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Marie-Anne Toledano (Traducteur)
EAN : 9782843210976
95 pages
Les Editions Desjonquères (03/08/2007)
4/5   18 notes
Résumé :

Les faits historiques évoqués dans ce récit se sont déroulés en Carnie entre l'été 44 et le printemps 45. La Carnie, au nord du Frioul, était occupée par les Allemands et l'armée de cosaques composée de tous ceux qui s'étaient résolus à collaborer avec le IIIe Reich après avoir fui la Russie stalinienne. Les nazis, en échange, leur avaient promis une patrie. Parmi les officie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans ce court roman historique, Claudio Magris, un universitaire originaire de Trieste, imagine l'enquête savante menée par un prêtre en retraite sur le sort advenu en mai 1945 en Carnie, (région du nord-est de l'Italie) à Krasnov, un Ataman de la prétendue armée cosaque, tactiquement alliée de la Wehrmacht et surtout d'Hitler. Les restes d'un inconnu, sommairement abattu à cette date, avaient été exhumés plus tard, accompagnés de la garde d'un sabre, reste dérisoire de son pouvoir passé, sans qu'on puisse déterminer s'il s'agissait bien de Krasnov, un cosaque officier de l'armée blanche en lutte contre les bolchéviques en 1918, puis auteur de différents romans sur ces périodes troublées, ou d'un autre soldat.
Il s'agit en fait d'une méditation historique et surtout philosophique sur les contradictions et les dérives guerrières d'un homme qui se voulait le libre représentant du peuple cosaque, et qui aura plus ou moins sciemment trahi ses idéaux pour s'inféoder au nazisme, dans l'espoir vain de jouer plus fin, et dont l'opposition au communisme soviétique se transforme en projets illusoires, en retraites déguisées en conquêtes et en renoncements voilés sous le masque de la fierté. le sabre brisé reste l'allégorie de cette posture où la volonté de puissance se mue en échec définitif.
Beaucoup de belles formules sur l'ambiguïté et la vanité de l'Histoire.
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Lu en italien ,sous le titre " Illazioni su una sciabola "
Paru en 1992
Il s'agit d'un fait historique.
A l'automne 44, les Allemands envahirent la Carnia avec l'aide de leurs alliés les Cosaques auxquels ils avaient promis la création d'une patrie autonome, un "Kosakenland" au sein des villages et des montagnes de cette région.
Les cosaques s'y transférèrent en masse accomplissant saccages et atrocités jusqu'en mai 45 lorsqu'ils découvrirent avoir été utilisés et trompés.
Abandonnés à eux-mêmes face à l'avancée de l'Armée Rouge ils périrent en nombre.
Claudio Magris a tenté de reconstruire cet épisode peu connu de l'histoire dont le protagoniste est Krasnov, le vieux général des Cosaques.
Toutes les conjonctures,les suppositions sont celles du narrateur. Il a recueilli des hypothèses , il imagine ce qui aurait pu arriver.
Ce narrateur , un sacerdoce à la retraite, croit avoir réellement rencontré le général dont les circonstances de la mort ne sont pas élucidées. Deux versions divergent.
Krasnov est "le miroir des nombreuses faiblesses humaines" . C'est un homme qui se trompe lui-même.
Ce livre de Magris dénonce la guerre. Toutes les guerres. Parce que la guerre est "violence envers ses propres frères. Et aussi envers soi_même" .

La première fois que j'ai lu cet ouvrage, en italien, ne connaissant pas ces faits historiques, je n'y ai rien compris.
Une nouvelle lecture quelques années plus tard a été une merveille et j'ai pleinement apprécié l'écriture de l'auteur.

Et j'ajoute, mais là c'est pour me faire plaisir, que j'ai eu le bonheur d'assister à un de ses cours au Collège de France !
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Ce court roman se pose la question de la disparition d'un personnage ambigui : un Cosaque écrivain, un Russe blanc passé du côté allemand pendant la seconde guerre mondiale. Oû est il mort ? Comment est il mort ? où a t il été enterré ? En Carnie ? En Autriche ? En Italie ? En Russie ? S'est il suicidé ? A t il été exécuté par un de ses capitaines ? A t il té exécuté par les Allemands ? Les Russes ? A t il été pendu ? Nul ne le saura car il n'y a aucune trace...Enfin plutôt il y a trop de traces, trop de témoignages. On ne saura jamais. A lire pour la légende Cosaque et leur fin tragique.
