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sur 707 notes
Alors que je m'attendais à un roman classique, le livre de Ken Liu, auteur américain d'origine chinoise, est construit comme un faux documentaire TV dans un futur proche sur une technique de « voyage temporel » (en fait davantage un moyen de voir et de ressentir le passé à la place des acteurs concernés), sur son application sur la Mandchourie occupée par le Japon des années 30 et 40 et en particulier sur les agissements de l'unité 731 qui a pratiqué à une échelle massive des « expérimentations scientifiques » sur des cobayes chinois entrainant la mort de 200 à 500 000 personnes.

Dans ce livre, l'aspect science-fiction est avant tout un vernis, un prétexte qui va permettre à l'auteur de mettre en lumières ces évènements tragiques et assez méconnus en occident et surtout de poser un certain nombre de questions sur l'histoire et son utilisation (qui écrit l'histoire, qui doit s'en emparer et pourquoi ? Quel est la place pour l'empathie et l'émotion ? etc.). Ces dernières ont le mérite d'embrasser des sujets très actuels et pas forcément liés aux relations sino-japonaises ou à la seconde guerre mondiale (restitution des oeuvres d'arts africaines, négationnismes, subjectivité de l'historien, questionnement de la « realpolitik » etc.).

Le livre est construit comme une suite de témoignages de différents intervenants (inventeurs du procédé de voyage temporel, historiens, famille de victimes, bourreaux, anonymes interviewés en micro-trottoir etc.). Les crimes de guerre sont davantage esquissés que détaillés mais le peu qu'on entraperçoit laisse aisément imaginer une horreur sans nom. En lisant les quelques mots de l'auteur sur ses sources on s'aperçoit que la quasi intégralité des témoignages (mêmes ceux des anonymes interviewés pour donner leurs opinions) dérivent de vraies déclarations et que la part de véritable fiction dans ce récit est vraiment faible.

Pour conclure, Ken Liu signe ici un livre intéressant et court, à cheval sur la frontière entre fiction, histoire et essai, il est loin d'être aussi « lourd » que ne pourrait le faire présager le sujet. le principal défaut du livre est finalement sa brièveté, à peine 100 pages c'est bien trop peu pour approfondir les nombreux points que l'ouvrage ne fait qu'effleurer.

Un livre recommandable et appréciable mais il ne faut pas s'attendre à de la science-fiction pur jus.
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« Accepter notre fragilité et notre subjectivité n'est pas renoncer à notre responsabilité morale de dire la vérité, même, et surtout, si « la vérité », loin d'être unique, devient pluralité d'expériences partagées qui, ensemble, composent notre humanité. »

J'hésite entre la claque et le coup de coeur. On me dit dans l'oreillette que c'est certainement très semblable, soit.

Grâce à une machine permettant de voyager dans le passé, le professeur Wei a tenté de reconstituer des faits lors d'une période assez sombre de l'histoire chinoise et japonaise. Une période dont j'ignorais tout et assez méconnue, m'ayant poussé en cours de lecture, à faire quelques recherches. En effet, je me suis très peu attachée au synopsis, n'ai absolument lu aucune critique, ni citation pour éviter toute influence, tout en souhaitant découvrir tant cette nouvelle collection chez Belial que l'auteur.

Accessoirement, cela m'a permis de compléter d'autres pans de l'histoire chinoise alors que je me suis attelée, en cours d'année, à suivre un MOOC sur la géopolitique contemporaine de la Chine. Tant pour mieux comprendre une partie de l'histoire du pays, que pour mieux cerner les enjeux mondiaux à plus grande échelle tandis que les projecteurs sont braqués dessus. le MOOC, en étant accessible, couvrait beaucoup d'aspects, fut riche et passionnant. N'hésitez pas à faire une recherche si vous êtes intéressés, je crois que les cours traînent encore sur la toile. Moi, j'attends la suite avec impatience.

Voilà que je digresse encore ! Qui a dit incorrigible ?

