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3,76

sur 2248 notes
J'ai pour ma part été assez peu réceptif à ce roman.

J'avoue avoir été gêné par le contexte historique que je connaissais mal, jugeant de surcroît les événements (une révolte chinoise qui échoue) assez peu passionnants.

Lire aujourd'hui des histoires de communisme relève presque pour moi de la Science fiction tant ses derniers représentants semblent plus tenir des dinosaures de Jurrassic Park que d'une réelle force de progrès promesse d'un monde meilleur.

Peu d'intérêt pour le cadre donc, un peu plus pour le destin individuel des personnages, chacun vivant sa condition humaine à sa manière dans ce contexte d'action politique, avec Gisors en vieux sage contemplatif dispensant ses leçons de sagesse tel un vieux philosophe omniscient et détaché de tout.

Je dois également reconnaître ne pas avoir été franchement séduit par le style de Malraux.

A la lecture de ce livre étant donné le fort parti pris pour les travailleurs opprimés retrouvant leur dignité dans l'idéologie communiste, on pourrait penser Malraux en tant qu'auteur d'extrême gauche mais l'histoire montrera bien évidemment le contraire !
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Comme tout le monde, je connaissais Malraux. de nom, de par son statut d'homme de lettres et d'état au sortir de la seconde guerre mondiale. Mais jusqu'ici, Malraux c'était surtout pour moi en tant qu'havrais d'origine, un musée (magnifique), l'instigateur d'une maison de la culture (aujourd'hui transformée en scène nationale, toute aussi magnifique) ou en tant que francilien d'adoption, un parc départemental qu'il fallait traverser pour se rendre au travail. A en juger par son héritage, Malraux avait donc, dans mon esprit une place un peu particulière qui me poussais à mieux connaitre la personne et son oeuvre. Démarche que je n'avais jamais entamée, jusqu'à ce jour où, dans l'une de ces boites à livres qui fleurissent un peu partout dans les villes, je suis tombé sur un vieux poche, un peu abimé, sans couverture, de la condition humaine. Ça tombait bien, je venais de terminer mon livre du moment.

Comme je n'avais jamais entamé cette démarche de mieux connaitre Malraux et comme je n'ai même pas pris la peine de lire la quatrième de couverture ni un résumé de l'ouvrage (tout juste savais-je qu'il s'agissait là du Goncourt 1933), je ne savais trop à quoi m'attendre, que ce soit du point de vue du style comme du sujet du livre. Et pourtant, c'est bien sur ces deux aspects que j'allais être particulièrement surpris dès les première pages.

Tout d'abord concernant le style : c'est une langue que je n'avais jamais lue avant que Malraux emploie. Une manière d'écrire qui m'a dès le départ dérouté et fait peur, au sein d'une temporalité dense, remplie d'une multitude de lieux et de personnages dont les actions s'entremêlent et dans laquelle il peut être facile de se perdre. A tel point que je me suis rapidement demandé si j'arriverai à poursuivre jusqu'au bout. Difficulté que j'imaginais d'ailleurs s'envoler après m'être approprié cette écriture et ce rythme. J'ai bien fini par céder à une certaine fluidité de lecture passée la moitié de l'ouvrage d'ailleurs, mais ce point m'est resté une difficulté tout au long du récit.

Concernant le sujet ensuite, puisque le récit se situe en Chine, au moment de la révolution populaire. J'ai été surpris par ce thème car j'ai peu eu l'occasion de lire ou même simplement d'entendre parler de ce sujet et de cette période auparavant. Mon impression était donc que celui-ci n'avait pas été suivi ni traité par les contemporains occidentaux, qu'ils soient philosophes, artistes ou politiques. Et dans mon esprit, Malraux ne devait pas échapper à la règle.
Là encore, si des recherches et lectures complémentaires m'ont permis de comprendre a postériori que plusieurs niveaux de lectures et interprétations pouvaient s'appliquer, je n'ai pas su durant ma lecture les identifier. le contexte historique de cette oeuvre - que je maitrise mal - et la difficulté de la langue employée, ne m'ont pas permis d'arriver jusqu'à ces niveaux d'interprétation.

C'est donc déçu et surtout frustré que je ressors de cette lecture, que je ne saurais qualifier de bonne ou mauvaise expérience. J'attendais beaucoup de ce livre sans savoir quoi exactement et j'ai finalement été mis face à un objet que je me retrouvais incapable de maitriser, d'appréhender et d'apprivoiser. Je ne saurais d'ailleurs donner une "note" objective à cet ouvrage qui m'a dérouté et fait douter. Même aujourd'hui, avec un recul de trois semaines après avoir terminé le livre (je m'exprime généralement sitôt avoir terminé les livres que je lis à leur sujet), je peux continuer à le dire : je ne sais pas quoi penser de la condition humaine.

