AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,22

sur 1262 notes
5
78 avis
4
41 avis
3
19 avis
2
5 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Coup de coeur !!!
Qui sont les désorientés ? Certainement ceux qui ont perdu leur Orient. Magnifique jeu de mots d'Amin Malouf.
Un groupe d'amis va se retrouver après 25 ans d'éloignement, pour évoquer la mémoire d'un des leurs qui vient de mourir, mais aussi pour évoquer leurs souvenirs communs et parler de leur parcours. Certains ont quitté leur pays et fui la guerre, d'autres sont restés, d'autres ont pris les armes ou sont entrés en religion.

C'est un très beau récit que nous offre l'auteur, un récit choral où les différents personnages sont mis en lumière en alternance avec le journal intime d'Adam, le narrateur. C'est donc à la fois une histoire contée à la troisième personne et à la première personne : un jeu de ping pong entre ce que croit savoir Adam et la réalité des parcours de ses amis.
Grâce à cette diversité de caractères, Amin Malouf ne nous impose rien. Il diversifie les opinions et notre regard. Il nous apprend à vivre l'histoire du Liban et à ressentir les évènements de l'intérieur et de l'extérieur. Il nourrit notre réflexion sur de nombreux sujets : la guerre, l'exil, l'amitié, l'amour, la religion, le rapport Juifs et Arabes, celui de l'Orient et l'Occident…

C'est brillant, subtil, enrichissant.

Remarque supplémentaire : Dans ce roman, Amin Malouf ne cite jamais le Liban. Ici, il le nomme le Levant. Sans doute par pudeur (ne pas parler de soi) et pour occulter la douleur (quitter sa terre natale).

Commenter  J’apprécie          1344
Dans cette histoire de retrouvailles d'un homme avec ses amis après des années d'absence loin de son pays j'ai été fascinée dès le départ par la belle écriture de Maalouf, musicale, simple et profonde. Il y a cette douceur levantine, cette délicatesse qui sait faire passer ses idées tout en respectant celles des autres (Maalouf utilise tous ses personnages pour leur faire dire tout ce qu'il a à dire et manie une certaine forme de paradoxe qui démontre que la plupart des idées sont bonnes, mêmes les plus contradictoires).
Ce livre est un livre magnifique sur l'amitié, la chaleur des retrouvailles en dépit du temps passé et parfois des trajets de chacun, en dépit d'un pays corrompu qui part à vau-l'au et des déceptions inévitables de l'âge adulte par rapport aux espoirs de la jeunesse, tout en nuances, en patience et en sagesse, en tolérance et en respect de l'autre.
Rien que le nom choisi par l'auteur de son personnage principal, Adam, est synonyme de cela : Adam n'est-il pas le père de tous les hommes, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans ?
A la fois lent et rapide, ce livre se lit facilement et résonne comme un vibrant appel à la paix où chacun a sa place non pas contre les autres mais avec eux pour progresser et être heureux ensemble.
Magnifique, vous dis-je, et message peut-être pas si utopique que cela.
Commenter  J’apprécie          530
Quand Amin Maalouf raconte ici, pour mon plus grand plaisir, sa propre histoire à travers une fiction, celle d'Adam et de ses amis, une joyeuse bande d'universitaires qui dans les années 70 refaisaient le monde au café, il se dit désorienté.
Désorienté car il a perdu « son » Orient, sa culture levantine, le bien-être et la joie de vivre qui régnaient avant « le » conflit, la guerre civile qui a sévi au Liban de 1975 jusqu'en 1990, et qui a encore connu des sursauts au-delà de la date de ce récit.
« Ce conflit qui a bouleversé nos vies n'est pas une querelle régionale comme les autres, et ce n'est pas seulement un affrontement entre deux « tribus cousines » malmenées par l'Histoire. C'est infiniment plus que cela. C'est ce conflit, plus que tout autre, qui empêche le monde arabe de s'améliorer, c‘est lui qui empêche l'Occident et l'Islam de se réconcilier, c'est lui qui tire l'humanité contemporaine vers l'arrière, vers les crispations identitaires, vers le fanatisme religieux, vers ce qu'on appelle de nos jours « L'affrontement des civilisations ».

Mais rassurez-vous, cette histoire n'est pas un récit politique ni de guerre, c'est un récit personnel et universel. A travers le cheminement de quelques-uns de ces amis – juifs, chrétiens, arabes -, Amin Maalouf nous parle, avec sa langue claire, vraie, percutante, du comportement de l'homme face à la – à les – religions, face à l'existence de Dieu, face à son engagement devant les faits politiques. Collaborer ? Résister ? Fuir ? Qui a raison ?