… Tandis que les premières pages me laissaient dubitatives, le temps pour moi de rentrer dans le vif du sujet et l'agencement des pages si particulières, j'ai vite été absorbée. Sous couvert de SF bien pensée et bien amenée, c'est une ode à la mémoire, au souvenir, à la reconnaissance des faits, la reconnaissance des victimes pour les « libérer», leur donner une place et un statut, une existence tangible aux yeux du monde, ainsi qu'aux générations ayant suivies tout en cherchant à rétablir la vérité. De cette vérité plurielle amenant un combat de plusieurs vies. Ne nous leurrons pas : Tout événement marquant, quel qu'il soit dans l'histoire, dans laquelle est imbriquée celle d'une famille, impactera indirectement les relations intergénérationnelles futures. C'est là où la lutte contre le négationnisme est essentielle, malgré le temps passant, malgré les changements géopolitiques et tout autre facteur qui ne peut effacer ce qui fut.

Par ailleurs, beaucoup de questions philosophiques sont intelligemment abordées avec finesse. Définitivement, rien n'a été omis par l'auteur quel que soit l'angle d'approche des protagonistes au fil des pages. A mon sens, cela reste un ouvrage qui, s'il s'attache à un événement précis, est d'autant plus universel de par toutes les atrocités commises par l'humanité. Passées, présentes et encore à venir quand l'être humain est capable du pire comme du meilleur.

J'aurais encore tant à dire, mais je vous invite plutôt à le lire.
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Cet étrange roman est présenté comme une description d'un documentaire et nous propose de nous interroger sur L Histoire. Il mêle de manière perturbante la réalité et la fiction. La fiction n'étant que le moyen d'accès à la réalité, et ce que nous voudrions faux est vrai, tandis que ce que nous aimerions vrai est faux: il n'y a pas de machine à revoir le passé et L Histoire, mais les horreurs de la guerre, les crimes contre l'humanité font bel et bien partie de notre histoire.

Par rapport aux romans occidentaux, on a un abord orignal puisque les héros sont d'origine asiatiques: chinois et japonais même s'il y a un contexte d'immigration américaine. J'ai apprécié cela car, si on prend l'exemple de la seconde guerre mondiale, en France, lorsqu'on l'étudie à l'école, on la fait démarrer entre l'Allemagne et la France ou au minimum en Europe mais d'autres abords sont possibles et notamment via l'Asie et le Pacifique où la guerre a débuté plus tôt. Ceci nous rappelle l'utilisation politique de l'Histoire et son interprétation par des êtres humains, il ne s'agit pas de faits gravés dans le marbre brutes d'interprétation, de lectures humaines.

Une machine a donc été inventée, elle permet d'explorer une unique fois le passé à nouveau. Des volontaires sont envoyés à l'époque de la seconde guerre mondiale observer les exactions de l'Unité 731 (unité réelle de médecins et scientifiques japonais qui ont pratiqué des expériences sur des chinois). Ces volontaires font partie des familles des victimes.
Là encore une question se pose en filigrane: à qui appartient L Histoire? Au delà de sa perception et de son interprétation, est-elle affaire de sciences ou de ressentis, d'émotions, de vécus, de séquelles aussi?

Et encore au delà, l'idée, toujours présente, et pourtant qui commence à être démontée, que le monstre c'est l'Autre. le monstre c'est l'Allemand pour le Français par rapport à la seconde guerre mondiale, c'est le Japonais pour le Chinois etc. mais jamais nous. Ceci vient nous interroger sur nos rapport à l'autre, notre groupe par rapport aux autres groupes et à l'essentialisation nationaliste (le ceci, le cela, retirant l'unicité de l'autre qui n'est qu'un morceau d'un tout homogène). Mais comment faire face à un monstre qu'on ne peut pas atteindre?
"Le "monstre" vient par définition d'un autre monde, sans rapport avec le nôtre. Brandir ce terme revient à trancher les liens d'affection et d'angoisse, à affirmer notre supériorité, mais on n'apprend rien, on ne découvre rien. C'est simple et lâche. Je sais à présent qu'il faut s'identifier à un homme comme mon grand-père pour mesurer l'horrible souffrance qu'il a causée. Il n'y a pas de monstre. le monstre c'est nous."

