AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,43

sur 302 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  



"Affleurant d'un lieu où les mots n'ont pas cours, lui vient la conscience d'un détraquement de l'ordre des choses."

***

Conteur prodigieux,  Paul Lynch rouvre un chapitre tragique de l'histoire de son pays en nous plongeant dans l'épisode particulièrement meurtrier de la Grande famine qui a ravagé l'Irlande - alors colonie britannique, au milieu du XIXème  Siècle. Pour cause - l'émergence du mildiou sur l'île, une maladie parasitaire responsable de l'anéantissement des cultures de pommes de terre servant de base à l'alimentation des paysans. 

Traversé par un souffle puissant, ce récit d'une beauté ténébreuse, met en scène un personnage principal féminin absolument inoubliable dont nous suivrons pas à pas l'effroyable odyssée - du Donegal natal de l'auteur à  Limerick, sur une terre exsangue abandonnée des hommes et des dieux.

*

Octobre, 1845

"La récolte est perdue, tu le sais aussi bien que moi. J'ai demandé partout, mais personne n'est prêt à faire l'aumône. Moi, je suis trop avancée dans ma grossesse, il faut que tu t'occupes de toi. Tu dois te chercher un emploi (...). Reviens-nous à la fin de la saison, quand tu te seras rempli les poches."

Au sortir d'une scène inaugurale empreinte de bestialité, Grace - l'aînée d'une fratrie de bientôt cinq enfants, se voit jeter sur les routes à l'approche de l'hiver par sa génitrice. Si en cette période de misère noire, c'est une bouche en moins à nourrir, sans doute pense-t-elle également la protéger des intentions concupiscentes de Boggs, le propriétaire de la masure où la famille réside. 

Sommée de gagner sa pitance à tout juste quatorze ans, l'adolescente - travestie en garçon, quitte désemparée son petit village de Blackmountain. Y reviendra-t-elle? Serait-ce la porte de l'enfance qui se referme brusquement et définitivement derrière elle? Ainsi livrée aux caprices du hasard, n'est-elle pas vouée à une fin certaine?

"Le chagrin s'abat sur elle. le regret de ce qui n'est plus. La douleur de ce qui vient à la place."

Pareil à la nature agonisante, le lecteur se trouve lui aussi comme figé "dans la stupeur de l'attente". Enveloppé d'une atmosphère à la fois pesante et menaçante, il tourne les pages avec fébrilité, redoutant la réalisation des sombres présages qui tendent à se dessiner. Quelles perspectives d'avenir pour cette jeune fille qu'il tient déjà en affection?

*

Accompagnée de son frère, un soutien physique puis spectrale indéfectible, Grace cheminera du nord au sud du territoire - rejoignant alors les hordes faméliques de pauvres hères - vagabonds, mendiants ou brigands poussés au pire par la disette. Pluie diluvienne, froid dévorant, tortures de la faim, pénible labeur, danger omniprésent, morts et absences obsédantes,…mue par un instinct de survie incroyable, elle apprendra à composer quoiqu'il lui en coûte, avec une adversité au visage sans cesse renouvelé. Mais à quel prix?

"Elle cherche en rêve ce qu'elle a été autrefois. Je suis en train de basculer hors de ma vie pour tomber dans celle d'une autre."

Partageant intimement, ses émotions, ses souffrances, ses doutes, ses visions cauchemardesques voire hallucinatoires, ses tiraillements et questionnements existentiels, le lecteur abandonne son statut d'observateur pour faire corps avec elle. En dépit de quelques longueurs révélatrices de l'interminable périple qui s'impose à notre protagoniste, l'intérêt est continuellement tenu en éveil. 

Au gré des épreuves et rencontres jalonnant ses longues années d'errance aux allures d'épopée  initiatique, Grace connaîtra nombre de métamorphoses. Dans cet abîme de noirceur, la chrysalide deviendra papillon et s'envolera peut-être - souhaitons lui, vers une vie de lumière. Grace, toi qui a porté sur tes frêles épaules les tourments de tout un peuple soumis à une catastrophe innommable, sois-en sûre, j'emporte ton souvenir avec moi…

"Elle a beaucoup voyagé, découvert la terre avec ses mille voix (...), et au contact de cette multitude lui est venue la conviction que la terre n'était pas une,  mais qu'il en existait autant qu'il existe d'individus, et qu'une terre toujours nouvelle accueillait les mutations de nos vies. Nous vivons sous cent millions de soleils,  et chacun d'eux s'éteint sous un même soleil sans limite qui brûle dans son mystère éternel."

