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Lu en V.O.
Le récit commence avec l'arrivée des Russes au camp de Buna-Monowitz. Quatre jeunes soldats à cheval,observent ahuris et incrédules,du haut d'un col,le 27 janvier 1945,Levi et un autre survivant qui transportent dans la fosse commune le corps d'un de leurs compagnons, mort dans la nuit.
L'histoire se poursuit avec l'évocation des évènements survenus après l'arrivée des Russes : arrivent les premiers ravitaillements,les premiers secours. Les prisonniers encore en vie,les malades,les moribonds ,sont transférés au Grand Camp d'Auschwitz où l'auteur,à peine arrivé ,tombe malade. Là,il aura l'occasion de connaître beaucoup de personnes.
Lorsqu'il est rétabli, il abandonne le camp, s'ajoute au nombre de ceux qui sont en état de'affronter le voyage de retour vers leurs pays respectifs.
C'est alors que débute l'exténuante odyssée qui le conduira ,pendant presque une année,à travers l'Europe Orientale,le faisant participer à des aventures absurdes, rendant le rapatriement hypothétique,tel un mirage,
Un voyage terrible,avec des épisodes de cauchemar,dans une Europe dévastée ,un paysage défait qui présente partout les signes de la récente catastrophe;
Les dernières pages sont tristes. le périple inconcevable prend fin ,mais le futur demeure inconnu.
L'offense subie est inguérissable,ineffaçable ;
Le thème de cet ouvrage en est l'indignation jaillie non tant des effets de l'atrocité accomplie par d'autres que des suites,des conséquences qui amènent ceux qui les ont subies à éprouver un sentiment de honte.
Les rescapés,de retour chez eux, continuent à être tourmentés par les horribles souvenirs.
Au fait:pourquoi le titre de "la trève" ?D'après un contemporain italien, c'est ce qu'à pensé Primo Levi au moment où le train entre en Italie. C'est le retour entendu comme travail intérieur ,la lutte contre les souvenirs,la recherche de soi-même,de l'intégrité de la personne foulée aux pieds et profondément avilie.
C'est aussi ce moment suspendu entre l'une et l'autre configuration de l'esprit,le moment de la "normalité intime".
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Le livre raconte la quasi-année que passa Primo Levi à rejoindre son Italie natale après sa libération d'Auschwitz en janvier 1945 : il recouvre peu à peu la santé, la faim le tenaille toujours, il rencontre un tas de personnages pittoresques, quelques jeunes femmes le troublent, il reprend goût à la vie...
Ecrit sur le mode des "tribulations d'un Juif en Europe centrale", l'écriture est fluide, élégante, jamais maniérée, et le livre recèle de nombreux moments franchement comiques, ce qui le rend encore plus agréable à lire.
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ce document qui commence là où Si c'est un homme s'arrêtait, à la libération du camp de Buna-Monowitz (tout près d'Auschwitz) par l'armée russe en février 1945.

La libération des camps de concentration n'était hélas pas la fin des épreuves, la mort était encore présente, la guerre continuait ailleurs...
Les survivants de l'infirmerie sont pris en charge bien sûr, mais ballottés de lieu en lieu. Primo Levi est malade, affamé, frigorifié.
"Nous avions espéré un voyage bref et sûr, vers un camp équipé pour nous recevoir, vers un succédané acceptable de nos foyers; et cet espoir faisait partie d'un espoir bien plus grand, l'espoir en un monde droit et juste, miraculeusement rétabli sur des fondements naturels après une éternité de bouleversements, d'erreurs et de massacres, après le temps de notre longue patience. C'était un espoir naïf, comme tous ceux qui reposent sur une distinction trop nette entre le bien et le mal, entre le passé et l'avenir : mais nous, nous en tirions la force de vivre. " (...)
" La liberté, l'improbable, l'impossible liberté, si éloignée d'Auschwitz que nous ne la voyions qu'en rêve, était arrivée : mais elle ne nous avait pas menés à la Terre Promise. Elle était autour de nous, mais sous la forme d'une plaine inexorable et déserte. de nouvelles épreuves nous attendaient, de nouvelles peines, de nouvelles faims, de nouveaux froids, de nouvelles peurs."

Primo Levi raconte aussi au moyen de nombreuses anecdotes très vivantes les menus détails quotidiens de leur vie dans de nouveaux camps, les contacts avec les polonais, les russes.

