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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Les eaux ont beau couler dans tous les sens le sable restera toujours au fond ».
Proverbe géorgien

On s'fait pas d'bile ici, le pays est qualifié pour l'Euro de football en juin prochain pour la première fois de son existence !

Ah oui, la Géorgie fait partie de l'Europe ?
Bah, comme l'Arménie, la situation est Caucase, n'est-il pas ?
Et l'Azerbaïdjan ?
Mais non enfin, pas très chrétien, ça rime avec musulman, faut pas pousser quand même…

La géopolitique et la géographie ne font pas toujours bon ménage. Il y a parfois des ambitions hégémoniques.
Egée comme la mer ?
Je dirais plutôt Noire la mer, très amère même…
Y a des petits pays qui résistent en boule.
Non non, pas la Turquie, c'est un grand pays qui bosse fort. Je parlais de l'Ukraine.
Pas si petit que ça, grand comme la France.
Euh... ça, c'était avant, y a des territoires perdus, enfin, pas pour tout l'monde…

Oh, c'est y pas pareil en Géorgie ?
Tout juste, Transnistrie – Abkhazie, même combat.
Y a une autre rime : Staline – Poutine !
Au fait, il vient faire quoi là-dedans, Staline ?
Il est né en Géorgie.
A force de ramer en Mer Noire, j'en oublierais la baignoire.
Ah oui, le supplice des « terroristes »…
Et aussi la vraie « baignoire bleue » trouvée dans la datcha de Staline.

« J'ai conçu ce roman comme un modeste hommage au peuple indocile et bagarreur de la Géorgie qui, malgré, malgré des siècles d'adversité, reste debout face à L Histoire ».

Vous l'aurez compris, il n'y a pas que la mer qui est noire, le roman aussi.
Et rien de tel que la Géorgie pour y mener une enquête policière sur le territoire d'espions en tous genres.
Petit pays de seulement quatre millions d'habitants, entouré de montagnes et de puissants voisins, entre musulmans et russes, difficile de résister aux assauts expansionnistes.
Sionistes ?
Non, avec deux n, car la haine est double, venant du Nord et du Sud.
On peut comprendre que les Russes aient envie de plus de soleil et de mer, Sotchi c'est trop p'tit ! Soukhoumi et Batoumi, ça fait plus de sable.
Sans oublier tous ces plats en i qui changent du borch : khinkalis, koupatis, tchakapoulis, satsivis, ça change la vie…
Et tous les vignobles loin d'être ignobles, alors pourquoi attendre en vain…


« Il fallait avoir un coeur de montagnard bien accroché pour engloutir de telles quantités de saucisses épicées. Au goût, le koupati rappelait à la fois le boudin noir et l'andouille de Vire. Turpin se dit avec effroi que son taux de cholestérol allait encore faire un bond. le professeur remplit leurs verres de vin doux … »

Seulement, à la fin de l'URSS, toutes ces richesses ont été accaparées par des oligarques qui voulaient se faire une place au soleil.

Et puis ce roman, c'est un polar collector. Publié après la mort de son auteur, décédé brutalement. Renaud Liautey y a séjourné comme ambassadeur.
Et il s'est mis en scène dans ce Caucase à travers le personnage de René Turpin, français attaché à l'ambassade de Tbilissi. Mais il va être vite détaché pour remplacer le consul absent et assister les enquêteurs locaux.

« Nougo Shenguelia n'aimait pas les scènes de crime. C'était moins leur côté morbide que le sentiment d'être arrivé trop tard qui le perturbait. Une scène de crime représentait toujours une défaite. Un meurtre qu'on n'était pas parvenu à prévenir ».

Un citoyen français retrouvé trucidé dans sa chambre d'hôtel. Turpin et Shenguelia vont unir leur force et leurs réseaux pour découvrir quels intérêts le professeur exilé avait bien pu gêner pour finir étranglé par une cordelette de nylon.

Une enquête passionnante, un style fluide et entraînant, des détails minutieux qui nous apprennent la douceur des habitants cachée derrière leur âpreté montagnarde, les banquets et les chants, ainsi que la nature grandiose et intacte malgré le passé soviétique. Avec un personnage principal qui semble emprunter de nombreux traits à son auteur.

«  Il songeait avec mélancolie au moment où il lui faudrait quitter son poste, dans quelques semaines, après quatre années de séjour. Il avait aimé ce pays.
A la violence des moeurs caucasiennes répondait une nonchalance orientale dont on s'imprégnait pas à pas, sans hâte, avec la satisfaction de celui qui vient de loin et qui est bien accueilli ». 

