Pierre Loti semble avoir été un étrange voyageur amoureux. (Lisez sur Wikipedia la description de son mariage au Japon !) de nombreuses rencontres avec des femmes « exotiques »* il a tiré autant de romans du même qualificatif.
Je ne le connaissais que pour avoir beaucoup aimé
Les désenchantées, roman d'amour, où il mettait en scène un écrivain vieillissant, qui n'est plus séducteur volontaire mais toujours content de plaire, et déclaration d'amour à Istamboul presque plus qu'à ses femmes.
Le personnage
Ramuntcho ne porte pas le nom d'une des amoureuses de Loti, mais celui d'un de ses fils (non déclarés), né d'une liaison avec une femme basque, qu'il a emmenée dans sa ville natale. Et le roman raconte l'histoire du fils d'une pauvre basque. Sa mère a quitté son père, riche monsieur de la ville, avant qu'il ne l'abandonne tout à fait, pour revenir dans son village. Je ne peux pas m'empêcher de penser que Loti songe ici à un destin qu'aurait pu avoir son fils.
Mais j'ai assez joué les
Sainte-Beuve de troisième classe, revenons au texte. Vermeer fait remarquer sur Babelio que Loti y décrit un Pays Basque de carte postale (pelote et contrebande, rêve d'émigration) qui n'a guère plu aux basques. Pour moi, le problème essentiel est que l'auteur se regarde décrire en belles phrases, belles pages, beaux chapitres, cette région qu'il aime. Loti a été un auteur admiré, voire adulé, pour son style, il laisser glisser plume et imagination poétique pendant trop longtemps, et son intrigue fait l'escargot, ça ne bouge vraiment que pendant les dernières pages. La langue reste belle, mais ce n'est plus vraiment un roman, juste une situation : les amours contrariées d'un très jeune couple un peu stéréotypé.
Outre la langue, j'ai aimé la description de cette société basque et cette critique discrète des excès du catholicisme (sous la plume d'un protestant). Mais tout cela n'existe plus et n'a qu'un intérêt historique limité. Ma dernière question, en constatant qu'une version (bibliothèque verte) a été éditée pour les jeunes lecteurs dans la 2e moitié du XXe siècle : croyait-on encore aux effets moraux sur la jeunesse d'une telle lecture ?
*Bretons et Basques sont exotiques, pour Loti