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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il n'y a que de belles idées dans ce roman follement inventif et terriblement original. Que des trouvailles génialement teintées de poésie.

Dans un monde très légèrement dystopique, le monde commence à se dérégler lorsque les appareils photo ( smartphones compris ) puis les caméras refusent d'enregistrer la présence humaine. le décor, oui, les animaux oui, mais les hommes, niet, numériquement invisibles. Et puis, vient le temps des Grêlons. L'espace de stockage du Nuage est tellement saturé de data qu'il commence à recracher chronologiquement des Grêlons, tous les êtres humains photographiés et filmés depuis le premier portrait de Constant Huet par Louis Daguerre au Museum d'histoire naturelle en 1837 … Bientôt, le monde est submergé de Grêlons qui atterrissent de partout, totalement hébétés.


« Là, ce que Le Nuage relâche, ce n'est pas des 0 et des 1, du binaire. C'est autre chose, un langage qui n'a ni queue ni tête, de la data d'un nouveau type, qui s'échappe du Nuage au milieu du reste en petits paquets. de micro-averses qui tombent comme ça, alors qu'on n'a rien demandé. Il ne s'agit pas de flux, qui sont vectorisés ; non, Le Nuage nous crache dessus des micro-averses de data sauvage. Un peu comme si Le Nuage était plein à ras bord, qu'il était trop lourd et qu'il n'arrivait plus à se contenir un jour de plus de façon normale. Imaginez des grêlons qui tombent du Nuage : de la date congelé à l'intérieur et maintenant elle est trop lourde pour y rester alors elle chute. »

C'est la voix d'un narrateur assez étrange qui nous conte ces événements étranges. Au début du récit, c'est un tout jeune adolescent. On va le voir devenir jeune adulte tout en restant résolument accroché à l'enfance, le nez dans son bol banania et sa soupe Floraline préparée par sa maman, confondant de candeur mais avec une touche de lucidité, peut-être malgré lui. Avec à ses côtés son meilleur ami et son amoureuse secrète, qui eux aussi vont devoir grandir en se trouvant une place dans ce drôle de monde.

Lorsqu'on écrit un roman à touches fantastiques empreintes de réalisme magique, le plus difficile est de parvenir à créer un univers cohérent et à le conclure. Il y a peut-être quelques longueurs mais le grain de folie douce est tellement plaisant et surtout l'avancée de l'intrigue si ingénieusement millimétrée que je me suis régalée, portée par une écriture enjouée, pleine d'humour. C'est sans doute cela le plus fort, en fait, parvenir en toute légèreté à parler avec intelligence et profondeur des dérives de notre société : narcissisme, consumérisme, dangers d'un populisme de plus en plus extrémiste, xénophobie ( superbe idée des Frelons anti-Grêlons ) … les métaphores / échos à aujourd'hui sont multiples et jamais lourdauds.

Mais le plus touchant, c'est la façon qu'à ce merveilleux roman à nous inviter à conserver notre âme d'enfant face aux déchaînements du monde. Avec Arthur Rimbaud en guest star pour soigner la peur du basculement dans le monde des Grands. Et attention à bien lire jusqu'à la dernière ligne, y compris le « Achevé d'imprimer » final. Lorsque j'ai découvert le prénom du narrateur et l'identité de l'auteur, c'est juste magique et m'a emplie de reconnaissance envers Olivier Mak-Bouchard. Illuminée.




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Clic clac, au départ, moi j'étais pas d'accord quand Gwendo m'a arraché le téléphone des mains pour faire une photo de l'Indien. En plus, la maitresse, Mme Philibert, elle nous avait prévenus, les Indiens, ils voulaient pas qu'on les prenne en photo, ils avaient peur qu'on leur vole leur âme …
En plus, Maman elle m'avait prêté son téléphone pour le jour de la sortie à OK Corral (le super parc d'attractions sur les cow boys et les Indiens) pour la prévenir en cas de problème, pas pour faire des photos et à tous les coups, j'allais me faire gronder.
Bref, l'Indien de pacotille a posé crânement sur son fidèle destrier pour Gwendo. Sauf que, de retour dans le bus, quand on a voulu regarder la photo, ben surprise, si on voyait bien le paysage et le canasson, d'Indien, point, nada, il avait été remplacé par le paysage en arrière-plan.

