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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
520 pages pour un polar peu ordinaire et qui confirme qu'Actes Sud sait choisir ses écrivains !
L'histoire qu'on pourrait imaginer banale (une gamine qui disparait, un couple de parents qui se déchire) se mue en une intrigue passionnante où les rebondissements surviennent au détour d'une narration qui semble (faussement) ralentir, les paysages se succèdent et s'entrechoquent (de la Buenos Aires gigantesque et trépidante, moderne, aux rives du fleuve Parana, exubérants d'exotisme, de plantes luxuriantes), les milieux sociaux s'opposent (artistes, classe moyenne, junkies, paysans), et le tout comme emmené par un air de tango qui varie les rythmes, étourdit, surprend.
Les personnages sont dépeints avec la plus grande vraisemblance, jusqu'au fond de leurs âmes et on découvre quelques spécimens étonnants et finalement sympathiques comme ce détective privé un peu bizarre qui fait cohabiter dans son bureau une poule et un chat ou ce mafieux repenti par amour pour ses enfants. La galerie de portraits est riche : de la SDF défigurée aux joueurs de dominos, chacun contribue à entretenir l'atmosphère de ce polar qui s'intensifie, s'alourdit de page en page. Et on finit par découvrir de drôles de secrets !
Pour un premier roman, c'est une réussite !
J'ai beaucoup aimé, j'ai été enchantée et j'ai été ravie de lire en 4ème de couverture qu'il s'agissait du premier opus d'une trilogie.
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Je ne lis plus trop de polars/thrillers et encore moins lorsque l'intrigue tourne autour d'enlèvements d'enfants car mon coeur de maman se serre instantanément. Si je n'avais dû trouver ce roman dans le cadre du challenge Multi-Défis, je reconnais que jamais je ne me serais dirigée vers ce dernier. Et pourtant, j'en sors agréablement surprise…

J'ai de suite été happée par le récit. Les personnages sont attachants, l'histoire est tragique mais elle ne vire pas au pathos et le tout rend une intrigue authentique, captivante. Comment cette petite fille de 4 ans a-t-elle pu se volatiliser ainsi en compagnie de sa Nounou sans que personne, et encore moins la police, n'ait un début de piste ou d'explication ? Un détective privé ayant eu vent de cette affaire décide alors de s'en mêler et propose ses services gracieusement à Fabian, le papa désormais seul, perdu et désespéré. Tous deux enquêtent alors parallèlement, à leurs risques et périls… Et forment un duo assez cocasse.

Arrivé au milieu du roman, le lecteur patauge un peu, des longueurs s'installent. Mais après tout, l'enquête également. Car la recherche de sa fille se compte dorénavant en années pour Fabian. de fait, on le retrouve 8 ans plus tard. Cette disparition est toujours une affaire non classée et désormais elle prend la poussière, la police n'ayant déniché aucune nouvelle piste depuis un certain temps. Les divers protagonistes se perdent de vue, le temps creusant les liens à peine visibles qui les avaient réunis jadis lors de l'enquête. Jusqu'à ce qu'une petite araignée s'immisce dans l'histoire et dirige Fabian sur une piste, relançant le récit qui commençait à s'alourdir...

J'ai trouvé la seconde partie un peu longue parfois. Je commençais à me lasser de ce mystère a n'en plus finir et j'étais pressée d'enfin découvrir le comment du pourquoi. de connaître quel était ce lien qui réunit notre affaire à celle du début du roman, car personnellement je n'ai rien vu venir. J'ai finalement eu une révélation en même temps que le personnage principal et je suis restée interdite. On se refait alors tout le fil de l'histoire en rembobinant, le récit prend une substance insoupçonnée et certaines zones d'ombres s'éclaircissent. J'ai beaucoup apprécié cette note de folie artistique, cette obsession fantasmagorique… Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue en elle-même.

Tout le long de ce récit, j'ai trouvé les émotions justes et bien dosées. J'ai réussi à ressentir une réelle empathie pour Fabian et vers la fin du roman j'étais en colère, frustrée tout comme il l'était. Sa situation et sa position en fin de roman n'est franchement pas évidente et j'ai vraiment apprécié le sens que l'auteur a donné à l'intrigue générale. Avec ces zones d'ombres, ces non-dits, ces secrets…

Challenge Pavé 2021
Challenge Multi-Défis 2021
Challenge ABC 2021-2022
Challenge Les Globe-trotteurs
Challenge Monopoly
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Un polar au long cours, dont l'intrigue s'étale sur une quinzaine d'années... le personnage principal, père d'une fillette de 4 ans, voit son couple se déliter lentement. Rien de plus banal, jusqu'au jour où la fillette et sa baby-sitter disparaissent. L'enquête policière commence, sans grand résultats... le livre, lui, s'attarde sur le vécu des parents, entre angoisse, déni, volonté de faire avancer l'enquête. Bientôt, le père, seul, reprend l'enquête avec un détective privé. Et les années passent...