Au final c'est un roman qui m'a fait mal mais que j'ai apprécié car je l'ai trouvé juste dans les questionnements qu'il propose et que je n'hésiterai pas à conseiller même si les thèmes qu'il aborde sont émotionnellement lourds.
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Pour une première entrée dans un récit de Ken Liu je suis tombé sur du lourd autant en matière de qualité d'écriture, le mec il assure, que du propos conduit avec une virtuosité rarement égalée. Mené à la manière d'un documentaire TV où s'enchaînent témoignages, reportages, interviews, réflexions philosophiques, Ken Liu (écrivain américain originaire de Chine) participe à sa manière au devoir de mémoire que l'humanité doit tenir face aux exactions de l'unité 731 pendant les années 30 et 40 au nord de la Chine.
Clairement le côté Sf du récit n'est qu'un prétexte de l'auteur pour honorer avant tout la mémoire des centaines de milliers de victimes de ces expérimentations humaines menées aussi bien sur des hommes, des femmes et des enfants, que de porter un jugement objectif mais cinglant sur la controverse qui entoure la reconnaissance, ou la négation, de ces faits. Quand bien même il existerait un procédé technologique permettant de faire ressortir des preuves incontestables du passé (c'est le cas ici), il y en aurait toujours pour alimenter de nouvelles controverses et qu'en définitive seul compte la mémoire des victimes et la reconnaissance de leurs souffrances.
C'est mon premier audiobook et le hasard faisant bien les choses j'ai trouvé que la forme de ce récit se prêtait à merveille à ce support, en tout cas c'est particulièrement bien pratique d'écouter un audiobook en Bluetooth sur l'autoradio de la voiture.
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S'qu'ils pouvaient être barbares AUSSI ces Japonais !

C'est mon père je crois qui eut cette réflexion alors que nous regardions un documentaire sur la guerre du Pacifique.
Le "aussi" renvoyant implicitement à la référence absolue depuis 1945 sous nos latitudes et dans le domaine de la barbarie : les Nazis.

Cette perception eurocentrée explique sans doute la quasi indifférence et le silence qui entourent ici les abjectes expérimentations de l'Unité 731 en Mandchourie pendant la seconde guerre mondiale. Les faits ne me sont pas inconnus mais la documentation historique disponible reste rare comparativement par exemple à Auschwitz.

La piqûre de rappel que nous administre Ken Liu avec cette centaine de pages camouflées en nouvelle de Science Fiction s'avère donc pleinement salutaire.
Il ne s'en tient d'ailleurs pas là, comme son héros il veut sortir de l'oubli les victimes de ces abominations, non seulement pour elles-mêmes et leur descendants, mais aussi et surtout pour aborder la problématique de l'Histoire, de son écriture, de sa manipulation, de son instrumentalisation par les politiciens, les religieux, les états toujours et partout.

Certains ici ont critiqué la forme, pour moi le résultat est magistral.
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Je voulais découvrir Ken Liu depuis un moment et j'ai choisi ce court roman en guise d'introduction à son écriture, sans forcément avoir lu la 4ème de couverture. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai compris que cette histoire serait centrée sur Harbin et l'unité 731.
J'étais tombée sur un article au sujet de cette unité dont personne ne semble vouloir parler lorsque j'étais ado et j'avais été profondément choquée par ce qu'il s'y était passé. Bien des années plus tard, je me suis rendue à Harbin pour voir le festival de sculpture sur glace et en cherchant d'autres lieux d'intérêt dans les parages (les balades en hiver sont limitées vu qu'il fait très - mais alors très - froid), je suis tombée sur l'unité 731. le hasard m'avait remis sur le chemin de ce centre d'expérimentation, et même si ce n'est pas joyeux et que j'avais peur du parti pris et de l'interprétation qui en serait faite vu les relations tendues entre la Chine et le Japon jusqu'à aujourd'hui, je l'ai bien sûr visité. Une visite difficile mais instructive, et aussi étonnement objective puisqu'elle ne fait qu'exposer les faits pour conclure sur tout le mal qui a été fait et les conséquences sur les individus des deux partis, car oui, certains japonais y ont travaillé sous la menace, et quelle menace, celle de finir dans cette unité ou que leur famille y soit emmenée, et le poids de leur conscience les a écrasés toute leur vie.
Il serait temps d'arrêter de camoufler l'histoire par fierté nationale, chaque pays a ses casseroles voire ses marmites mais se voiler la face n'a jamais fait avancer. On dit souvent que la guerre rend fou, c'est vrai, mais la guerre je pense sert aussi souvent d'excuse pour laisser libre cours à ses plus vils penchants, pour certains en tout cas, rendant les autres fous.
Bref je m'égare, revenons-en au livre qui nous occupe.