Ne bougez plus, le petit oiseau va sortir, clic clac, merci Kodak, c'est dans la boîte ! et pour toujours pensez-vous en appuyant sur le bouton de l'appareil photo. Enfin, ça c'est ce que vous croyez … Hé bien détrompez-vous, car à la lecture du temps des grêlons vous allez voir les choses autrement, et vous allez peut-être même hésiter dorénavant à prendre des photos (enfin moi oui, pas folle la frelonne).

Voilà plus d'un an que je trépignais en attendant le nouvel opus d'Olivier Mak-Bouchard, eh bien je n'ai pas été déçue ! OM-B m'a refait le coup du Murakami provençal et son numéro de charme comme la dernière fois, et me voilà à nouveau ensorcelée, des spirales ou des coeurs à la place des prunelles, je ne sais plus très bien.
Dans cette aventure triptyque, nous allons voir grandir notre petit narrateur, d'enfant à grand adolescent, puis enfulte, Tanguy qui a du mal à grandir, quitter sa Maman et son bol de Banania qu'il savoure tous les matins.
Le premier volet de l'histoire, les photons se concentre sur l'enfance de notre petit héros qui se garde bien de nous dévoiler son prénom, mais sans nul doute son second prénom est celui d'Olivier (l'auteur) qui revisite avec gourmandise les lieux de son enfance. Incontestablement, la partie que j'ai préférée, l'auteur fait vivre à merveille ce petit garçon avec ses blessures (son papa décédé) et ses copains ; le gros Jean-Jean qui bégaye et Gwendo l'intello (tiens un petit air d'Harry Potter dans ce trio, sauf qu'ici la chevelure rousse et les taches de rousseur sont pour la franco-britannique Gwendolyn).
Comme n'arrête pas de nous le répéter Olivier, ouvrez l'oeil et le bon pendant votre lecture, car je peux à peu près vous garantir, qu'une fois la dernière page lue (mais la vraie dernière page celle après le « Achevé d'imprimer », vous aurez envie de tout relire, en vous disant que bien sûr, vous avez manqué plein de choses. Bon enfin, ça c'est pour les cancres comme moi, Olivier est sympa, il nous offre une petite séance de rattrapage, les premiers de la classe, ils auront compris depuis longtemps et ceux qui sont dans la moyenne, ils auront capté à la dernière page numérotée, (bah oui quand même pas si facile que ça), même si forcément l'idée vous a au moins effleuré à un moment donné. Et, là, bim, promis, vous aurez à votre tour votre illumination ! C'est pas très clair mon histoire, mais hors de question de trop vous en dire !
Plein d'allusions, d'illusions, de doubles lectures, un peu comme un dessin animé Disney, un premier niveau pour les enfants, et puis un second pour les adultes avec plein de clins d'oeil par ci ou là … et même que des fois, il y a beaucoup plus de degrés que ça !
Les références fusent, un vrai feu d'artifice, de Rimbaud à Walt Disney, en passant par Alice au Pays de merveilles. D'ailleurs, Olivier Mak-Bouchard se paye même le luxe de petits messages à ses lecteurs du Dit du Mistral (son précédent ouvrage), en autorisant au Hussard un petit coucou, ainsi qu'à M. Sécaillat … du grand art, je vous dis …
Bref, je me suis fait mener par le bout du nez, et j'en redemande. Allez, en route, les amis pour le pays d'Olivier Mak-Bouchard … et n'oubliez pas de réviser vos classiques (interro surprise à la fin du billet).
Bon ben, Olivier, j'attends donc déjà ton troisième opus (je recommence déjà à trépigner, une vraie danse de Saint-Guy, j'espère juste que ça n'est pas prévu le 31 septembre 2022), inutile de te dire que tu as placé toi-même la barre haut, très haut …
Clic-clac, merci pour la photo, vous pouvez enlever les Ray-Ban (M.I.B ça vous dit quelque chose ?) et reprendre une activité normale…
PS : toujours aussi fan de Phileas Dog et de cette (à nouveau) superbe couverture !
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C'est une fois de plus sur ses terres de Provence, après son premier roman "Le dit du Mistral", qu'Olivier Mak-Bouchard ancre les évènements du "Temps des grêlons". Pas un traité météorologique, bien que des orages surviennent, mais un roman tout à fait atypique, mélange surprenant des genres, osant un ton original.

