Ce tome comprend les épisodes 13 à 18 de la série.
Dara Brighton fait la une de tous les journaux télévisés qui commentent sa réapparition (alors que les autorités avaient annoncé sa mort) et son combat spectaculaire contre Zakros. Knossos (terre) et Malia (air) échangent leurs points de vue sur la stratégie à adopter pour récupérer leur épée, sans subir le sort de leur frère. Dara interroge à nouveau Justin pour qu'il fouille ses souvenirs des cours de Demetrios sur la localisation de Knossos. Ayant estimé son lieu de villégiature le plus probable, Dara, Justin et Julie se rendent au Mexique pour le trouver et le tuer (un plan simple comme bonjour). Il s'avère que Knossos est à la tête d'un cartel de la drogue florissant et très rentable. L'atteindre pour l'affronter semble compliqué et hasardeux.
Et bien oui, les frères Luna reprennent exactement la même trame que dans le tome précédent : Dara cherche l'un des 4, voyage avec ses amis et se bat contre lui. Comme dans le tome précédent, la première partie présente des maladresses incroyables pour des professionnels comme eux. À nouveau, Justin dispose de juste ce qu'il faut d'informations pour retrouver Knossos, mais pas tout à fait assez. Donc les scénaristes ne se fatiguent pas trop : ils se servent de ce personnage artificiel et superficiel pour relancer le scénario et faire accéder Dara à la prochaine étape de sa vengeance. Deuxième péripétie déconcertante d'incohérence, Dara, Julie et Justin ne rencontrent aucune difficulté à voyager comme passagers clandestins de Nassau au Mexique, alors que le voyage vers Nassau avait semblé insurmontable. Enfin, une fois arrivés à Mexico, ils retrouvent Knossos simplement en assistant à un deal de drogues et en suivant le porteur de l'argent jusqu'à son contact qu'ils suivent à son tour et ainsi de suite jusqu'à Knossos. À ce niveau d'invraisemblance, je ne comprends pas pourquoi les frères Luna n'ont pas choisi de faire dire à Justin l'adresse exacte, ou pourquoi Knossos n'aurait pas été listé dans l'annuaire. À ma grande surprise, les pouvoirs sur la terre de Knossos lui permettent de créer de la drogue tout seul, sans aucune justification logique. Enfin, il faut voir les illustrations des rues de Mexico pour croire qu'un tel niveau de naïveté et d'ingénuité puisse exister chez des dessinateurs professionnels. Toutes les rues sont larges, propres, sans aucun habitant, pas de foule, juste un décor vide pour les 3 héros.
Et comme dans le tome précédent, dès que le combat s'engage entre Dara et Knossos, le récit devient intense, prenant et sauvage. En fait le déclic se produit juste après la première escarmouche, à la première page de l'épisode 15 : un homme est en train de se confier à sa psychothérapeute. Il dit sa peur du lendemain, en opposant son optimisme naturel (insensible à toutes les Cassandre prédisant la fin du monde du fait des guerres, des meurtres, des catastrophes naturelles, des chefs corrompus, etc.) à l'apparition de ces êtres aux pouvoirs incommensurables. Tout à coup les frères Luna reviennent à l'idée de remettre du sens dans ces combats et ça marche. Cette scène est illustrée de manière simple avec seule la silhouette assise du patient qui parle, sans que le lecteur ne voie le thérapeute, simple, efficace et même élégant.
Les frères Luna reviennent également par deux fois à la vie antérieure de Dara (avant l'assassinat de ses parents et de sa soeur). Comme dans le tome précédent, il apparaît que la condition d'handicapée de Dara n'était pas qu'un simple truc vite oublié, mais une composante fondamentale de la formation de son caractère. Effectivement, ils semblent avoir recours à une facilité en utilisant le célèbre principe de "quand on veut, on peut". Mais même l'utilisation de ce poncif débouche sur des conséquences pour Dara. Elle est poussée par un sentiment très fort (la vengeance) et elle sacrifie tout pour atteindre son objectif ; ses actions la transforment. Sur ce dernier point, les illustrations permettent aux auteurs de décrire d'atroces mutilations, sans être trop gore. J'aurais du mal à oublier Dara en train de se faire arracher la mâchoire inférieure, ou en train de s'automutiler pour mieux triompher (un spectacle éprouvant).
Et il y a ce combat sans merci qui s'étale sur 3 épisodes. Les frères Luna réussissent à éviter la répétition par rapport à celui contre Zakros. Knossos utilise son pouvoir de manière inventive. Comme toujours avec les frères Luna, certaines illustrations font mouche, et d'autres semblent complètement irréalistes (par exemple le coup du ricochet avec une demi-montagne). Globalement les différentes phases du combat sont fascinantes et répugnantes et totalement prenantes puisque les motivations des 2 combattants sont explicites et crédibles.
Avec ce tome, les frères Luna refont le tome précédant, mais sans tomber dans la redite. Il y a toujours autant de maladresses graphiques et scénaristiques au début, et autant de tension, de brutalité et d'horreurs pendant le combat. La personnalité de Dara évolue sous les yeux du lecteur, en douceur, de manière naturelle, comme une parabole brutale de la condition d'adulte.
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Seigneur, ce n'est pas la Dara que je connais ! Comme si la puissance de l'épée t'avait limité ta perception ! Réfléchis à ce que tu fais ! Tu veux mourir ?!
- JE SUIS DÉJÀ MORTE !
Maintenant ? Je pense que je te mettrai bien cette épée dans le cul.