AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 2229 notes
Émettre une critique sur un tel classique a bien peu de sens. Bien sûr, ce roman est une merveille d'écriture, avec des personnages très touchants. Bien sûr, les réflexions philosophiques qui en découlent sont infinies. Mais cela tombe sous le sens. Je pense plus intéressant d'expliquer rapidement ce que j'y ai trouvé.
Les personnages m'ont semblé extraordinaires, notamment Kyo et Gisors. Leur réflexion sur le sens de la vie, le sens de la lutte mais aussi sur l'amour ou la mort m'ont passionné. J'ai trouvé un côté un peu socratique à Gisors et cela me l'a rendu passionnant.
Malraux nous présente des personnages très divers, certains odieux (comme Ferral) et d'autres avec bien plus de valeurs. Mais ils nous sont présentés avec beaucoup d'humanisme, ce qui fait que notre investissement est total (on compatit par exemple avec Tchen, jeune garçon perdu avec des idées extrémistes).
Cependant, un élément a fortement entravé ma lecture, c'est le contexte historique. L'histoire de déroule au début de la révolution chinoise, avant l'arrivée de Mao au pouvoir. J'ignorais tout de cette période et il a fallu que je me renseigne pour bien tout comprendre. Je vous encourage fortement à faire de même !
Bref, un immense classique, avec une très grande portée philosophique, à lire et à relire absolument !
Commenter  J’apprécie          31
Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce roman. Heureuse de l'avoir découvert durant mes études, une analyse de l'incipit qui m'a intriguée, j'avais hâte de me plonger dans ces pages.
C'est indéniablement un grand roman. Une écriture puissante, des personnages forts.
Mais je n'ai pas du tout accroché à l'histoire. Cette révolte, toute cette brutalité et cette fureur ne m'ont pas atteinte. Je suis restée en retrait. Je n'ai sans doute pas les connaissances nécessaires pour avoir pu en apprécier toutes les nuances.
Commenter  J’apprécie          80
Croyant à un chef-d'oeuvre, je me suis profondément ennuyé. Aucune empathie, aucun lien ne s'établit. J'en ai abandonné la lecture après que j'ai reçu l'absolution par une amie professeure de littérature et lectrice émérite de livres qui en valent l'effort.
Commenter  J’apprécie          00
Ce grand classique me laisse sur un sentiment un peu mitigé, proposant des phrases magnifiques qui viennent servir une intrigue en dents de scie où s'intercalent de façon assez bizarre de grands raisonnements métaphysiques assez troubles.

L'oeuvre se fonde sur des éléments historiques, mais donne lieu à de nombreuses digressions d'ordre philosophiques et politiques. L'histoire se situe dans un Shanghaï en pleine révolution communiste contre un gouvernement chinois inféodé aux puissances occidentales et japonaise au début du XXe siècle. Menés par des leaders idéalistes, les travailleurs chinois se révoltent et s'emparent de la ville pour chasser les troupes gouvernementales. L'arrivée des troupes nationalistes, alliées de circonstance, parachève la victoire, mais vient poser un problème de conscience aux chefs de l'insurrection, sommés par Tchang-Kaï-Chek et par leur propre parti de rendre leurs armes alors que le retournement imminent des nationalistes contre les communistes ne fait aucun doute.

Résumé comme cela, on reste évidemment à la surface de l'oeuvre en ne voyant que le concret, tandis que le livre est éminemment abstrait. Il est d'ailleurs assez déstabilisant de voir les personnages développer à quelques heures du signal du combat des réflexions métaphysiques sur le communisme comme véhicule d'une aspiration universelle qui le dépasse, sur l'amour, sur les liens terrestres, sur le fait de donner la mort, là où l'on pourrait légitimement s'attendre aux préoccupations très terre-à-terre des derniers préparatifs d'une opération désormais décidée. Il n'y a pas vraiment de personnage principal, le point de vue change d'un chapitre à l'autre en se focalisant sur sept ou huit personnages différents qui sont tous l'incarnation d'un rapport à leur cause, de valeurs humaines et d'une échelle d'action. On peut se trouver à un moment en présence de Tchen menant ses hommes à l'assaut d'un poste alors que rien ne le distingue a priori de tous les autres chefs qui combattent en même temps dans la ville, et à un autre en présence de Ferral défendant le renflouement du Consortium chinois par les banques dans le bureau d'un ministre français. Il y a ainsi un mélange délibéré des perspectives, des plans futiles sur le référentiel historique mais significatifs sur le référentiel intérieur, et inversement. Il y a néanmoins une focalisation plus évidente sur Tchen, jeune révolutionnaire qui fait l'expérience du meurtre et développe, de façon consciente, une forme d'addiction, et sur Kyo, vu comme étranger par toutes les classes et toutes les communautés, qui entend concrétiser l'enseignement marxiste d'un père éternel théoricien.

