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3,91

sur 707 notes
Il manque une information au titre du livre sur la couverture, la mention que l'on trouve dans les premières pages où le titre est repris " : un documentaire". Ce détail est fondamental puisqu'il permet d'entrer dans l'oeuvre et de comprendre le partitionnement des récits, tous introduits en précisant le nom de l'interlocuteur et son lien avec le sujet du documentaire (fictif filmé), à savoir des voyages dans le temps proposés à des familles de victimes de l'Unité 731 mandatée par l'Empire du Japon en Chine dans les années 1930 pour effectuer des expérimentations médicales sur cobayes humains en vue d'améliorer la prise en charge de certaines pathologies (qu'il a donc fallu inoculer aux cobayes...) et de tester des armes bactériologiques...

Pour ma part, j'ignorais complètement ce point de l'Histoire. Autant dire que l'auteur ne nous épargne pas les détails sordides mais c'est bien à la hauteur des atrocités commises. Et lire la note de l'auteur à la fin indiquant ses sources rend les choses encore plus réelles et fait vraiment froid dans le dos.

Ken Liu utilise la science fiction pour mettre en lumière cet évènement historique que les autorités japonaises mais également américaines préfèrent garder globalement sous le tapis et le procédé peut paraître artificiel et sans grand intérêt a priori. En effet, quel besoin d'imaginer un voyage dans le temps pour dénoncer cette barbarie ?
Mais le propos de Ken Liu est bien plus complexe qu'une oeuvre de mémoire, car avec l'hypothèse du voyage dans le temps - avec pour particularité de ne pas pouvoir interagir dans le passé et surtout que ce moment visité s'efface -, l'auteur ouvre une foule de questionnements sur L Histoire elle-même (le passé devenant matériel, qui en est propriétaire ? Est-il préférable d'envoyer des membres de familles concernées par l'événement ou plutôt des historiens aguerris ? Quel crédit donner à ces témoignages invérifiables ? Est-il raisonnable de détruire les preuves des évènements en effectuant ces voyages ? etc.)

Au fur et à mesure du récit, au fur et à mesure des intervenants présentés, l'auteur ajoute une pierre à son édifice de mémoire et à celui de questionnements sur L Histoire (sur le plan politique, scientifique, éthique, philosophique, judiciaire etc.). La problématique principale étant : dans quelle mesure ces voyages dans le temps servent ou desservent-ils le travail de mémoire individuel et collectif ? La variété des points de vue mis en avant permet de traiter la question dans toute sa complexité de manière progressive et accessible du fait d'interventions relativement courtes de chaque interlocuteur (j'avoue que celles très scientifiques sur le fonctionnement du voyage dans le temps m'ont donné un peu de fil à retordre, avec mon esprit littéraire presque pur jus... J'étais bien soulagée qu'elles soient courtes !).

Une oeuvre fort riche malgré son format court, d'une grande densité en émotions et en réflexion. Un coup de maître !
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Ça se lit vite, mais ça laisse des traces. Voici un livre qui m'a fait connaître un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas et qui fait froid dans le dos. Outre cela, la forme donne un rythme qui ne laisse pas de répit. Mais la question que je me suis posé en le refermant n'a toujours pas de réponse. La vérité des familles de victimes a t elle plus ou moins que poids que celle des historiens?
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Une écriture brève et limpide pour expliciter en quelques phrases moult réflexions sur la science, l'histoire, la relation entre notre passé et notre présent, entre nous et notre héritage, entre nous et autrui, ou encore l'atrocité des pages les plus sombres de l'humanité, voilà en une centaine de pages extrêmement denses l'éventail du talent indéniable de Ken Liu dans ce vrai faux documentaire du futur sur un événement passé, qui confirme pour moi (osons le dire : prêchant à un converti) sa si bonne réputation. L'oeuvre brève mais intense d'un génie de l'humanisme contemporain et du sense of wonder.
Lien : https://lemondedurevelecteur..
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La grandeur d'une histoire ne se mesure pas au nombre de pages. Ken Liu nous propose un roman de sf intello où les neurones vont cogiter. le récit va vous emmener à considérer les choses sous un autre angle. L'écriture de cet auteur est assez surprenante avec une grande richesse, une grande intelligence et avec de la subtilité. C'est la première que j'ai été autant bluffé. Comment réagirions-nous dans une pareille situation?  

