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sur 992 notes
PETIT FRÈRE

"C'est pas grave, je n'en veux à personne, et si mon heure sonne, Je m'en irai comme je suis venu, adolescent incandescent chiant à tour de bras sur le fruit défendu » IAM


J'ai fini ce livre il y a quelques jours. 

Bouche bée. Bousculée. Terriblement étourdie.

Je cherche depuis comment en parler, comment mettre des mots sur cette histoire que j'ai dévorée en apnée, tour à tour insurgée, attendrie, révoltée.

Karel, le narrateur, grandit et vit dans les quartiers nord de Marseille pendant les années 80. Auprès de sa soeur Hendricka et de leur petit-frère martyr Mohand, ils subissent la violence de leur paternel, sombre personnage senteur pastis et héroïne, appâté par le pognon et les magouilles. La mère, elle aussi droguée, trouve son bonheur et son réconfort dans les soins et l'attention qu'elle prodigue au petit Mohand, infirme.

Gravitent autour d'eux un clan de gitan sédentarisé au sein duquel Karel rencontrera son premier amour.

C'est une histoire de la violence du quotidien d'une famille pauvre, comme il en existe tant entre de nombreux murs bétonnés. 

C'est une histoire sociale, d'une enfance ravagée qui pose les bases du reste d'une vie. 

Comment se construire, avancer, s'extirper de ce milieu de laissés pour compte ? 

Karel se questionne, a-t-il hérité de la brutalité de cet homme qu'il hait, celui qu'il n'a même jamais appelé papa ? La violence est-elle génétique ? Est-ce possible de l'éviter quand on ne connaît que ça depuis la naissance ?

Au milieu de tout ça il y a Mohand. Une figure quasi angélique qui évolue au-dessus de tout, malgré tous les sévices et humiliations subits. Qui dit qu'il faut aller de l'avant, ne pas se retourner, quand son frère n'est capable que de ressasser.

La résilience ou la vengeance.


A lire de toute urgence.


"Que voulais-tu que ton fils apprenne dans la rue ? Quelles vertus croyais-tu qu'on y enseigne ? T'as pas vu comment ca pue dehors ? Mais comment ca sent la mort ? » NTM




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COUP DE COeUR

" L'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée, on y reste coincé à vie"

L'histoire se déroule à Marseille entre les années 80 et 2000. le narrateur Karel vit dans la cité Antonin Artaud, une cité fictive des quartiers nord de Marseille, proche d'un bidonville, le Passage 50, où habitent des gitans sédentarisés là depuis une vingtaine d'années. Les gitans continuent à être perçus comme des étrangers par les marseillais et la cité Artaud et le Passage, séparés d'à peine un kilomètre, sont deux mondes qui ne se rencontrent jamais.

Karel a une soeur Hendricka et un jeune frère handicapé Mohand. Karel devient ami avec Rudy, un jeune gitan, et c'est auprès de la communauté des gitans du Passage 50 que la fratrie trouve un peu de chaleur humaine car ils vivent un enfer chez eux auprès d'un père violent et alcoolique que Karel qualifie de brute cruelle. Brimades, insultes, coups sont leur lot quotidien des trois enfants, en particulier Mohand, souffre-douleur du père. La haine du père se concentre sur Mohand, une proie facile à cause de ses disgrâces.

On apprend dès le début du roman que le père a été assassiné. C'était une brute toxicomane qui vivait des allocations et de trafics. Avec sa femme ils formaient un couple particulièrement toxique, la mère, d'origine kabyle, n'a jamais protégé ses enfants. " Il y a des âmes incurables et perdues pour le reste de la société. Supprimez-leur un moyen de folie, elles en inventeront dix mille autres."

