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4,17

sur 992 notes
Un vrai coup de coeur et une lutte avec moi même pour pas lire le roman en une seule fois ...

On m'a offert ce roman et j'avoue que je l'avais un peu laissé de côté car tous ces romans sur Marseille ont le don de me décevoir voire de m'énerver tellement je ne retrouve jamais la vraie vie et les quartiers de ma ville. Mais cette fois ce n'est pas le cas. On retrouve vraiment l'ambiance de Marseille, la vie dans les quartiers Nord à la fin du siècle dernier est vraiment décrite à la perfection. Je ne sais pas si l'auteur s'est inspiré d'un vrai quartier de Marseille (tout du long j'ai un peu pensé à La Savine avec le massif de l'étoile ...) mais ce qui est sûr c'est que le sujet est travaillé.

En dehors du lieu, j'ai vraiment aimé suivre l'histoire de ce jeune qui n'a rien pour réussir dans sa vie. le roman décrit son enfance atroce et les répercussions que cela aura tout au long de sa vie. du moins dans son adolescence et sa vie de jeune adulte. Tous les personnages gravitant autour de lui sont également torturés et ravagés par la vie. C'est dur, c'est noir mais ça ne tombe jamais dans le pathos.
Pour l'illustrer, il suffit de voir le rapport qu'entretient le personnage avec les gens de la société moyenne (même si tout est relatif car à Marseille la classe moyenne est souvent la classe populaire ailleurs) ou bourgeoise. Il la jalouse, parfois il la méprise et a envie de prendre leur place, mais il n'est jamais question d'une haine facile du bobo comme on peut le lire dans d'autres romans de ce genre.

Bref, un livre vraiment noir, mais où j'ai souvent souri tant l'auteur arrive avec des détails à décrire les petites habitudes des habitants de Marseille, que l'on dévore ! Je vais vraiment aller découvrir ses autres romans.
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Rien que le titre est fort. Ce livre violent mais grandiose est un roman noir et brûlant. Brûlant par sa férocité, par la cruauté paternelle, la perversité maternelle, par l'ambivalence des personnages, leurs traumatismes destructeurs. Brûlant par l'environnement sombre, restreint et réducteur dans lequel essaie de grandir et surtout de survivre une fratrie. Tout le roman se déroule dans les quartiers Nord de Marseille, sans même que le héro n'ait jamais vu cette ville. J'ai suivi les péripéties toxiques de trois jeunes gens pendant les vingt premières années de leurs vies. Deux frères et une soeur à qui personne n'a jamais appris à aimer. Seul le lien qui les unit tous les trois dans une haine ravageuse envers leur père leur permet d'affronter les difficultés. Quant à l'aîné, la culpabilité qu'il éprouve à n'avoir pas su défendre ses frère et soeur le ronge profondément. Ils ont malgré tout chacun trouvé un moyen d'échapper à leur quotidien terrible peuplé d'humiliations, de violences, de maltraitances, et rempli du manque d'amour.
Le roman est écrit dans le langage cru de la rue et la cité . Poésie et finesse ne sont pas de mise entre ces pages et pourtant l'auteure a réussi à humaniser la déshumanisation de ces vies.
Un roman saisissant qui ne laisse pas indifférent.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Le roman de REBECCA LIGHIERI commence sur la mort du père qui a été assassiné, mais par qui ?
Son narrateur est Karel un garçon à la beauté foudroyante qui habite la cité Antonin Artaud dans les quartiers Nord de Marseille. Il a grandi comme il a pu entre deux parents toxicomanes au côté de sa soeur Hendricka aussi somptueuse que lui et de Mohand leur benjamin infirme rejeté par le père.
Tous les trois trouvent refuge chez une communauté de gitans sédentarisée dans un lieu encore plus déshérité que la cité. Ils y recherchent le calme, un peu d'affection et de la nourriture lorsqu'il n'y a plus rien dans le frigo de leur appartement.

REBECCA LIGHIERI aborde les questions du déterminisme social et familial.
La crainte d'avoir reçu la violence en héritage. La souffrance et la honte que ressentent ces enfants fracassés.

Roman noir qui raconte l'enfance dévastée, l'injustice, la drogue.
Je dois dire que j'ai beaucoup de mal à me faire un avis sur ce roman. Je n'ai pas détesté mais je ne suis pas non plus été enthousiasmée.
J'ai beaucoup de mal avec le langage ordurier voire vulgaire et ce roman en est comblé mais j'ai cependant ressenti de l'empathie pour Karel qui recherche l'amour, l'affection et qui se demande souvent s'il parviendra à vivre "normalement".