C'est à hauteur d'enfant, grâce à un jeune narrateur (dont le prénom n'est dévoilé qu'en fin de récit), que nous pénétrons dans cette histoire où tout débute par un étrange événement : les appareils photo ne représentent plus les êtres humains! Les paysages, oui, mais finis les selfies, le cinéma, la télé, le JT...
Saturé par notre omniprésence via nos clichés, dont le nombre ne cesse d'augmenter, le cloud s'est rebellé. Mais il ne se contente pas simplement de ne plus figer nos visages sur nos écrans numériques ou sur papier glacé ! Voilà que le cloud se met aussi à "recracher" nos avatars, larguant comme des grêlons les malheureux qui se sont fait "tirer le portrait" depuis le 19ème siècle...
Très discipliné, il respecte un ordre chronologique et renvoie d'abord les 1ers "cobayes" pris en photo par l'inventeur de l'appareil photo, M. Daguerre, dès 1837. Les personnages ainsi "recrachés" par le nuage "cloud", surnommés donc "les Grêlons", ne sont que le reflet des personnes disparues depuis bien longtemps. Pourtant ils se meuvent, respirent, mangent, comme de véritables personnes. Mais ils restent apathiques, simples avatars de ceux qu'ils représentaient. Pas tout à fait humains, pas non-humains non plus.
Dès lors, que faire d'eux ? Certains, à force d'efforts, finiront par être "illuminés", gagnant en conscience et en personnalité, les autres végétant dans un état fantomatique.
Au vu des progrès en matière de photographie sur ces deux derniers siècles, il devient évident que des arrivées massives de "grêlons" se profilent et que la situation va empirer.

De cette situation burlesque mais dramatique, l'auteur aurait pu tirer un roman s'inscrivant uniquement dans le registre de la science-fiction. Or, Olivier Mak-Bouchard, s'il introduit un élément imaginaire et peu probable (quoique ?!), s'ingénie ensuite à dresser l'état "des lieux et des âmes" d'une société qui ne sait que faire d'individus, au mieux problématiques, au pire indésirables. D'aucun pourrait s'aventurer à établir un parallèle avec les réfugiés, migrants climatiques, politiques ou économiques ; mais aussi de façon plus osée avec les personnes âgées, déjà considérées aujourd'hui dans certains pays comme inutiles économiquement, donc à charge...

Pour aborder ce thème grave, l'auteur fait le choix de s'attacher aux trajectoires de trois enfants, copains d'école, qui grandissent au cours du récit et feront des choix différents. le narrateur, éternel enfant durant tout le roman, Jean-Jean le meilleur ami bègue et la copine anglaise Gwendoline.
Olivier Mak-Bouchard livre un roman incroyablement "calibré", équilibré, parfaitement "dosé" puisqu'il parvient à faire cohabiter la douceur, ce côté enfantin de la narration, avec un contexte qui s'assombrit progressivement. Mais il sait aussi entrelacer imaginaire et réalisme : partant d'un postulat digne de science-fiction (le cloud recrachant les sujets photographiés), il tisse un récit où l'on retrouve des problématiques de notre Histoire, des comportements qui ne nous sont pas inconnus et des questionnements sur ce qu'il pourrait advenir de nos sociétés.

Je suis très admirative de la plume de l'auteur, et de la pertinence de son choix de registre littéraire: il louvoie sans jamais perdre ou lasser le lecteur entre le conte initiatique (le "Candide" De Voltaire), cette narration naïve et enfantine autour d'une thématique sérieuse, et la science-fiction (à la façon d'un Orwell ou Aldous Huxley)

Les remarques à hauteur d'enfants sont pleines de fraîcheur, d'une simplicité qui porte à sourire, d'une délicieuse (bien qu'involontaire puisqu'émise par un enfant) irrévérence:
"Gwendo, elle a pas la même religion que nous, elle a la religion de son pays, ceux qui protestent . C'est un peu pareil que nous mais pas tout à fait : ils veulent bien croire en Dieu, en Jésus , mais à la Vierge Marie, non là ils veulent pas y croire, c'est vraiment trop gros, ils ont protesté,".(P.45)

J'ai beaucoup souri et souvent ri des réparties de ces trois jeunes amis, des réflexions du jeune narrateur, si ingénu, sur les comportements des adultes, sur notre société, nos hypocrisies et nos petits travers. Olivier Mak-Bouchard croque la situation avec le sens du burlesque et déroule totalement ces événements insensés. Je me suis régalée des réactions des professeurs de lettres, s'apercevant que le Grêlon d'Arthur Rimbaud n'offrirait pas d'oeuvre supplémentaire à l'humanité ! C'est d'un délicieux cynisme:
"Les semaines passaient et les Grêlons, ceux d'Arthur Rimbaud comme les autres, non seulement ne faisaient toujours pas de vers, n'ajoutaient aucune rime à leur oeuvre, mais restaient farouchement hébétés, ne disaient rien, ne savaient rien. Les yeux ailleurs ils étaient là sans être là. Ils ne faisaient que nous regarder, fixement.
La déception a été grande, la moitié des profs de lettres et d'histoire se sont mis en dépression jusqu'à la fin de l'année."(P.120)