Lire ce roman, c'est faire une halte dans la plus grande ville thermale au monde, Tskaltoubo, abandonnée depuis la chute de l'URSS.
Lire ce roman, c'est faire un voyage dans le temps à la rencontre de l'agent secret britannique Philby.

L'auteur a su allier le véridique et la fiction au point qu'il arrive de ne plus se rendre compte qu'on lit un polar. L'énigme en mode espionnage est pleine de rebondissements, et on apprend tout un tas d'anecdotes sur la vie dans ce pays.

Un an après la parution de ce livre sur l'histoire de la Géorgie, l'Ukraine était à son tour envahie. 20 % du territoire de ces deux pays sont occupés.
Bis repetita.
La Mer noire est saline, la baignoire de Staline, le plein d'adrénaline.

Hommage des parents de l'auteur :

« Toujours tu as affirmé
une irrépressible liberté.

Tu témoignes encore... »
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Généralement quand je lis le mot "espionnage", je me détourne aussitôt d'un livre, car c'est un sujet qui ne m'intéresse pas du tout et en plus, souvent, je n'y comprends rien, entre les espions, les agents double voire triple...
Je n'avais donc aucune envie de découvrir ce roman, mais en lisant par hasard une critique, j'ai finalement eu l'impression que ce roman pourrait me plaire.
On est transporté en Géorgie, le pays, pas l'état américain, et on va suivre l'enquête liée au meurtre d'un jeune français, survenue dans un hôtel de la capitale.
L'affaire sera menée par un policier, accompagné d'un conseiller de l'ambassade, ce qui change un peu.
J'ai bien aimé découvrir l'évocation de la vie dans cette région durant la guerre froide, les références à Staline et aux vieux secrets surgis du passé.
Le roman n'est finalement pas vraiment un roman d'espionnage, du moins, il n'est pas compliqué à suivre.
Les personnages ne sont pas très développés, ce qui m'a un peu frustrée, mais c'est un choix de l'auteur.
Un roman plaisant qui a le mérite de ne pas être un roman policier tout à fait classique, car on apprend de choses sur ce pays, sur son passé et sur des personnages ayant réellement existé.
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Ah, c'est un vrai plaisir de recevoir un tel bon petit roman de la part des Éditions du Seuil, merci à elles et à l'initiative de l'opération Masse Critique de Babelio.

Un roman écrit par Renaud Lyautey, un jeune diplomate français, qui nous emmène dans un pays de l'ex-URSS, la Géorgie, un pays dans lequel il fut ambassadeur, et pour lequel il a , c'est manifeste et touchant, beaucoup d'amour, y compris pour la gastronomie, car nous nous asseyons souvent à table avec le héros de l'histoire, lui aussi jeune diplomate.

Comme c'est un roman policier sur fond d'histoire d'espionnage, je ne raconterai pas en détail l'intrigue, ce ne serait pas gentil pour le futur lecteur! Sachez seulement que le point de départ c'est, suite au meurtre énigmatique d'un jeune chercheur français, Sébastien Rouvre, une enquête policière dans laquelle vont collaborer principalement un inspecteur géorgien, Nougo Shenguelia, et un jeune conseiller de l'ambassade de France, René Turpin. Meurtre suivi de celui de deux autres personnages sans lien apparent avec le premier, mais sur le même mode opératoire.

A partir de là, l'enquête va remonter l'histoire de l'espionnage de l'ère soviétique, en faisant un détour par la baignoire de Staline, et en évoquant les heures glauques du KGB, les agents doubles, etc…

L'intrigue est vraiment bien menée, pleine de rebondissements, les personnages principaux sont attachants, et il y a plein de personnages secondaires bien campés, et parfois bien comiques, malgré eux, ainsi l'ambassadeur.

Et, en fin de compte, ce roman nous révèle la paranoïa toujours présente au sein de la « machinerie » des services secrets russes.
Et ça fait inévitablement penser à la paranoïa d'un de ses anciens membres, un certain Vladimir dont je tairai le nom.
Ça m'a fait aussi penser à tous ces ex- espions, opposants, journalistes, éliminés par empoisonnements et autres élégants procédés.

Le roman, achevé en 2021, rappelle souvent à notre bon souvenir les méfaits du grand frère russe, et le fait qu'il a annexé en 2011, 20% du territoire de la Géorgie. En 2022, on sait que ça n'est pas fini, cette volonté paranoïaque d'annexion.

