Le
Karnak Café, 1965… C'est le lieu où le narrateur débarque un jour pour ne plus jamais le quitter. Attiré par la tenancière, Qurunfula, ancienne star de danse orientale à la beauté mystérieuse, il va faire la connaissance de quelques habitués, joueurs de tric-tac mais aussi 3 étudiants révolutionnaires.
Leurs conversations animent le café, mais lorsque ces 3 étudiants disparaissent brusquement, l'atmosphère devient pesante et l'inquiétude domine. Il s'agit là d'un huit-clos où le narrateur évoque, à travers le parcours des personnages, une période délicate de l'histoire égyptienne.
Karnak Café est d'abord un roman historique qui dénonce un gouvernement suspicieux et répressif envers ses propres habitants. Ceux-ci souhaitent avant tout faire progresser leur pays, en tentant notamment de s'ouvrir sur l'Occident. La crainte de perte d'identité arabe est au coeur de cette répression, et elle est enfin évoquée par la guerre et la défaite contre Israël en 1967. Si certains passages sont ardents, il est des faits qui échappent au lecteur, faute d'explications suffisantes. Ce sont là les limites d'une histoire abordée par le prisme d'un lieu et d'un narrateur uniques. C'est donc davantage l'ambiance du café qui attire, et il faut reconnaître à l'auteur la capacité à nous faire (res)sentir l'émotion des personnages, l'odeur du thé et les vapeurs du narguilé.
Enfin, ce roman vaut pour la résonnance qu'il a avec l'actualité du moment, puisque l'espoir des peuples arabes qui naquit autrefois semble aujourd'hui se concrétiser au travers des révoltes contre des gouvernements non-démocratiques.