L'Avenir est un roman uchronique (*) dont l'intrigue se passe dans une version de la ville de Détroit dégradée par une quelconque catastrophe autant économique que climatique: un Fort Détroit que l'auteur imagine sombre et brûlé où on continue de parler français comme à l'époque de sa fondation.
Dans ce monde un peu gris, Gloria s'installe dans la maison désertée de sa fille à la recherche de ses deux petites filles qui ont disparu après la mort de leur mère. Elles vivent sans doute dans la forêt avec les autres enfants à l'écart des adultes, se protégeant de leurs excès. Dans la ville, malgré le chaos et la violence, une communauté tente de s'organiser pour survivre, ensemble. Comme Salomon qui laisse volontiers les enfants de la forêt chiper ses légumes, elle tente de les approcher, de créer un pont.
Petit à petit, elle prend la mesure de la désolation et de la violence qui l'entourent, mais aussi de la beauté d'une nature qui reprend ses droits et de la résilience des humains qui tiennent bon. Au sein d'une communauté têtue et généreuse, elle s'éprend de la complexité de ce lieu où les rivières guérissent et empoisonnent, où les enfants fondent des royaumes dans les arbres, où les maisons brûlent pour mieux repousser, où la jeunesse arrache sa vie à l'ancien monde, et où passé et futur sont confondus dans un même mouvement libérateur.
C'est un roman empreint de résilience, de complicité et même de tendresse malgré la dureté, la désolation et la violence.
C'est aussi un roman d'espoir et de renouveau porté par la beauté de la nature qui reprend ses droits et de la forêt où les enfants fondent des royaumes dans ses arbres.
Une histoire qui prouve que la beauté peut renaître à tout moment même au milieu des cendres d'une maison carbonisée. Un roman à l'écriture juste et audacieuse qui nous rappelle à l'ordre sur notre impact face à la nature et qui nous assure que l'amour et l'entraide sont à la source même des grands changements.
Un roman porté par une écriture riche, troublante et évocatrice.
Les maisons qui sont habitées sont des « mortes ressuscitées »
(*)Dans la fiction, l'uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l'Histoire à partir de la modification du passé.