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J'ai beaucoup aimé ce livre et je l'ai lu d'une traite. Il m'a totalement happée.
C'est presque un huis clos qui se déroule dans une petite épicerie avec quelques personnages, M. Morris, Ida sa femme, Helen leur fille et Franck Alpine. Franck est un étranger italien, il propose ses services gratuitement dans cette petite épicerie juive qui est en passe de faire faillite.
Nous savons dès le début pourquoi il propose ses services. Les faits sont vite établis, tout l'intérêt du roman est dans la psychologie des personnages.
Franck Alpine est un personnage éminemment intéressant, il est constamment sur le fil du rasoir entre sincérité et malhonnêteté, entre morale douteuse et intégrité, il se démène aux prises avec une envie de normalité et un passé qui ne plaide pas en sa faveur. M. Morris est l'incarnation de la gentillesse, tellement droit et honnête qu'il me donne parfois envie de lui botter les fesses, quant à Helen, elle est également constamment défaitiste. Elle est le produit de son éducation et de son époque, mais lutte cependant pour une meilleure vie.
Ce roman n'est pas triste, il y a beaucoup d'humour, la fin de l'histoire est un véritable pied de nez. L'écriture est simple, facile à lire (à l'instar des grands écrivains comme Steinbeck) mais les thèmes sont fondamentaux, la vie, le mort, le bien, le mal, la condition humaine, la misère, la religion, l'entre-soi …
Je vais lire de ce pas l'homme de Kiev.
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Frank tombe amoureux d'Helen et elle aussi, après une méfiance initiale, se sent attirée ; Ce qui la retient, c'est de savoir que ses parents n'approuveraient pas un lien avec un goy, mais aussi certaines attitudes douteuses de Frank. Pendant longtemps, elle se tourmente et, entre impulsions et doutes, donne très peu à Frank, qui au contraire se fait des illusions en pensant qu'il pourra bientôt la conquérir. Quand Helen semble enfin dissiper tous les doutes, Frank va commettre une énorme erreur : comme cela lui est toujours arrivé, même s'il sait quelle est la bonne chose à faire, il finit par agir en sens inverse, frustrant ses efforts et ses bonnes intentions. l'écriture avance lentement, sans négliger les réflexions, les doutes déchirants des personnages, dans le balancement continu entre le bien et le mal, jusqu'à la fin ouverte. Comme dans un grand roman du XIXe siècle.
On a souvent dit de Malamud qu'il est l'un des grands représentants de la littérature juive américaine du XXe siècle, avec Isaac Singer, Saul Bellow...- qui tous tenaient le Commis pour le chef-d'oeuvre de Malamud.  En effet le côté juif est omniprésent: «Ce qui compte, c'est la Torah. La loi, c'est-à-dire : un juif doit croire à la loi. (..) Et observer la Loi signifie bien se comporter, être honnête, être bon. Bon pour les autres. La vie est déjà assez difficile. Pourquoi blesserions-nous quelqu'un ? Cela devrait bien se passer pour tout le monde, pas seulement pour vous ou moi. Nous ne sommes pas des bêtes. C'est pourquoi la Loi est nécessaire. C'est ce que croient les Juifs. »
Mais Malamud, pensait que son livre n'était pas que cela, qu'il touchait également à l'universel : « Quand une personne est jeune, elle est privilégiée, observe Helen, elle est pleine de possibilités. Des choses merveilleuses peuvent vous arriver, et lorsque vous vous réveillez le matin, vous sentez que ce sera certainement comme ça. C'est ce que signifie être jeune, et c'est ce que j'ai perdu. Désormais, chaque jour semble le même que le précédent et, ce qui est pire, le même que le lendemain. »
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Premier roman de Bernard Malamud, l'un des auteurs majeurs de la grande vague de romanciers juifs-américains des années 50-60-70. Mais bizarrement, Malamud n'a pas atteint, en tout cas en France, le niveau de célébrité de ses confrères Bellow, Roth, Allen...Et pourtant, quelle maestria, quelle finesse dans la sobriété, quel humour en demi-teinte. Un sens aigu de l'observation du coeur se dessine dès ce "Commis" et atteint, à mon sens, des sommets dans 'La vie multiple de William D.", un roman datant de la fin des années 70 et qui suit les turpitudes d'un homme à l'automne de sa vie bien décidé à s'offrir une seconde jeunesse, pris en tenailles entre envie et culpabilité. Entrez dans la petite épicerie de Brooklyn qui sert de décor au "Commis" et prenez le risque d'être conquis par Malamud et de l'aimer pour la vie.
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Brooklyn
Dans un décor de cinéma, rue sombre,boutique vieillotte et épicier fatigué, le jour se lève. Morris,debout à l'aube,se dévoue à sa tâche tel un Sisyphe consciencieux.Ses journées s'enfilent comme les perles d'un collier jamais terminé.Les affaires sont mauvaises.Morris n'a plus guère d'espoir,sa femme le houspille sans cesse,mécontente de sa vie mesquine, et leur fille Helen a dû interrompre ses études pour travailler et aider à payer le loyer.Morris se réfugie dans le passé,pensant à son défunt fils et constatant son échec face aux commerces modernes et florissants de son quartier : " On ne peut pas s'appeler Morris Bobber et être riche ".
Un soir,des holdupnicks (voleurs) s'introduisent dans son épicerie.Il est agresssé physiquement,son état se dégrade.
Et Franck Alpine entre en scène.Cet homme,venu de nulle part,va surgir dans cette famille et proposer son aide désintéressée. Méfiant,Morris va pourtant l'héberger et constater l'amélioration de son affaire ...
A l'instar de ses compatriotes, Saul Bellow et Philip Roth,Malamud est un romancier juif américain du XXe siècle mais le moins connu des trois.Homme discret et rigoureux, son roman ressemble au personnage de Morris ,tiré de son père lui aussi épicier au bord de la faillite.J'ai lu cette histoire comme un conte qui parle et interroge la destinée,la religion,le vice et la vertu,la souffrance,la punition, la rédemption. Une telle leçon,tragi-comique, à la Charlie Chaplin,ne peut qu'emporter celui qui lira ce livre.
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+++ Lu en VO +++

