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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En ce 24 avril, Marie débute un journal intime. Paul, son mari depuis des lustres, a décidé de se porter candidat aux élections présidentielles. Bien sûr, il lui faudra au préalable emporter les primaires de son parti, et ce malgré des sondages très défavorables…
En trois actes sur fond de Traviata, Caroline Lunoir, que je lis ici pour la première fois mais dont c'est le quatrième roman, nous raconte deux années tumultueuses.
On les connaît, on vient de les vivre.
Bien sûr, ses personnages sont un mélange de plusieurs hommes et femmes politiques et le destin qu'elle leur donne s'éloigne de la réalité, mais en Marie on pense beaucoup à Pénélope, forcément.
Mais pas seulement.
Le tout exerce une réelle fascination et entraîne des sentiments disparates. C'est une comédie acide qui nous fait hésiter entre la commisération et l'exaspération, que j'ai pour ma part lue d'une traite, totalement captive.
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Le journal intime de celle qui aspire à devenir «Première dame» va nous faire vivre une campagne implacable.
Il y a les récits qui racontent l'ascension d'un homme vers le pouvoir, ces «romans» confiés à Yasmina Reza par Nicolas Sarkozy (L'aube le soir ou la nuit), à Laurent Binet par François Hollande (Rien ne se passe comme prévu) et à Philippe Besson par Emmanuel Macron (Un personnage de roman). Plus que des romans, ce sont davantage des hagiographies. Il y a ensuite la variante satirique, chasse gardée de Patrick Rambaud qui vient de publier Emmanuel le magnifique, premier tome consacré à la première année d'Emmanuel Macron à l'Elysée.
Mais, aussi réussis qu'ils puissent l'être, ces livres ne donnent qu'un point de vue extérieur – d'observateur – sur la vie de l'homme politique qui décide de s'attaquer à la fonction suprême. Grâce à Caroline Lunoir, on a enfin vision «de l'intérieur» de ce parcours, de cette épreuve. Car, n'en doutons pas, une campagne présidentielle est une épreuve terrible.
Quand Paul annonce à son épouse Marie et à ses enfants Violaine, Clothilde, Solenn et Victor qu'il va se présenter aux primaires de son parti, c'est tout naturellement la fierté et l'excitation qui l'emportent. Mais au fil des pages, les émotions vont bien vite se transformer, à la faveur des coups reçus et que Marie va nous détailler dans un cahier de campagne: «Je tiens mon journal avec des pudeurs de midinette. Je ne crois pas que Paul connaisse l'existence de ce cahier. Je ne sais pas ce qu'il en penserait. Y verrait‑il une coquetterie ou une menace?»
La romancière a subtilement brouillé les cartes. En mêlant habilement des épisodes qui ont parsemé les dernières campagnes présidentielles, elle donne de la crédibilité à son propos, mais en donnant des noms de fantaisie aux acteurs, elle évite le petit jeu de masques. Car il ne s'agit pas de trouver derrière Stéphanie L. (candidate d'extrême-droite) ou derrière Nathalie M. (à gauche) des personnalités connues, mais plutôt des archétypes.
Les jours passent et les médias s'en donnent à coeur joie, commençant à chercher des poux dans la biographie du candidat. Un article évoquant des comptes bancaires à l'étranger va mettre le feu aux poudres et conduite jusqu'à une perquisition traumatisante, notamment pour les enfants également inquiétés.
Marie souffre et écrit dans son journal: «le pays entier me considère comme une tricheuse, qui a dissimulé sa fortune dans un paradis fiscal et qui a volé le trésor public». le coup est rude, mais ne la secouera pas autant que la révélation d'une liaison entre son mari et Marion, son éditrice. Si leur union vacille, elle va tenir. Car Marie se prend au jeu et voit la dynamique enclenchée.
«Paul a triomphé au second tour de la primaire, emportant avec lui les militants et des millions de voix. C'est écrit. Il sera le candidat à la présidentielle de notre parti. Ma main tremble un peu. Il paraît que cette élection présidentielle, après cinq ans de gouvernement par l'opposition, la déroute de Régis B. et les luttes fratricides qui déchirent désormais son parti laissé sans candidat officiel, est imperdable. Ce soir, ma joie, notre joie, connaît aussi le poids de la responsabilité qui nous échoit. Cher pays, mon Paul, je répondrai présente, autant que je le pourrai.»
Après les primaires, un autre match s'annonce, encore plus galvanisant, mais encore plus violent. Et le mot d'ordre est alors «Tenir».
Je vous laisse découvrir le dénouement de ce roman qui vous fera pénétrer dans l'intimité d'un couple, vous initiera aux jeux de pouvoir et ne vous laissera rien caché des tourments de l'âme de la Première dame.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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La première dame, objet de tous les regards, fantasmes et "unes" de magazines est-elle un bon personnage romanesque ? Que se cache-t-il derrière les sourires de façade, les tenues impeccables et la photo de famille idéale ? On imagine sans peine la fascination du romancier - ou ici de la romancière - pour toutes les zones d'ombre, les non-dits, la réalité derrière la fiction de l'image publique tricotée pour les médias. Il faut dire que ces dernières années, les premières dames ont pas mal squatté l'actualité entre affaires, infidélités et autres rebondissements. Une matière vraiment très inspirante...

Et une matière dont s'empare Caroline Lunoir avec une certaine férocité qui fait le piquant de ce récit tout en crescendo, et qui se lit d'une traite. La forme choisie, celle du Journal tenu par Marie, donne le sentiment d'un compte à rebours et renforce l'intensité dramatique. Pourtant, au début, tout va pour le mieux. Paul a derrière lui une belle carrière politique, Marie s'est éloignée de sa vie professionnelle pour se consacrer à Paul et à leurs quatre enfants désormais adultes, alors quand Paul annonce sa candidature à la primaire de son parti en vue de l'élection présidentielle, tout le monde fait corps derrière lui avec un bel enthousiasme. Marie inaugure ce cahier afin d'y consigner les étapes qui conduiront la famille à l'Elysée, dans moins de deux ans. Néanmoins, le chemin va se révéler non seulement semé d'embûches mais surtout riche en révélations sur les membres de cette belle famille modèle. La résistance de Marie va être mise à rude épreuve car, même si elle n'ignore pas que la politique est un terrain miné, elle est bien loin d'en imaginer la violence dès lors que les enjeux concernent le plus haut sommet de l'état. Et que les placards regorgent de petits secrets qui ne demandent qu'à nourrir les media affamés...

Caroline Lunoir bâtit une fiction en s'inspirant du vrai (aperçu dans les media), en mélangeant les époques et les actions de personnages réels pour en bâtir d'autres, totalement fictifs mais pour le coup assez chargés. Ce qui se révèle amusant et contribue à ancrer son récit dans la réalité. Mais ce qui l'intéresse, c'est Marie. Son caractère, ses motivations, ses réactions face aux immondices qui se déversent sur elle. Ses faiblesses et surtout sa force. Une force qui de par son rôle d'épouse de, dans l'ombre de, est restée sagement planquée derrière celle affichée de l'homme. Sous-estimée, sans doute. Aussi bien par elle-même que par ses proches... et leurs adversaires.

Première dame est un roman féroce, servi par une narration implacable où se mêlent la comédie du pouvoir, le jeu des apparences, le cynisme de tous les acteurs concernés et le travail d'introspection d'une femme dans la tempête. Dont on ressort avec une question : la fiction dépasse-t-elle la réalité ou inversement ?
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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