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Des cosaques de tous les coins de l'empire russe, anciens alliés des anglais contre le péril rouge, les bolcheviks. Ils rallient le troisième Reich agonisant en rejoignant la Carnie (partie montagneuse du Frioul) et seront trahis par les nazis et les anglais pour finir pendus par Joseph. Un épisode aussi improbable qu'inconnu de la seconde guerre mondiale. Une occasion de découvrir un auteur méconnu chez nous mais talentueux. Les kurdes abandonnés par l'empire récemment ne sont que les derniers d'une longue liste.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je comprends et je partage l’insistance de ceux qui se sont obstinés à l’identifier (Krasnov) avec ce mort sans nom propre, enseveli et désenseveli à Villa Santina. Il y a une vérité dans cette conjecture erronée : il y avait en lui, en dépit de ce faste pathétique et coupable, un trait d’humanité qui aurait mérité cette fin authentique, la nudité et l’absolu de la mort après tant de pompeuses erreurs et d’illusions sur soi-même, le salut de celui qui se dépouille des signes distinctifs du commandement et qui disparaît dans la masse anonyme des fuyards, frère entre ses frères, fils d’Eve qui retourne à la terre et lui remet le sabre par lequel il lui a fait du mal. C’est peut-être un désir inconscient de rachat qui a poussé de nombreux chercheurs, attentifs et méticuleux - et il m’y conduit aussi parfois -, à supposer que cet homme qui croyait à l’aventure était capable d’admettre, à la fin, que la sienne était erronée et que la véritable, la plus risquée des aventures est de reconnaître l’impossibilité de nos rêves égocentriques et absurdes, accepter avec humilité cette désillusion nécessaire, descendre du cheval empanaché et cheminer sur les chemins de cette terre qui accueille et soutient tous les voyageurs, sans distinction de rang.
Ce sabre brisé, cette garde sans lame affleurant de la tombe rouverte me fait venir à l’esprit une image que je n’ai pas revue depuis des années, depuis que mes jambes ne peuvent plus me porter dans les bois du Monte Nevoso, là où passait l’ancienne frontière orientale italienne, et où se trouve aujourd’hui la limite entre la Croatie et la Slovénie. Quand on monte dans le bois en direction d’une grotte qui s’appelle Tri Kalici, sous le sommet, à un certain moment, on rencontre - on rencontrait du moins, mais il y est certainement encore - un vieux tronc abattu, un arbre mort depuis des années, déjà défait et dissous, mais pas entièrement. Je suis monté plusieurs fois, année après année, à Tri Kalici, et cet arbre était toujours là, chaque fois plus effrité et plus prêt à se confondre avec la terre, mais il demeurait toujours lui-même, dans sa forme et dans le souvenir de sa forme. En passant devant lui, je le saluais comme un frère. Le voyant se défaire et pourtant conserver encore sa singularité, j’acceptais ce destin - comprenant que c’était aussi le mien, et que chaque année il se rapprochait de moi - sans peur, je dirais presque avec révérence et affection. Et dans cette étreinte avec la terre, il me semblait percevoir une tendresse rassurante, quelque chose de chaud et de maternel, semblable à ce que j’imagine être l’amour de la femme interdit à un prêtre : serrer en toute confiance dans ses bras un corps doux et fort, grand.
Cette garde affleurée parmi les mottes de terre me fait penser à ce tronc, qui sera aujourd’hui bien plus effacé qu’autrefois, mais pas complètement encore. Elle me fait penser à la brieveté de notre vie et me semble concilier le grand oui que nous disons à l’heure de notre crépuscule, en l’acceptant sereinement, avec cette petite résistance que nous lui opposons à juste titre, même quand nous croyons, comme je le crois, être rassasiés et fatigués de la vie, car si un après-midi de plus au café San Marco est bien peu de chose par rapport à l’éternité, c’est toujours quelque chose, et ça n’est peut-être pas rien. Quelle que soit la personne qui a pu tenir en main cette garde de sabre perdue et retrouvée par la bêche du fossoyeur, il me semble qu’elle a été offerte en sacrifice par cet inconnu, non seulement pour lui mais aussi pour les autres et en quelque sorte pour toi et pour moi aussi, ton vieux don Guido qui te remercie et te salue très affectueusement comme toujours, mon cher don Mario, d’une âme sereine et, je ne sais pourquoi, particulièrement allègre aujourd’hui, je dirais même reconnaissante, si je regarde le monde par-delà ma fenêtre.