L'enquête rebondit plus de dix ans plus tard, lorsque reparait une arme, et une curieuse petite figurine d'araignée. Elle mène le héros dans l'Argentine profonde des plantations d'eucalyptus, desservies uniquement par voie fluviale.

Paradoxalement, j'ai plus apprécié la première partie du roman, pourtant très lente et se déroulant dans un univers beaucoup moins original que la seconde. L'auteur y fait partager l'enfer de son personnage, d'une manière convaincante. du coup, le rebondissement de l'intrigue policière fait rupture, ce qui m'a un peu heurté dans ma lecture, même si la seconde partie est excellente, du point de vue de l'intrigue comme du contexte. Cela aurait presque mérité deux romans. La fin est un peu rapide, mais il semblerait qu'une suite soit prévue...
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Très bon thriller de cet auteur argentin et un coup de maitre pour un premier roman.
le protagoniste est Fabian Danubio, un architecte qui verra sa petite fille Moira de 4 ans littéralement se volatiliser entre le domicile et la maison d'un petit camarade où elle se rend à un anniversaire accompagnée de sa nounou péruvienne.
La recherche et l'angoisse des parents sont indicibles. le décor est planté, dans un Buenos Aires baroque et malsain, avec des personnages limites.
Ce qui est très original dans ce livre, est le fait que l'enquête va durer des années...des années de faux espoirs et des tracas. En même temps, le lecteur apprend peu à peu le dessous du décor, la complexité abominable de l'affaire.
C'est un livre qui m'a été recommandé par une babelienne que remercie ici. Elle me faisait remarquer à juste titre, que l'éditeur espagnol avait totalement modifié la façon de parler l'"argentin"des personnages et que cela était gênant pour elle. L'éditeur a changé tous les mots qui faisaient "trop argentin".
Lien : http://pasiondelalectura.wor..
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Lorsque leur fille Moira disparaît, ses parents, Lila et Fabián, vivent le drame chacun à leur manière: Lila sombre dans la dépression tandis que Fabián refuse de baisser les bras.

Les recherches de la police ne donnent rien, pas plus que les appels à témoins. bien décidé à se battre, Fabián engage un détective privé qui l'aidera à reconstituer les circonstances du kidnapping. Sans pour autant retrouver la piste de Moira.

Il faudra à Fabián beaucoup de patience et d'opiniâtreté pour aller au bout de cette quête cruelle, bravant la sauvagerie et la folie des berges du Rio Paraná.

Avec brio, Gustavo Malajovich combine les pistes et les désillusions d'une enquête policière au cauchemar de ses personnages. Parents, spectateurs anonymes, protagonistes menant l'enquête: personne n'est épargné, l'absence de moira pèse. Assurément, l'auteur s'est plu à jouer sur le côté sombre de cette enquête, la situant dans un univers particulièrement noir .

Du côté de l'enquête, rebondissements et vrai/faux méchants, à commencer par le chat Sanjulián, ne manquent pas. Cette incertitude, couplée à la dimension psychologique forte, renforce l'intérêt pour l'intrigue et l'envie de tourner les pages. En résumé: un premier roman très réussi.

Lien : https://nahe-lit.blogspot.co..
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Etoiles Notabénistes : *****

El Jardín de Bronce
Traduction : Claude Fell

ISBN : 9782330056896

A ce jour, il semble que ce "Jardin de Bronze" soit le seul ouvrage paru en notre langue de Gustavo Malajovich. Il s'agit d'un "pavé", où les détails abondent - l'auteur a une formation d'architecte et c'est, d'ailleurs, la profession de son héros, Fabián Danubio - et dont certains passages sont, je l'avoue, sur le fil des longueurs inutiles. le roman n'en demeure pas moins intéressant, voire passionnant à certains moments - et la chute doit être appréciée comme il se doit.

Cette impression de longueurs inutiles vient peut-être tout simplement de la plus grosse partie du roman, qui s'attache à décrire le véritable calvaire du couple Danubio (Fabián et Lila) lorsqu'ils comprennent que leur petite fille de quatre ans, Moira (rappelons, comme le fait l'auteur, que ce nom est l'une des appellations du Destin), pourtant accompagnée de sa nurse, Cecilia, une jeune Péruvienne des plus sérieuses, n'est jamais arrivée à l'anniversaire auquel elle avait été invitée un après-midi.

