et non, ce n'est absolument pas un poisson), à lire ici.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Catherine Leroux, dont j'avais apprécié les histoires anonymes de solitudes regroupées autour de la mort d'une mystérieuse https://rivesderives.blogspot.com/2017/10/madame-victoria-catherine-leroux.html ou encore le style assumé dans la traduction réussie du magnifique https://rivesderives.blogspot.com/2019/11/nous-qui-netions-rien-madeleine-thien.html de Madeleine Thien, nous transporte ici dans un Fort Détroit imaginé, un Fort Détroit survivant et demeuré francophone, un Fort Détroit abandonné où les quelques habitants tentent de faire revivre des lieux à la dérive. C'est donc à l'intérieur de cette surprenante uchronie que Gloria, en deuil de sa fille, est à la recherche de ses petites-filles depuis disparues. Dans ce milieu violent, dur et a priori inhospitalier, Gloria va trouver une étonnante solidarité faite de bienveillance et de liberté. C'est cet équilibre parfois précaire entre la rudesse du lieu et la coopération de certains de ses occupants qui apporte à cette histoire du futur l'espace nécessaire pour qu'une subtile lumière puisse s'insérer. L'avenir, c'est aussi un regard sur le temps, sur notre rapport ambigu avec demain, sur notre perception de l'enfance et les relations intergénérationnelles. L'avenir, c'est aussi une lueur d'espoir.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Judith habitait FortDetroit, elle a été assassinée et ses deux filles ont disparu. Gloria, sa mère, décide d'y aller afin de découvrir ce qui est arrivé à sa fille et à ses deux petites filles.
Elle découvre une ville dévastée, une grande partie de sa population a déserté, les entreprises sont à l'arrêt et ceux qui restent, adultes et enfants tentent de survivre.
Elle y découvre la solidarité et la débrouille. Les enfants vivent ensembles, ils se créent un monde dans une nature laissée à l'abandon.

Ce livre pose des questions. Quelle est la part de responsabilité des parents dans les choix de vie de leurs enfants. Nous pouvons transposer ce questionnement à la société? Est-il possible de changer le cours de l'histoire, une renaissance est-elle possible?
Quand une ville est laissée à l'abandon, très vite la nature sauvage reprend ses droits, les animaux reviennent, la flore indigène reprend possession des espaces. Et les enfants, s'ils ne vont pas à l'école, peuvent au moins apprendre à cultiver pour se nourrir.
Ce livre évoque le thème du deuil: comment se remettre de la perte d'un être cher et comment aborde-t-on le deuil environnemental et écologique?

J'ai passé un très bon moment à la lecture de ce livre.
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