Malgré le contexte préoccupant, le récit gagne en cocasse et maintient ce ton frais grâce à la narration ingénue de son jeune protagoniste, qui assiste à cette "débandade" historique !

Mais malgré ce ton naïf et enfantin du début, imperceptiblement le récit bascule vers un réalisme empreint de menaces : d'une situation improbable qui apparaît au tout début comme étonnante, parfois amusante, l'auteur fait chanceler son roman dans un monde inquiétant qui n'est pas sans rappeler de sombres périodes historiques.
Quand la recrudescence des cas de Grêlons commence à peser sur la société, que des voix discordantes se font entendre, ce ne sont plus juste diverses opinions qui s'expriment mais des visions radicalement opposées qui émergent. le glissement qu'opère Olivier Mak-Bouchard est finement amené, mais toujours avec le regard indolent mais très doux du protagoniste.
Et je suis totalement conquise par la construction de son roman, d'autant plus quand je relis la note de l'éditeur en début d'ouvrage et "l'achevé d'imprimer" dans les dernières pages, qui se répondent parfaitement et achèvent une boucle parfaite.
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C'est en lisant la critique de @michel69004 que j'ai eu envie de lire ce livre.
Au début j'ai été gêné par la narration faite par un jeune adolescent et puis de fil du temps on se laisse happer par l'histoire.
Ce petit groupe d'ami(e)s grandis et l'arrivée des grêlons vont chambouler leurs vies et le reste du monde.
Un récit inattendu, qui m'a tout de même donné froid dans le dos.
Je ne regarderais plus jamais les appareils photo de la même manière…

Bonne lecture !
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Lorsque j'ai refermé le livre d'Olivier Mak-Bouchard , mon voyage touchait à sa fin. Descendu de l'avion j'ai jeté un coup d'oeil rapide à mes photos en attendant le taxi. Quelle surprise : plus aucun personnage n'apparaissait !!!
Mes beaux selfies, mes jolis portraits, hop, disparus ! Et puis depuis que j'avais touché le sol français, c'était un vrai bazar. Tout le monde s'agitait, la plupart des passants avaient un air hagard( des Grêlons ?) et il flottait comme un parfum d'oppression .
Le livre, lu d'une traite, avait bien sur infusé mon psychisme et, pour de vrai, tout était parfaitement normal ( hormis le brouhaha de la rentrée littéraire....)
Je me suis bien régalé . Olivier Mak-Bouchard est un conteur hors-pair et il nous entraine dans sa fable joyeusement terrifiante avec verve , subtilité et humour. Cette presque-dystopie n'est d'ailleurs pas si improbable et il me semble connaitre déjà quelques Frelons...
L'action se déroule dans un Lubéron rugueux mais lumineux et j'ai adoré emboiter le pas du narrateur . On ne sait pas trop qui est ce grand gognant qui vit toujours chez sa maman, se délecte de Floraline et de Banania et qui ne vote pas. Il a un pote, Jean-Jean et une quasi-amoureuse Gwendo. Tous trois vont suivre des destinées improbables avec ces histoires de Grêlons et de Frelons.
On a pris trop de photos, de vidéos, alors le "nuage" recrache du data, en l'occurence tous ceux pris en photos, dans l'ordre chronologique, depuis Constant Huet photographié par Louis Daguerre en 1937....
L'imagination incroyable de l'auteur est parfaitement maitrisée, souvent poétique et politique . Politico-poétique? Magique en fait. Et un poil philosophique aussi. Alors je l'ai suivi jusqu'au bout du bout car il faut lire jusqu'au fameux , ingénieux, merveilleux "Achevé d'imprimer" pour bien comprendre toute l'affaire.
Je ne prendrai plus jamais des photos de la même façon, j'ai eu comme une illumination à fréquenter Arthur ( Rimbaud), Bandit-Manchot et Paix des Rides.
C'est un livre qui fait du bien et qui donne vraiment à penser en faisant un petit pas de côté !!!
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À hauteur d'enfant, le monde est définitivement moins âpre. Plus doux. Plus clément. Plus léger.