En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce roman au rythme alerte, aux personnages (et aux plats! ) pleins de consistance, qui nous fait poser un regard d'empathie sur un pays de l'ex-Union Soviétique qui gagne à être connu.
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Ce roman policier écrit par un diplomate de carrière, dont le vrai nom est Renaud Salins, fait la part belle à … un diplomate : René Turpin, attaché à l'ambassade de France en Géorgie.

Un jeune précepteur français vient d'être assassiné à Tbilissi. Les autorités veulent montrer qu'elles prennent le sujet au sérieux et demandent à l'inspecteur Nougo Shenguelia, francophone, de permettre aux représentants de l'ambassade de France d'assister aux premières constatations. Voilà donc Turpin associé à l'enquête, ce qui n'est pas pour lui déplaire. Plusieurs pistes sont suivies par le duo : oligarque véreux, potentielle fiancée dans l'ancienne ville thermale de Tskaltubo, là où Staline passait des séjours, trafic de biens culturels… Mais c'est avec un deuxième meurtre, commis avec le même mode opératoire, que l'enquête va se réorienter.

La présentation de la Géorgie limite ce pays du Caucase à quelques paysages, beaucoup de cuisine et aux sympathiques habitants. La présence d'une mafia organisée, les VoR n'y est qu'à peine évoquée. La mainmise de Staline et plusieurs autres caucasiens (dont Beria) sur l'ancien pouvoir soviétique sont eux plus détaillés.

Pas d'action trépidante à attendre de ce roman. Pas de scoop non plus, même si l'auteur y fait une petite incursion dans le monde des services secrets, des agents doubles,, voire triples.

L'intrigue se laisse lire, sans éclats, ni sueurs froides. Parmi les livres de l'ambassadeur, je préfère les Ferrero... pardon la série de Jean-Christophe Rufin autour d'Aurel le consul, tout aussi tranquille, mais dotée de pas mal d'humour et de second degré.
Renaud S. Lyautey est décédé avant la publication de ce livre. Il était l'auteur d'un autre roman Les saisons inversées, mettant lui aussi en scène René Turpin.
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Sympa.
La baignoire de Staline est en gentil petit roman noir qui nous permet de revivre l'époque des espions, des agents doubles.
Le meurtre d'un étudiant français en Georgie est prétexte à revoir la vie de Kim Philby, un des plus célèbre agent double du MI6.
Il nous permet d'appréhender aussi l'âme slave, la vie sous l'empire communiste, la guerre froide.
Ce n'est pas un essai, ni un livre d'histoire mais le roman est assez bien ficelé. Bref, une petite distraction qui ne mange pas de pain et qui se lit bien vite.
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Cette histoire qui se passe en 2009 en Georgie a plusieurs mérites . D'abord d'être une lecture plaisante , ce qui est à mes yeux un atout essentiel ...
Ensuite il met au devant de la scène une autre ex-république de l'URSS , berceau de Staline et un peu oubliée depuis les événements en Ukraine mais qui a également lutté contre son puissant et encombrant voisin .

Le roman montre aussi la difficulté de s'affranchir du passé communiste avec des conséquences toujours à l'affut de la moindre égratignure .

Lorsque le corps sans vie d'un homme jeune, Sébastien Rouvre est découvert à l'Hôtel Marriott de Tbilissi, la capitale de la Georgie, les policiers sont dans l'embarras car il s'agit d'un jeune français . L'enquête est confiée à Nougo Shengelia , diplômé de l'école de police de Saint-Cyr et l'Ambassade de France, prévenue du décès d'un de ses ressortissants envoie René Turpin, premier conseiller.

Les deux hommes vont mener les investigations ensemble . Les premiers éléments de l'enquête les entrainent d'abord dans une ancienne ville thermale, Skaltubo, qui bénéficiait d'une bonne réputation à l'époque stalinienne d'autant plus que Staline y avait une datcha . C'est dans les vestiges de cette demeure que se trouvait la fameuse baignoire . Mais je n'en dirais pas plus sur son sort...

L'affaire prend un autre tournant lorsque de nouveaux meurtres surviennent mais concernant , cette fois, des georgiens dont un ancien dignitaire communiste .