Bernard Malamud est un écrivain profondément humain qui écrit avec compassion et qui a une faculté naturelle pour nous parler des grands drames de vies minuscules.

Le roman se passe vers les années 50 dans une petite épicerie de Brooklyn tenue par Morris Bober et sa femme, un couple de juifs immigrés d'un certain âge qui assistent impuissants au déclin de leur épicerie face à la concurrence de supérettes plus modernes qui s'installent dans le voisinage. Morris recueille, malgré l'avis de sa femme, un homme errant qui s'était réfugié dans sa cave. En échange d'une chambre et de nourriture, Frank aide à l'épicerie alors que Morris se trouve temporairement alité. C'est un ‘goyim' (un non-juif), un personnage énigmatique, à la moralité trouble, en errance, dont on ne sait s'il précipitera la chute de l'épicerie ou si au contraire il contribuera à lui faire remonter la pente. Toujours est-il qu'il convoite Helen, la fille des épiciers et qu'il s'emploie à la séduire, ce qui ne peut que causer des problèmes puisqu'il n'est pas juif.

Ce très beau roman arrive à nous faire ressentir le désespoir de vies manquées, de gens qui sont passés à côté de leurs existences à force d'occasions manquées, de mauvaises décisions, de faiblesses, de procrastinations ou de malchance. Mais il fait également la part belle à l'espoir, celui qui les fait rebondir en essayant de sauver ce qui peut l'être du passé pour construire un avenir plus heureux. Les deux personnages principaux sont magnifiques, l'un à cause de sa bonhommie résignée, c'est Morris et l'autre, Frank, parce qu'il est continuellement déchiré entre son envie de se racheter et ses mauvais penchants acquis dans un passé accidenté.