J'ai adoré ce roman social parfaitement construit, très romanesque et très bien rythmé. La noirceur domine mais on y trouve aussi beaucoup de sensualité et d'amour. J'ai aimé que l'auteure situe son roman dans la communauté des gitans, j'ai particulièrement apprécié la façon dont elle les présente évitant tous les clichés, notant le soin que mettent les femmes à entretenir leur intérieur qui se résume à une caravane pour une famille souvent nombreuse. Ces gitans qui ne vivent pas bien leur sédentarisation et qui restent attachés à leurs croyances et leurs superstitions vont sauver l'enfance des trois jeunes d'un désastre absolu. J'ai aimé la façon dont elle décrit la vie dans la cité bercée par le foot avec l'équipe de l'OM et par les chansons d'amour clamées par les chanteurs à la mode car "plus on est éloigné de l'amour, plus on écoute des chansons qui le célèbrent", une culture populaire, la seule accessible à une population confrontée au quotidien à la violence et à la drogue.
L'amour qui lie les trois enfants de cette famille est particulièrement fort, le regard des deux ainés sur leur jeune frère est d'une absolue beauté et leur rage de vivre, ou plutôt de survivre, traverse tout le roman. L'enfance volée, la souffrance et la honte, la difficulté d'être, l'incapacité à vivre, le poids du passé, la crainte d'avoir reçu la violence en héritage, les pulsions destructrices contre lesquelles il est difficile de lutter, tous les éléments de la tragédie qui va se dérouler sous nos yeux sont en place. C'est le roman du déterminisme social, le roman d'une enfance massacrée par la violence d'un père et par la folie d'une mère source d'une violence perverse moins visible mais tout aussi déstructurante. Une écriture vive, des dialogues particulièrement soignés qui sonnent très juste, des personnages forts, un récit qui ne tombe jamais dans le misérabilisme. Un gros coup de coeur pour ce roman riche en émotions de toutes de sortes que j'ai lu le coeur souvent serré.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Il est des hommes qui se perdront toujours.
Rebecca LIGHIERI

Karl Claeys est mort. Ou plutôt Karl a été tué.
Il laisse derrière lui une veuve et trois grands enfants qui sont réjouis, libérés, soulagés.
Parce que durant toute sa misérable vie ce père a martyrisé physiquement et psychologiquement ses enfants.
Surtout son dernier, né handicapé.
Insultes, brimades, coups voilà ce que subirent Karel, Hendrika et Mohand.
Leur mère était présente mais elle recevait son content de coups aussi si elle s'interposait. Et puis elle avait besoin de ce mari qui rapportait la drogue qu'ils s'injectaient mutuellement dans les veines.
Pour s'échapper de cet enfer ils restait aux enfants la possibilité de se réfugier au passage 50, lieu de vie des gitans du coin qui avaient faits des 3 enfants leurs quasi fils, frères, soeurs, cousins ou petit ami.
C'est dans ce Marseille des années 1980 à 2000 que Karel va nous raconter sa vie.
Ses premières relations sexuelles avec Shayenne loin de la communauté gitane qui le tuerai si elle savait, l'emprise de cette dernière sur lui.
Les castings pour des publicités puis la carrière internationale d'Hendrika.
Et enfin les souffrances et la débrouillardise de Mohand face à ses handicaps.
Plusieurs destins entremêlés avec un fil conducteur toujours : la haine du père.