Je pense qu'il faut lire ce roman pour s'en faire sa propre idée. En ce qui me concerne, ces trois phrases dans le 4e de couverture "l'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée" m'ont interpellé. Elles m'ont donné envie de lire ce roman et je ne le regrette pas.
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« Qui a tué mon père ? ». Ainsi commence l'incroyable histoire racontée par le plus âgé des fils du mort, une belle ordure que tout le monde détestait.
Quartiers nord de Marseille dans les années 1980. Karel, Hendricka et Mohand vivent dans une famille déglinguée et rongée par la drogue. Si les deux premiers sont beaux comme le jour, le cadet souffre de multiples problèmes : « malformation cardiaque, déficience auditive, fente palatale, imperforation de l'anus... ». Alors que Karl le patriarche tente d'exploiter les atouts de ses aînés en leur faisant courir les castings, il va s'acharner sur le dernier à coups d'insultes et de torgnoles. Mohand se réfugiera dans les bras de Loubna la mère qui trouvera dans les déficiences de son benjamin un sens à son existence et une manière d'être enfin utile.
Comment peut-on s'en sortir quand on vit dans la misère et sans affection ? La grâce de la fille va faire sensation au cinéma ; Mohand va intelligemment tirer parti de ses défauts et de ses dons de guérisseur. Quant au narrateur, il craint d'avoir hérité des gènes de violence de son père. Avec lui, nous allons vivre avec les marginaux et les laissés-pour-compte qui essaient tant bien que mal de sortir de leur condition comme les rappeurs qu'ils écoutent en boucle. Dans ce roman d'apprentissage, il y a de la fureur, de la haine mais aussi de l'amour, de la poésie et de la joie, celle que diffusent les Gitans du « passage 50 » que Karel fréquente.
Et, comme dans tous les récits de Rebecca Lighieri, le pseudo, ou d'Emmanuelle Bayamack-Tam, le vrai nom, il est question de différences que l'on tente, malgré les vicissitudes, de transformer en atouts. Il faut alors une grande capacité de résilience car l'enfance marque à tout jamais l'adulte en devenir. « La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée » écrit l'auteure.

EXTRAIT
L'amour éternel, c'est des conneries. C'est la haine, qui est éternelle.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Rebecca Lighieri brosse un tableau noir de la France en marge, marge qui a tendance à s'étendre alors que nous sommes au XXIème siècle.
Dans la famille Claeys les parents sont un couple mixte, le père Karl est Belge, la mère Loubna est Kabyle. Ils ont eu trois enfants : Karel, Hendricka et Mohand. Si les deux aînés sont très beaux, le petit dernier lui est polyhandicapé et la mère va concentrer sa vie sur lui.
« Mon père est mort et c'est un bon début », voici ce que pense Karel en apprenant que son paternel a été assassiné, caillassé dans la décharge qui jouxte l'immeuble dans lequel ils ont vécu.
Le narrateur Karel nous raconte leur vie sur une vingtaine d'années (1980-2001).
Des trois enfants c'est lui l'aîné qui ressasse sa colère, sa culpabilité et surtout une immense solitude qui lui colle aux baskets tant il se sent différent de ce qu'il considère comme la norme. L'observation lui renvoie des images et des émotions qu'il appréhende comme autant de coup de poignard ; l'extrait ci-dessous m'a bouleversé par sa justesse.
« […] je me rends compte qu'ils sont probablement père et fils. Tandis que le plus âgé s'acquitte des formalités de check-out, le monde bascule et je m'assieds précipitamment dans l'un des fauteuils qu'ils viennent de quitter. C'est trop pour moi, la tendresse des regards qu'ils échangent, leur complicité palpable, le souci qu'ils ont l'un de l'autre, et jusqu'à ce geste, impensable et fou ; le pouce du père venant caresser la joue du fils, pour y essuyer une larme que je n'aie pas vue. Je ne saurai jamais quel malheur vient de frapper ces deux hommes. J'ai juste la certitude qu'ils vivent un moment dramatique de leur existence, et qu'à leur insu j'en ai été le témoin. »
Sa vie, c'est la misère, la faim et les fringues des autres que l'on porte jusqu'à l'usure. Les parents entre drogue et alcool n'offrent rien à leurs enfants.
Le père est extrêmement violent physiquement et moralement, la mère passive voire complice, les enfants apprennent vite à esquiver autant que possible, et cherchent ailleurs ce qu'ils n'ont pas chez eux et pour cela ils vont rejoindre une communauté de gitans installée près d'un bidonville. Cela devient vite leur deuxième famille.
Le père a une ambition pour Karel et Hendricka, il veut en faire des stars comme son idole Céline Dion.
Hendricka fera du cinéma, Karel choisira le métier d'aide-soignant, l'envie d'être utile et Mohand lui aussi se fera une vie, je n'en dirai pas plus.
Ils vont avoir la liberté que confère l'indifférence dans la mesure où il n'y a pas d'amour, il leur faut éviter d'être chez eux au mauvais moment.
Karel est le plus émouvant dans la mesure où il est paralysé par la peur d'avoir en lui les gènes de « cette » violence, seul héritage qui lui semble dévolu. Il culpabilise jusqu'à la paralysie vis-à-vis de Mohand, qui lui a un avis plus libre, il a tant souffert de ses handicaps et des humiliations qui allaient avec qu'il a développé une philosophie toute personnelle et il n'a aucune rancune envers son frère et sa soeur.
Hendricka va s'émanciper dès son premier succès, elle s'éloigne, même si elle revient de temps à autre, mais elle trace sa route.
Karel lui est seul, terriblement seul. C'est ce sentiment qui domine un roman d'une belle construction et d'un langage qui colle au sujet.
L'auteur ne fait pas de surenchère dans la violence, elle suggère n'étale pas, et cela renforce son propos.
Elle nous fait vivre la vie de ses enfants qui grandiront trop vite, sans l'amour fondateur, sans les bases d'une famille sur lesquelles ils pourraient s'appuyer. Ce sont souvent les enfants qui serviront d'adultes aux parents ; rôles inversés, famille dysfonctionnelle.
En avril le jour des obsèques de Karl, ce n'est pas le printemps, le ciel est noir, il fait froid et c'est un vent aigre qui les enveloppe. Un temps à l'image de la vie que leur a infligé ce géniteur qui n'a pas su ou pu être un père.
Alors oui la question du déterminisme se pose, et Karel a raison d'avoir peur. La rage contracte sa vie quoi qu'il fasse, où que ses pas le mènent.
Une belle maîtrise dans la noirceur et cela jusqu'à l'ultime page qui m'a saisie en plein coeur.
Un grand roman sur la solitude engendrée par une enfance dont on ne guérit jamais.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 16 août 2020.
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Je n'ai pas les mots pour Rebecca Lighieri, si ce n'est que j'en veux encore, de ses mots à elle.