Alors j'ai rangé ce poche sans couverture dans ma bibliothèque et je le ressortirai dans quelques mois ou quelques années pour le relire et essayer de me forger un avis à ce moment là.
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Dans un contexte très précis, celui de l'insurrection de Shanghai par les communistes et les nationalistes de Tchang Kaï-chek et du Kuomintang (puis de sa trahison envers les mêmes communistes) contre le gouvernement chinois, l'auteur exerce une profonde interrogation existentielle sur des hommes se battant pour leurs idéaux et contre leurs angoisses intérieurs. Divers personnages sont au coeur du récit : Gisors, un vieil intellectuel communiste accro à l'opium, son fils idéaliste Kyo qui dirige la révolution en question, May, l'épouse médecin de Kyo qui renvoie la part vivante et féminine au combat, Tchen, un disciple de Gisors dont son engagement devient une lutte mystique et suicidaire, Katow un activiste rescapé de la révolution russe, Hemmelrick, un ouvrier belge tiraillé entre sa famille et le conflit à venir ou encore Ferral et Clappique, d'un côté un représentant du commerce français, avide de son pouvoir monétaire et de l'autre, un ancien marchand d'art mythomane drôle et intimidant.

Si j'énumère tous les personnages, c'est parce que Malraux active plusieurs points de vue passionnants qui abordent des choix, des crises, des actes, des (in)certitudes, des ambiguïtés, des engagements, des passions et des craintes. Une crainte en particulier, celle de la mort qui pèse dans l'entièreté du roman. Dans cette rencontre imposante et intime entre l'Orient et l'Occident, l'écrivain inscrit chez ses protagonistes, une quête du sens dont le destin leur appartient à tous. Précurseur de l'existentialisme, plusieurs voies permettent à ces Hommes d'échapper à l'absurdité du monde : par l'acte révolutionnaire, la méditation contemplative et le pouvoir de domination sur les autres. Ainsi, la vision engagée de Malraux n'est jamais envahissante car c'est la perception de vie et de mort qui l'intéresse. Les deux se lient pour fouiller les plus profondes inquiétudes de l'être humain : la raison de nos actes, la souffrance amoureuse, la puissance obsessionnelle des motivations ou le deuil mais un aspect politique interpelle : le combat pour les intérêts sociaux contre la misère, le pouvoir capitaliste occidental sur l'Asie ou encore la dangerosité des partis extrêmes.

