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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est la descente d'un fleuve immense qui donne à Magris l'occasion de croiser histoire, littérature, géographie, philosophie. La première moitié du livre, où l'auteur est dans son jardin est sans doute meilleure que celle où il aborde l'Europe de l'Est. On sent une admiration pour le communisme, et je n'ai perçu aucune intuition relative au séisme qui a touché le bloc de l'Est 3 ans après l'écriture du livre. Ce livre nous ramène cependant au meilleur de nous même.
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Un fleuve, une origine, un destin, un théâtre, un objectif, un fil conducteur, Danube raconté de ses sources jusqu'à son delta en Mer Noire, nous transporte dans toute la "Mitteleuropa" de l'Allemagne jusqu'à la Roumanie, égrenant les capitales comme on enfile un collier de perles, racontant une histoire délicate et cruelle, essentielle à la compréhension de notre continent.

Claudio Magris est un écrivain humaniste italien, spécialiste de la littérature allemande et la "Mitteleuropa". Cet essai est une œuvre de réflexion sur les particularismes de l'Europe centrale, comme si le Danube représentait le lit où naquirent toutes ces populations. Résumer le livre serait périlleux, tant le travail historique est impressionnant de précisions. Ulm, Ratisbonne, Passau, Linz, Vienne, Bratislava, Budapest, Belgrade, Bucarest... et tant d'autres villes racontées par leur histoire, leur architecture, leur littérature et leurs souffrances. Exposées de manière personnelle, voire subjective, les problématiques soulevées sont passionnantes. Parmi elles, quelques-unes ont particulièrement retenu mon attention.

L'Empire austro-hongrois, tout-puissant, régnant sur la Mitteleuropa selon des principes peu démocratiques, ficelé par une aristocratie qui a assisté à son propre déclin ... L'omniprésence des allemands dans tous ces pays traversés par le Danube. Etonnant de voir combien ils ont bougé, comment ils se sont intégrés, gardant leur langue et leur culture. "Ulm est l'un des foyers du particularisme allemand lié au Saint Empire romain et de cette vieille Allemagne fondée sur le droit coutumier, qui ratifiait les traditions et les coutumes historiques en les opposant à tout pouvoir central. L'universalisme de l'empire, qui n'a pas réussi à se traduire par un état composé d'un bloc uni, débouche sur l'émiettement et la dissolution de toute unité politique, ou se disloque en un archipel d'autonomies locales et de privilèges corporatifs." Peut-être y-a-t-il là une explication à cette faculté d'indépendance, et de fait de facilité à partir... L'incessante volonté de l'Empire ottoman de vouloir conquérir cette Europe. Au-delà de l'aspect purement tactique, le passionnant débat sur la superposition des cultures, des langues et des religions. "Cette rencontre entre l'Europe et l'empire ottoman est le grand exemple de deux mondes qui, en se combattant et en se déchirant, finissent par s'entrepénétrer imperceptiblement, et Les migrations des peuples ont un effet dévastateur, mais également civilisateur, et produisent cette promiscuité et ce métissage qui sont les matrices secrètes de tout nationalisme s'enrichir réciproquement." Au-delà de ces trois grands axes, Claudio Magris nous parle d'une foule de choses, nous inondant quelquefois d'une quantité de recherches, qu'il faut peut-être savoir passer pour ne pas oublier l'essentiel.

Toute l'Europe centrale a été de façon quasi ininterrompue le théâtre de conquêtes, d'invasion, de zones d'influences culturelles ou linguistiques. De Vienne," la ville à la pomme d'or" a pour les turcs le visage légendaire du royaume qu'il faut conquérir à tout prix. "A Bratislava, on ressent l'impérieuse présence d'époques riches en conflits. Cette capitale d'un des plus anciens peuples slaves a été, pendant deux siècles, celle du royaume de Hongrie, lorsque ce pays ... a été presque envahie par les turcs." Budapest, la plus belle ville du Danube, capitale de cette Hongrie resserrée entre les mondes slave, allemand et latin. Belgrade, a l'exceptionnelle vitalité, ville tant de fois détruite, et reconstruite, effaçant les traces du passé. La Bulgarie, l'un des noyaux essentiels de la grande nation slave, révèle à son tour la résistance séculaire de ses habitants. Enfin Bucarest, le Paris des Balkans.

" Il se peut que la culture du Danube, qui semble si ouverte et si cosmopolite, conduise elle aussi à ce repli sur soi et cette angoisse; c'est une culture qui, durant trop de siècles, a été obsédée par les digues, les bastions à construire contre les turcs, contre les slaves,contre contre les autres." " Le Danube est donc la grande base de toutes les opérations, quelle qu'en soit la direction, de même qu'il est la ligne de défense par excellence, apte à repousser toute attaque, de quelque endroit qu'elle se présente." général Sironi.

Une dernière chose. Je rapproche ce livre à celui d'un autre écrivain italien, Paolo Rumiz, natif de Trieste aussi. "Aux frontières de l'Europe" raconte la traversée verticale de l'Europe. Cette fameuse "fermeture éclair" entre l'Asie et l'Occident. Ces deux livres sont d'une actualité étonnante, et aident à comprendre des évènements qui peuvent quelquefois nous dépasser.


Lien : http://unetassedebonheur.com
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Une promenade au fil du Danube, en compagnie de Claudio Magris, écrivain et professeur spécialisé dans la période des Habsbourg.
Cette promenade s'acompagne d'explications sur l'histoire et la culture des pays traversés.
Une plongée dans la vieille Europe.
Passionnat et enrichissant.
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