« Ce n'est pas juste une histoire de cheveux. C'est mon histoire. »
D'où le titre à double sens, '
Racines', puisque
Lou Lubie est créole, comme en témoigne sa chevelure au naturel, mais pas sa peau - blanche.
« En revenant au cheveu naturel, j'avais comblé l'écart douloureux entre l'identité que je renvoyais au monde et mon identité profonde. Je me sentais enfin alignée avec moi-même. »
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Moi qui porte les cheveux courts depuis plus de trente ans, qui ne les mèche plus depuis le Covid ('pour mettre de la lumière dans ce terne, madame'), qui vais les faire recouper à reculons toutes les six semaines, qui les coiffe rapido après le shampoing avec peigne et doigts, qui ai des bouclettes sur le front et des baguettes ailleurs (et les coiffeurs n'ont jamais vu ça, c'est fou 😮)... je ne pensais pas me passionner à ce point pour des histoires de cheveux dans un album BD de deux cents pages.
Mais je fais confiance à
Lou Lubie pour me captiver (cf. '
Et à la fin, ils meurent', et '
Goupil ou face'), d'où ce choix lors de la dernière Masse critique Bbl.
Je suis intriguée aussi par le temps passé par mes collègues aux cheveux frisés/crêpus pour s'échanger des astuces de lissage, des bons plans, etc., alors que je les trouve tellement mignonnes au naturel, le visage encadré d'une douceur floue, plutôt qu'avec une coiffure stricte/lissée/tirée en arrière.
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Bref, l'auteure fait parfaitement le tour de la question, évoquant ses origines créoles, les modèles européens/occidentaux à suivre (remontant à la colonisation et les conneries de prétendue supériorité des 'blancs'), le regard des autres, les réflexions désagréables, les dangers pour la peau des produits de lissage, les salons de coiffure 'spécialisés', le temps passé pour l'entretien au quotidien...
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L'album est complet, intelligent, sans complaisance, plein d'auto-dérision.
J'aime beaucoup, aussi, le relief de la couverture.
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Merci à Babelio et aux éditions Delcourt.