L'abus d'écriture nuit*.
Je découvre grâce aux éditions "Des Femmes Antoinette Fouque" une autre écrivaine brésilienne que
Clarice Lispector! le genre est très différent, plus moderne bien sûr, et aussi qui apparait plus simple de lecture. Mais la quatrième de couverture prévient le futur lecteur, le récit ne prendra toute sa valeur qu'à la dernière page! Et cela se vérifie.
Vanda et Guto sont mariés depuis dix ans de grand bonheur pourrait-on dire. Ils font partie de la classe des nantis, ils ont tous deux de belles situations et leur fille Carole fait leur fierté.
Un évènement somme toute banal va changer leur relation. Guto découvre l'écriture et devient accro à l'ordinateur. Et comme il ne fait jamais les choses à moitié, cette passion qui se devait de rester une aimable distraction devient une addiction bouleversant la vie du couple, qui cesse d'être un long fleuve tranquille! Rien de très perceptible au premier abord, Vanda va à la plage avec sa soeur à la place de son époux, à la maison il passe de plus en plus de temps enfermé dans son bureau. Au travail il veut s'occuper personnellement d'un ouvrage sur les colibris, chose qu'il aurait d'ordinaire délégué à un de ses adjoints....Mais une rencontre furtive avec une des ses petites amies Marília l'incite à tenter l'écriture de fiction, par exemple un recueil de nouvelles basé sur des épisodes de sa vie passée....et pourquoi pas le personnage d'Elsa, cette jeune allemande rebelle, qui a vécu au Brésil avec son mari, mais qui est depuis décédée dans son pays d'origine! Mais de la pensée au papier le chemin est long et semé d'embûches!
Un colibrihus....je sais cela n'existe pas, mais laissez-moi le bonheur de nommer le personnage principal de ce gentil nom d'oiseaux! Guto, déjà enfant compulsif, déraisonnable vis à vis des choses qui l'obsédaient ; ici cela redevient le cas entre l'écriture et la découverte de l'informatique....mais pour quelle raison?
Son épouse Vanda, elle en scientifique qu'elle est, cherche une explication rationnelle...qui ne le sera pas du tout.
Le reste de la famille, leur fille Carole, Lélia et Moacir, belle-soeur et beau-frère, les grands- parents de Gotu et leur touchante histoire d'amour, Carlao et dona Constância, les ex-de Guto, Marília et Elsa qui lui inspirent les textes dont il est le plus content, sont les personnages secondaires de cette histoire étrange.
Un récit dit en "abyme" où tous les éléments s'imbriquent petit à petit comme dans un puzzle, les uns dans les autres!
En quelques lignes par le truchement d'Elsa qui est Allemande,
Ana Maria Machado nous rappelle que s'il n'a pas été montré du doigt par la communauté internationale comme l'Argentine par exemple, le Brésil a aussi quelques cadavres dans son armoire et a fait quelques entorses au droit de l'homme. Elle a aussi la plume trempée dans le vitriol quand elle parle de la société brésilienne et son peu de respect pour l'écologie, elle a cette phrase magnifique :
-Mon pays que j'adore et voudrais différent.
L'auteur nous parle aussi de la situation littéraire du Brésil et elle n'incite pas à l'optimisme! Quelques chiffres, un pays de 150 millions d'habitants, un tirage moyen de 3000 exemplaires qui mettent plus d'un an avant d'être écoulés! Plus de maisons d'éditions que de librairies et très peu de bibliothèques! Que le Brésil ait obtenu l'organisation des Jeux olympiques et de la Coupe du monde de football ne devrait pas arranger les choses.
Et si la solution de cette crise trouvait sa source, il y a longtemps, très longtemps...dans la nuit des temps!
Un conte moderne et social, mais cherchant ses racines dans l'antiquité, une oeuvre originale.
*.....à l'harmonie du ménage!
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