Tristesse, effroi et révolte m'auront suivis au décours de cette lecture.
Comment ne pas être heurtée par autant de violence et de haine paternelle ?
L'auteure en écrivant à la première personne nous offre un roman extrêmement fort et captivant.
Le chemin de vie de chaque protagoniste est détaillé subtilement pour que l'on s'y attache.
C'est une lecture marquante qui je le sens va m'accompagner un moment.
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Marseille, dans les années 80. Au coeur d'une cité des quartiers nord, Karel, Hendricka et Mohand grandissent dans une famille où la violence du père fait naître chez eux une haine imprescriptible. Leur quotidien c'est la misère, tant matérielle qu'affective, la violence des mots, la cruauté des actes, l'horreur au quotidien imposée par un père bon à rien, alcoolique, toxico qui n'a que mépris pour ses aînés. Mais ce n'est rien à côté des humiliations perpétuelles, des insultes, des coups, et de la maltraitance que subit Mohand le petit dernier qui a en plus la malchance d'être né handicapé, malade et n'a pas hérité de la beauté de ses frères et soeur. Ces enfants trouvent un peu de réconfort et de tendresse au camp de gitans voisin. Là, ils seront acceptés et ils noueront des amitiés durables, ils découvriront l'amour, auprès de ces enfants eux aussi rejetés de la société, en rêvant d'un avenir meilleur
.
⭐️⭐️⭐️ Ce livre est un coup de poing, une claque. Comment grandir quand on part avec des valises aussi lourdes, quand on n'est pas aimé, quand on manque de tout, comment se construire sans reproduire cette violence? Comment devenir adulte après une enfance massacrée et une adolescence saccagée?
D'un sujet dur, presque insoutenable, Rebecca Lighieri arrive à faire un texte fort et lumineux bien que pessimiste, empreint d'un réalisme et d'une authenticité glaçante. Enfin, c'est un roman profondément ancré dans les dernières années du millénaire, tant dans les événements qu'il évoque que dans la bande son qui l'accompagne, faisant le grand écart entre Philippe Lavil, et Terence Trend Darby, en passant par IAM, Michael Jackson, Johnny ou Mr Dre.
Un livre qui se lit comme un film que l'on regarderait en se cachant les yeux, où la tension est sans cesse présente mais dont on veut connaître la fin.

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Des personnages caricaturaux, sans nuance... Comme dans les garçons de l'été l'auteure en fait trop, jusqu'à la lassitude d'abord puis jusqu'à l'écoeurement.
Les coutures du roman sont grossières mais on en a pour notre argent : des corps désirables, du sexe, des scènes dégueulasses. le livre se lit vite, comme on mange vite mousse au chocolat trop sucrée à la cafétéria de carrefour.



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Une cité pauvre au nord de Marseille, trois enfants, Karel, Hendrika et Mohand, le petit dernier né polyhandicapé subissent la violence quotidienne de Karl, leur père, quelque peu tempérée par la résilience forcée de leur mère Loubna. L'histoire qui se déroule entre 1980 et 2000 offre une peinture frontale, directe et sans concession de la vie difficile dans ces ghettos de la République où le déterminisme social s'affiche de façon prégnante. Karel, le narrateur et sa soeur Hendrika sont d'une beauté exceptionnelle qui incite leur père à les présenter régulièrement à des castings divers et variés qui aboutiront favorablement pour Hendrika à l'âge adulte. Des habitants gitans du passage 50, avec leur culture et leur mode de vie s'invitent dans le roman par leur proximité géographique et par leurs relations privilégiées avec les « claeys » qui constituent l'ossature de la narration. L'auteure fait bien ressentir la dureté des situations par son style accrocheur qu'on pourrait trouver excessif dans le comportement sexuel de Karel. Néanmoins, l'effet « coup de poing », le pessimisme, l'absence d'humour, sans doute voulus par Rebecca Lighieri, grâce à ses personnages forts est réussi.
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Conseillé par une amie, j'ai acheté ce roman sans connaître ni l'autrice ni l'histoire. C'est parfois risqué, mais comme j'avais confiance dans la recommandation, j'ai foncé. Cela m'a bien réussi car j'ai bien aimé cette lecture.

J'ai rapidement plongé dans l'histoire, on commence par la nouvelle du meurtre de l'infâme père, et puis l'on repart des années plus tôt, pour tenter de comprendre ce qui a pu mener à cela.

Le style est percutant, les chapitres courts, on ne s'ennuie pas une seconde. Les personnages sont abimés, et on les comprend, mais certains sont vraiment difficiles à aimer. Je croyais en un personnage, et je me suis surpris à être déçu par ses actions.