***

Porté par une prose lyrique et envoûtante, un roman magnifique nimbé de grâce que je vous invite à découvrir!
Commenter  J’apprécie          7013
Poussée par sa mère enceinte d'un cinquième enfant, Grace part sur les routes pour trouver du travail et surtout pour échapper aux assiduités de l'homme qui leur loue une misérable masure.
La fillette de 14 ans déguisée en garçon affronte le froid, la faim, la peur, la solitude bien que l'ombre de son jeune frère ne la quitte pas.

Paul Lynch brosse un magnifique personnage féminin.
Grace est admirable de courage, elle avance pour ne pas mourir et deviendra adulte au fil des rencontres, pas toujours heureuses.

Le récit joue alterne entre noirceur et lumière, les peurs et la paix, la vie et la mort, le désespoir et le dégoût, et on se laisse porter par l'écriture magnifique de Paul Lynch, généreuse, juste et sincère, passant régulièrement la ligne du réel pour voguer sur l'imaginaire.

Je ne connaissais pas Paul Lynch, ce roman m'a permis de découvrir un immense écrivain.


Commenter  J’apprécie          471
1845 en Irlande. Le mildiou anéantit la culture de pommes de terre, base de l'alimentation des paysans. Une terrible vague de famine déferle sur le pays jusqu'en 1852, jetant hors de chez eux des millions de pauvres gens et réduisant la population d'un quart, par l'effet conjugué de l'émigration et des décès.


Lorsque la catastrophe survient, Grace vit déjà très pauvrement avec sa mère et ses petits frères. Ils ne mangent guère à leur faim, et seul le droit de cuissage qu'exerce le propriétaire sur leur mère leur permet de garder leur maison. Quand l'homme se met à lorgner Grace, la mère décide de protéger sa fille en la faisant partir, travestie en garçon.


Jetée sur les routes sans ressources, Grace commence une longue errance, en compagnie de son petit frère Colly qui, de diverses façons, la soutiendra indéfectiblement tout au long de leur interminable périple.


Dans des paysages frappés de désolation, Grace va se mêler aux hordes errantes de mendiants, de brigands et d'assassins, et, de son regard d'enfant bien vite devenu femme, découvrir le climat apocalyptique d'une Irlande ravagée par la faim, peuplée de pauvres hères réduits aux pires extrémités pour survivre. Les pas de Grace vont bel et bien lui faire traverser ce qui ressemble à l'Enfer, jusqu'au bout de l'innommable, là où vous ne pourrez plus lire sans frémir d'horreur.


Pourtant, au plus profond du désespoir, au bord de la folie et de l'anéantissement, subsiste chez Grace l'instinct de vie, une capacité à se réfugier dans une autre réalité et à se raccrocher aux plus infimes lambeaux d'humanité.


Aucun récit de la Grande Famine irlandaise ne m'avait fait sombré aussi près de l'atroce réalité. Je referme ce livre avec une sensation prégnante de cauchemar, un peu celle ressentie devant un tableau de Jérôme Bosch. Si cette traversée de l'Enfer m'a parfois semblé un peu longue, elle constitue un très bel hommage à toutes les victimes anonymes et oubliées de cet épisode meurtrier de l'Histoire.


Prolongement sur la Grande Famine Irlandaise dans la rubrique Le coin des curieux, à la fin de ma chronique sur ce livre, sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/04/lynch-paul-grace.html


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          452
1848: l'Irlande a faim.

Le destin de Grace, petite paysanne de 14 ans partie de son Donegal natal, est un chemin de croix semé de dangers et de peurs. Chassée de son foyer au coeur de l'hiver, pour aller chercher du travail, elle devient vagabond, cachée dans des vêtements d'homme, double féminin du fantôme d'un frère perdu qui lui tient compagnie, tel un génie déchu dans sa bouteille.