Le précédent roman de l'écrivaine (sous ce pseudonyme-ci), Les Garçons de l'Eté, avait été un foudroiement pour moi, non pas à une mais à deux reprises. J'avais été subjuguée par la radicalité de ses personnages, de sa plume, de son atmosphère, par sa violence aussi, son audace enfin.
Au risque de ne surprendre absolument personne, le charme a opéré une fois de plus avec cet ouvrage-ci, d'une façon tout à fait différente, mais tout aussi marquante.

Comme dans les Garçons, on retrouve la plage, mais celle-ci n'a rien avoir avec le sable fin et les vagues voluptueuses de la Réunion. Non, ici, c'est Marseille, et on n'est même pas si près de la plage en fait, puisque ce sont les quartiers Nord, les fameux, ceux desquels personne ne veut parler et encore moins s'approcher. Karel, lui, il y est né, et en plein dedans, premier d'une fratrie de trois livrée à un père violent et à une mère plus qu'effacée, anéantie.

Karel est un enfant magnifique. Sa petite soeur aussi. On a envie d'y voir une chance, mais on comprend bien vite que ça n'est qu'un coup du sort de plus, comme une ultime provocation d'une ironie cruelle.
Karel est beau, oui. Mais comme il se le répète lui-même, il n'aurait pu en profiter qu'en naissant sous la bonne étoile. La sienne est brisée, malade et toxique. La sienne ne fera que rendre son joli visage étrange et dissonant. La sienne ne brille déjà plus depuis longtemps.

Karel n'a pas vraiment d'espoirs, alors il préfère s'armer. Il lit, beaucoup. Veille sur sa petite soeur, son petit frère aussi, quoique celui-ci, malade, reste couvé par leur mère. La vie est épouvantable, maculée de punitions, de violences, d'alcool et de dégringolades successives. Mais Karel grandit, pas le choix. Il apprend surtout. Et il attend.