Malamud est un écrivain magnifique, un peu oublié, qui sait raconter et camper des personnages aux émotions complexes avec une économie de moyens remarquable. J'ai bien du mal à lui rendre justice, en peu de lignes sans dévoiler plus de l'intrigue qui aborde de nombreux thèmes.
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« Il continuait de penser qu'il méritait une meilleure destinée, et que le sort tournerait en sa faveur si seulement, pour une fois, il faisait le bon choix ».

New-York ; un épicier juif émigré de Russie avec sa famille ; une petite affaire qui sombre et qu'une agression n'arrange pas ; un braqueur un peu piteux qui tente de se racheter en se mettant au service de l'épicier ; et un goy qui tombe progressivement amoureux de la fille du patron.

Une vie familiale simple et banale, au coeur de ce petit quartier de Brooklyn dont l'épicerie fut longtemps le point de passage obligé ; un temps qui se ralentit au rythme des clients qui ne passent plus et un monde qui bascule pour Morris, l'épicier dont les repères vacillent.

Morris et un homme qui souffre. D'ailleurs, a-t-il déjà un jour cessé de souffrir entre sa jeunesse violentée, son exil forcé, la mort prématurée d'un enfant et le déclin de ses espoirs professionnels qui devaient faire de sa famille des Américains à part entière ?

« C'est drôle, se dit-il, pour les Juifs la souffrance est une pièce de tissu : ils s'en drapent comme dans un vêtement ».

Ida, sa femme et Helen, sa fille. L'une est furie, aiguillon injuste qui pique là où cela fait mal, vengeance expiatoire à la hauteur de ses espoirs déçus. L'autre est à la fois rangée, résignée, mais secrètement porteuse d'encore un peu d'espoir, que tout pourrait changer si...

Et au milieu de tout ça, apparaît Franck Alpine, jeune rital en déroute mais en mal de rachat. Un seul être débarque, et tout est chamboulé.

Ce qui frappe chez Bernard Malamud, c'est que tout est apparemment simple, et le commis – traduit par J. Robert Vidal et révisé par Nathalie Zberro - n'y échappe pas.

Mais cette histoire – basique -, ce rythme – lent -, cette atmosphère - familiale - ou cette écriture – apaisée – ne sont là que pour créer le contexte idéal pour passer au révélateur des éléments de messages plus profonds.

La petite boutique de Brooklyn n'est ainsi rien d'autre que le théâtre d'une tragédie, où l'amour et la mort se confrontent à la destinée, où l'alternance du bien et du mal traduisent la quête du rebond, où la violence des coups du sort témoigne des hésitations entre résignation et possibilité d'un pardon ou d'un ailleurs.

Et c'est là qu'intervient la religion, juive en l'occurrence. Si Morris a trouvé sa ligne entre accommodation et compromis dans le suivi général du principe de la Loi, Ida en fait un guide absolu, Helen une hésitation permanente et Franck une découverte initiatrice.

« “Si vous voulez la vérité, dit-il, je n'aimais pas beaucoup les Juifs (…) Je veux dire autrefois… avant de les connaître (…) Je me faisais toutes sortes d'idées…
- C'est souvent comme ça, dit Morris“ ».
Quitter ce petit microcosme du Commis ne se fait pas sans regret, ni sans un prolongement de pensées qui dure quelques jours. Mais que ce livre est puissant, profond et apaisant !