Ce ton naïf dans le contexte de l'histoire que nous conte ce livre et qui n'est pas sans rappeler certaines périodes tragiques de notre histoire, quelle excellente idée. J'adhère complètement. le registre littéraire est judicieusement choisi. Par le truchement de l'imaginaire, l'auteur nous embarque dans un monde troublant de réalisme. le parallèle avec notre société qui ne sait que faire de ses "indésirables" est à portée de mots. Des mots qui font échos aux travers de notre société d'hier et d'aujourd'hui qui s' "ismifie" dangereusement (extrémisme, racisme, consumérisme...).

Il est très fort ce livre.
Parce qu'il n'est absolument pas pesant.
On sourit beaucoup, on rit même.
Le "conteur" enfant devenu au fil des pages un adulte-enfant, attaché à sa maman et à sa Floraline est très attachant et ses propos apportent beaucoup de fraîcheur à la lecture.
Et quelle imagination de l'auteur !
Et un travail d'orfèvre certain à souligner. Rien n'a été tracé au hasard. du prologue aux tout derniers paragraphes, qui viennent même après le "Achever d'imprimer". Des allusions à son précédent et premier roman "Le Dit Mistral" (un bonheur de lecture !) au déroulé des événements. Jusqu'au prénom du narrateur que l'on découvre à la toute fin. L'illumination !
Topissime !

Une histoire atypique qui vaut vraiment le détour. Et une chronique volontairement dépourvue de tout résumé ou détail du scénario dans l'espoir de vous laisser à vous aussi la surprise de la découverte si vous souhaitez le lire.