Le contexte de la Grande Famine (en partie causée par le mildiou sur les pommes de terre) est remarquablement mis en scène dans les tribulations de la jeune fille à travers l'Irlande. le livre fait d'ailleurs de l'oeil aux productions romanesques britanniques du 19e, où la pauvreté de la population est toujours en opposition avec la politique impériale d'expansion.
La misère des êtres a hanté durablement la littérature irlandaise, surfant sur ces tragédies de familles séparées, exsangues de trop d'enfants, candidates à l'émigration ou à la dislocation des fratries pour survivre.

Voici un livre d'une beauté tragique. L'écriture est lumineuse, descriptive de la violence du pays, de ses habitants, de ses paysages, de son climat. le lyrisme de Paul Lynch mêle en vrac dramaturgie, onirisme, superstitions, poésie et dialogues dans un flot de mots qui accentue l'oppression du récit.
C'est d'ailleurs surtout le style que je retiendrai car j'ai beaucoup souffert dans les pas de Grace, dans cette succession de drames, de douleurs et de solitude.
Commenter  J’apprécie          341
Retrouver Paul Lynch. Sa plume envoûtante. Son écriture flamboyante d'où jaillissent l'Irlande, ses paysages et ses fantômes. C'est la troisième fois que l'auteur nous transporte dans le passé, dans le Donegal, cette terre qui use les corps pour quelques kilos de pommes de terre. Ses deux premiers romans mettaient en scène des hommes pris au piège de la violence et de l'injustice. le premier, au 19ème siècle se voyait obligé de fuir en Amérique, un tueur à ses trousses ; le second, au milieu du 20ème siècle faisait le chemin inverse et tentait de s'installer sur la terre de ses ancêtres après avoir expérimenté le nouveau monde. Les deux étaient pris dans une tourmente qu'ils ne maitrisaient pas. Dans ces deux histoires, on pouvait admirer tout le talent de Paul Lynch pour décrire la violence des sentiments. Cette fois, il se glisse dans la peau d'une adolescente avec une facilité qui laisse pantois. Et il nous offre un roman d'apprentissage aussi poignant qu'éblouissant.

Grace est la fille de Coll Coyle, le héros du premier roman de Lynch. Nous sommes en 1845, la famine ravage les campagnes, les irlandais ne le savent pas encore mais cet épisode sera ensuite connu dans L Histoire sous le nom de Grande famine dont les conséquences seront considérables avec 1 million de morts et plusieurs millions de réfugiés et d'émigrés notamment embarqués pour l'Amérique dans des conditions atroces. Pour l'heure, Grace est l'aînée et sa mère, Sarah, enceinte d'un cinquième enfant se résout à l'envoyer sur les routes dans l'espoir de lui faire gagner quelques sous qui sauveraient la famille. La tête rasée, déguisée en garçon, Grace se trouve livrée à elle-même dans un pays aux abois. La peur, la faim, le froid sont ses compagnons de chaque instant. L'étonnement, le désarroi, la souffrance de découvrir au fil des kilomètres l'étendue du désastre. Et de faire la terrible expérience de la violence, de l'injustice, de l'indifférence de ceux qui sont épargnés par la misère. Grace apprend à survivre sur un terrain où tous les coups sont permis.

Et par la magie de Paul Lynch, nous sommes Grace. Nous ressentons, nous frissonnons, nous voyons. Les ombres, la terre stérile, les dégradés de vert lorsque l'été revient, les chiens qui n'aboient plus, les corbeaux squelettiques, les silhouettes vieillies qui mendient au bord des routes. Nous faisons l'expérience du dénuement le plus total, lorsque aucun des besoins primaires ne peut être assouvi de façon naturelle : se nourrir, se réchauffer, dormir, se laver. Dans un contexte qui favorise les interrogations les plus folles - qui est coupable ? - entre croyances, folklore et religions. L'esprit de Grace se perd entre rêve et réalité, entre illusions et sensations. Les repères s'effacent, la frontière entre le bien et le mal se brouille pour finir par disparaitre. "On ne peut pas vivre comme ça" pense-t-elle. Pourtant demeure une minuscule étincelle, comme une petite lumière qui la raccroche à la vie...