C'est un roman brutal, formidablement intense, qui imprime sa marque sur le lecteur dès la toute première page avec l'annonce de l'assassinat du père de Karel par un meurtrier inconnu, et le début immédiat de la longue décortication de la famille traumatisante dans laquelle les trois protagonistes évoluent, ou plutôt demeurent coincés. L'écrivaine taille dans le vif, insuffle toute son énergie et son vocabulaire chirurgical dans la bouche d'un Karel tour à tour froid, attentif, aimant ou tout simplement ignoble, malmené par une éducation dont il n'a retenu que ce dont il ne veut pas, une ville qu'il ne connaît que trop bien et un destin dont personne ne lui a promis qu'il pourrait le rendre paisible. Il s'évade, trouve une deuxième famille au sein d'une communauté de Roms, gitans et manouches, prend son mal et son impatience et les fait bouillir dans un coin en attendant son heure.

C'est un roman qui bouille, justement, de rage, de frustration, d'injustice, sans devenir plombant pour autant. Il reste possible que sa lecture soit éprouvante pour certains, mais la narration de Karel, dans son côté impitoyable, parvient à délier l'intrigue avec une telle fluidité et une telle évidence que l'on se retrouve pris presque malgré soi dans son flot de souvenirs, et qu'on s'y fait, à défaut de s'y trouver bien. C'est une histoire de résilience, bien sûr, mais aussi et surtout de rejet, de tout ce qu'on ne pourra jamais accepter, de malaise et de lutte. C'est une accumulation d'erreurs parsemée de quelques éclats de bravoure, une assertion sublime et répétée de la volonté de Karel de s'en sortir, de chercher mieux encore, d'échapper à ce dont il sait très bien qu'il le poursuivra toujours. On a envie de voir en Rebecca Lighieri une sorte d'héritière du roman social naturaliste à la Zola, et oui, bien sûr, c'est très galvaudé que de le lire, mais c'est la même puissance, le même déferlement de violence, la même noirceur et la même lucidité que dans les Rougon-Macquart, c'est la détresse de Gervaise le long du boulevard Poissonnière, les cris et les odeurs du marché des Halles dans le Ventre de Paris, la puissance et la contrainte de Nana.

Le texte est dur, vraiment dur parfois, sans non plus devenir glauque ou oppressant. L'histoire a parfois tendance à s'appesantir parfois un peu trop sur les tourments sentimentaux et sexuels de Karel, mais on peut aussi le voir comme un choix de narration, un éclairage de l'un des seuls "outils de puissance" que Karel tente (en vain) de reconquérir, prisonnier des idées préconçues, des standards et des canons qu'il charrie avec lui depuis son enfance et son adolescence.

C'est un roman qu'on dévore sans pouvoir s'arrêter, porté par la plume dynamitaire de Lighieri, un récit désenchanté, certes, mais qui opère tout de même une certaine forme de magie. Une histoire qui enseigne, je crois, qu'il ne faut sans doute pas croire aux miracles, et certainement pas en attendre pour commencer à vivre sa vie, mais qu'il n'est pas exclu que l'on puisse en rencontrer un ou deux, un jour, et que cette petite possibilité impossible puisse contribuer à éclairer l'existence d'une certaine forme de lumière.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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Ce roman de Rebecca Lighieri débute dans les années 80, au milieu des laissés-pour-compte de la ville de Marseille, au sein d'une famille où règne la pauvreté et la violence. Si les deux ainés de la famille, Karel et Hendricka, en bavent tous les jours à cause de leur connard de père, ce n'est rien comparé au petit dernier, qui a eu le malheur de naître avec de multiples malformations et qui n'était de surcroît même pas désiré au départ…

« Qui a tué mon père ? Personne et beaucoup de gens. Ou plus exactement, beaucoup de gens auraient voulu tenir la pierre qui lui a fracassé le crâne, réduisant son occiput en bouillie puis s'acharnant méthodiquement sur son visage, massacrant ce qui lui restait de beauté, ce qui n'avait pas été excavé par l'héro, jauni par la clope, bouffi par l'alcool. Beaucoup de gens auraient voulu tenir cette pierre, mais une seule l'a fait et son nom est personne. »

Le récit s'ouvre sur l'assassinat du père et remonte ensuite le temps afin de découvrir ce milieu familial défaillant dépourvu d'amour, où l'enfance se retrouve immédiatement brisée, privée d'avenir et sans véritable échappatoire possible. L'intérêt principal du roman n'est évidemment pas de découvrir qui a tué le père car, au fil des pages, le lecteur irait bien lui-même lui faire la peau, mais de livrer une chronique sociale qui met les mots justes sur une situation familiale et sociale totalement injuste…

