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Jouant sur les intermittences du coeur et les scories de la mémoire.. .à moins que ce ne soit le contraire, Rosetta Loy tisse fort habilement une jolie toile où se piègent les passions.

Comme une araignée patiente, elle tend ses fils de soie, en avant, en arrière, au centre, sur les bords: les temps se mêlent, les non-dits, les pas -compris et les pas -vu-pas-pris dérobent la vérité dans un incessant jeu de cache-cache.

Les points de vue varient: tantôt celui d' une petite fille qui sent plus qu'elle ne comprend, celui d'une vieille dame injuste, égoïste et lucide qui juge plus qu'elle ne comprend , celui d'un adolescent complexé et jaloux qui se jette imprudemment dans le jeu des autres, celui d'une jeune femme que la vie a d'abord trop gâtée puis qu'elle accable sans pitié.

Le chocolat, lui, se fait attendre: on le dégustera à petites gorgées quand, la toile tissée, se mettra en place le dernier fil.

Et que se découvre l'ensemble de cette tapisserie au petit point...

Ne comptez pas sur moi pour vous raconter l'histoire: tout le charme de ce récit patiemment composé, comme les patchworks de nos grands-mères, en serait rompu...

C'est joli, subtil, bien écrit.

Cruel aussi.

La toile n'est pas seulement celle, habile, de la structure romanesque. C'est aussi la grande toile d'araignée de l'Histoire, celle d'une Italie soumise aux lois raciales. Les Juifs sont traqués - exclus, pourchassés et indésirables jusque dans cette Suisse limitrophe, proprette et ripolinée, avec ses chalets faussement rustiques où les grandes bourgeoises revêtent pulls à torsades ou dirndl pour faire couleur locale...un piège à elle toute seule, la Suisse, avec ses faux airs d'abri intangible, de sanctuaire pour bergers au coeur pur!

Tendre et cruel...oui, ce livre italien a un petit air fitzgeraldien avec ses amours passionnées et pas toujours partagées, marquées du sceau du scandale, et même du meurtre. .. ou masquées par des foulards de soie et des rideaux de larmes.

Ou noyées avec distinction dans un chocolat chaud, bu du bout des lèvres, chez Hanselmann..
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Cioccolara da Hanselmann paru en 1985,
est le deuxième roman de Rosette Loy après le grand succès de "La parola ebreo" .
Ici, le temps et l'espace sont très importants. Les nombreux passages entre présent et passé brisent le rythme de la narration qui n'a rien de linéaire.
L'histoire se développe autour des personnages féminins : la description de leurs sentiments et de leurs émotions. Les hommes sont présents, sans être approfondis.
Je ne parle pas des femmes, elles sont sur la quatrième de couverture !

Ce sont les années trente, les lois raciales, les persécutions. Pour illustrer son propos, l'auteur introduit un jeune et séduisant scientifique juif qui refuse d'être un "pourchassé" et tient à conserver sa dignité.
Il sera à Rome, chez l'aînée, en Suisse, chez la seconde.
Malheureusement, la sérénité de la tranquille demeure, près de Saint-Moritz, ne peut faire oublier les horreurs de la guerre.

J'ai aimé ce roman, son atmosphère, l'empathie de l'auteur pour les persécutés de ces années noires.
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Que celles et ceux qui, par le titre alléchés, salivent déjà, je suis au regret de leur dire qu'hélas ils ne friseront pas l'indigestion chocolatée en dégustant ce roman.

L'intrigue se déroule près de la frontière italienne, dans une Suisse à peine éclaboussée par les soubresauts de la Seconde Guerre mondiale, plus exactement à Chesa Silviscina, petit paradis entouré de lacs et de montagnes, où vit Madame Arnitz. Autour d'elle gravite toute une jeunesse insouciante dont elle aime à s'entourer, parmi laquelle ses filles Isabella et Margot ainsi que leurs amis.
L'équilibre doré se brise le jour où Isabella introduit Arturo, jeune professeur juif venu ici incognito, se mettre à l'abri des lois antisémites italiennes. Margot et Arturo vont s'amouracher l'un de l'autre ce qui provoquera un drame et précipitera leur fuite.
Des années plus tard, la fille d'Isabella va tenter de reconstituer cet épisode auquel sa mère, aujourd'hui disparue, a pris part.

Chassés croisés amoureux, dévoilements familiaux distillés au compte-gouttes, dédale de témoignages entrecroisés à diverses époques jusqu'aux dernières pages où, tel un nom de code, le chocolat chez Hanselmann tant attendu livre un ultime éclairage.
Ce roman est à l'image de la Suisse, à savoir une intrigue calfeutrée narrée sur un ton presque bénin mais lourd de sous-entendus et qui ne se révèle pas facilement.