Lors d'une rencontre à la librairie le Divan, Paul Lynch a précisé que le fait d'ancrer ses romans dans le passé lui permettait aussi de parler du présent sans pour autant avoir à produire un livre trop politique. Comment en effet ne pas faire le lien avec les drames actuels qui poussent des centaines de milliers de migrants sur les routes ? Cheminer aux côtés de Grace, c'est faire l'expérience de celui qui n'a plus rien et auquel personne ne tend la main. Et ce que parvient à nous faire ressentir Paul Lynch ce sont toutes les dimensions du dénuement qui modifient totalement nos perceptions du temps et de l'espace.

Un roman éblouissant, virtuose, dont les images s'emparent de votre esprit pour ne plus le lâcher. Une épopée dont on sort épuisé et cueilli par l'émotion des tout derniers mots.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          300
Dès les premières lignes d'Un ciel rouge le matin, on avait compris : la littérature pour l'irlandais Paul Lynch est une chose plus que sérieuse, viscérale même, avec plongée dans les tréfonds de l'âme humaine. Son deuxième roman, La neige noire, était très sombre et tragique, le suivant, Grace, ne l'est pas moins faisant resurgir l'époque terrible de la Grande Famine qui a frappé l'Irlande, à partir de 1845. Grace, l'héroïne de son livre éponyme, est une frêle jeune fille de 14 ans, obligée par sa mère de quitter la demeure familiale avec la quasi certitude qu'elle ne reverra jamais plus sa fratrie. C'est sur les routes d'un pays dévasté que nous entraîne Paul Lynch, un décor quasi post-apocalyptique où le danger rôde partout. Drôle de voyage initiatique où Grace dialogue sans cesse avec le fantôme de son frère et occasionnellement avec d'autres âmes mortes. Les événements atroces se succèdent et la mort cerne Grace, contrainte de grandir physiquement et psychologiquement pour survivre. le lyrisme noir de Lynch et son écriture incantatoire couvrent d'un halo brumeux certaines scènes qui seraient sans cela insoutenables. S'il est vrai que son style est incomparable pour mêler beauté et magie avec l'horreur, il se laisse parfois aller à un excès d'onirisme faisant perdre pied au lecteur (certains en tous cas) entre réalisme et fantasmagorie. Comme dans Amadeus où il était reproché à Mozart D avoir composé trop de notes, on peut avoir l'impression qu'il y a dans Grace trop de mots. Et pour enfin arriver à la lumière, tout à la fin du livre, qu'elle est douloureuse et cruelle cette traversée des ténèbres !
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          243
« À l'époque où l'on vit, songe-t-elle, il faut se faire à la fois loup et anguille. » Elle, c'est Grace, quatorze ans, mise sur la route par sa mère dans une scène glaçante qui ouvre le roman. La grande famine irlandaise sévit alors durement, planant sur les champs de pommes de terre pourries par le mildiou, condamnant des centaines de milliers d'habitants à la mendicité et à l'abjection la plus totale. Pour Grace, le salut consiste à se trouver du travail hors de son village et gagner suffisamment pour subvenir aux besoins de sa famille. Son frère Colly, douze ans, la suit en cachette de sa mère, et l'accompagne sur un parcours qui se révélera plus que chaotique.
Je découvre l'écriture hallucinée de Paul Lynch avec ce roman impressionniste sur un des chapitres les plus tragiques de l'Irlande. D'une grande beauté, le récit s'avère aussi d'une grande noirceur, déployant autour de l'adolescente errante, songes, superstitions et croyances, seuls refuges pour celle qu'on a forcé à devenir une adulte avant l'âge.
Un tour de force littéraire qui m'a fait penser à La Route de Cormac McCarthy, roman de fin du monde.
Commenter  J’apprécie          232
Lorsque Sarah , la mère , coupe les cheveux de Grace, 14 ans, la revêt d'habits masculins et l'envoie sur les routes, la jeune fille ne comprend pas les motivations de sa mère, abusée par un voisin alcoolique et violent qui lorgne également Grace .

