Je remercie les éditions Belfond et Net Galley pour leur confiance renouvelée.
Avant d'entrer dans le vif du sujet je dirai simplement : âmes sensibles s'abstenir. le bouquin est terriblement violent, glauque et désespéré ;
Lorraine Letournel Laloue n'épargne ni ses personnages ni ses lecteurs. Cette violence n'est toutefois pas gratuite, elle est mise au service d'une cause juste, pour pointer du doigt et dénoncer une situation amorale et abjecte.
Pour son premier roman, l'auteure ose un choix audacieux, engagé et assumé. Si son roman reste une oeuvre de fiction, elle s'inspire toutefois de faits réels (attention à ne pas confondre s'inspirer de faits réels et relater des faits réels). Si l'auteure révèle assez tard dans son récit le pourquoi de ces persécutions en tout genre (violences physiques et psychologiques, humiliations et privations en tout genre), il n'est toutefois pas difficile de se faire une idée de la chose quand on sait que l'intrigue se déroule en Tchétchénie de nos jours.
Alors : noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir ? Oui et non.
Oui, parce que l'auteure nous propulse au coeur de l'horreur dans ce que l'humanité peut avoir de plus odieux et abominable ; incontestablement un roman d'une absolue noirceur qui vous broiera le coeur et vous vrillera les tripes.
Non, parce que même plongé dans le pire des cauchemars les victimes se serrent les coudes et se soutiennent mutuellement. Autant les bourreaux sont dépeints comme des monstres déshumanisés, autant les victimes dégagent une formidable humanité, dans ce qu'elle a de meilleur cette fois.
Une lecture coup-de-poing qui nous fait relativiser nos petits tracas du quotidien et apprécier de vivre dans le pays des droits de l'homme (même si tout n'est pas parfait, loin s'en faut). Un roman qui, dans toute son horreur, est aussi une ode à la liberté et à la tolérance.
Un premier roman osé, mais redoutablement efficace. Au risque de me répéter, je conclurai ma présente chronique en vous invitant à le lire, même si l'exercice se révélera parfois éprouvant moralement et nerveusement, mais c'est pour la bonne cause.
Je tire mon chapeau (que je ne porte pas) à
Lorraine Letournel Laloue qui s'impose d'entrée de jeu dans la cour des grands du roman noir francophone.
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