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Quel dommage que Pierre Loti, cet écrivain du 19ème siècle au talent indéniable, soit tombé dans un oubli quasiment abyssal! Bien sûr avec lui on ne parle ni de Paris, ni du petit monde ouvrier, ni des petites classes laborieuses, ni de peinture, ni de chemins de fer.il ne s'appelle ni Huysmans, ni Zola ... Avec lui on part loin, très loin. Mon frère Yves, en partie autobiographique , nous raconte cette amitié improbable, voir surréaliste entre Pierre Loti officier sorti de l' Ecole navale et Yves Kermadec entré comme mousse, devenu matelot sur le même navire que Loti.
Comment cet homme, épris de sa Bretagne, brave garçon , excellent matelot, une fois à terre devient un autre quand l'ivresse le tient.....
Nous allons donc suivre Yves et Pierre, Pierre et Yves. La mer, les mers Est Ouest,Nord ou Sud ils sillonnent tous les océans , essuient des tempêtes, soignent leurs blessures et il y a la mer toujours et encore...Parfois 3 4 ou jours de permission et là il y a la Bretagne Saint Pol de Léon ou la région de Rosporden et ses paysages,ses fleurs, ses parfums,sa pluie,ses calvaires et ses Pardons et ses habitants sortis du passé mais toujours bien vivants .
Vous l'aurez compris j'ai beaucoup apprécié ce roman, si vous aimez les bateaux à voile,les histoires d'amitié,une écriture épurée, sobre toute pleine de poésie alors ce livre est pour vous !
merci à tous ces challenges qui courent sur le forum de babelio qui m'ont fait sortir ce roman du fin fond de ma bibliothèque.......
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Ce qui est le plus insolite avec cet ouvrage, c'est la position que se donne l'auteur par rapport au narrateur. Bien que l'ouvrage soit autobiographique, le « Je » garde ses distances. C'est du Pierre Loti sans l'être. du Pierre Loti pour la postérité. Quand le souffle de la liberté aura balayé les inhibitions d'une éducation ankylosée par les convenances.

Yves Kermadec dans l'ouvrage n'est en effet autre que Pierre le Cor avec qui l'auteur a entretenu une amitié pour le moins singulière. Elle a jeté le trouble sur la nature réelle de cette relation entre l'officier de la marine qu'était Pierre Loti et celui qui n'était alors que simple matelot, avant de gagner quelque galon.

À une époque où les classes sociales étaient très cloisonnées, encore plus dans la marine où les officiers ne coudoyaient pas la troupe en dehors des ordres à la manoeuvre, on s'étonne de cette familiarité qui a amené Pierre Loti à fréquenter la famille de Pierre le Cor, Mon frère Yves dans cet ouvrage, jusqu'à devenir le parrain de son fils Julien. Il portait le prénom civil de l'auteur. Il avait même chambre réservée dans la maison que Pierre le Cor fera fait bâtir plus tard à Rosporden. Ce village du Finistère sud où ce dernier avait décidé de s'éloigner des tentations de Brest : débordements alcooliques et autres débauches dont Pierre Loti peina à le sevrer.

Au gré des expéditions qui les réunissaient ou les éloignaient, cette amitié a perduré au-delà de la disparition de Pierre Loti en 1923, puisque Pierre le Cor lui survécut quelques années avec la même fidélité de pensée.

Mon frères Yves est un ouvrage qui paraît en 1883. Pierre Loti en fait un ouvrage de fiction en travestissant aussi bien les noms de personnes que de lieux et faisant tenir son intrigue en un village imaginaire. Gageons que cette envie irrépressible de faire passer cette amitié à la postérité a été suscitée par le caractère équivoque de cette relation, laquelle n'aurait pas manqué d'interpeler son lectorat contemporain, au premier rang desquels sa famille de tradition protestante rigoureuse et la hiérarchie militaire.

Mais le caractère fantasque du personnage qui le fit aimer se travestir lui-même et se faire prendre en photos sous divers costumes exotiques inspirés par ses voyages, aménager des pièces de sa maison en mosquée ou palais oriental, fait partie de ce qui lui valut sa célébrité précoce. Pierre Loti c'était l'évasion dans toutes ses acceptions, aussi bien sur les mers du globe que dans des univers interlopes. Pierre Loti c'était du rêve pour ses lecteurs contemporains, alors pourquoi pas au prix d'un dépoussiérage des mentalités dans ce XIXème siècle et sa révolution industrielle qui peinait à s'ancrer dans la république.