Paradoxalement, on compte un peu les Chinois sur les doigts de la main dans cette ville perpétuellement dans la nuit où plus d'un personnage sur deux est un Occidental ; les Chinois ne sont en général désignés que comme des masses anonymes. L'atmosphère festive de la ville, incarnée par le personnage haut en couleurs de Clappique qui apporte la seule touche d'humour, dissimule mal la colère larvée qui se déchaîne, d'abord pour rejeter l'ordre occidental, ensuite pour survivre à l'ordre nationaliste. Cette atmosphère évolue peu à peu vers l'angoisse : les attaquants deviennent les assiégés, la tête pensante du parti communiste abandonne ses partisans à une mort certaine pour d'obscures raisons stratégiques à long terme, et l'on atteint un point culminant avec le célèbre chapitre de la chaudière de locomotive, véritablement excellent, où il est impossible de ne pas participer comme si l'on y était à une attente effroyable qui est déjà, en soi, une torture. Alors que le roman voit des masses s'affronter au nom d'idéaux qui les englobent, l'image extrêmement pessimiste de l'homme qui est renvoyée est celle d'une perpétuelle solitude, d'une impossibilité de faire confiance à l'autre, d'une méconnaissance fatale au-delà de l'échelle individuelle, que ce soit dans la relation de camaraderie, dans la relation de hiérarchie, ou dans la relation amoureuse.

Un livre pas forcément évident pour tout le monde, très peu orthodoxe sur la forme (ce qui n'est pas une critique), très hétéroclite dans ses registres et ses thématiques, qui donne assez souvent une impression de discordance ou d'invraisemblance qui peut déstabiliser.
Commenter  J’apprécie          50
La condition humaine. Quel sujet. Quel titre !

L'homme naît immensément vulnérable, et dépendant de la bonté, de l'amour de ses parents. Il ou elle n'est pratiquement que potentiel. Et le travail de l'éducateur consiste à soutenir, à éveiller, à aider à réaliser ce potentiel. Avec l'infinie patience que seul l'amour confère. La vulnérabilité d'un être social qui ne peut croître, ou vivre, qu'en compagnie de ses congénères.

Cette sociabilité a donc été vécue sur le mode de la dépendance. Et peut-être qu'un jour elle le sera à nouveau. Nous souvenons nous ? Craignons-nous le futur ( encore ?) lointain ? Est-ce pour cela que nous voulons diminuer notre vulnérabilité en rendant nos relations asymétriques, en rendant les autres plus dépendants de nous, et nous-mêmes libres de répondre à cette dépendance selon nos intérêts ou nos humeurs ?

Shanghai, 1927. L'empire du milieu achève de se désagréger en tant qu'État et en tant qu'ensemble géographique. L'armée des nationalistes, menée par Tchang Kaï-Chek, et les communistes, soutenus par l'Internationale, essayent de couvrir ce qui fut un immense empire afin de récupérer le pouvoir. Ni l'un ni l'autre ne sont déjà assez forts pour le faire, et il faut tenir compte des puissances étrangères établies en Chine. Alors, on s'est alliés, temporairement, contre ce qui reste d'empire. C'est ici, à ShangaÏ, que se déroule une étape de ce gigantesque marathon dont la ligne jaune se trouve à des milliers de kilomètres de Shangaï, à Pekin.

Les communistes ont organisé les ouvriers des usines et du port. Fort mal armés mais déterminés, ils prennent la ville. L'armée nationaliste s'approche de Shangaï, selon ses dires pour en chasser les partisans de l'empire. Et l'Internationale, prise en main par Staline, décide que le moment n'est pas opportun pour soutenir la révolution chinoise. Les camarades sont priés de remettre leurs armes aux nationalistes. Qui les passeront à la mitrailleuse.