L'Unité 731 a vraiment existé. Les horreurs qui sont faits part à travers des témoignages, des conférences, des exposés sont assez troublants surtout par leur véracité. Une réalité qui ne plaît pas à beaucoup de personnes et dont beaucoup préfèrent nier l'existence. Cela ne vous rappelle pas d'autres faits historiques? Et si une machine permettait de revenir à ce moment et de constater vraiment ce qu'il s'est passé. le doute serait-il encore possible? le souci est qu'une fois le moment vu, il disparaîtra à jamais. le regard de l'observateur n'est pas neutre, alors comment trouver la vérité? Y a t'il une vérité? Comment faut-il  choisir et qui doit choisir? Des victimes, des chercheurs, de la famille de victimes, des contradicteurs... voient les viols, les tortures, les essais... Peut-on nier alors l'existence de l'Histoire? Et si oui, jusqu'à quelle limite peut-on nier? Et comme un souvenir ne peut être vu qu'une seule fois, le regardant peut-il alors changer la vision de l'histoire? Beaucoup de questions dont c'est au lecteur de trouver la ou les réponses. Doit-il avoir des réponses? C'est à vous de juger.  
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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Fort, intelligent, avec une narration originale, ce livre est une franche réussite !
En si peu de pages j'ai découvert un volet (forcément tragique) de la seconde guerre mondiale, j'ai du me questionner sur le principe de l'Histoire, et j'ai lu un récit ou la recherche de vérité, aussi sombre soit elle, se heurte au négationnisme tellement plus confortable...
L'aspect SF est apporté par un principe technologique au service de la vérité historique, qui m'a semblé suffisamment crédible pour ne pas altérer le plaisir de lecture.
Mon seul soucis de lecture, très personnel et récurrent lorsque je lis de la littérature étrangère, c'est que je mélange vite les personnages lorsqu'ils ont des noms "indigènes" et qu'ils sont plus de 2 !

Je recommande donc très chaudement ce récit. Pour ma part, je vais poursuivre ma découverte de Ken liu qui a plusieurs livres dans cette collection Une Heure lumière, qui recèle vraiment de belles pépites !
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Lu en à peine quelques heures (à peine 100 pages) lors d'un dimanche très pluvieux.
Concernant la forme : le livre est écrit comme un documentaire avec des témoignages. Cela ne nuit en rien à la compréhension de l'histoire et j'ai beaucoup aimé cette originalité.
Concernant le fond : grâce à son personnage qui a inventé une machine à remonter le temps, l'auteur nous raconte l'Unité 731 pendant la seconde guerre mondiale. Je n'en avais jamais entendu parler et me suis donc demandée si c'était de la fiction ou la réalité. Un petit tour sur internet m'a appris que, malheureusement, cette Unité 731 a bel et bien existé... et c'est effroyable.
Une lecture instructive tout à fait en adéquation avec la météo du jour.
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Un livre exceptionnel de seulement 112 pages. le procédé d'observation est expliqué de manière juste, plausible et simple. L'histoire est racontée sous forme d'interviews et témoignages. En plus de mettre en lumière les crimes de l'unité 731, le livre pose des questions intéressantes et met en exergue les problèmes liés à la politique et à l'humain :
— À qui appartient l'histoire ?
— À qui appartient celle de pays qui n'existe plus ? Ici la Mandchourie.
— Un pays devenu démocratique (Allemagne et Japon moderne) peut-il être tenu pour responsable des actes passé d'une époque où le pays était totalement différent (il suffit de regarder la différence de comportement entre l'Allemagne et le Japon ces dernières décennies) ?
— Les pires horreurs peuvent s'effacer de la mémoire collective et être relativisées à coup de « il se passe toujours des choses terribles dans une guerre ».