Avec son style elliptique, son écriture cinématographique parfois nerveuse et métaphysique, son désordre poétique et sensoriel qui creuse au plus profond de soi et ce mélange entre l'épopée historique et la réflexion philosophique, La Condition humaine est une oeuvre exigeante mais infiniment intense.
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Livre inutilement compliqué, sans doute en raison du style très alambiqué et exagérément exalté... dommage car le fond est très intéressant et l’histoire passionnante. Mais que ça parait long pour un texte de 350 pages seulement. La forme n𠆞st malheureusement pas au rendez-vous.
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Quel donc était le pouvoir de Malraux pour, à ce point, fasciner et façonner l'esprit du public découvrant son analyse de la ‘Condition humaine' ? Certes, Malraux a développé une écriture descriptive capable de faire vivre ce qu'il prétend nous faire découvrir. Mais, champion de la complexité, pour le commun des mortels, sa vision rigoriste de l'homme qui ne peut exister qu'en sublimant une cause qui le détruira est, à mon sens un non-sens de la condition humaine. La lutte des communistes chinois qui seront appelés à suivre le dictat du communisme soviétique et d'aller droit à leur perte n'est pas, à mes yeux, une promotion de la condition humaine et certainement pas de sa dignité.
Si la condition humaine est de souffrir pour devenir un homme, si hors de la souffrance il n'y a pas d'existence profonde de l'être, à quoi bon vivre ?
Malraux, qui ne cachait pas son parti pris pour le monde communiste d'alors, curieusement développe la même doctrine de la méritocratie qu'utilisait l'Eglise pour justifier la souffrance, digne chemin d'accès pour mériter d'être sauvé. Est-ce là la condition humaine ? Je ne peux, ni ne veux l'accepter. L'Homme est bien au-dessus de ce devoir de souffrance.
Cinquante ans après avoir dû lire ce bouquin pour un professeur de français qui aimait se laisser croire de gauche, j'éprouve, à sa relecture, le même dégoût pour l'oeuvre. Je n'accepte pas une telle finalité pour l'Homme et la violence bestiale de tous les régimes, tous axes confondus, qui utilisent les hommes comme des armes de combat qui, une fois la lutte terminée, se transforment eux-mêmes en armes d'autodestruction massive.
Relire ce Goncourt 1933 est inutile. Il ne nous apporte pas une compréhension claire de la situation de l'époque tant Malraux y multiplie les métaphores, les raccourcis et les sous-entendus.
En réduisant l'homme à la violence dont il doit faire preuve pour advenir, il ne nous offre pas une alternative positive à la création de notre condition humaine.
Ce livre est devenu plus que poussiéreux. Qu'il retourne à la poussière !
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Le Goncourt 1933, ultime roman de la trilogie asiatique de Malraux, aborde le même thème romanesque que "Les Conquérants" : la révolution chinoise, la lutte entre le Kuomintang de Chang Kaï-chek et le PC chinois. C'est le prétexte pour dresser une galerie de portraits : de Kyo, le communiste par dignité à Tchen, le terroriste en passant par Ferral, représentant le gouvernement français et sa puissance économique, Katow, l'homme de toutes les révolutions, ou encore le Baron de Clappique mélange de héros et de lâche fataliste. Chacun déterminera son face-à-face avec le destin en fonction de ses actes plus que de ses idées. C'est la révélation de sa condition d'homme. Ouvrage au style heurté qui est la marque de l'auteur, avec des découpages quasi cinématographiques, "La Condition Humaine" est un immense roman.
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Ah Malraux, Quel esprit supérieur, qu'il manque un tel homme à la tête de la culture.. Je vais arrêter mes flagorneries. Lisez plutôt ceci :
".. La fascination la plus profonde, celle de l'artiste, tire sa force de ce qu'elle est à la fois l'horreur, et la possibilité de la concevoir.
Sanctuaire c'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier. "
Quel génie littéraire fût-il plus inspiré pour faire la préface de Sanctuaire ?
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Un monument biensur que je découvre bien tard....sans vraiment savoir de quoi il était question....Ecriture dense, profonde, réflexions sur le sens de la vie et l'appréhension de sa mort et de celle de nos proches...Et tout cela par quelques personnages attachants et dans un environnement géographique et historique bien particulier ( soulèvements communistes et répression à Shanghai) ....Cela m'a forcé ( merci Mr Malraux) à visiter wikipedia pour mieux comprendre les enjeux politiques et économiques de l'époque....ca m'a beaucoup aidé!
A lire forcément....
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Un monument de la littérature française qui mérite son statut: tout est bon ici le rythme, l'action et la superbe reconstitution des faits: on est au coeur de l'action avec l'auteur.Ce livre n'a pour moi pas pris une ride et se lit avec grand plaisir en 2020 !
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Ce troisième volet de la trilogie asiatique d'André Malraux se déroule au printemps 1927 à Shanghaï.
C'est le début de la guerre civile opposant l'Armée nationale révolutionnaire alliée aux triades aux militants du parti communiste chinois. Tchang Kaï Chek et le Kuomintang attaquent, submergent et massacrent leurs ex-alliés communistes dans la lutte contre les Seigneurs de la guerre du nord de la Chine, afin de les écarter du pouvoir. le Komintern laisse faire et même oblige les milices communistes à rendre leurs armes …
Au-delà d'un contexte historique complexe et bien oublié aujourd'hui, c'est une description féroce des combats internes inhérents à toute révolution. Les protagonistes sont des agitateurs professionnels. Chacun combat pour un idéal qui s'avère souvent en large décalage avec la réalité. C'est aussi l'abandon de soi au profit d'une cause, le fanatisme dressé contre l'humiliation de ceux qui n'ont rien, donc rien à perdre, les trahisons politiques, les petits arrangements entre corrompus.
Quelle inoubliable galerie de portraits ! Tchen, Kyo, Katow, le baron Clappique, le vieux professeur Gisors, May, le capitaine d'industrie Ferral, Hemmelrich. Tous aussi attachants, aussi courageux dans le sacrifice puisque la répression est inéluctablement au rendez-vous.
L'écriture est d'une sublime efficacité – la scène d'ouverture fantastique - avec des pointes d'humour comme cette façon dont Tchen termine ses mots avec un g comme nong … C'est aussi – entre autres réflexions philosophiques sur l'absurdité de la vie déjà abordées dans La Voie royale – une vision prophétique de la violence politique qui marquera les décennies suivantes, jusqu'à aujourd'hui.
Tchen prépare un attentat-suicide : « Il fallait que le terrorisme devînt une mystique. Solitude d'abord. Que le terroriste décidât seul, exécutât seul. Toute la force de la police est dans la délation. le meurtrier qui agit seul ne risque pas de se dénoncer lui-même. » Tout à fait d'actualité de nos jours …
Ce livre compte parmi les plus importants de la littérature du XXème siècle, et je suis d'accord avec ce jugement. On m'avait fortement incité à le lire quand j'avais 18 ans, mais je pense que je n'en aurais pas tiré le meilleur enseignement. Aujourd'hui, avec le recul de l'histoire et ce que nous savons de la victoire de Mao sur son rival nationaliste, je savoure la lecture d'un roman particulièrement bien construit, d'une beauté formelle évidente, avec à la fois la violence des combats et la psychologie subtile des héros.
Un classique à lire au moins une fois dans sa vie. Et quand je pense que ce livre dormait dans une édition de luxe achetée en 1970 et que je n'avais jamais ouvert ... Mais en édition de poche, c'est tout aussi délectable.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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