Certes, au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans le livre, on comprend mieux cette insistance de l'auteur. En outre, il a eu l'excellente idée d'animer cette partie-là avec un personnage que, en ce qui me concerne, j'ai jugé tout bonnement génial : Doberti , le détective privé en quête d'une affaire qui le change un peu de ses habituels conjoints trompés et de ces gens qui ont égaré tel ou tel objet de valeur hélas ! non assuré à sa juste valeur.

Il s'immisce dans l'enquête sans aucune gêne et il faut bien dire que, si elle progresse et si des pistes s'ouvrent devant lui et devant Fabián (bientôt tout à fait abandonné à sa solitude par une épouse fragile qui se suicide en se jetant de la fenêtre de leur appartement), c'est bien grâce à ce petit bonhomme aimable, mal fringué, à la frange qui ne retombe, paraît-il, que d'un seul côté du front, donnant ainsi l'illusion que l'un de ses yeux est plus haut que l'autre, et toujours prêt à faire montre d'audace lorsqu'il flaire quelque chose de surprenant ou de simplement insolite.

La police n'apprécie guère ce qu'elle considère plus ou moins comme une intrusion. Il faut bien admettre que, sur l'affaire Danubio, elle semble avoir mis le paquet, allant jusqu'à rameuter un inspecteur très connu mais qui appartient au département des Vols et non des Homicides, ce qui ne manque pas d'étonner Fabián et d'intriguer fortement Doberti. Silva, tel est le nom de l'inspecteur en question, est incontestablement une "pointure" dans son métier mais que vient-il faire là, qu'apporte-t-il en fait ? Il donne en tous cas beaucoup de conseils à Fabián, notamment après la découverte (grâce à Doberti) du cadavre de Cecilia. Et l'un de ses conseils majeurs est, justement, de laisser Doberti dans son coin et de se remettre en toute confiance à la seule action de la Police.

Mais la Police n'avance pas. On peut même dire qu'elle piétine. Et tout cela dure une bonne dizaine d'années. Jusqu'au moment où, sur le conseil de Doberti, qui n'a jamais oublié cette affaire, et avec son aide là-encore, Danubio décide de se mettre lui-même en chasse et de traquer jusqu'à la mort celui qui a détruit son foyer à tout jamais.

Cette volonté, renforcée par l'assassinat de Doberti, mènera Fabián très loin, tant physiquement, puisqu'il s'enfonce bien loin de Buenos Aíres, au sud, jusque dans la province d'Entre Ríos, que moralement car ce long et accablant voyage l'entraîne du même coup à découvrir bien des choses, à en comprendre certaines qu'il considérait sans importance et à effectuer une relecture de son passé à la lumière ténébreuse du "Journal", soigneusement tenu depuis des années, par l'assassin-ravisseur.

L'ensemble se tient mais il y manque tout de même quelque chose : je ne sais trop quoi exactement. Ce qui est étrange, c'est que l'on s'émeut et que, pourtant, tout ce qui se rapporte à Doberti excepté pour moi, on reste froid, détaché. On ressent bien l'excitation de la traque et, en parallèle, on se voit suivre tout cela d'un oeil presque indifférent. le personnage du ravisseur et sa folie sont admirablement décrits mais de façon quasi clinique. de la chaleur, de l'espoir, de l'authenticité surtout, on n'en trouve que chez Doberti.

Cela n'enlève évidemment rien à la qualité du travail de l'auteur : les péripéties de son intrigue sont bien agencées et même si l'on comprend un peu trop vite - c'est-à-dire, toujours à mon sens, un peu trop loin du final - le secret qui a motivé ses actes, la chute n'est pas loin de redresser tout cela. le problème, c'est que Malajovich voulait une fin heureuse. Et qu'il l'a écrite ... ;o(

Dommage pour les cyniques comme moi ou qui me lisent.

Pour autant, ne passez pas à côté de ce "Jardin de Bronze" : il est prometteur et permet de grands espoirs aux amateurs de romans noirs. ;o)
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Moira, fille de Lila et Fabián Danubio, disparaît alors qu'elle se rendait, accompagnée de sa baby-sitter, à un goûter d'anniversaire. Rapidement, la police est alertée, mais les premières recherches ne donnent aucun résultat. Malgré des appels à témoins, dans la presse et à la télévision, l'enquête n'avance pas d'un pouce.

