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Critique de YANCOU


On lit beaucoup de romans aujourd'hui, au détriment sans doute de la poésie et des essais. On en produit trop, c'est certain. le travail attentif et documenté, pensé et argumenté, du duo que sont les autrices de ce Fétiche et la plume, Hélène Ling et Inès Sol Salas, vient mettre de la lumière dans l'opacité des « liens troubles que la littérature entretient avec le système économique dominant qui la produit et l'absorbe », comme l'annonce d'ailleurs le sous-titre : « La Littérature, nouveau produit du capitalisme ». Tout y passe, ou presque : la surproduction (la tyrannie de la nouveauté), la prostitution de l'écrivain aux lois du marché et de la demande (donc de la société du spectacle), la lecture face à l'économie numérique de l'attention, la délégitimation de la critique au profit des "booktubeuses" (le marrant livre BettieBook, de Frédéric Ciriez est par ailleurs cité !) sur les réseaux sociaux (« l'ère du capitalisme tardif en est arrivée à l'extinction des instances de légitimation et de véracité »), le « page turner », le « blockbuster littéraire », les prix littéraires, Joël Dicker, Edouard Louis, Michel Houellebecq, etc. L'essai, très critique et éminemment érudit, est brillant, mais il oublie peut-être de définir que le lectorat est composé d'individus, de lectrices singulières, de lecteurs curieux, que des émissions – commerciales – comme La Grande Librairie, ont tout de même permis au public, par exemple, de découvrir le poète Souleymane Diamanka ou l'essayiste David van Reybrouck. Oui, l'édition est une économie du succès. Oui, la littérature répond aussi, parfois, souvent même, à des impératifs dictés par notre époque (le capitalisme tardif). Mais n'oublions pas que des livres des éditions de Minuit ou José Corti, que l'on pouvaient/pourraient qualifier de « difficiles » parfois, ont eu du succès et que ce même succès à rendu possible l'établissement de catalogues aussi riches qu'intéressants. Mais l'essai de critique est vain tant cet essai est réussi. C'est un travail qu'on imagine sans peine gigantesque. Reste à savoir si, au final, ça nous intéresse vraiment que Joël Dicker gagne des millions avec ses livres alors que de notre côté nous avons la littérature, celle De W.G. Sebald, Hélène Giannecchini, Grégoire Bouiller, Mark Greene, Béatrice Commengé, Pierre Michon et et et… (rayez les auteurs qui vous déplaisent et notez vos propres références). le fétiche et la plume reste un pavé essentiel pour celles et ceux qui aimeraient comprendre les enjeux du livre et de la lecture en général et de la littérature en particulier, même si je recommande parallèlement les drôles (et plus courts) essais romancés tels Une littérature sans écrivains de Basile Panurgias (état des lieux du livre au XXIème siècle à travers des récits telles des nouvelles) et le Pillon de Paul Desalmand, (génial) roman dont le narrateur est un livre qui se penche sur son passé, son cheminement de lecteur en lecteur.
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