La narration se fait dans un style journalistique et documentaire, par le biais de divers témoignages et scènes filmées. Un couple américain d'origine sino-japonaise a découvert un moyen de voyager dans le temps mais ces informations ne sont visibles qu'une seule fois. Se pose alors la question de la responsabilité de chacun face à ses informations, puisqu'une fois "visionnées" elles disparaissent. Responsabilité des individus mais aussi des institutions, des états, de l'utilisation de ce qui apparaît comme un témoignage réel qui peut malgré tout être déformé. "Qui" est légitime, "qui" peut décider, financer sans conséquences, et une question en particulier que je n'avais jamais vu traitée, celle du territoire. le voyage dans le temps implique forcément des époques différentes, et donc des "possessions" différentes, les frontières ayant beaucoup changé au fil des événements. Qui peut alors prétendre imposer sa juridiction?

Le style documentaire m'a un peu perdue par moments et le sujet aurait mérité d'être un peu plus développé. Il n'en reste pas moins qu'à partir d'un exemple historique peu connu, l'auteur met le doigt sur de nombreux problèmes liés au voyage temporel auxquels on ne pense jamais et là est l'intérêt principal de ce court roman. Il a titillé ma curiosité et sachant que Ken Liu écrit essentiellement des nouvelles, ce qui n'est pas très courant en SF (pour autant que je sache), je me demande bien quel autre type d'idées il a pu développer. Il a touché à quelque-chose que j'aime beaucoup dans la science-fiction: à partir d'une possibilité, d'un "si", une multitude de réflexions sur notre propre société se met en place, ouvrant la porte à des questionnements qui ne seraient pas évidents à déclencher dans de la littérature plus classique. C'est d'ailleurs souvent des livres de SF qui me font écrire des avis longs comme mon bras...
Affaire à suivre de mon côté car je garde définitivement cet auteur sous le coude.
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Ce roman fait partie de la collection « Une heure-Lumière » des éditions du Bélial. Cette collection a été lancée au début de l'année 2016 et compte 6 titres à son actif pour le moment. L'homme qui mit fin à l'histoire a été publié en août 2016. Les romans de cette collection sont tous d'un format court avec des couvertures signées Aurélien Police. Cette collection est d'un très bon niveau par la qualité des romans qu'elle propose et par la beauté des livres en eux-mêmes. J'avais lu beaucoup de bien de ce livre depuis pas mal de temps, le père noël ayant eu la gentillesse de me l'amener sous le sapin, je l'ai lu dans la foulée. Si j'avais fait une sélection des oeuvres qui m'ont le plus marquée selon le format, celle-ci en aurait certainement fait partie car elle est d'une grande qualité même si j'ai eu un peu de mal au début avec l'aspect reportage mais on s'y fait rapidement.

Je dois avouer que je n'avais jamais entendu parler de l'unité 731 créée en 1932 par les japonais. Son but théorique était la recherche bactériologique mais elle servait surtout à des expérimentations sur des cobayes humains. le japon n'a officiellement reconnu son existence qu'en 2002. Cet évènement effroyable dans l'histoire humaine sert de point de départ à ce roman. L'auteur a pris le parti de raconter son histoire sous forme de documentaire sur les découvertes d'un chercheur à propos de voyages dans le temps avec des témoignages des différents protagonistes. Cela surprend un peu au premier abord mais apporte une dimension réaliste au sujet. le roman mixe le surnaturel par le biais du voyage dans le temps et l'histoire en utilisant des faits réels, et se sert de cela pour introduire des questions très importantes comme le négationnisme et de nombreuses réflexions sur notre rapport à l'histoire.