Il nous parle de l'amitié et de l'amour, de la trahison et de la fidélité. Peut-on changer avec le temps ? Doit-on pardonner à un ami mourant alors que ce qu'il a commis est horrible ?

Il aborde l'antagonisme entre l'Occident et l'Islam, de manière objective et édifiante. J'ai beaucoup appris, ou du moins j'ai réfléchi sur cela, moi qui avais des idées préconçues sur les Arabes et les Occidentaux.

Ce récit pas indigeste pour un sou, raconté sous forme de lettres, de commentaires, de dialogues, m'a emmenée dans l'âme humaine, celle qui transparait dans un sourire et dans les larmes, dans la violence et les soubresauts de la mémoire. Amin Maalouf a tellement le don de l'empathie et de la justesse des sentiments qu'il m'a complètement fait adhérer à sa façon d'aborder le monde et les êtres humains. J'ai pris une multitude de notes, que je consulterai très régulièrement.

Adam, émigré à Paris et historien, qui voulait rassembler ses amis d'antan 25 ans après leur dispersion, est revenu « au pays » à l'occasion de la mort de l'un d'entre eux, et va y connaitre des faits majeurs, tout en notant pour lui ses réflexions. « L'histoire des nôtres, de nos familles et de notre bande d'amis, celle de nos illusions et de nos égarements, n'est pas inintéressante à raconter parce qu'elle est un peu aussi l'histoire de notre époque, de ses illusions, justement, comme de ses égarements ».

« Les Désorientés », un livre capital et essentiel pour retrouver son chemin !
Commenter  J’apprécie          484
Quand on a quitté son pays pour fuir la guerre civile…

C'est ce qu'a fait Adam et il n'a jamais remis les pieds dans son pays natal. Mais lorsqu'un ami mourant l'appelle à son chevet, il retourne vers ses racines, même s'il en veut à cet ami d'être resté et de s'être compromis avec le régime.

À la demande de la femme de cet ami, il convoque les autres membres de la bande qui autrefois partageaient les mêmes idéaux humanistes. Chacun a fait son chemin, dans des pays différents. Chacun a une histoire à raconter, chacun a ses propres compromis, ses propres lâchetés et son propre courage.

Une grande réflexion sur l'émigration, sur le sens du pays et de l'humanité. Comme l'auteur le fait dire à l'un de ses personnages : « Je suis né sur une planète, pas dans un pays. Si, bien sûr, je suis né aussi dans un pays, dans une ville, dans une communauté, dans une famille, dans une maternité, dans un lit... Mais la seule chose importante, pour moi comme pour tous les humains, c'est d'être venu au monde. Au monde! Naître, c'est venir au monde, pas dans tel ou tel pays, pas dans telle ou telle maison. » (p. 59)

Et notre planète a bien besoin qu'on se préoccupe de notre monde plutôt que de penser à construire des murs…
Commenter  J’apprécie          452
Quel livre ! Quel écrivain !

Rien à dire, je suis toujours aussi fascinée par la plume d'Amin Maalouf et le regard aiguisé qu'il porte sur l'humanité.
J'adhère totalement à sa vision du monde et les arguments qu'il avance sont d'une telle pertinence qu'ils obligent le lecteur à reconsidérer son point de vue.
Je pourrais recopier des paragraphes entiers de ses réflexions sur le conflit israëlo-palestinien, les guerres intestines au Liban ou les rapports entre l'Orient et l'Occident.

Avec Les désorientés, il nous livre ses pensées par le truchement de ses personnages et plus particulièrement d'Adam.
Il a très habilement, et très intelligemment, imaginé un groupe d'étudiants, amis de longue date, qui tentent de se retrouver 30 ans plus tard suite au décès de l'un d'eux.
Et c'est Adam, émigré en France et historien de formation, qui va se charger de reprendre contact avec eux pour les persuader de revenir un temps au pays.
Il y a ceux qui sont restés et ceux qui ont émigrés.
Leurs motivations comme leurs parcours sont multiples et donnent lieu à de longues conversations empreintes à la fois de nostalgie, de regrets, de colère parfois.
De plus, Adam tient un carnet dans lequel il note son sentiment à chaque contact repris.

