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Mohammed Hendaz (Préfacier, etc.)
EAN : 9782493295187
355 pages
Heritage Editions (01/03/2022)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Abû ‘Abd Allah al-Hârith Ibn Asad al-‘Anazî, surnommé al-Muhâsibî, c’est-à-dire « celui qui s’exerce à l’examen de conscience », fut une personnalité qui eut, en Orient, surtout à Bagdad, une influence très importante dans les sphères mystiques musulmanes. Il avait du Coran une connaissance parfaite ; il était savant en hadith, en théologie, en droit musulman, et ses connaissances en philosophie, bien que moins profondes que les autres, lui suffisaient pour défendre... >Voir plus
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Préface

​S’exprimer sur un sujet quelconque dépend de la conception qu’on a de sa réalité. Ainsi, la description ou la définition que l’on donne d’une notion, d’un concept ou tout simplement d’un mot est souvent fonction du prisme idéologique, social ou culturel par lequel on l’appréhende. Inutile de rappeler que cette appréhension est, à bien des égards, symptomatique du biais conceptuel qui l’anime. Il est donc nécessaire, avant de s’élancer avec fureur dans la condamnation ou l’apologie à tue-tête, de savoir précisément de quoi l’on parle. C’est avec cette prémisse épistémologique qu’Abû al-‘Abbâs Ahmad Zarrûq al-Fâsî (m. 899 H./1494) a inauguré ses Principes du soufisme (Qawâ‘id al-tasawwuf), avant de définir le soufisme, le sulûk ou la tazkiya. L’auteur dresse, non sans amertume, un double constat : d’un côté, le tasawwuf est un terme aux contours mal définis et, de l’autre, il est doublement victime. D’abord, il est victime de ceux qui s’en revendiquent et ensuite de ceux qui le condamnent. L’exagération des uns et la diabolisation des autres font courir de nerveuses horripilations sur tout le corps. Ils offrent un jeu de miroirs qui reflètent l’image de ceux qui s’opposent dans un combat féroce. Afin de sortir de cet imbroglio sans fin, Ahmad Zarrûq se fixe donc pour objectif d’y remettre de l’ordre. La tâche est loin d’être aisée, car environ deux mille définitions du tasawwuf ont été recensées. Toutefois, cette divergence d’expression ne reflète que les nuances sémantiques du tasawwuf et non d’insolubles contradictions. Il convient donc de s’accorder sur un fait, puisqu’en dernière analyse ces définitions convergent toutes en « la sincérité du cheminement vers Dieu (sidq al-tawajjuh ilâ Allâh) ». Pour Zarrûq, ce point de départ doit représenter le plus bas dénominateur commun pour les parties prenantes au débat. En effet, il incarne la notion cardinale de l’ihsân, le substrat spirituel, que la Tradition prophétique conçoit à travers la pureté de la dévotion. À l’instar d’Abû Hâmid al-Ghazâlî (m. 505 H./1111) dans son Ihyâ’, le savant marocain Ahmad Zarrûq entend réhabiliter et revivifier le soufisme originel. Dans un premier temps, il est nécessaire de le débarrasser de ses vieux oripeaux folkloriques et de ses mystificateurs qui sont responsables de la détérioration de son image. Ensuite, un retour aux sources est indispensable. En d’autres termes, la voie spirituelle ne peut être éclairée que par l’impulsion du référentiel scripturaire et de l’héritage tel qu’il a été transmis dans la lignée des maîtres soufis de grande renommée. Zarrûq considère que l’expérience mystique ne peut pas s’affranchir du Guide (Coran et Sunna). Il est vrai, ce travail a été amorcé par de célèbres théologiens, comme al-Ghazâlî, mais il n’en demeure pas moins inachevé. En réalité, la réforme zarruquienne a toujours été promue par de grandes figures emblématiques du soufisme et est une préoccupation vivante jusqu’à nos jours encore. Aux premières heures du développement du tasawwuf, on compte parmi les grands noms de l’école irakienne, al-Hasan al-Basrî (m. 110 H./728), al-Junayd Ibn Muhammad (m. 298 H./910), Abû Sa‘îd al-Harrâz (m. 286 H./899), Sahl Ibn ‘Abd Allah al-Tustarî (m. 283 H./896), Abû Bakr al-Wâsitî (m. 320 H./932).

​L’un des plus influents de cette période, après al-Junayd, est probablement al-Hârith Ibn Asad al-Muhâsibî (m. 243 H./857). Auteur d’une abondante littérature, mais qui demeure encore peu connue du public francophone, la liste de ses ouvrages avoisine les deux cent titres. Certains proposent des réfutations des pensées schismatiques en vogue à son époque, comme le mutazilisme, mais la plupart sont orientés vers l’ascétisme et la purification des cœurs. D’ailleurs, son œuvre constituera une source d’inspiration et un fondement incontournable pour la pensée soufie ultérieure, notamment chez al-Ghazâlî. Si al-Muhâsibî a développé une spiritualité qui repose foncièrement sur le Coran et les dires prophétiques, il s’illustre comme un fin « psychologue » et un thérapeute des cœurs. Sa réflexion est surtout marquée par son thème de prédilection : l’examen de conscience (muhâsaba) ou l’introspection, dont il est probablement l’architecte. Il invite à scruter son être avec minutie et vigilance afin d’opposer une résistance franche à ses propres vices. Al-Muhâsibî a vécu dans une période traversée par de nombreux troubles. À ce propos, les divisions qui déchirent la communauté musulmane le préoccupent tellement qu’il propose « une voie de sortie » à ces dissensions intestines. Le salut n’est possible que par la crainte révérencielle. Pour ce faire, il est nécessaire d’observer scrupuleusement ses devoirs et les droits de Dieu (ri‘âyat al-huqûq). Autrement dit, il faut agir pour Dieu en toutes circonstances et suivre le modèle prophétique. Il est vrai, par ailleurs, qu’il existait des tensions entre lui et l’imam Ahmad Ibn Hanbal, mais la plupart des savants tiennent des propos élogieux à son endroit.