« Je ne saurai jamais quel malheur vient de frapper ces deux hommes. J'ai juste la certitude qu'ils vivent un moment dramatique de leur existence, et qu'à leur insu j'en ai été le témoin. Mais ce qui me terrasse, là, dans mon fauteuil club, ce n'est ni leur chagrin ni leur bouleversement : c'est qu'il y ait eu précisément un ordre à bouleverser, une harmonie, un bonheur qui vaille qu'on le pleure sans pudeur dans un hall d'hôtel. Ce qui me coupe littéralement les jambes, le souffle, et même toute possibilité de réflexion suivie, c'est de savoir que je vis pire malheur que le leur, qui est de ne rien avoir eu, jamais, à regretter et à pleurer aussi amèrement. »

L'autre grande force de ce roman sont ces personnages finalement assez mal dans leur peau, qui ne peuvent laisser le lecteur indifférent. de ce père alcoolique, toxicomane et violent totalement abjecte à ces trois enfants qui se lient d'un amour qui leur a tant fait défaut, en passant par cette mère incompréhensiblement soumise, Rebecca Lighieri dépeint une cellule familiale étouffante où l'enfance laisse des traces indélébiles.

« L'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée, on y reste coincé à vie »

Vous l'aurez compris, ce livre n'est pas à ranger au rayon « feel-good », mais plutôt dans le genre « feel-bad ». Abordant des thèmes forts, tels que la maltraitance familiale, l'enfance volée, la misère sociale, la drogue, le poids du passé et le racisme, Rebecca Lighieri propose un roman foncièrement noir, dur et parfois insoutenable, sans devenir glauque ou écoeurant pour autant.

Si vous avez aimé le Prix Goncourt 2018 (Nicolas MathieuLeurs enfants après eux), foncez sur celui-ci car il est du même acabit !

Un immense coup de coeur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Marseille. Encore ? Bah ouais. Après "Vanda" de Marion Brunet, me voilà replongé dans la cité phocéenne. Et pas dans ses quartiers les plus ensoleillés.

Ici, on se situe dans le nord de Marseille, dans la cité Artaud dans les années 80. Karl Claeys, immigré belge, fait ses petits traffics divers et variés, de drogue et d'autres choses plus ou moins légales. Il tape aussi dans la farine de temps en temps et se pique oklm à l'héroïne avec sa femme Loubna.

Accessoirement, il tabasse aussi ses enfants et notamment Mohand, le petit dernier, qui n'a pas eu la même chance d'hériter d'une génétique physique aussi bien disposée que son frère Karel et sa soeur Hendricka. Karl déverse sa fureur sur Mohand et ses multiples handicaps de naissance. Tout ça sous les yeux de Loubna impuissante et soumise.

Du coup, pour éviter de trop croiser ce père peu avenant, ils traînent dans les hauteurs de Marseille, là où désormais en 2020 trônent les lettres de M A R S E I l'L E, façon hollywood, visibles quand on déboule par l'autoroute. Ils y rencontrent Rudy, Shayenne et Araceli, des gitans qui vivent là, dans leurs caravanes avec toute la smala djobi djoba (je cite). Ils vont y trouver un peu de réconfort, un semblant de sentiment d'appartenance à une famille.

Karel y perdra même son pucelage, un soir de mai 1993. Alors que toute la ville de Marseille exulte suite au coup de tête légendaire de Basile Boli, Karel, lui ne retiendra que son coup de b... donné tendrement, fougueusement et maladroitement à Shayenne.

Mais Karel est inquiet.
Karel ne veut pas ressembler à son père.
Pour rien au monde.
Et pourtant ... il sent que, parfois, il est submergé par des pulsions de violence qu'il a peur de finir par le pas maîtriser.

La violence est elle une fatalité héréditaire ? Finira-t-il comme son père ? Toute le mystère est là
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Un livre cru, une écriture aiguisée comme un rasoir, des personnages attachants ou détestables et un narrateur qui nous tient par les .... ! Un roman qui se lit comme une BD, un peu gore, mais réaliste même si parfois c'est "trop abusé" !
Rebecca Lighieri nous emmène sans ménagement dans une histoire de violences et d'amours dont on sort un peu secoué, mais c'est diablement bien construit !
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Un début à la Camus... 'qui a tué mon père'...
Ce roman relate la vie parfois sordide de Karel, dans les années 90 2000, dans une cité de Marseille.

Un roman brutal mais empreint de la volonté de survivre de 3enfants de la famille, maltraités par un père et délaissé ou accaparé par leur mère...

L'auteur décrit avec merveille les espoirs, les moments sordides et les non dits des cités mais aussi des populations nomades locales.

Une belle écriture, une innocence rapidement évacuée et une vie construite sur un passé violent et présent
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