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Claudio Magris nous promène de la lagune vénitienne, aux monts du Tyrol , de la colline turinoise aux îles croates, d'un café à un parc de Trieste…. Tous lieux marqués par les mythes antiques –Jason, Circé et surtout Médée- et par les utopies modernes avec leurs revers tragiques –Tito, et sa Yougoslavie cadenassée mais pas encore fratricide-, tous lieux discrètement hantés par la figure de Marisa Madieri, la femme de Magris et écrivain elle aussi, d'origine croate, récemment disparue.

A côté d'une érudition étonnante, qui m' a souvent dépassée, j'avoue, j'ai été séduite par des personnages fugaces : un ours invisible, une petite fille à bicyclette, un poète prolixe mais inégal, un pêcheur réfractaire, une aubergiste sévère …Un livre plein de charmes comme Venise en hiver, plein de livres et de poèmes qu'on n'a pas lus, d'écrivains qu'on n'a pas rencontrés mais qui nous font signe comme les Amis Inconnus de Supervielle. Merveilleusement traduit…une phrase proustienne !
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Microcosmes échappe à la classification : une érudition étonnante, une analyse et des interprétations qui émaillent constamment le récit, des personnages réels dont on glane au fil des pages les exploits, des mythes et légendes servies en accompagnement, et une langue savoureuse, riche et précise, dense et puissante. Magris nous fait voyager dans le monde, au gré de ses envies ou de ses souvenirs, effaçant les frontières et le temps pour nous faire toucher du doigt l'histoire des hommes.
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Clausio Magris, universitaire triestin de renom qui signe de nombreuses chroniques dans la presse italienne, livre dans Microcosmes, prix Strega en 1997, une géographie particulière de lieux qui lui sont chers, Trieste d'abord par laquelle il ouvre et clôt le recueil, mais aussi des endroits aussi variés que l'Istrie, la lagune de Grado, les collines proches de Turin ou le Haut-Adige. Univers campagnards ou urbains, marins, boisés ou neigeux, sont présentés à travers des considérations nonchalantes mais érudites où une grande place est faite à des descriptions plus allusives qu'exhaustives, à des portraits de figures locales, prêtres, savants, ayant consacré des oeuvres à leur petite patrie, pour soudain s'envoler dans des réflexions poético-philosophiques parfois d'une très grande beauté et profondeur.

La lecture toutefois n'en est pas aisée, car Magris s'embarrasse peu de plaire et préfère suivre son inspiration vagabonde au gré des idées et remarques qui lui sont suggérées par le génie des lieux. Autant dire que l'ouvrage, considéré comme un roman en Italie mais comme un essai en France, ne brille pas par son suspense et demande au lecteur concentration et bienveillance. Sa peine est toutefois récompensée par la grâce et l'élégance des envolées méditatives qui émaillent le texte.

À déguster comme un vin vieux, à petites gorgées.
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Microcosme est un essai composé de neuf chapitres portant sur des lieux du Nord de l'Italie, qui servent tour à tour de prétexte à un subtil équilibre entre témoignages de locaux, description de la géographie et analyse des littératures et de l'histoire régionale, souvent binationale et emplie de paradoxes.

Le premier chapitre se consacre à Trieste et plus précisément au café San Marco, où l'auteur convoque les noms d'Ugo Flumiani, de Fano, de Guido Voghera, de Velicogna, ou encore de Juan Octavio Prenz.

On découvre ensuite la commune Valcellina, et le dialecte typique du Frioul, puis Claudio Magris nous fait redescendre vers la mer et les lagunes et les villes de Grado, Venise ou Aquilée, soulignant la difficulté pour les habitants de la région à choisir entre Italie et Istrie au moment de la redéfinition des frontières de la région.

De l'Istrie on remonte ensuite vers le Monte Nevoso et son royaume sylvestre imprégné de culture slovène, lieu successivement annexé par l'Italie et la Yougoslavie.

Aparté régionale puisque l'on quitte le Nord-Est pour le Nord-Ouest et le Piémont, aux velléités d'indépendance et pourtant qui fut au coeur de la création de l'État italien, et qui questionne sans cesse l'identité italienne et ses frontières.

Après cette digression, Claudio Magris nous fait revenir aux frontières orientales de l'Italie, où une guerre de la linguistique fait rage pour déterminer l'origine des villes : italiennes, slovènes ou croates ? L'auteur s'attarde aussi sur le triste sort d'Italiens stalinistes convaincus qui quittèrent leur pays, séduits par le projet de Tito, et qui furent torturés par ce dernier sur Goli Otok.

De la frontière est, on passe à la frontière nord et au statut particulier du Sud-Tyrol germanophone, qui fut sacrifié par Hitler à son alliance avec Mussolini.

Enfin, l'on revient à Trieste et à son jardin public peuplé de sculptures d'écrivains, de pigeon et de chats indolents.

Le sujet est donc vaste, mais la lecture absolument passionnante, malgré des digressions nombreuses et intellectuelles qui font parfois (souvent !) perdre le fil. Claudio Magris éclaire des pans méconnus de l'histoire italienne, et par son questionnement incessant m'a rappelé Sebald, sans l'ennui que j'avais éprouvé à la lecture de ce dernier.
Une très belle découverte, je relirai sans aucun doute cet auteur dont l'humanité transperce chacune de ses phrases.
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Quand j'ai lu ce livre pour la première fois, j'ai été un peu déçu : je n'y retrouvais pas tout ce qui m'avait séduit dans « Danube » du même auteur. Je l'ai donc repris il y a peu.... et j'ai eu la même impression ! En fait, j'ai trouvé ce qui me gêne : il est trop « touffu », presqu'autant que les forêts du Monte Nevoso ! Magris y mêle sa vie et celle de ses amis, l'histoire des lieux qu'il nous présente, les célébrités locales, l'histoire européenne, la géographie. Tout cela est extrêmement précis et documenté, presque trop,
Il y a néanmoins plusieurs aspects qui me séduisent, notamment la question des frontières et des limites. Comment être à la fois dedans et à l'extérieur d'un groupe ou d'un espace ? Cette question, comme souvent chez Magris, trouve un écho particulier dans le cadre historique et spatial de la Mitteleuropa.
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Magris nous guide à la découverte des lieux circonscrits de plus en plus petits. de la description du paysage _même dans les détails plus fuyants_ au récit des existences grandes ou minimales,des destins,des passions, des événements comiques ou tragiques qui l'ont marqué, jaillit un récit voyageur et fluctuant qui suit son parcours caché ,comme le courant d'un fleuve. Chacun de ces mondes, tellement divers _qui toutefois se respectent et s'intègrent dans la parabole d'une existence _vit dans la double présence de présent et de passé, épiphanie du moment et de la mémoire, des heures fugitives et des siècles lointains.
4è de couverture italienne Garzanti
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