Dans ce climat de misère, de lutte, d'héroïsme, de trahison, et de mort, chacun se (re)trouve confronté à son vécu de la condition humaine. Vulnérable, menacé, à qui, à quoi s'en remettre ? Pour quoi vivre, ou mourir? Comment et pour quoi vivre, quand l'on a survécu à la perte d'êtres chers, ou de ses idéaux ? Quelle mort justifierait une vie ? Quel travail ou quelle lutte justifierait de continuer à vivre ?

Autant de réponses que de personnages. Kyo, Katow, préfèrent lutter à mort. Vologuine suit aveuglément l'internationale. Tchen, qui ne peut lutter que seul, choisit la mort du terroriste isolé. Clappique, une sorte de clown en smoking, vivant de commissions touchées sur des affaires louches, ne peut ni vivre ni mourir, et se réfugie dans l'humour absurde en attendant la folie. König, chef de la police politique de Tchang KaÏ-Chek, lui-même torturé naguère par les communistes, ne vit plus que pour en torturer et en exécuter un maximum. Gisors, le père de Kyo, ne peut maintenir son lien au monde en l'absence de son fils. Il s'en désintéresse, et devient un homme absent.

A qui ou à quoi se vouer, pour quoi vivre ou mourir, comment combattre cette peur viscérale de l'absence, de la souffrance, de la mort ? Questions universelles, auxquelles ce livre ne prétend pas répondre. Mais il aimerait bien vous les proposer.

Quant à moi, intrigué, séduit, fasciné par la voix qui porte ce roman et qui parle à travers lui, je n'en ai pas fini avec André Malraux.