« .... « C'est là-dedans. Il faut tout lire, tu comprendras. » Il avait raison. J'ai tout lu, et j'ai compris. » (les mots de l'éditeur dans le prologue)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Magique et terriblement inventif.
J'ai adoré cette histoire. Une dystopie, un imaginaire très poussée, une langue fluide tellement porteuse de significations. Tout est transportable, métaphorique à souhait (ou à regret). Alors qu'à la base, c'est simple : les hommes n'apparaissent plus sur les photos. Ca en devient incontrôlable, avec des profils psychologiques tellement tellement bien menés. Et on n'a pas mille pages en support. L'auteur manie tous ses mots comme un magicien! Un vrai plaisir.
L'écriture parlée du narrateur m'a un peu fait reculée au début, j'étais pas prête à lire un enfant. Mais ni vu ni connu le narrateur grandit et murit aussi son oralité et ses réflexions. Si bien, que ça donne le plus bel effet à ce roman.
Quant au contenu et à son aboutissement impossible d'en parler, une chute grandiose qu'il faut lire pour y croire, parce que : comment ça peut finir une intrigue pareille???
Gros coup de coeur
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Un roman qui nous transporte dans le Sud et dans le temps.
La lavande, le colorado de Rustrel, le plateau d'Albion, Apt... C'est le sud qui est sous nos yeux, dans nos narines et nos oreilles. Un roman bien ancré dans son terroir, mais sans en faire trop, juste de quoi avoir un cadre, une atmosphère, de fournir le réalisme à l'histoire.
Voyage dans le temps aussi, à plusieurs titres. Déjà, on suit notre héros de son adolescence à l'âge adulte, et ainsi l'évolution dans la société, le déclin des labo photo en première ligne. Et la disparition de la possibilité de prendre les humains en image, photo ou vidéo, ce qui fait plonger le monde au temps où la photographie n'existait pas.
Un voyage dans le temps quasi au sens propre avec les "grêlons", sorte de réminiscence de personnes photographiées dans le passé (je ne veux pas trop en dévoiler).
Voyage dans le temps aussi tant ce qui se déroule rappelle la seconde guerre mondiale, son antisémitisme , la haine, la peur de l'autre, les nazis. Un texte qui fait réflechir sur nos peurs, notre gestion des crises, nos rapports aux autres, notre égoïsme
Et enfin voyage dans la littérature. le héros de notre histoire tient ici d'un mix entre Peter Pan et Charlie, de "Des fleurs pour Algernon", avec son ancrage permanent dans l'enfance et sa candeur face au monde que nous voyons à travers ses yeux. Et il y a bien sûr la poésie, celle de Rimbaud en première ligne.
Il y a beaucoup de choses dans ce roman passionnant. La fiction comme miroir de notre société. Difficile de décrocher.
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Quel scénario original !
L'histoire commence il y a une vingtaine d'années par un bug stupéfiant. Les photos et les films d'êtres humains ne sont plus possibles. Les appareils n'enregistrent plus la présence humaine. Gwendo, JeanJean et le narrateur sont des amis collégiens. Ils ne s'en formalisent pas plus que ça. Cette anomalie va faire le bonheur des dessinateurs et caricaturistes de tous poils. N'empêche ! Quel vide ! Un monde sans selfies ! Sans films !
Notre jeune narrateur, chouchouté par sa maman est très conformiste, sans grande personnalité. Il nous fait bien rire tant il est timoré et naïf.
Lorsque à La Ciotat apparaîssent ceux que l'on va appeler les "Grêlons", les journalistes, les policiers, les politiques, tout le monde est sur les dents. Ces gens sont les réincarnations fidèles des gens, morts depuis longtemps, des gens filmés par les Frères Lumière. Ils sont tombés du Nuage, trop lourd saturé de photos et de films. Retombent, façon météorites, les personnages des clichés les plus anciens. Les grêlons sont hébétés, mutiques. Il faut essayer de les "réveiller" pour pouvoir les intégrer à notre société. Sans doute pourront-ils nous apprendre des choses sur la société de la fin du XIX ème siècle. Rien n'est simple...Gwendo, Jean Jean et le narrateur grandissent etc commencent leurs vies d'adultes trsè différemment. On les verra réagir tout au long du récit.
Une astucieuse façon de revisiter l'histoire de la photographie et du cinéma, mais aussi de revoir Victor Hugo et Arthur Rimbaud. de quoi remuer les foules. Beaucoup de déceptions en vue...
Une belle façon de mettre en lumière toutes les menaces "très actuelles" de notre société, acceptation de l'autre ou pas, accueil de l'étranger ou pas, gestion de problèmes divers création de groupes tels "Les Frelons" qui rejettent les Grêlons ou tendent à les exploiter.
Cerise sur le gâteau ! En postface, une explication sur "la loi d'intrication" et une citation du travail d'Alain Aspect datant de 1982 lequel vient d'obtenirle prix Nobel de Physique 2022. Excusez du peu ! Je m'empresse de dire que je n'ai toujours rien compris. Qu'importe !
J'ai adoré car on est à la fois dans le fantastique et bien ancré dans le présent.
Le présent serait-il fanfastique ?
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Il était une fois 3 gamins dans une fable sociologique et onirique au cours de laquelle les portraits n'existaient plus. Il y a Peter, le narrateur; Jean-Jean, son meilleur ami bègue; et Gwendo, la franco-anglaise dont Peter est sous le charme. Pour eux, tout commence le jour où, visiblement, le nuage est saturé de données et que les appareils photos et téléphones n'enregistrent plus la présence humaine. Dans ce monde où le culte de l'image, qui régnait en maître jusqu'alors, ne veut plus rien dire, l'être humain s'adapte. Portraitistes et peintres redeviennent en vogue et on se les arrache pour croquer nos grands événements.

Alors que le monde semble s'adapter bon an, mal an, l'équilibre déjà précaire de ce nouveau monde est mis à mal avec l'arrivée du Temps des grêlons. le nuage, saturé et ne tenant plus, se met alors à rejeter des « grêlons » : le portrait arrive sur terre, bien vivant, quoi qu'un peu déstabilisé et choqué. Dès lors, c'est branle-bas de combat et la course à la découverte des grêlons se met en place. Tout le monde rêve de revoir Rimbaud. En ce qui concerne Hitler, c'est une autre histoire…

Au fil des ans, nos 3 amis s'éloignent et se retrouvent, chacun prenant des chemins et des positions bien différents face aux événement et à ce qu'ils impliquent. Alors, la fable se transforme en récit dystopique, miroir de nos sociétés actuelles, au coeur duquel les notions de populisme, d'humanisme, de survivalisme et de fascisme, se font écho.

Loin d'être moralisateur et dans une écriture débordante d'imagination et d'onirisme, Olivier Mak-Bouchard livre un roman poétique et sensible, teinté de réalisme magique pour nous parler de nos travers égocentriques et de notre société si consumériste qu'elle en oublie de voir la beauté du monde qui l'entoure.

Véritable coup de coeur pour cette histoire d'une lumineuse noirceur qui aura su me cueillir jusqu'au final, aussi inattendu que poétique.

Un roman à ne pas manquer !
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