Après Batman R.I.P., l'équilibre du pouvoir et rompu et les personnages habituels gravitant autour de Batman doivent retrouver une place dans l'ordre des choses. Par exemple Selina Kyle a subi une transplantation cardiaque non désirée dans Heart of Hush et elle a du mal à s'en remettre. Harley Quinn a décidé de se racheter une conduite et Pamela Isley également. Grâce à un concours de circonstances comme il n'en arrive que dans les bandes dessinées, les 3 criminelles plus ou moins réformées emménagent ensembles. Harley et Pamela ayant encore quelques réserves sur la réelle position de Selina, elles lui demandent de prouver sa bonne foi en leur communiquant l'identité secrète de son chéri : Batman.
Le troisième épisode (scénario de
Scott Lobdell) est consacré à une enquête menée par Edward Nigma (lui aussi ex-criminel) qui croise pour la première le nouveau Batman. Ed se rend compte que sa carrière de criminel a laissé des traces dans l'inconscient collectif de Gotham, à sa plus grande surprise.
Les épisodes 4 à 6 confrontent les filles avec le retour du Joker et le besoin de reconstruire l'appartement de Selina. le tome se finit par une histoire de Noël (dessinée par
David Lopez) dans laquelle les filles se retrouvent en famille.
À part pour l'épisode 3, les scénarios sont de
Paul Dini pour qui la série "Gotham city sirens" a été créée et qui a écrit en même temps la série Streets of Gotham (SoG en abrégé). Il semblerait que le raisonnement derrière la création de cette série soit que l'une des 3 criminelles n'arriverait pas fournir assez de matériel à elle toute seule pour une série et qu'en les rassemblant leur problème soit résolu. le lecteur retrouve donc le concept de Drôles de dames / Charlie's angels avec 3 ennemies de Batman, sauf qu'il n'y a pas de Charlie et que les missions consistent à réagir aux menaces. On retrouve dans ce tome tout ce qui fait le charme de l'écriture de
Paul Dini dans l'univers DC : une grande connaissance des personnages, un véritable amour de ces individus et des apparitions récurrentes de seconds rôles sympathiques (Talia al Ghul, Riddler, Carpenter qui fut membre du gang de Tweedle Dee et Tweedle Dum, un ex-aide du Joker, le Broker qui apparaît aussi dans SoG), les interactions affectives entre les personnages et une folie douce qui donne une saveur unique à ses histoires. Par opposition à SoG,
Paul Dini semble ici plus libre de ses mouvements et il se concentre sur des histoires en 2 ou 3 numéros dans lesquelles il est nettement meilleur que dans les plus longues. du coup chaque histoire présente un potentiel de divertissement élevé avec un ton léger et peu de conséquences à court ou long terme sur le monde de Batman, mais beaucoup plus d'humanité et de chaleur humaine.
Guillem March a dessiné 6 épisodes sur 7 et il dispose d'un style très affirmé qui privilégie fortement les lignes fines à toutes les autres. de ce fait les traits de chacune de ces dames deviennent très fins et les visages très délicats. Il a choisi de toutes les doter d'une poitrine généreuse, mais son style annihile l'effet bimbo du fait de l'absence d'insistance sur cette caractéristique physique et d'une restriction du nombre de gros plans sur les courbes féminines. Il dispose d'une vraie sensibilité pour mettre en avant les capacités acrobatiques d'Harley Quinn (superbe et étonnant). Il a choisi de revenir 20 ans en arrière en affublant chaque costume de bottes à talons hauts (choix de costume proscrit parce qu'incompatible avec les acrobaties inhérentes aux superhéroïnes). Ses scènes d'action sont claires et fluides, teintées parfois d'une légère touche cartoon. Il est un peu fâché avec les décors qui peuvent disparaître pendant une page entière. Heureusement il bénéficie de la mise en couleurs de Jose Villarubia qui s'améliore d'années en années pour parfaire des palettes qui suffisent à elles seules à créer une ambiance.
Ce tome se lit rapidement et constitue un bon moment de détente avec des personnages très attachants.