La fin est belle, malgré la noirceur.

il m'a manqué peut-être un petit plus pour que cela soit un coup de coeur, je ne saurai trop l'expliquer. Peut-être l'attachement aux personnages qui m'a manqué. Je comprends la volonté de montrer que dans des conditions pareilles, rien de bon ne peut en découler. Mais la contrepartie de cela c'est que cela donne un côté très pessimiste au tout et je ne sais pas trop quoi en retenir, si ce n'est ce que je savais déjà ...

je recommande tout de même.
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Entre les années 80 et 2000, Karel (le narrateur), Hendricka et Mohand sont trois enfants des quartiers Nord de Marseille, maltraités par leur violent père Karl, belge d'origine, ayant épousé la docile et silencieuse Loubna, kabyle. Ce métissage a sublimé les deux aînés que le père ne cesse de traîner de casting en casting, tandis que le dernier est né avec divers handicaps, qui lui valent la haine et les humiliations de son père. Tous les trois essaient de survivre à leur enfance dévastée, entre violence, pauvreté, toxicomanie, injustice et indifférence.

C'est un roman noir dans lequel sont dépeintes la dureté et la violence du monde social. À l'inverse de ma précédente lecture de cette auteure ("Les garçons de l'été") qui prenait place au sein d'une famille très aisée, celle-ci se déroule dans un environnement pauvre, le foyer habitant à la frontière d'un bidonville occupé par une communauté de gitans sédentarisés. J'ai apprécié cette différence de contexte social choisie au départ, puisqu'on retrouve, in fine, la même noirceur de l'âme chez des personnages de ces deux livres.

L'immersion dans la période décrite est très réussie, grâce à des références sportives et musicales connues de tous. J'ai également apprécié la lutte incessante que mène Karel contre lui-même et contre les gênes destructeurs hérités de son père, qui le ramènent un peu plus chaque jour vers le schéma familial, qu'il tente pourtant de fuir inlassablement.
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Une lecture coup de poing. Une lecture qui chamboule. Des personnages détestables. D'autres attachants. Certains très attachants même. Tels sont les premiers mots qui me viennent à l'issu de ce roman qui est une très belle découverte et dont le décor est une cité des quartiers nord de Marseille. Enfin, pas exclusivement. Au début surtout, car par la suite, les personnages évoluent. Si certains d'entre eux ne quitteront jamais la vie peu reluisante qu'ils ont connue, d'autres comme le protagoniste : Karel, feront tout pour sortir de cette misère dans laquelle ils ont vécu. Car non, avoir des parents qui maltraitent leurs enfants physiquement et psychologiquement ce n'est pas la normalité. Mais que connait un enfant aux normes ? Ce n'est qu'avec le temps que Karel et sa fratrie prendront conscience des choses. Certains rejetteront totalement leur ancienne vie alors que d'autres auront des difficultés à s'affranchir de ce dont ils ont toujours connu. D'un côté comme de l'autre, la souffrance est palpable.

Cette histoire n'est pas un énième roman sur la vie dans les cités. Elle est bien plus que cela. Elle est l'amour. La rage. Elle est la vie et ses codes lorsque l'on n'est pas nés sous une bonne étoile. Elle est la recherche de la lumière. La rencontre avec ceux qui n'ont jamais vécu dans l'obscurité.

Les âmes sensibles peuvent être secouées, fortement troublées. Non pas qu'il y ait de la beauté dans la laideur de ce monde qui est décrit avec justesse, mais de l'émotion certainement. Une certitude du moins : le côté obscur existe bel et bien et fermer les yeux sur lui ne le fera pas disparaitre.

» C'était rassurant cet amour, dans ma vie où l'amour a toujours pris les formes perverses de la crainte ou la pitié.«
Lien : https://labibliothequedeceli..
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Je me suis retrouvé happé dès les premières pages de ce roman de Rebecca Lighieri. Je n'ai pas pu lâcher le livre pour suivre Karel, sa famille et son environnement marseillais au début des 90's. Une vie dépeinte année après année, entre les quartiers nords et les différents quartiers de la ville, avec un entourage qui gravite autour du jeune homme pour le meilleur et pour le pire. C'est un roman sombre qui nous prend aux tripes et ce serait dommage d'en dévoiler plus. J'ai hâte de retrouver l'écriture de cette autrice. Un vrai coup de coeur.
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