Les deux personnages principaux attirent rapidement la sympathie du lecteur . le jeune policier , d'origine abkhaze se remet mal de l'exil de sa famille et le conseiller René Turpin est un homme assez dépressif, attaché à ce pays et qui a lié de forts liens d'amitié avec son voisin , un vieux communiste qui lui fait connaitre les meilleurs plats géorgiens dont la description au cours du roman fait saliver( ou pas ... ).
On plonge avec eux dans le passé de la guerre froide avec ses espions , le KGB et autres et les tentacules invisibles qui planent encore .

L'auteur , ancien diplomate connaissait donc bien le milieu des ambassades , et j'ai aimé ce roman plus pour son atmosphère que par l'enquête en elle-même .
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Sagamo mshvidobisa ! Une lecture géopolitique et historique pour ambiancer Novembre. La Baignoire de Staline est un policier pas mal ficelé du tout, qui, une fois fini, laisse malgré tout une certaine frustration.

Nous sommes à la fin du printemps 2009, peu de temps après l'invasion d'une partie du territoire géorgien par la Russie (c'est un poil plus compliqué que cela, mais étrangement, ça nous rappelle quelque chose, tiens). Sébastien Rouvre, jeune français rédigeant sa thèse à Tbilissi, est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel. Pire ! Il a été assassiné. Par qui ? Et pourquoi ? Après lui, une série de meurtre sème la terreur dans la capitale géorgienne.
L'enquêteur Nougo Shenguelia a ordre de coopérer avec les autorités françaises en toute transparence et va donc intégrer le diplomate René Turpin à son enquête. Déjà héros du premier livre de Renaud S Lyautey, le diplomate est assez touché par la mort de ce jeune compatriote et va s'investir pleinement dans la recherche du meurtrier.

Le livre mêle une fiction policière à un intéressant mystère historique : Kim Philby. Philby était un agent double recruté par le MI6 mais qui a toujours été fidèle au KGB. Ce personnage, passé à l'est, va attirer la suspicion dans les rangs soviétiques et le mystère autour de ses actions ne va pas l'aider. Son cas a torturé plus d'un esprit retors durant la Guerre Froide. Mais Philby est mort en 1988. Alors, qu'est-ce qui, au nom de la moustache de Staline, peut motiver une personne à tuer d'autres personnes ? Je vous laisse le découvrir en le lisant mais c'est très guerre froide comme livre. Feutré et repli de non-dits enfouis à jamais... jusqu'à ce que ça explose.

Là où le bât blesse, c'est que le livre ne donne pas l'impression d'aller au fond des choses. Que ce soit l'enquête sur les meurtres, que ce soit sur Philby. Même si attachants, les personnages sont relativement sous-utilisés : on voudrait voir plus sur l'enquête des policiers géorgiens ou sur la diplomatie franco-géorgienne. On ne craint pas assez pour la vie des personnages.

A contrario, j'ai trouvé que sous la plume de Lyautey, la Géorgie était particulièrement vivante. On imagine bien les visages des personnages, leurs parlers, leur Histoire. On hume l'odeur des plats géorgiens (au fil des critiques, vous aurez compris que c'est une de mes principales préoccupations). On touche vraiment l'ambiance soviétique des lieux visités. Les références au Ministère des Affaires Étrangères sont aussi assez amusantes pour quelqu'un qui connaît l'administration. La trame narrative, le mystère, l'histoire ne sont pas mal dans l'ensemble, hein, mais ne sont pas suffisamment exploités.

Malheureusement, René Turpin n'aura pas d'autres enquêtes administratives à gérer, l'auteur Renaud S. Lyautey est mort au printemps dernier, laissant son personnage principal orphelin...

Merci à Babelio pour ce Masse Critique et aux Éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.
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Un jeune Français est retrouvé mort, nu, dans sa chambre d'hôtel à Tbilissi, capitale de la Géorgie. Les premières pistes mènent à un crime sexuel. Mais cela ne convainc ni Nougo Shenguelia, le policier chargé de l'enquête, ni René Turpin, de l'ambassade de France, chargé de suivre cette affaire après de la police.