« Par la suite il devait se rappeler cette sensation, le quai, les secondes qui firent la différence, l'instant que Fabián devina sur-le-champ comme décisif, mais sans comprendre pourquoi. Plus tard, en proie à la douleur et aux ténèbres, il se souviendrait à maintes reprises que la sensation avait perduré en lui toute la journée et qu'il ne s'agissait pas seulement de l'envie de partager quelque chose avec Moira, torturé comme il l'était par le sentiment de culpabilité engendré par la dispute avec Lila la veille au soir. C'était plus que cela, et si ce fut une légère prémonition, une perception qui transcendait le moment présent, Fabián n'en eut pas clairement conscience. Ce fut plutôt comme écouter l'écho d'un son déjà éteint, percevoir l'ombre de quelque chose qu'on ne parvient pas à distinguer. »

Les jours passent, et ensuite les semaines, sans aucune nouvelle de la fillette. Sa compagne Lila, incapable de surmonter la disparition de Moira, se donne la mort. C'est un autre coup dur pour Fabián, qui commence à désespérer de ne jamais retrouver sa fille.
Doberti, un détective privé dont l'expérience se limite à la filature de conjoints infidèles dans des affaires de divorce, vient lui proposer son aide. Il est très motivé pour aider Fabián, probablement intéressé par la récompense promise. Cette rencontre, et un regard neuf sur l'affaire vont mettre en évidence de nouvelles pistes de recherches.

Ils reprennent les interrogatoires des témoins, à la station du métro où la fillette a été vue pour la dernière fois. Une vendeuse de rue déclare les avoir vues monter dans un taxi.
Cette piste les conduit jusqu'à une pension de famille, dans la cour de laquelle ils découvrent le cadavre de Cecilia, la baby-sitter, tuée par balles.

« C'étaient comme les noces des vers et de la femme dans une sorte de sabbat. Parce que c'était bien une femme qui gisait là, et, sans aucun doute, pour le pire des dénouements. Elle-même ressemblait à une espèce de ver géant qui se serait arrêté à une étape intermédiaire de sa métamorphose. Mais elle ne parviendrait pas au stade de papillon. le ver humain était mort dans sa chrysalide. Fabián reconnut, parmi les lambeaux de peau et le grouillement des vers, le foulard vert clair de Cecilia. En quelques secondes, un manteau de petites mouches recouvrit le corps, le transformant en une ombre échouée. »

Cette scène de crime offre bien peu d'indices exploitables. Et pendant une dizaine d'années, l'enquête reste en sommeil. Fabián reprend peu à peu une vie presque normale, jusqu'à ce que Doberti reprenne contact avec lui et soit tué quelques jours après.

Ce roman est l'histoire d'un homme ordinaire, pris dans la tragédie que représente la disparition de son enfant. Malgré le malheur, et le chagrin, il partira à la recherche de sa fille perdue. Sur un dossier négligé par la police et oublié des médias, il s'improvise enquêteur. Lui semble être le seul en mesure de retrouver Moira. Suite à la découverte d'une petite araignée de bronze, il va parcourir des milliers de kilomètres, et parvenir à la fin de sa quête, au coeur même de la toile tissée par le ravisseur.
Toutes les épreuves qu'il doit endurer, loin de l'abattre, le rendront paradoxalement plus fort.

Ce roman est très bien écrit, les situations et les personnages bien dessinés. le scénario est bien construit et l'intrigue policière se développe intelligemment.
Petit reproche : il comporte quelques longueurs. L'auteur aurait pu faire l'économie d'une bonne centaine de pages sans que cela nuise à son intérêt.
Malgré tout, il est remarquablement structuré, avec un bel équilibre narratif. L'auteur ménage ce qu'il faut de fausses pistes et de rebondissements pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au dénouement.

Aucune couleur ne vient éclairer cette histoire, sombre, hantée par la douleur de l'absence. C'est un récit envoûtant et original, qui gagne en épaisseur et en intensité au fur et à mesure de sa lecture. Les derniers chapitres situés dans la jungle du Paraná, où se trouve le jardin de bronze, sont éclairés d'une sombre poésie.
Un premier roman absolument maîtrisé. Un auteur à découvrir, et à suivre.

Éditions Actes Sud, 2014
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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Sur les étals de nos librairies vous trouverez bien évidemment des polars français et une quantité importante de romans anglo-saxon, sans compter cette omniprésente déferlante d'ouvrages provenant des pays nordiques. Mais depuis quelques temps, c'est le roman noir ou le polar d'origine hispanique qui fait son apparition et commence à prendre une place prépondérante dans cet univers littéraire à l'instar du cinéma espagnol et argentin. Bien sûr il y avait Paco Ignacio Taibo II et Leonardo Padura deux grandes pointures du polar qui faisaient figure d'exceptions, mais désormais il faut compter avec des auteurs émergeants comme Victor del Arbol et Suso de Toro ou résurgents comme Francisco González Ledesma.

