"Les maîtres de la peur" est un de ces livres dont le papier, au fil du temps, a jauni imperceptiblement mais qui cependant, discrètement, presque secrètement, est devenu rare et précieux.
Ce livre est une anthologie brillante réalisée, en 1927, par André de Lorde et Albert Dubeux.
Il est dédié à la reine de toute les épouvantes : notre imagination.
André de Lorde, "le prince de la terreur", signe "les mystères de la peur", une préface intelligente sur la place de l'angoisse dans notre littérature et notre théâtre.
Car il existe toute une littérature de la peur ... Qui pourrait s'en étonner ?
Le sentiment de terreur a toujours existé et chaque siècle a imprimé dans ses belles-lettres la trace de son épouvante.
André de Lorde et Albert Dubeux sont allés puiser, au fil des siècles, dans l'oeuvre des plus grands :
Dante, bien sûr mais aussi Hoffmann, Balzac, Barbey d'Aurevilly, Dickens, Dostoievsky, Hugo, Maupassant, Merimée, Poe, Stevenson, Sue, Villiers de l'IIsle-Adam, Zola , Dorgelès, Doyle, Ewers, Farrère, Kessel, Kipling, Leroux, Wells ...
Ici d'épouvante, il est bien question.
Elle prend de nombreux visages.
Qu'elle soit issue de la plus fantastique ou de la plus banale des circonstances, qu'elle jaillisse d'une sanglante tranchée, d'un bois ténébreux ou d'une sombre cave, la peur est la compagne inséparable de notre existence.
Chacun de nous garde au plus profond de lui-même un goût secret pour les émotions violentes.
Dans la littérature, comme dans la vie, nous raffolons de la peur quand elle ne s'accompagne d'aucune conséquence.
Les auteurs sont présentés, de manière sobre et concise mais de façon à éclairer leur talent et l'extrait de texte présenté.
Une bibliographie non exhaustive est ajoutée.
Certains des textes sont des classiques comme "l'homme et la pieuvre" de Victor Hugo, "la malédiction des Baskerville" de Sire Arthur Conan Doyle ou "le puits et le pendule" d'Edar Poe.
La plupart sont de belles découvertes.
L'anthologie se referme sur un clin d'oeil, celui que fait Paul Reboux "à la manière de ..." à André de Lorde avec "le docteur Coaltar", un court pastiche de son théâtre de l'horreur.
"Les maîtres de la peur" est une précieuse anthologie qui, aujourd'hui, est devenue rare.
Si par bonheur, les dieux de la littérature ou la main heureuse d'un bouquiniste, la plaçaient sur votre chemin dans une vieille caisse, sur une étagère poussiéreuse ... alors, ne manquez pas cet heureux rendez-vous ...
Commenter  J’apprécie         342
Pour Kant le rire vient d'une attente.
C'est à un sentiment de même nature que peut se ramener la peur.
Tant que l'événement redouté demeure en suspens sur notre tête, nous ressentons les affres de l'angoisse.
Qu'il éclate et la peur disparaît pour pour faire place à des émotions d'un autre ordre, émotions qui, si la terreur fut intense, peuvent prendre la forme d'un véritable soulagement ...
"Les peintres puissants peuvent tout peindre, et leur peinture est toujours assez morale quand elle est tragique et qu'elle donne l'horreur des choses qu'elle retrace".
(Barbey d'Aurevilly)
Il existe toute une littérature de la peur ... Qui pourrait s'en étonner ?
Chacun de nous porte au plus profond de lui-même un goût secret pour les émotions violentes.
De tous temps, sous toutes les latitudes, les spectacles d'horreur ont attiré un public nombreux ...