Il n'en reste pas moins que la sincérité transpire dans ces pages et que Pierre Loti a été pour beaucoup dans le sauvetage de ce matelot qui comme beaucoup, en désespoir d'améliorer sa condition, était promis à la dérive. Y entrainant du même coup son couple. Combien de foi sa pauvre Marie, son épouse, se morfondit de voir leur maigre revenu partir dans les bouges, attendant la peur au ventre au mieux de voir rentrer son jeune époux ivre au lendemain de nuit passées dans les bas-fonds de Brest, au pire de le ramasser elle-même dans le caniveau. Si Pierre le Cor a pu par la suite mener une vie rangée de père de famille, il le doit en grande partie à celui qui s'est investi dans le rôle de mentor dont il se fit un devoir. C'est en cela que la relation équivoque entre les deux hommes devient touchante et que s'estompent les hypothèses de seul plaisir charnel dans les arrière-pensées.

Pierre Loti a dans le verbe suffisamment de ressources pour éluder tout ce qui dévirait du pur sentiment. Il gagne avec pareille écriture ses galons non plus en hiérarchie militaire mais en littérature pour entraîner ses lecteurs sur des océans de rêve ceux-ci. Avec parfois quelque voile de fumée bien opportuniste pour dissiper les doutes dans les esprits mal tournés. de ceux qui seraient tentés d'inventer une expression du style : Pierre Loti a commencé sa carrière sur les bateaux à voile, il l'a terminée sur les bateaux à vapeur, alors … Mais ce sont-là que des esprits bien mal tournés.
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J'ai choisi aujourd'hui un ouvrage de Pierre Loti pour moult raisons dont la première est que j'aime son oeuvre en général, autant pour elle-même que pour la personnalité de son auteur
.
Ce roman est « Mon frère Yves » publié avec succès en 1883 . A cette époque , il était déjà connu comme écrivain mais exerçait le métier d'officier de marine .
Il s'agit d'un roman et les faits qui y sont rapportés ne font pas référence à un épisode peu connu de sa vie où son frère aîné, Gustave Viaud, chirurgien de marine, victime du choléra durant une mission en Cochinchine est mort et a été immergé dans le Golfe du Bengale par 6°11 de latitude Nord et 84°48 de longitude ouest.

Comme on le sait l'auteur est né à Rochefort en Charente Maritime le 14 Janvier 1850 ,mais c'est en Bretagne que se déroule cette histoire qui n'est cependant pas exactement une fiction. Écrivain déjà célèbre, il décrit avec humanité mais aussi avec réalisme un monde de gens simples et pauvres auquel il n'appartient cependant pas, des familles harcelées par la misère, une Bretagne rurale, dévote, travailleuse…

Parmi ces gens Yves Kermadec qui a choisi comme beaucoup de Bretons la mer et ses dangers. Il sera donc dans la « Royale » , mais comme simple matelot, c'est à dire qu'il sera voué aux tâches les plus rudes, les plus ingrates, les plus périlleuses. Il les accomplira cependant avec discipline

Quand il est en mer, il est dur à la tâche et fait son métier, mais quand une escale lui fait toucher terre, il redevient querelleur, buveur, laissant volontiers sa maigre solde dans les bouges où il est souvent laissé pour mort.

Il n'y a pas de lien de parenté entre Loti et lui, bien qu'il apparaisse lui-même comme un personnage de sa propre oeuvre et soit le parrain du fils d'Yves Kermadec. Une grande amitié est née entre ces deux hommes. Cette « filiation »se fit un soir de confidence où l'officier qu'il était mais qui avait tu son grade, avait rencontré la mère déjà vieille d'Yves Kermadec qui lui avait raconté sa pauvre condition de femme de marin perdu par l'alcool et que la mort avait prématurément emporté. Des treize enfants qu'il lui avait laissé à élever, les garçons s'étaient faits marins, un peu forbans, déserteurs parfois.

Pour Yves c'était différent et cette pauvre femme fit promettre à Loti dont elle avait senti qu'il était différent des autres hommes de lui faire un serment. L'auteur à cette phrase merveilleuse et émouvante «  le regard anxieux et profond fixé sur moi me causait une impression étrange. C'était pourtant vrai que toutes les mères, quelle que soit la distance qui les séparent, ont, à certaines heures des expressions pareilles. Maintenant il me semblait que la mère d'Yves avait quelque chose de la mienne » et il ajoute « [je] jure de veiller sur lui toute ma vie comme [s'il] était mon frère ».