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La fulguration lyrique d’un instant peut difficilement l’emporter sur la continuité épique d’une histoire. L’habitude a beaucoup de pouvoir sur nous ; elle nous induit à répéter les mêmes gestes, en esclaves distraits, qu’il s’agisse de collectionner des timbres, de fumer ou d’être bourreau. Si le premier pas nous échappe, c'est-à-dire la liberté de contracter des habitudes innocentes comme le tabac, ou de ne pas en contracter de coupables comme de mentir ou de tourmenter les autres, nous sommes déjà presque perdus.
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On est toujours cruel, même si on a la bonté au cœur, quand on ne sait pas regarder au loin et penser au pluriel, quand on a besoin de voir et de toucher, comme saint Thomas, pour savoir qu’il existe une créature, et qu’on ne réussit pas à imaginer vraiment qu’il y a d’autres créatures de chair et d’os, que nous ne verrons jamais, mais qui sont aussi réelles que nous et que ceux à qui nous donnons la main.
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Cette garde qui affleurait parmi les mottes me fait penser à ce tronc,qui maintenant sera encore plus effacé,mais pas encore entièrement ,me fait penser à la brièveté mais aussi à la durée de notre vie et il me semble concilier le grand oui que nos disons à notre crépuscule, acceptant sereinement ,avec la petite résistance que justement nous lui opposons, quand nous croyons,comme je crois,d'être rassasiés et fatigués de la vie, parce que un après-midi de plus au café San Marco est peu,par rapport à à l'éternité mais c'est pourtant quelque chose et peut-être pas si peu que cela.
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Il y a donc une étroite logique dans le fait que Krasnov se soit jeté dans les bras du fascisme, parce que le fascisme est avant tout cette incapacité à déceler la poésie dans la dure et bonne prose quotidienne, cette recherche d’une poésie fausse, emphatique et grotesque.
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Videos de Claudio Magris (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claudio Magris
Lors de l'émission “Hors-champs” diffusée sur France Culture le 16 septembre 2013, Laure Adler s'entretenait avec l'écrivain et essayiste italien, Claudio Magris. « L'identité est une recherche toujours ouverte, et il peut même arriver que la défense obsessive des origines soit un esclavage régressif, tout autant qu'en d'autres circonstances la reddition complice au déracinement. » Claudio Magris (in “Danube”)
Claudio Magris, né à Trieste le 10 avril 1939, est un écrivain, germaniste, universitaire et journaliste italien, héritier de la tradition culturelle de la Mitteleuropa qu'il a contribué à définir. Claudio Magris est notamment l'auteur de “Danube” (1986), un essai-fleuve où il parcourt le Danube de sa source allemande (en Forêt Noire) à la mer Noire en Roumanie, en traversant l'Europe centrale, et de “Microcosmes” (1997), portrait de quelques lieux dispersés dans neuf villes européennes différentes. Il est également chroniqueur pour le Corriere della Sera.
Il a été sénateur de 1994 à 1996. En 2001-2002, il a assuré un cours au Collège de France sur le thème « Nihilisme et Mélancolie. Jacobsen et son Niels Lyhne ».
Ses livres érudits connaissent un très grand succès public et critique. Claudio Magris a ainsi reçu plusieurs prix prestigieux couronnant son œuvre, comme le prix Erasme en 2001, le prix Prince des Asturies en 2004, qui entend récompenser en lui « la meilleure tradition humaniste et [...] l'image plurielle de la littérature européenne du début du XXIe siècle ; [...] le désir de l'unité européenne dans sa diversité historique », le prix européen de l'essai Charles Veillon en 2009, et le prix de littérature en langues romanes de la Foire internationale du livre (FIL) de Guadalajara, au Mexique, en 2014. Claudio Magris est également régulièrement cité depuis plusieurs années comme possible lauréat du prix Nobel de littérature.
Thèmes : Arts & Spectacles| Littérature Contemporaine| Littérature Etrangère| Claudio Magris| Mitelleuropa
Sources : France Culture et Wikipédia
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