Surtout l'auteur n'est pas partisan, il montre juste comment la realpolitik et les intérêts économiques et stratégiques peuvent reléguer aux oubliettes la douleur engendrée par les crimes de guerre. Une thématique qui a tout pour être casse gueule (désir de revanche, voyeurisme malsain) et que je n'ai moi-même qu'à peine effleuré dans « Au Bord de l'Abîme » et pourtant l'auteur évite tous les écueils ! Il faut dire Ken Liu est un maître du genre qui sort des livres au minimum très bons et souvent géniaux. Il a raflé des prix Hugo, Nebula, Sidewis et World Fantasy entre autres.

Le livre est fluide et se dévore en quelques heures et c'est tout simplement un des meilleurs livres que j'ai lus.

Lien : https://blogconstellations.h..
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Whaou, ce livre, quelle claque ! Une fois passée la surprise du mode de narration et de présentation, Ken Liu nous embarque dans une réflexion puissante sur L Histoire, sur sa valeur et sur sa validité. Il porte à notre connaissance les exactions et actes contre l'humanité commis par les Japonais lors de l'invasion de la Mandchoukouo et nous fait réfléchir aux conséquences de ces actes sur le système. C'est court, mais tellement foudroyant. J'ai refermé le livre soufflée !
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Concilier science-fiction (regard vers le futur) et Histoire (regard vers le passé), Ken Liu le fait admirablement bien dans « L'homme qui mit fin à l'histoire ». Certes, quand on touche aux voyages temporels et qu'un protagoniste remonte dans le passé, il existe obligatoirement une dimension historique. Cependant, l'auteur fait plus qu'effleurer L Histoire pour soutenir son intrigue. L' Histoire (avec un grand H) en est le coeur et ce court roman de Ken Liu possède assurément un intérêt instructif. L'écrivain utilise comme toile de fond à son histoire de SF, les expérimentations inhumaines de l'Unité 731 (une unité japonaise) sur des prisonniers (civils comme militaires) dans une Mandchourie alors occupée.


Ken Liu apporte une forme originale à son roman puisqu'il s'agit d'une retranscription écrite d'un film documentaire sur ce procédé scientifique permettant de revenir dans le passé. le livre se compose donc essentiellement de témoignages et d'extraits d'interviews. Cet exercice de style aurait pu devenir vite lourd mais est heureusement bien maîtrisé et le format court du roman empêche la lassitude. Outre son aspect science-fictionnel et historique, l'auteur s'attache à décrire les réactions qu'un tel projet (exhumer le passé pour en faire ressortir la vérité) pourrait susciter notamment au niveau des relations internationales. de ce côté, il se fait l'écho de notre présent puisque les relations diplomatiques entre la Chine (pays natal de Ken Liu) et le Japon sont régulièrement brouillées par ce qu'il s'est passé durant la Seconde Guerre mondiale (massacre de Nankin, les femmes de confort, les crimes de l'Unité 731).


« L'homme qui mit fin à L Histoire » s'est avéré passionnant, sans lourdeurs liées à sa forme peu habituelle, et a en plus le mérite de se pencher sur un épisode peu glorieux de notre histoire et pourtant méconnu dans nos contrées. Je le recommande vivement.
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Encore une fois ne nous fions pas aux apparences, ces quelques 100 pages cachent une densité insoupçonnée d'informations et de questions. Pourtant classé comme roman SF, il s'agirait davantage d'un essai philosophique d'une forme inédite. J.ai mis plus de temps que prévu à le lire, plusieurs pauses ont été nécessaires: la forme narrative couplée à la froideur des mots attaquent le recul que peut éprouver le lecteur.
A dire vrai je pense le relire une fois, si ce n'est deux, "histoire" de pousser la réflexion.
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