Dès lors Pierre Loti décrit leurs séparations et leurs retrouvailles au gré des affectations sur différents bâtiments, mais malgré ses grandes qualités d'homme et de marin, Yves retombait toujours, attiré par les cabarets et les bouges. « A cet instant il était irresponsable, il cédait à ses influences lointaines et mystérieuses qui lui venaient de son sang. Il subissait la loi de l'hérédité de toute une famille, de toute une race ».

Pierre Loti évoque la vie de ce marin, de cet homme humble qui finit par tenir la résolution qu'il avait prise de ne plus boire, de changer de vie, de se marier, d'avoir un enfant dont l'auteur sera le parrain, d'être un homme comme les autres dont la hiérarchie reconnaîtra cependant les mérites. C'est vrai que l'officier de marine Pierre Loti l'a protégé, a obtenu que certaines sanctions soient atténuées, l'a fait nommé « second »… Ces deux hommes que tout séparaient seront donc devenus frères au nom du respect de la parole donnée, un soir à une vieille dame.

Dans chaque roman, il y a l'histoire qui nous est racontée, mais il y a aussi la manière de le faire, le style. Ici aussi j'ai retrouvé des descriptions et des évocations aux accents de Zola, et je pense que Loti, déjà célèbre était bien modeste en écrivant à Alphonse Daudet à qui il dédia ce livre « Voici une petite histoire que je veux vous dédier, acceptez-la avec mon affection. ».

Je trouve en tout cas que cet écrivain majeur qu'est Pierre Loti a été trop longtemps injustement oublié. Son oeuvre mérite davantage d'attention et le cent cinquantième anniversaire de sa naissance qui tombe cette année en est sans aucun doute l'occasion.



© Hervé GAUTIER.
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Une histoire de camaraderie qui devient une histoire d'amitié et plus encore de fraternité - qu'importe qu'elle soit vraie, inspirée d'une histoire vraie, ou inventée par l'écrivain, qui unit deux hommes dans leur amour pour la mer et pour la Bretagne.
Ils ont le même âge, ils sont marins, mais l'un est un jeune officier, lettré, savant, qui commande, l'autre est un fils de matelots pauvres, qui obéit. Mais c'est un gabier, un de ceux qui montent et qui vivent dans les voiles, il a donc des compétences pratiques et techniques qui le distinguent des autres. Ils vont se rapprocher et s'aimer, allant jusqu'à devenir frères par serment solennels. le Narrateur insiste d'abord sur sa protection un peu teintée de supériorité, dans la position d'un Maître qui veut élever l'esprit de son élève, lui enseignant les sciences et la morale. Yves change effectivement progressivement à son contact, devenant plus grave, plus sobre, plus sentimental et écrivain aussi - car l'amour ne se dit pas chez ces marins pudiques, mais il peut s'écrire. Il y a ainsi un paragraphe émouvant où il n'ose écrire à Pierre, ne sachant pas quelle formule de politesse utiliser, celle qu'il prononce au fond du coeur n'étant pas celle qu'il ose coucher sur le papier. Yves se met donc à écrire lui aussi une sorte de journal de voyage lui aussi, allonge ses lettres à sa femme pour lui raconter des histoires... Mais lui aussi veille à sa manière sur Pierre, lui assurant le confort matériel dans la mesure du possible sur les navires, et, surtout, lui offrant ce qui lui manque, forcément puisque celui-ci n'en parle jamais : une famille et un foyer, dans le sens de l'endroit où l'on rêve revenir quand on est loin, car on y a laissé des souvenirs heureux et des personnes que l'on aime. Pierre a sa propre chambre dans la maison d'Yves, décorée, aménagée pour lui. En devenant le frère d'Yves, il devient le protecteur de sa femme, le parrain de son fils, il prie dans la même église de granit, apprend à aimer le même paysage désolé et austère de lande et de bruyère. On voit le passage progressif des saisons dans les descriptions sans cesse renouvelées du temps et des couleurs du ciel, de l'état de la végétation. Cette oeuvre est un hymne poétique à la Bretagne.
Les deux hommes sont unis par un goût pour la mer, pour la navigation, pour le voyage aussi. Là aussi, on peut parler de prose poétique pour tous ces paragraphes sur es beautés de la mer, sous la lune, sous la tempête, au coucher de soleil...
Un très beau livre pour la beauté de son écriture et la grandeur d'âme de ses personnages touchants.
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C'est l'un des avantages du Challenge Solidaire 2022 que de nous faire aller vers des auteurs complètement inconnus pour nous.
Mon frère Yves m'a permis une belle découverte de Pierre Loti de l'Académie Française.
C'est une belle histoire d'amitié entre deux hommes de condition différente, un officier de marine et un matelot breton sans grande éducation.
On découvre les difficiles conditions de vie des marins au 19e siècle et les ravages que l'alcool peut faire. Mais c'est surtout la poésie de la mer et de la Bretagne qui m'ont fait voyager et apprécier ce récit.
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La lecture de cet ouvrage, paru en 1883, est une très belle surprise. L'édition Calman-Lévy du vieil exemplaire en ma possession est datée de1925. le sujet principal du roman est l'amitié entre deux gens de mer, d'origine sociale et de grade différents.