Et arrive (enfin!) la fin de la guerre. l'espoir d'être rapatriés en Italie augment, un convoi démarre vers Odessa... Mais il repart vers le nord et l'attente continue pour des centaines d'hommes, femmes et enfants (mais tous ne venaient pas de camps de concentration)

"Mais les Russes, à la différence des Allemands, ne possédaient que dans une faible mesure le goût des distinctions et des classifications. Quelques jours plus tard, nous étions tous en route vers le nord, vers un but imprécis, de toute façon vers un nouvel exil. Italiens-Roumains et Italiens-italiens, tous dans les mêmes wagons de marchandises, tous le coeur serré, tous livrés à l'indéchiffrable bureaucratie soviétique, puissante, obscure et gigantesque, non point malveillante envers nous, mais soupçonneuse, négligente, ignorante, contradictoire et, dans les faits, aveugle comme une force de la nature."
"L'administration russe s'occupait si peu du camp qu'on aurait douté de son existence : mais elle devait bien exister puisqu'on mangeait tous les jours. En d'autres termes, c'était une bonne administration."

Et c'est seulement à l'automne qu'un convoi les emmène vers l'Italie, via la Roumanie, la Hongrie, l'Autriche, l'Allemagne ...

"En errant dans les rues de Munich pleines de ruines, (...) j'avais l'impression de me promener au milieu de débiteurs insolvables, comme si chacun me devait quelque chose et refusait de me payer. (...) Il me semblait que chacun d'eux aurait dû nous interroger, déchiffrer notre identité sur notre visage et écouter humblement notre récit. Mais personne ne nous regardait dans les yeux, personne n'acceptait le débat; ils étaient sourds, aveugles, muets, retranchés dans leurs ruines comme dans une forteresse d'oubli volontaire..."

Et finalement c'est l'Italie!
"Nous étions partis six cent cinquante, nous revenions trois. Que n'avions-nous perdu pendant ces vingt mois? Qu'allions-nous retrouver chez nous? Quelle partie de nous mêmes avait été usée, consumée? Retournions-nous plus riches ou plus pauvres, plus forts ou plus vains? Nous n'en savions rien (...). Nous sentions couler dans nos veines, mêlé à notre sang exténué, le poison d'Auschwitz. (...) Nous nous sentions vieux de plusieurs siècles (...) Les mois que nous venions de passer à vagabonder aux confins de la civilisation nous apparaissaient maintenant, en dépit de leur rudesse, comme une trêve, une parenthèse de disponibilité infinie."


Primo Levi garde le style sobre de Si c'est un homme pour nous narrer ses aventures tragiques et parfois comiques, il a le don de décrire ces hommes qu'il a rencontrés ou suivis. Il rend bien aussi l'impression d'un immense déplacement de population et de destruction dans les parties de l'Europe qu'il parcourt. C'est bourré d'énergie, d'envie de vivre, de se débrouiller, de s'en tirer. Il faut vraiment découvrir tous les épisodes parfois incroyables de cette véritable odyssée.

Mais on sent aussi que cette expérience pèsera toujours sur lui. Même dès cette époque il ressent déjà quelle sera sans doute la difficulté de la partager.

Est-il nécessaire de préciser que ce livre, lui aussi, doit absolument être lu?

Lire la suite: http://en-lisant-en-voyageant.over-blog.com/article-primo-levi-la-treve-39395309.html#ixzz0cCkjddYu

Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Pour approcher l'oeuvre de Primo Levi, peut-être aurait-il fallu débuter par le très populaire "Si c'est un homme", mais il était dit que je ne le pouvais pas. Chose surprenante, alors que je m'étais décidé à acheter ce récit autobiographique de l'expérience concentrationnaire dans le camp d'Auschwitz, je fus contraint de me rabattre sur une autre oeuvre de Primo Levi parce que "Si c'est un homme" ne figurait pas dans les rayons de la librairie. Mon choix se porta alors sur "La Trêve" , récit également autobiographique, mais traitant de la période qui suit, celle de la libération et du retour en Italie. Période de l'entrée progressive dans la vie et d'une reconstruction personnelle.
Primo Levi aime peindre les divers personnages rencontrés au cours de son périple, des hommes et des femmes qui, souvent, ne font que croiser la route du rescapé d'Auschwitz, mais ces rencontres tissent la trame de ce roman, elles participent à la vie itinérante, aux déplacements réguliers d'un camp d'accueil à un autre, dans une Europe en ruine et une Russie libératrice qui, tant bien que mal, acheminera ces êtres ressuscités jusqu'à leur terre natale, après plusieurs mois d'incertitudes, de doutes, et d'incompréhensions. Cette trêve, temps de la convalescence, présente aussi des hommes qui, ayant frôlés la mort et le néant, veulent vivre pleinement leur existence, sans peur, honte ni fatalité.
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Ce livre est le récit du retour de Primo Levi chez lui, après la libération par les Soviétiques du camp d'Auschwitz, où il avait été déporté pendant un an.
Il lui faudra encore 9 mois pour regagner Turin et la Trêve relate cet étonnant voyage à travers notamment la Pologne, l'Ukraine, la Roumanie, la Hongrie, l'Autriche et l'Allemagne, les convois empruntés n'ayant pas toujours suivi les chemins les plus directs, soumis aux desiderata des Russes.
Ce qui frappe, c'est l'aspect picaresque du récit. Aux premières pages, très dures, puisque beaucoup de gens sont morts même après la libération du camp, certains succombant à la maladie, d'autres à l'épuisement, succèdent des scènes hautes en couleur décrivant les lieux, les personnes rencontrées dans les camps de transit ou les compagnons d'infortune.
Ce voyage a encore été très éprouvant, Primo Levi et ses compagnons de route étant très démunis, faibles et soumis à des conditions matérielles et de vie très précaires, mais cependant le récit est éclairé par le courage, l'astuce, la solidarité, la résilience des protagonistes qui, malgré les contraintes du voyage, goûtent à la liberté retrouvée.
Je n'ai pas lu Si c'est un homme, et je ne sais pas si je le lirai un jour, mais j'ai été heureuse de découvrir cet auteur extrêmement talentueux et attachant.
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A peine une trêve. Une transition difficile, douloureuse, absurde, entre le camp et le retour chez lui. Un voyage insensé au sens premier du mot, qui a duré plusieurs mois. La stupeur de constater que pour ces rescapés de l'innommable, rien ou presque n'était prévu, et qu'il leur a fallu endurer cette errance épuisante, souvent dans le froid et la faim, et dans l'incertitude totale sur le jour de l'arrivée. Tant attendue, et tant reportée.
Mais qui, dans ces derniers mois de guerre, pouvait prévoir, savoir, organiser l'assistance qui aurait été nécessaire aux survivants des camps ?
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L'écriture de Primo Levi est incroyable. Déjà dans Si c'est un homme, il avait révélé à quel point son style était accompagné d'une profonde et extraordinaire humanité.
La Trêve fait le récit des mésaventures de ces prisonniers italiens libérés après la seconde guerre mondiale, obligés de faire un long périple afin de rentrer chez eux. Sur les routes de l'Europe centrale, les histoires se multiplient et s'entrecroisent, à la fois poignantes, drôles, énigmatiques et enrageantes.
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La suite de "si c'est un homme", qui décrit le long périple de PL pour rejoindre son pays après sa libération. C'est surtout l'occasion de dépeindre les nombreux personnages rencontrés lors de ce parcours. Rédigé quinze ans après le premier, le ton en est bien différent, moins dramatique, mais pourtant plus pessimiste, voire désespéré par moments. L'absurde est omniprésent tout au long du récit. Qu'il est difficile de trouver un sens à la vie après avoir vécu Auschwitz !
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Bien sûr, quand on évoque Primo Levi, on pense aussitôt à "si c'est un homme" et tout ce que ce livre rapporte, ces êtres humains voués à la destruction parce que d'autres ont décidé qu'ils n'avaient pas le droit de vivre, l'horreur concentrationnaire, le sentiment de culpabilité de celui qui en réchappe, la hantise obsessionnelle de ne pas oublier les disparus, de parler en leur nom afin qu'ils ne soient pas victimes d'une seconde mort, celle de l'oubli. Mais est-ce seulement possible?
Alors qu'en ce mois de janvier se profile la commémoration de la libération du complexe de la mort industrialisée d'Auschwitz Birkenau, nos esprits réducteurs ont trop souvent tendance à considérer que le calvaire des survivants prend fin en janvier 1945. Alors qu'en fait, les répercussions de la guerre perdurent bien après . C'est le grand mérite de "La Trêve" que de nous le rappeler. Les libérés d'Auschwitz sont en effet déplacés par l'Armée Rouge dans une odyssée, qui, contrairement à celle d'Ulysse, semble n'avoir aucun but ni aucun sens. Au cours de ces pérégrinations imposées et teintées d'absurde, le rescapé doit tout réapprendre de l'exercice de jouir naturellement des bienfaits les plus élémentaires de la vie: parler, rire -oui, il parvient sans trop de mal à rire, ce qui en dit long sur les capacités de résistance de l'esprit humain, être sensible à la beauté du ciel, à celle d'un visage girond, sans oublier toutefois le délabrement général des conditions de survie où une paire de chaussures est un trésor inestimable , vital.
Ce qui, selon moi, marque le plus dans ces belles pages simplement écrites est ceci. de cet univers cauchemardesque postapocalyptique, Primo Levi tire un récit presque léger, parfois picaresque, toujours source d'espérance, dans lequel mille et un petits détails sont autant de raisons de ne pas désespérer de la nature humaine, mais de croire au contraire qu'un lendemain est possible. Si elles n'étaient pas de la main de Primo Levi, certaines me feraient presque douter de leur pertinence, voire, j'ose le mot, de leur décence. C'est toute la force de ce chimiste que le drame de la déportation a transformé en écrivain, de nous faire saisir que malgré le XX° siècle, une certaine forme d'humanisme raisonné a encore un sens.
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Un livre, comme tous ceux du même genre et comme Si c'est un homme, à mettre dans toutes les mains, pour ne pas oublier ce qui s'est passé sur le sol européen.
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