« Et puis un dimanche après-midi le temps s'adoucit assez pour qu'elle put sortir et, soudain, elle pardonna tout à tout le monde. »
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LE COMMIS de BERNARD MALAMUD
Un roman dont l'histoire se situe presque exclusivement au sein d'une épicerie tenue par un couple juif. Malamud , qui a beaucoup influencé P.Roth , interroge le destin et la fatalité à travers ses personnages. C'est moins la psychologie que ce poids que chacun porte et qui empêche de réaliser ses rêves qu'il questionne . L'écriture est simple et limpide , on s'attache très vite à ce couple , leur fille et le commis. On peut y voir une forme de fable. Un livre superbe que j'ai eu un plaisir intense découvrir.
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Après "L Homme de Kiev", il me fallait faire un tour dans cette petite épicerie juive, sujet du livre de Malamud "Le commis".
4,5, c est pour une longueur (me semble-t-il) au milieu de l histoire, entre Helen et Franck. Mais je fais mon difficile, tant l histoire est prenante, les personnages crédibles et la lecture addictive. J ai ressenti derrière ces lignes bcp de sentiments russes, qu on retrouve chez Dostoïevski. A ce titre, ce livre répond en écho à "Crimes et châtiments". le commis est un personnage qui restera, c est mon avis, dans la littérature comme l est Raskolnikof. l'Expiation reste le thème principal d un livre superbement bien écrit, simple comme toute la gamme de sentiments qui traversent les 4 personnages principaux. On le referme un peu meilleur....peut-être :)
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Premier livre de Bernard Malamud que je lis. Avec le commis, je découvre un véritable bijou de sensibilité et d'humanisme. La vie de cette épicerie juive qui subit les hauts et les bas du petit commerce m'a véritablement porté au fil des pages sans effort et avec un plaisir constamment renouvelé. Les personnages sont en nombre limités, l'espace est réduit à un quartier – même pas, une rue ! -, les événements sont des plus simples – un concurrent apparait, disparait, les amourettes de la jeune fille et les soucis de Morris, l'épicier. Avec cette économie de moyens, Malamud nous fait ressentir toute la complexité humaine, les hésitations et les difficultés, les erreurs que l'on veut rattraper, les occasions ratées et toujours le doute de bien faire ou non. Tous les personnages, même ceux que l'on pourrait qualifier de second rôles, ont une étoffe et un intérêt exemplaire, chacun parait digne d'un développement qui restera à imaginer : Ward Minogue, par exemple, cette petite frappe à la dérive, toujours prêt à faire un sale coup minable, et qui évite son père policier qui n'a que la solution d'une bonne dérouillée pour l'éduquer… on imagine le milieu familial, l'enfance... ça m'a pris aux tripes, ce personnage qui finit brulé dans un incendie qu'il a lui-même provoqué, coincé dans un vasistas en essayant de fuir ! Des vies toujours en réduction, des ratages partiels ou complets et, malgré tout cela, des efforts dignes de cafards pour essayer de survivre…
Bon, le personnage central, quel est-il ? Il y en a au moins trois, voire quatre : Frank, un italien égaré à tous points de vue qui, en voulant racheter un braquage ridicule, va donner un sens à sa vie (et tomber amoureux au passage) ; Morris, un émigré russe qui a « sacrifié toute une vie pour rien » et vend du porc aux goys en restant un pur juif à l'intérieur ; Ida, sa femme, qui ne cesse de lui répéter qu' « elle lui avait bien dit que… » et Helen, sa fille, qui ne peut poursuivre ses études de littérature parce qu'il faut aider les parents à ne pas sombrer dans la misère. Tous sont dans une posture de sacrifice, mais rien de vraiment positif n'en ressort et la situation matérielle précaire de l'épicerie ne cesse de dévorer leur âme.
Dans ce contexte où chacun aurait besoin d'une psychanalyse approfondie (mais là, je m'égare), la rédemption finale sous forme de conversion au judaïsme m'a complètement interloquée, au point que je me suis presque demandé la part d'humour juif qu'il fallait y chercher !
Honnêtement, c'est un livre qui m'a transporté et marqué avec des personnages d'une complexité bien supérieure aux petits événements qui jalonnent leur quotidien. Il faut pour combiner cela dans un roman qui se lit d'une traite avec grand plaisir un talent rare, celui de Bernard Malamud.
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Un roman qui m'a fait passer un agréable moment dans une épicerie en déclin de Brooklyn. On ne quitte pas ce quartier de la première à la dernière page.On s'attache aux personnages, à leur désir de s'en sortir.
J'ai suivi avec beaucoup de plaisir Helen, Franck, Morris et Ida. L'écriture est belle et permet de lire l'humanité au coeur de ces pages.
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