Les deux hommes vont donc tenter de comprendre pourquoi Sébastien Rouvre a été retrouvé dans la tenue d'Adam, dans cet hôtel, étranglé. Mais d'abord, il s'agit de découvrir qui était Sébastien Rouvre. Car on a beau travailler à l'ambassade de France en Géorgie, on ne connait pas tous les ressortissants de son pays vivant dans cette ancienne province soviétique. Et la vie de Sébastien se révèle pleine de surprises. Rien d'extravagant, mais son parcours l'a mis en contact avec de nombreuses personnes, tant du côté russe que du côté géorgien. Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas très au fait de l'histoire de ce pays, voici quelques rappels : la Géorgie est indépendante jusqu'au début du XIXe siècle. Elle est alors annexée par le tsar de Russie. À la faveur de la révolution, elle retrouve brièvement son indépendance, mais est rapidement intégrée à l'U.R.S.S. Ce n'est qu'en 1991 qu'elle redevient un pays à part entière. Mais quelques provinces sont retournées dans le giron russe (toujours la même histoire). Et Poutine a une certaine tendance à nous remettre en mémoire cette habitude.

Revenons à ce roman. Son auteur est diplomate et on sent, à le lire, combien il a apprécié de travailler dans ce pays. Certains passages semblent presque tirés d'un guide de voyage, mais en plus personnel. Ce ne sont pas des descriptions sans âme plaquées sur un roman. Mais le résultat d'observations faites de l'intérieur, livrée avec passion. Quand Renaud S. Lyautey décrit un quartier, un bâtiment, on le sent prendre vie. Et quand il parle de gastronomie, on a l'estomac qui se prépare, la salive qui envahit la bouche. Dans la pure tradition de Donna Leon, avec son commissaire Brunetti à Venise, ou de Manuel Vázquez Montalbán, avec Pepe Carvalho à Barcelone, René Turpin est un fin gourmet qui voit son goût pour les bons petits plats mettre en danger son tour de taille. On découvre des plats aux noms pas toujours facilement prononçables, mais aux saveurs attirantes et aux odeurs délicates. Lire La baignoire de Staline ne peut que donner envie d'aller déguster tous ces mets. Et visiter cette contrée aux paysages contrastés et beaux malgré leur rudesse.

De son côté, l'enquête prend son temps. le rythme n'est pas trépidant, mais pas lent non plus. L'auteur sait apporter les rebondissements nécessaires pour maintenir l'intérêt. Et l'avantage d'avoir deux enquêteurs, le Géorgien et le Français, multiplie les points de vue et enrichit la narration. Je n'ai pas ressenti le moindre ennui à la lecture de ce roman. Au contraire, j'y ai pris un grand plaisir et cela me donne envie de découvrir la première enquête de René Turpin, Les saisons inversées. Dommage que ce doivent être les deux seules puisque l'auteur est mort récemment.

Je remercie vivement les éditions du Seuil et l'équipe de Masse critique privilégiée (en particulier Nathan Lévêque) pour l'envoi de ce livre.
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Un mort, un français et le Consul de son pays est en congés? qu'à cela ne tienne! Iznogoud, alias René Turpin, est là! Plaisanterie mise à part, c'est quand même ce qui arrive lorsqu'un ressortissant français est trouvé mort dans un hôtel à Tbilissi. Qui plus est, assassiné!!

Pour éviter tout incident diplomatique, l'Ambassade de France est associée à l'enquête. C'est là que René entre en piste mandaté par un Ambassadeur très agaçant. En seulement quelques lignes l'auteur nous décrit un personnage assez insupportable et ça suffit bien comme ça.

Premier sujet d'étonnement et d'interrogation: pourquoi un hôtel alors que l'homme a déclaré une adresse fixe à Tbilissi? Pourquoi ces toutes ces navettes vers la Russie et ces déplacements fréquent en Géorgie et plus précisément à Tskaltubo, ville thermale aujourd'hui abandonnée où ne subsiste que des ruines?

A cela va s'ajouter deux autres meurtres qui laissent la police locale s'égarer vers de fausses pistes et piétiner à la recherche du mobile de ces crimes. Cependant, René et Nougo, un jeune policier Géorgien francophone (qui a suivi sa formation d'enquêteur à Lyon pour y apprendre les dernières techniques d'investigation) ne se découragent pas et creusent les pistes qui aboutissent parfois sur des voies sans issues, mais qui par leur opinatreté finiront par trouver une explication.

Alors si les ressorts de l'enquête pêchent parfois par manque d'enchainement logique, c'est néanmoins un roman comme je les aime où j'ai appris tout plein de choses qui pourtant sont apparemment connues de tous. J'avoue mon ignorance sur de nombreux points d'Histoire et notamment de grands vides sidéraux à propos de la guerre froide.