Le texte est enrichi par de très nombreuses descriptions qui portent sur la vie des marins à bord et aux escales , sur la mer et le ciel, les poissons et les oiseaux, sur la Bretagne, ses côtes et ses campagnes, ses édifices religieux et ses Pardons, ses habitants, les bretons de la fin du XIXéme siècle.

Conclusions de très belles pages écrites dans un style fluide et agréable.
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Quelle belle plume que celle de Pierre Loti. C'est seulement ma deuxième lecture de cet auteur mais je suis toujours autant transportée.
Pourtant, exceptée la Bretagne, nous sommes bien loin des pécheurs d'Islande. L'auteur nous relate ici une histoire d'amitié (ou plus selon la lecture qu'on en fait) entre deux marins, unis face au "John Barleycorn" de Jack London, face à cette bouteille qui ne contient aucun message mais qu'ils aimeraient pourtant jeter à la mer pour ne jamais la voir revenir. Mais la bouteille a le pied marin et revient toujours à bon port...
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Mon frère Yves ou le récit d'une longue amitié entre deux marins , le narrateur, Pierre, et Yves, qu'il appellera "mon frère", et qu'il a juré de protéger . C'est la promesse qu'il a faite à sa mère, qui craint, à juste titre, les débordements de son fils.
Sur une dizaine d'années, entre voyages au long cours sur tous les océans du globe, et escales en Bretagne, Yves côtoiera fréquemment son protecteur : petit coup de pouce du destin, ils naviguent souvent sur le même bateau. Mais c'est lors des retours à terre que ses vieux démons viennent rôder autour d'Yves, qui s'enfonce dans des beuveries interminables, au point que lui, le marin exemplaire, est régulièrement mis aux fers pour ivresse. Il faut dire que la tentation est grande dans ces ports où l'alcool coule à flots, et que , dans sa famille, l'alcoolisme est un atavisme maudit. Or Yves est un faible, victime aussi d'une lourde hérédité, et Pierre l'a bien compris, comme avant lui sa mère, et plus tard, Marie, sa femme.
A force de patience, d'indulgence aussi, et parfois en le bousculant, Pierre le sobre va montrer à "son frère" la conduite qu'il attend de lui. Ce ne sera pas facile, il y aura de nouvelles tentations, des rechutes, des remords, mais Yves parviendra à acquérir une certaine sagesse et, peut-être, l'estime de soi.
Dommage que Pierre Loti, que je rangerais volontiers du côté des naturalistes, (bien qu'il s'en défende) soit tombé dans l'oubli. Ses pages concernant la rudesse de la vie des marins, leur courage face aux aléas climatiques, leur endurance, sa description de leur vie, coupée du monde, sous toutes les latitudes, sa connaissance du milieu marin et de sa faune si particulière, tout cela est très enrichissant, surtout quand on se rappelle que Pierre Loti fut lui-même engagé dans la Marine Nationale pendant plusieurs années.
Un auteur à redécouvrir...
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Un regal.ce livre est pour moi un de ces petits tresors que l'on decouvre au hasard lorsque l'on se penche sur l'oeuvre d'un auteur un peu oublié.Recit autobiographique,tres bien ecrit,il a garde toute sa force année après annee.Loti,academicien,a su faire passer sa passion de la mer dans ses pages et ce livre est pour moi une vraie réussite.
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Un seul regret, c'est que on ne connaisse plus le grand écrivain Pierre Loti, et membre De l'Académie Française il est tombé dans l'oubli fort malheureusement.
Dans ce roman-ci, la Bretagne du XIX-ième est si bien racontée, ses coutumes, ses traditions, ses paysages sauvages, et bien sur ses gens qui l'habitaient avec leurs costumes et vêtements de l'époque.
Ses marins surtout, Pierre et Yves son frères, et racontent leurs longs voyages en mer, bercés par les flots, charmés par les poissons volants, les rares frégates et bien loin de leurs familles dans les mers australes. Un bien beau voyage comme la découverte du vieux Brest avec cette lecture.
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