Une histoire plutôt bien écrite même si le montage est complexe (je me suis plus d'une fois égarée dans les époques) pour, au final, une révélation qui n'en est pas vraiment une et n'a rien de fracassant.
L'atout de ce livre réside dans cette atmosphère particulière, un brin surannée, qui fait le fameux charme discret de la bourgeoisie et qui contraste avec le contexte dramatique de l'époque.

Je suis donc restée un peu sur ma faim tout en appréciant l'arrière-fond historique.


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C'est un livre qui se déguste , par petites touches .L'auteure se plait à nous promener du présent au passé tout en nous délivrant au compte gouttes des épisodes de la vie des personnages . C'est seulement à la fin du livre qu'on comprends toute l'histoire et que toutes les pièces du puzzle s'emboitent . Ce livre m'a été prêté par une amie et j'envisage de l'acheter pour pouvoir le relire car je suis sûre que j'ai encore des choses à y découvrir maintenant que je l'ai terminé .
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Difficile pour moi de parler de ce livre tellement il m'a peu parlé justement...Un ton froid, descriptif même au niveau émotionnel. Peut être un partie pris pas l'auteure mais je m'y suis ennuyée.Pourtant le propos était intéressant.
La construction du livre n'aide pas non plus à suivre le fil et je me suis plus perdue que dans 100 ans de solitude qui lui pour le coup compte un maximum de personnages.
Il faudrait que je lise un autre livre de cette auteure pour savoir si c'est ce livre qui ne m'a pas plu ou si l'auteure.
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Il faut attendre les dernières pages du chocolat de chez Hanselmann pour avoir le sens du titre, mais on ne s'ennuie pas en chemin. Les cartes du temps ne sont pas vraiment brouillées, puisqu'on passe des années d'avant guerre à celles de la guerre, puis à l'après.
Mais la construction du roman tient du relief karstique :
L'« histoire se perd et resurgit par endroits comme ces rivières karstiques qui creusent leur chemin dans la roche et n'apparaissent que rarement à la lumière du soleil ».
Entre temps, on était en Italie, dans les montagnes suisses, en France ou aux États-Unis, en suivant les personnages sur lesquels Rosetta Loy ne nous dit pas tout, mais on les « sent ».
Plus tard, au cours du récit, ils diront - ou ne diront pas, leurs secrets.
On attend que les fleurs s'épanouissent. C'est délicieux.
Avec Rosetta Loy on passe d'un personnage à un autre, aussi naturellement que s'ils s'invitaient dans le récit. Ils évoluent avec en arrière-fond la complexité d'une famille et les turbulences de l'histoire .
Les scènes familiales comme les plus privées sont vues avec sensualité et discrétion par des regards d'enfants qui taisent - et devinent.
On passe avec ces jolies créatures de merveilleux moments d'attente et de silence, complices de leurs relations multiples.
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Un chocolat chez Hanselmann, paru en 1995, est le second roman de Rosetta Loy. Ce récit met en scène une famille italienne qui a fuit le fascisme pour se réfugier en Suisse. Dans ce milieu de la haute aristocratie, on se préoccupe essentiellement de mondanités, de ski et de musique en oubliant la seconde guerre mondiale. Dans les montagnes suisses, Mme Arnitz, aujourd'hui grand-mère, avait imaginé des "destins" pour ses filles mais Isabella, sa fille aînée, est partie très jeune se marier à Rome et Margot vit encore dans la grande maison de famille. La vie amoureuse agitée et compliquée de cette grande bourgeoise catholique ont laissé des traces incidieuses et conflictuelles chez ses enfants naturels ou adoptifs, et l'arrivée du Docteur Cohen, réfugié juif, ami d'Isabella, transformera les non-dits en guerre de religion à l'échelle privée.
Un chocolat chez Hanselmann n'est pas à proprement parlé un récit historique. C'est avant tout une histoire de famille sur fond de Seconde Guerre Mondiale et de persécutions juives. Les différents points de vue narratifs donnent du relief et de la dynamique au récit. Ils amènent peu à peu la lumière sur les mystères qui planent; démêlant au fur et à mesure les secrets de la famille de Mme Arnitz. Les non-dits et les sous-entendus pèsent sur le lecteur qui ressent l'ambiance à la fois feutrée et pesante du roman. le flou entretenu autour des relations entre les personnages nous maintient dans l'attente du dénouement. Très beau livre.
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Roman d'atmosphère !
Ici l'auteur nous propose conflits familiaux, intrigues, vieilles pesanteurs.
Avant, pendant et après guerre, des relents d'antisémitisme de haine...
Passions et jalousies au menu.Tout cela se chevauche, s'imbrique et se délite dans ce roman que je serai tenté de qualifier d'immobilisme.
Bof !
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