L'argentin Gustavo Malajovich s'inscrit dans cette mouvance en nous livrant son premier roman le Jardin de Bronze qui narre les affres d'un père obstiné à la recherche de sa fille disparue.

Dans un premier temps urbain pour devenir rural, le Jardin de Bronze est avant tout une invitation au voyage pour découvrir une Argentine méconnue que l'auteur distille au fil d'une histoire de disparition qui sort des sentiers battus. Il y a tout d'abord cette magnifique ville de Buenos Aires que l'auteur revêt d'habits sombres et mystérieux diffusant cette atmosphère envoutante dans laquelle le personnage principal s'égard en parcourant les dédales de rues interminables et inextricables à l'image de la tragédie qui le hante. Puis le récit prends des allures de Au Coeur des Ténèbres lorsque notre héros remonte le grand fleuve Panarà pour s'aventurer sur les berges sinueuses d'un confluent dévoré par une végétation aussi étouffante que la grande ville de Buenos Aires.

Mais il n'y a pas que l'aspect touristique qui entre en ligne de compte dans le cadre de ce roman envoutant où, au fils des années qui s'écoulent, l'espoir de retrouver son enfant disparu se dilue au grand désespoir de ce père qui lutte pour ne pas oublier le visage de sa fille. Car Fabien Danubio est un personnage profondément humain tout en courage et vulnérabilité qui se retrouve très fréquemment dépassé par les évènements qui le submergent. Vulnérable, dépassé, Fabien Danubio sera soutenu par Doberti, un détective privé peu ordinaire dont le bureau, véritable capharnaüm, se situe dans l'immeuble baroque du Palais Barolo, vibrant hommage architectural à l'Enfer de Dante. le personnage qui n'a rien de reluisant et qui peu paraître extrêmement maladroit pour exercer un métier pareil, se révélera indispensable pour faire rebondir l'enquête avec quelques éléments qu'il découvrira grâce à un don d'observation et une obstination qui frise le cas pathologique. Et que dire de ce mystérieux sculpteur qui façonne le bronze pour créer des oeuvres mécaniques aussi mystérieuses que mortels tout en ornant son jardin de statues délicates reproduisant encore et toujours la femme qu'il ne pourra jamais véritablement aimer.

Le talent de Gustavo Malajovich c'est de n'épargner aucun de ces personnages, aussi attachants soient-ils, pour parsemer son récit de fausses pistes et de rebondissements qui saisissent le lecteur jusqu'à la dernière page, dans un exercice d'équilibre narratif parfaitement maîtrisé. Transgressant les structures classiques du récit de disparition, le Jardin de Bronze est un roman aussi envoutant qu'original qu'il faut absolument découvrir afin de s'immerger au coeur d'un univers qui saura séduire les plus blasés d'entre vous.
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J'ai eu un peu de mal a entrer dans l'histoire, un peu long, puis le récit s'accélère et on a envie de connaître la vérité, et on suit avec passion la recherche désespéré de ce père qui n'est pas au bout de ses surprises ! Un nouvel auteur que je découvre, j'y reviendrai !
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C'est un roman dont je connaissais ni l'auteur, ni le roman. Je l'attaquais donc avec une certaine curiosité. Tout d'abord j'ai bien aimé que ce roman prenne pour cadre l'Argentine. Ensuite, l'intrigue est assez classique. Une enfant disparaît avec sa nourrice. Va alors s'engager une course contre la montre pour la retrouver avec des moyens conséquents engagés. On va vivre l'angoisse de ces parents, déjà fragilisé dans leur couple et qui vont devoir traverser cette épreuve. Mais malgré les moyens engagés, Moira n'est pas retrouvée. Et l'intérêt des enquêteurs retombent avec le temps qui passe, ainsi que celui des médias, jusqu'à tomber dans l'oubli. Sauf pour ce père qui va se battre envers et contre tous pour retrouver sa fille. J'ai trouvé ce couple Fabian / Lilas extrêmement touchant et criant de vérité. J'ai beaucoup aimé également le personnage du détective privé qui est profondément humain. le final est véritablement surprenant, même s'il n'est pas totalement imprévisible. Au final le seul défaut que je trouve à ce roman est que le rythme est parfois extrêmement lent, ce qui m'a un peu rendu la lecture un tantinet harassante à certains moments. Mais je suis ressorti agréablement surpris de cette découverte.
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