Le voyage dans le temps est utilisé de manière très intelligente dans le récit. Il sert de point de départ à l'histoire racontée et en même temps permet de se poser des questions sur son utilisation et les conséquences qu'il pourrait avoir. Les faits racontés sont parfois durs à lire tellement l'horreur a été présente mais cela me semble nécessaire si l'on veut comprendre ce qui c'est passé à cette période. J'ai fait des pauses dans ma lecture à certains passages particulièrement difficiles mais je pense qu'il fallait en dire autant sinon ce n'aurait pas eu la portée désirée.

Les personnages choisis par l'auteur sont un couple d'américain mais d'origine chinoise et japonaise et qui ont chacun été touchés par les atrocités commises pendant la guerre d'où le désir de poursuivre leurs recherches. Même si on les voit assez peu, ils sont très travaillés et crédibles.

Ce roman est court et se lit très vite. Il est très bien écrit et construit. J'aurais apprécié un format un peu plus long surtout que le sujet s'y prêtait. Cependant, cela n'enlève rien aux nombreuses qualités de cette novella que je conseille vivement de lire. le côté documentaire déroute légèrement mais est brillamment utilisé et permet d'aborder le récit sous divers aspects en montrant notamment les avis d'anonymes sur l'histoire. Elle soulève de nombreuses questions sur notre rapport à l'histoire et permet de mieux connaitre une période sombre de notre histoire. Je lirais avec plaisir d'autres écrits de cet auteur que j'ai découvert avec ce livre.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Ce roman de sf ne m'a pas convaincu par ce genre d'écriture sous forme d'interview, ni par son contenu et je préfère abréger mon commentaire par: "ce n'est pas ma tasse de thé", je passe à d'autres lectures.
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Voici une nouvelle qui lève le voile sur un pan de l'histoire de la Chine, sous son aspect SF le fait de pouvoir retourner dans le passé, Ken Liu nous livre dans une écriture sans concession, brute, l'histoire peu connue de l'Unité 731, unité de l'Armée impériale japonaise qui se livra à des expérimentations atroces sur des chinois dans le district de Pingfang.
Une réflexion sur le passé, l'histoire de l'humanité, un texte qui nous accompagne malgré l'atrocité qu'il révèle.
Découverte d'un auteur au Festival America, une très belle rencontre.
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Voilà un auteur que je n'avais jamais lu, et cette lecture m'a agréablement surprise, à plusieurs titres.

D'abord, sa narration, évidemment. La novella est sous-titrée : "un documentaire". Ken Liu propose une retranscription d'un film documentaire rassemblant débats, enquêtes, interviews… portant sur la réception de la découverte des époux Kirino. Une période en particulier de l'Histoire a été visitée (je ne dirai pas laquelle pour laisser la surprise, je trouve que la 4e de couverture en dit trop, c'est dommage), par des personnes lambdas grâce à cette innovation, et les témoignages apportés sont postérieurs à cette découverte et aux visites effectuées. L'intrigue se découvre donc par ce compte-rendu plusieurs jours-mois après. C'est un procédé déroutant, qui peut paraître froid à cause de son parti pris très factuel, mais qui m'a plu.

J'ai trouvé le propos saisissant, et fichtrement poignant, paradoxalement. Déjà parce qu'il y a une sorte de retranscription presque clinique de récits et de faits monstrueux. L'intérêt d'une telle narration c'est d'exclure tout le pathos et ce qui se raconte se livre de manière brute, sans fard. D'autre part, l'auteur mélange sa SF à un passé et un présent réels; la période observée, au centre de la novella, a bien existé, et elle continue d'impacter le présent. Ce n'est donc pas de la fiction pure.

Et c'est vertigineux, car ce mélange réalité-SF permet à l'auteur de poser plein de questions passionnantes avec une force incroyable. Quel est le rôle de l'historien ? Comment se construire en tant qu'Etat par rapport au passé ? Quelle responsabilité pour les politiques ? Quel poids du passé dans les relations géopolitiques contemporaines ?
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