Peu de penchants non plus pour les romans d'espionnage et sur le sujet en général, j'ai découvert l'existence d"un espion du nom de Kim Phylby qui à vraiment existé (celui-ci ayant trahi l'Angletterre au profit de l'URSS). Comme il a fait l'objet de bons nombres d'hypothèses jamais confirmées, Renaud Lyautey s'y essaye donc dans ce livre.

Loin d'être nébuleux, ce roman est écrit de façon simple et parfaitement compréhensible même pour la néophyte que je suis en la matière.

J'ai découvert avec étonnement l'existence de cette station thermale crée par Staline pour l'intelligencia russe de l'époque où celui-ci avait sa datcha personnelle. Tskaltubo a été désertée à la fin de l'occupation russe. (Elle sert aujourd'hui de curiosité touristique, et les photos sur internet sont à la fois édifiantes et magnifiques).

J'ai découvert un pays dont on ressent l'attachement particulier de l'auteur de par ses descriptions de la capitale, des villes et paysages et surtout les spécialités culinaires qui nous mettent l'eau à la bouche tant elles sont parlantes.

On découvre aussi les insurrections intestines qui ont opposées la Géorgie à l'Abhkazie, à l'Ossétie du sud et à l'Adjarie.L'auteur choisi ici de parler du drame des géorgiens déportés d'abhkazie avec l'histoire de Nougo Shenguelia.

La fin reste sujette à interprétations mais somme toute logique puisque tout n'est qu'hypothèses. Elle laisse libre champ à echaffauder les nôtres. Elle m'a aussi donné l'envie d'aller me documenter plus avant sur tous ces sujets.

Ce polar assez feutré n'étale pas de violences, pas de scènes "gore" ni de sang qui coule à flot. Presque un polar scandinave!! C'est plutôt bienvenu. A la fois polar, guide touristique, ode à la Géorgie et roman historique ce livre nous fait voyager en terre inconnue (je parle pour moi) et c'est bien agréable.

Les personnages sont sympathiques et intéressants mais je ne m'y suis pas particulièrement attachée. C'est le personnage de Kardadze qui a le plus éveillé ma curiosité et que j'ai trouvé touchant. Nougo aussi suscite l'empathie de par sa terrible histoire.

J'ai appris que l'auteur, ancien Ambassadeur de France à Tbilissi, disparu très récemment cette année, avait écrit un premier roman précédant ce roman-ci qui mettait déjà en scène René Turpin. Je vais d'un pas décidé me le procurer car je suis très curieuse de voir l'évolution qui a pu y avoir entre ces deux opus, en sachant que malheureusement il n'y en aura pas d'autres...

Enfin, je remercie vivement Babelio et les éditions du "Seuil" dans la collection "cadre noir" pour l'envoi de ce roman très instructif et bien écrit. Même si ce livre ne restera pas immortel pour moi, il faut se rappeler que Renaud Salins (tel est son "vrai" nom) fut avant tout un diplomate chevronné avant d'être écrivain.
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Renaud S. Lyautey s'est inspiré de ses fonctions de diplomate et d'ambassadeur en Géorgie – ex-république de l'Union soviétique – pour donner vie à cette sombre histoire qui convoque de nombreux fantômes du passé… Rien de bien original vous me direz, c'est assez courant que certains auteurs fassent appel à leur expérience professionnelle pour dérouler leur histoire !

Ici, ce qui déstabilise le lecteur, c'est que les faits se déroulent dans un pays à cheval sur le continent européen et asiatique. Un pays qui aujourd'hui est sous influence russe et qui n'a plus totalement son libre-arbitre… Ici, on replonge dans les heures sombre qu'à connu la Géorgie sous l'ère stalinienne, les purges, les dénonciations, les charniers… Ça fait froid dans le dos !

L'auteur sait captiver son lecteur et jouer avec ses nerfs, il a fait en sorte qu'une fois ouvert, vous ne puissiez plus lâcher ce livre car vous voudrez savoir pourquoi un titre si énigmatique et qui convoque les fantômes de l'URSS. Tout s'emboîte bien, tout se déroule parfaitement bien… Il n'y aucune fausse note, aucun temps mort, c'est haletant, prenant et terriblement addictif !

À la fois véritable polar et roman d'espionnage, ici se mêle l'histoire d'un espion, d'un jeune doctorant en histoire, la présence du KGB et enfin le souvenir du Petit Père des peuples… Cette histoire nous éclaire sur un pays que l'on connait mal, à l'histoire douloureuse, bref une immersion totalement réussie ! Un bon moment de lecture !
Lien : https://ogrimoire.com/2022/1..
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