Ce court roman est paru dans sa langue originale, l'arabe, en 1974,bien avant que ne lui soit attribué son
Prix Nobel, mais ça n'est qu'en 2010 qu'il n'a été traduit et édité en français.
Au regard de certains, il peu paraître court, trop court, et à ce titre pas digne d'intérêt. Ne nous trompons pas, les auteurs savent très bien ce qu'ils font et pourquoi ils le font.
Naguib Mahfouz, a voulu ainsi donner une impression de lourdeur, et d'étouffement au lecteur. Il a voulu, de ce fait aller à l'essentiel.
Karnak café est le lieu où l'on cause, librement, nonchalamment, sous le regard bienveillant et amoureux Qurunfula, ancienne danseuse orientale.
Trois jeunes y passent de longues heures, refont le monde, s'aiment. L'Egypte est devenue socialiste, et s'apprête à perdre une guerre éphémère contre les Israéliens. Il s'instaure alors un climat de suspicion, de répression. La torture est utilisée.
La jeunesse y perd ses repères, ses illusions.
L'écriture de Naghib Mahfouz traduit bien cette atmosphère là.
« Que nous est –il arrivé ? J'ai l'impression que nous sommes un peuple à la dérive. Les aléas de la vie et l'impact de la défaite nous ont fait perdre tout sens des valeurs…… »
Quatre parties constituent ce roman, la plus importante, celle consacrée à Qurunfula est la plus conséquente, comme pour mieux signifier le rôle pivot de cette femme pour ces jeune et ce café, lui aussi personnage, en quelque sorte de ce livre. Celle mettant en scène le bourreau est des plus réduite. Peut-être pour illustrer sa pensée ?
« Nous sommes tous à la fois victimes et assassins, qui ne comprend pas ça, ne comprend rien du tout. »
Voilà un auteur, dont cette lecture a été appréciée, que j'ai envie de découvrir à nouveau. Il y a dans son écriture une sensualité qui me parait intéressante à approfondir.
Autre détail qui a son importance, comme toujours les éditions
Actes Sud ont mis un soin particulier à ce livre: papier ivoire épais, et jolie couverture pleine de mystère.
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