​Une personnalité et une œuvre aussi importantes que celles d’al-Muhâsibî méritent naturellement une, voire plusieurs études. La contribution du cheikh ‘Abd al-Halîm Mahmûd (1910-1978) comble immanquablement une carence en la matière. Cette recherche présente, à notre sens, plusieurs avantages.

​Tout d’abord, il s’agit d’une thèse rédigée en français dans un style assez fluide qui pourtant n’est pas la langue maternelle de l’auteur. Le lecteur francophone pourra apprécier la personne d’al-Muhâsibî à travers cette porte d’entrée. Cette recherche est aussi l’occasion de faire connaissance avec son auteur qui est un représentant du soufisme contemporain. ‘Abd al-Halîm Mahmûd était effectivement un savant égyptien ayant reçu une formation traditionnelle à la prestigieuse université d’al-Azhar.

​À l’instar de Rifâ‘a al-Tahtâwî (m. 1801/1873), Muhammad ‘Abd Allah Draz (m. 1894/1958), ‘Abd al-Razzâq al-Sanhûrî (m. 1895/1971) et d’autres, il faisait partie de cette génération de savants qui ont allié l’enseignement religieux classique aux méthodes de recherches occidentales, particulièrement en France. De là, il y a précisément un intérêt pour l’histoire contemporaine de l’islam en France. Après l’obtention de son diplôme à al-Azhar, ‘Abd al-Halîm Mahmûd s’installa à Paris où il a obtenu trois licences en Sorbonne : en psychologie, en sociologie et en histoire des religions. En 1938, il entreprit la rédaction de sa thèse sur al-Muhâsibî sous la direction du célèbre orientaliste L. Massignon.

Après sa soutenance en 1940, il regagna l’Égypte où l’attend une remarquable ascension professionnelle et spirituelle. Il occupa d’abord un poste de maître de conférences en psychologie à la faculté des études arabes à al-Azhar. En 1951, il enseigna la philosophie à la faculté des fondements de la religion (usûl al-dîn) de laquelle il fut promu doyen en 1964. En 1970, il fut nommé président de l’université d’al-Azhar, puis, en 1971, ministre des Fondations et des Affaires d’al-Azhar.

​Peu de temps après, il atteignit la plus haute fonction de l’institut religieuse, celle de grand cheikh d’al-Azhar (1973-1978). Il engagea de nombreuses réformes et fit ouvrir une nouvelle faculté de prédication (kulliyya al-da‘wa) affiliée à al-Azhar et plusieurs établissements d’enseignement, notamment de mémorisation du Saint Coran. En parallèle de ses activités professionnelles intenses, il promut activement l’éducation spirituelle et le soufisme. Ses rencontres avec le célèbre René Guénon (1886-1951) et le cheikh ‘Abd al-Fattâh al-Qâdî (1899-1964) furent probablement décisives dans son orientation. Auteur prolifique, ‘Abd al-Halîm Mahmûd consacra la plupart de ses ouvrages à la spiritualité. Pour lui, le soufisme issu du Coran et de la Sunna est la réponse la plus appropriée aux problèmes du monde moderne. Il considérait l’amour de Dieu dans la voie spirituelle comme le seul garant d’une réforme de fond capable d’unir la Umma fragmentée. Il s’employa à revivifier l’enseignement spirituel des anciens au point d’obtenir le titre honorifique de « Ghazâlî du 20e siècle ». C’est dans cette perspective qu’il rédigea Al-Muhâsibî, Un mystique musulman religieux et moraliste.

​Par son travail sur al-Muhâsibî, ‘Abd al-Halîm Mahmûd exhume les enseignements et la pensée d’un maître spirituel d’une grande valeur. L’auteur a mené un travail fastidieux avant d’arriver à le présenter et à classer ses idées. La reconstruction de sa pensée a dû se faire « pièce par pièce et en se servant d’éléments disséminés un peu partout ». Bien que l’on puisse lui reprocher, à juste titre, son excessive complaisance à l’égard de Massignon, l’étude d’A. Mahmûd, en plus d’apporter un éclairage considérable sur l’héritage islamique, contribue à notre compréhension de l’histoire religieuse de l’époque d’al-Muhâsibî et particulièrement celle du tasawwuf.

Mohamed Hendaz
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Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "Al-Muhâsibî : Un mystique musulman religieux et moraliste" de Abd Al-Halim Mahmûd aux Editions Héritage.
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