Tout cela donne un livre d'une intensité extraordinaire que j'ai lu avec un enthousiasme jamais défaillant.
Commenter  J’apprécie          445
Amin Maalouf , est un écrivain franco-libanais et un académicien .Il maîtrise les deux langues , arabe et française .C 'est un auteur d 'une grande culture . Son roman "Les désorientés",est le récit des retrouvailles d 'anciens amis que la guerre civile a séparé .Le principal protagoniste est Adam ."Ce dernier est un historien quinquagénaire exilé à Paris .Il n 'a pas revu son pays natal ,le Liban ,depuis un quart de siècle .Le Liban est dévasté par la guerre .A l 'annonce du décès imminent de son ancien ami ,Mourad . Adam décide de se rendre à son chevet , même s 'il est brouillé avec lui ".
" le récit se concentre sur les seize jours de ce retour au pays ,où Adam va pouvoir retrouver ses amis dispersés , évoquer les heureuses années de leur jeunesse d 'avant-guerre , et échanger des points de vue qui se sont éloignés en raison des différences culturelles et des choix de vie".
Amin Maalouf nous donne un éclairage sur l 'esprit de ce roman :"Dans les Désorientés , je m 'inspire très largement de ma propre jeunesse .Je l'ai
passée avec des amis qui croyaient en un monde meilleur .Et même si aucun des personnages de ce livre ne correspond à une personne réelle ,aucun n 'est entièrement imaginaire .J 'ai puisé dans mes rêves ,dans mes remords , autant que dans mes souvenirs .
Les protagonistes du roman avaient été inséparables dans leur jeunesse , puis ils s 'étaient dispersés ,brouillés , perdus de vue .Ils se retrouvent à l'occasion de la mort de l 'un d 'eux .Les uns n 'ont jamais voulu quitter leur pays natal ,d 'autres ont émigrés vers les Etats-Unis ,le Brésil ou la France .Et les voies qu 'ils ont suivies les ont menés dans des directions les plus diverses .Qu 'ont encore l 'hôtelière libertine ,l 'entrepreneur qui fait fortunou le moine qui s est retiré du monde pour se consacrer à la méditation ?
Quelques réminiscences partagées , et une nostalgie incurable pour le monde d 'avant ". Amin Maalouf
Un très beau roman , fort et dense malgré les blessures de la guerre ,la nostalgie du pays natal . Une très.belle écriture .



















Commenter  J’apprécie          394
Adam est à la fois narrateur et personnage de ce récit qui alterne la première et troisième personne du singulier. Adam est historien, bien installé dans sa vie et son pays d'adoption, quand il reçoit un message d'une amie qui lui demande de revenir de toute urgence au pays son mari mourant l'attend. C'est le chaos dans la tête d'Adam. Il était fâché depuis des décennies avec cet ami et a quitté son pays d'origine en guerre. Il fait le choix d'y retourner, juste un aller-retour pense-t-il. Son ami est mort avant son arrivée, mais sa veuve qui est aussi une amie d'enfance demande à Adam de rester et de réunir tous leurs amis communs comme au bon temps de leur jeunesse. D'abord réticent, il accepte et fait un sacré bond dans le passé. le récit est doux comme les pâtisseries orientales, tendre comme l'amitié, drôle comme les quiproquos amoureux. Et puis à notre époque qui pourrait se vanter d'avoir des amis dans toutes les communautés religieuses ? Ce n'est plus qu'un doux souvenir que je partage avec l'auteur. Emportée par ce récit dépaysant dans un pays dont j'apprécie la culture, Je ne m'attendais pas à l'épilogue et pourtant….
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          380
Ce n'est qu'en ayant regardé la biographie de l'auteur que j'ai pu en déduire que cet histoire se déroule au Liban. le lecteur sait à peu près où situer les personnages dans l'espace et le temps mais sans que cela ne soit clairement écrit. Il suppose que ce pays doit être proche de l'Irak, sait qu'il a subi de terribles guerres dévastatrices mais encore...

Adam, le personnage principal, est un homme aujourd'hui âgé de quarante-sept ans, qui s'est émigré à Paris avant d'avoir à "se salir les mains", comme il le dit lui-même, dans cette guerre dans laquelle il ne voulait pas s'impliquer. Est-ce par esprit de lâcheté ? Peut-être...Toujours est-il que nombre de ses amis d'enfance ont eux aussi fait le choix de partir tandis que d'autres sont restés au pays tels que Mourad qui est, involontairement, le fil déclencheur de toute cette histoire. Je dis bien involontairement car c'est à l'approche de sa très prochaine mort que son épouse, Tania, décide d'appeler Adam afin qu'il vienne se rendre au chevet de son ami d'enfance mourant. Certes, Adam et lui étaient brouillés depuis longtemps mais il n'hésite pas à entreprendre ce voyage, ce qui va lui permettre également de revoir son pays natal dans lequel il n'a plus mis les pieds depuis plus d'un quart de siècle.

Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu et si Adam n'a pas pu recevoir les dernières paroles de Mourad, il va cependant se plonger dans un projet d'envergure : celui de réunir tous ses amis d'enfance au pays, comme autrefois. Projet qui peut paraître irréalisable dans un délai si court car si Sémiramis, elle est resté au pays tout comme Ramez, Albert, lui s'est envolé vers les Etats-Unis et Naïm vers le Brésil tandis que Ramzi, lui s'est tournée vers la religion et a suivi l'ordre monachisme. Nidal, quant à lui, a embrassé le mouvement des islamistes.
Aussi, Adam peut-il réellement envisager de réunir toutes ces personnes, si proches les unes des autres dans leur jeunesse et que la vie a terriblement éloigné, non pas uniquement sur le plan géographique mais également sur celui des idées pour certains ?

Le lecteur suit ainsi tout le parcours de cet homme, qui, lui, est devenu historien, et qui tente de réaliser un projet, une requête de la part de Tania, un rêve fou, irréalisable et pourtant...

Un livre d'une très grande force qui est bien plus qu'un simple roman. Il amène le lecteur à réfléchir sur l'état du monde, qui selon l'auteur va extrêmement mal, et on ne peut que lui donner raison lorsqu'on regarde tout ce qui se passe autour de nous. Une belle découverte, pas forcément très gaie mais qui n'est qu'un miroir de la société qui nous entoure. A lire !
Commenter  J’apprécie          370
J'ai trouvé ce livre sublime! A travers le retour du personnage d'Adam dans son pays natal, Amin Maalouf nous évoque plein de sujets intéressants, nous livre des moments de réflexion sur l'amitié, le poids de la religion, la perte des idéaux, la fidélité....Tout ça magnifié par l'écriture de l'auteur et la construction originale de son roman: Nous lisons le récit à travers la plume d'Adam et à travers de celle de la voix d'un narrateur.
C'est un roman que j'ai trouvé sensible, pertinent, surprenant.
Une petite merveille!
Commenter  J’apprécie          290
«… l'histoire des nôtres, de nos familles et de notre bande d'amis, celle de nos illusions et de nos égarements, n'est pas inintéressante à raconter, parce qu'elle est un peu l'histoire de notre époque, de ses illusions, justement, comme de ses égarements. » Amin Maalouf part de ce postulat, pour nous raconter de façon très libre et en partie imaginaire, sa propre jeunesse avec le regard de celui qui a vieilli.
Adam, Mourad, Sémi, Albert,… Jeunes et beaux, ils se rassemblent sur une terrasse et refont le monde. Ils vivent, on le devine, au Liban. Hélas, la guerre se déclare et chacun réagit à sa façon : fuite vers un autre pays, engagement, profit, survie… le groupe d'amis est brisé et si certains liens sont encore ténus, la cassure est réelle. Trente ans plus tard, l'occasion leur est donnée de se réunir sur les lieux de leur enfance. Que sont devenus les idéaux de leur jeunesse ? Pourquoi n'ont-ils pas réussi à rendre le monde meilleur et finalement, quel est le sens de la vie ?
Comme toujours chez l'auteur, j'ai été conquise par le mélange de simplicité et d'humanité. Il fait preuve d'une maturité incroyable et on ressent qu'il a donné beaucoup de lui-même pour créer le personnage principal, Adam.
Qu'il s'agisse de la place de la religion dans nos sociétés, de la relation Orient-Occident, de l'importance du respect des cultures,… nombres de réflexions que l'auteur apporte me parlent. Les désorientés : quelle belle expression, aux sens multiples, pour définir cette génération, ni riche, ni pauvre, ni religieuse, ni profondément athée, qu'elle soit d'ici ou là-bas et qui est à la recherche de sens et de certitudes.
L'auteur, qui fait indéniablement partie de mes favoris, nous offre un grand roman, entre trame romanesque intéressante et idées puissantes sur la manière dont notre monde tourne, sans boussole. A lire.
Commenter  J’apprécie          290




Lecteurs (2874) Voir plus



Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Amin Maalouf

Léon l’... ?

Africain
Asiatique
Américain
Européen

5 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : Amin MaaloufCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..