En Irlande, en 1885, les récoltes sont mauvaises et cela ne va pas s'améliorer dans les années suivantes entrainant une période de grande famine .

Si Grace avec ses habits de garçon trouve au début de son périple quelques petits emplois , se liant d'amitié avec Bart , un jeune homme handicapé, elle va vite se retrouver sur la route accompagnée par Bart et par le fantôme de son frère , mort noyé et avec qui Grace converse .
Les premiers temps leur sont plutôt favorables à coup de rapines et de ruses , mais la famine puis la maladie s'étendant dans toute l'Irlande et n'épargnant qu'une frange très limitée de la population , Grace va se retrouver à errer dans la campagne puis dans les villes les routes avec l'armée de vagabonds cherchant nourriture et abri alors que les hivers sont particulièrement longs et rigoureux.

Les descriptions de l'auteur sont saisissantes et avec beaucoup de lyrisme , donnant une vision assez apocalyptique de cette redoutable époque . Cependant j'ai trouvé ce roman fort long , parfois ennuyeux et répétitif , dommage !
Commenter  J’apprécie          211
Après "Le Portrait de mariage" de Maggie O'Farrell, "Des jours sans fin" et "Des milliers de lunes" de Sebastian Barry, j'ai voulu profiter du bookclub organisé par le Prix Bookstagram pour découvrir une dernière oeuvre de la littérature irlandaise : "Grace" de Paul Lynch. Cette lecture a confirmé que les auteurs irlandais sont de véritables poètes avec, dans ce roman en particulier, une langue absolument flamboyante pour laquelle j'ai eu un coup de coeur immédiat ! Oxymores, allégories et métaphores viennent servir des descriptions pleines d'embruns et à l'odeur de tourbe.

Dans une scène d'ouverture presque biblique, la mère va sacrifier sa fille de quatorze ans, Grace, car leur famille meurt de faim. Tragique et sublime s'allient lorsqu'elle coupe finalement ses cheveux dans l'espoir de lui offrir une nouvelle vie en l'envoyant sur les routes détrempées par une pluie qui semble ne jamais cesser à la recherche d'un travail. Avec ses fantômes à sa suite, Grace s'improvise vachère, puis est obligée de voler avant de rejoindre un chantier public, mais ces solutions n'offrent pas de réelle sécurité alors que la grande famine irlandaise (1845-1852) sévit.

La couronne anglaise n'apporte aucune aide à l'Irlande et le mildiou ravage les cultures alors que la population se déchire dans une violence terrifiante qui atteint son paroxysme au chapitre six intitulé "Corbeau" où la faim mène à l'innommable, représenté par trois pages intégralement noires. Comme l'a déclaré l'auteur à propos de son sujet : « Je ne voulais rien savoir là-dessus. C'était trop sombre, scandaleux, culpabilisant. […] Et puis un jour, je me suis dit : ‘Si ça t'arrête, c'est que tu dois l'écrire.' Alors je m'y suis mis. Je me suis obligé à parler de l'indicible. Écrire les premières pages m'a pris plusieurs mois. »
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          150
Un livre bouleversant, surprenant et d'une grande beauté malgré sa noirceur.
On n'est plus habitué aux grandes famines comme celle de 1845 en Irlande qui a jeté sur les routes son cortège de miséreux à la recherche de travail et de moyens désespérés pour survivre.
Ici c'est l'histoire d'une jeune fille abandonnée par sa mère qui la déguise en gamin pour aller sillonner le pays et échapper au sort de sa famille promise à une mort rapide.
Les aventures supportées par Grace, rendue folle de douleur, grandissant comme un brigand, voyant les pires exactions, échappant aux dangers et apprenant vite les règles de la survie et de la débrouillardise sont pour nous très difficiles à concevoir mais l'humanité a dû en connaître beaucoup de semblables malheureusement.
La langue écrite est d'une beauté rare, ainsi que les pages noires qui précèdent des jours meilleurs.
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (682) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz de la Saint-Patrick

Qui est Saint-Patrick?

Le saint patron de l’Irlande
Le saint-patron des brasseurs

8 questions
252 lecteurs ont répondu
Thèmes : fêtes , irlandais , irlande , bière , barCréer un quiz sur ce livre

{* *}