Commenter  J’apprécie          534
Un livre surprenant qui questionne sur la nature profonde de l'être humain. L'écrivain dans son ouvrage aborde au travers de cet écrit la thématique de la moralité. Quelles limites morales l'être humain est-il capable de s'affranchir pour défendre ses convictions ? Un livre qui résonne avec l'actualité de notre époque contemporaine.
Lien : https://www.facebook.com/thi..
Commenter  J’apprécie          30
Prix Goncourt 1933.
En mars 1927, l'Armée révolutionnaire du Kuomintang sous le commandement de Tchang Kaï-Chek est en marche vers Shanghai. Afin de faciliter la prise de la ville, dont le port représente un important point stratégique, les cellules communistes de la ville préparent le soulèvement des ouvriers locaux. Mais inquiet de la puissance de ces derniers et gêné dans sa quête de pouvoir personnelle, Tchang Kaï-Chek se retourne contre les communistes. Aidé en cela par les Occidentaux occupant les concessions qui espèrent l'éclatement du Kuomintang et les milieux d'affaires chinois, il fait assassiner le 12 avril 1927 des milliers d'ouvriers et dirigeants communistes.
La Condition humaine relate le parcours d'un groupe de révolutionnaires communistes préparant le soulèvement de la ville de Shanghaï. Au moment où commence le récit, communistes et nationalistes préparent une insurrection contre le gouvernement.
Pour s'emparer de sa cargaison, Tchen poignarde un trafiquant d'armes. Kyo et Katow, soutenus par le baron Clappique, peuvent alors distribuer le fret aux combattants clandestins. L'insurrection a lieu le lendemain : le 22 mars. le capitaliste Ferral convainc le milieu des affaires de se rallier au général Tchang Kaï-chek, sur le point d'envahir la ville. La victoire remportée, ce dernier se tourne contre les séditieux. En réaction, Kyo consulte le Komintern, mais Moscou préfère rester neutre. Tchen, pour sa part, envisage l'assassinat.
Au milieu de la répression, Clappique apprend qu'il est recherché par la police. Cherchant à prévenir Kyo et ne le trouvant pas, il lui fixe rendez-vous. Après un premier essai infructueux, Tchen tente un attentat suicide. Vainement : Tchang Kaï-chek n'est pas dans sa voiture. Tchen grièvement blessé dans cet attentat et abbatu. Clappique en retard au rendez-vous, Kyo et May se font arrêter. Hemmelrich, après avoir découvert le meurtre sauvage de sa famille, se joint à Katow pour lutter contre le général. Si Clappique intercède auprès de la police pour libérer Kyo, il ne parvient qu'à aggraver la situation.
La fin du récit voit Kyo et plusieurs de ses compagnons emprisonnés. Kyo se suicide au cyanure. Cependant, Katow décide d'affronter la torture et offre sa dose de cyanure à d'autres captifs. May, Clappique, Ferral, Gisors, ainsi que Hemmelrich parviennent quant à eux à s'en sortir. le corps de Kyo sera remis à son père, on ne retrouvra jamais le corps de Katow...
Commenter  J’apprécie          10
Classique de la littérature française du XXe siècle ce livre était depuis trop longtemps dans ma bibliothèque. J'en ai profité pour le lire, enfin ... Globalement, ça peut paraître un peu daté, mais c'est plaisant tout de même d'être transporté dans la Chine des années 1920 avec les luttes entre les communistes et les partisans du Kuomintang. le livre propose surtout - en lien avec le titre - une réflexion sur l'engagement, les choix que nous faisons, le bien et le mal, la mort et la vie etc ...
Commenter  J’apprécie          321
La Condition humaine
André Malraux / Prix Goncourt 1933
Une oeuvre majeure du XXe siècle.
« Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac …fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre… »
Nous sommes le 21 mars 1927 à minuit trente, en pleine scène de crime, dans une chambre d'hôtel de Shangaï, une ville en état de siège, la plus grande ville de Chine. Son acte commis, poignarder un trafiquant d'armes, Tchen, activiste communiste, rejoint Kyo son camarade qui depuis plus d'un mois prépare l'insurrection. Il n'a pas oublié le document récupéré sur le mort, trafiquant d'armes, et qui permettra de s'approprier une cargaison d'armes d'un bateau ancré dans le port, armes qui manquent cruellement aux insurgés. Pour réaliser cette opération, Tchen et Kyo vont bénéficier de la complicité du baron de Clappique, un personnage trouble et multiface.
Après l'échec des émeutes de février, le comité central du parti communiste chinois a chargé Kyo de la coordination des forces insurrectionnelles. le groupe de révolutionnaires communistes qui prépare le soulèvement de la ville comporte comme organisateurs outre Tchen et son maître à penser Gisors le père de Kyo, Kyo lui-même et un certain Katow, russe dévoué par idéalisme à la cause communiste chinoise, ancien militant de la révolution de 1917.
Tchen se confie à Gisors et lui avoue sa fascination pour le sang et la mort : il se sent l'âme d'un terroriste. Il n'aspire à aucune gloire, à aucun bonheur. Il sait qu'il n'est pas de ceux dont s'occupe le bonheur. Il est capable de vaincre mais non de vivre dans la victoire. Il n'attend que la mort. Et il veut lui donner le sens que d'autres donnent à la vie. La souffrance du monde, il aime mieux la diminuer que d'en rendre compte. Il n'aime pas une humanité qui est faite de la contemplation de la souffrance. Mourir le plus haut possible, telle est son ambition, mais assez lucide pour mépriser même les objets de son ambition et son ambition même. Ses idées jusque-là l'avaient fait vivre, maintenant elles pouvaient le tuer.
Les armes sont distribuées à travers toute la ville aux combattants clandestins sous la surveillance de Kyo.
le 22 mars commence l'insurrection. On peut voir aussi des manifestants porter des banderoles : « Plus que douze heures de travail par jour », « Plus de travail des enfants au-dessous de huit ans », « droit de s'asseoir pour les ouvrières ». Les troupes de Tchang Kaï Chek sont attendues en renfort. Ferral, le président de la chambre de commerce française persuade les milieux d'affaires de soutenir Tchang Kaï Chek. Ses intérêts commerciaux avant tout !
Alors que la situation est très favorable aux insurgés, Tchang Kaï Chek s'oppose aux révolutionnaires, pactise avec les forces modérées et exige que les insurgés rendent les armes. Kyo alors décide de se rendre à Han Kéou, le siège du Komintern (Internationale communiste) afin de rencontrer le délégué Vologuine pour savoir s'ils peuvent garder les armes. Vologuine est partisan de jouer le temps. Tchen arrive à Han Kéou à son tour et confirme que pour lui la seule solution est d'assassiner Tchang Kaï Chek, et il tient à le faire lui-même, car pour lui ce serait l'extase avec sa propre mort en point d'orgue. L'Internationale est dubitative, et Kyo et Tchen ne sont pas du même avis.
le 11 avril l'insurrection bat son plein. Tchen aidé de deux complices échoue dans son premier attentat contre Tchang Kaï Chek. Il prépare un second attentat en décidant de se jeter avec sa bombe sur la voiture de Tchang Kaï Chek. La chance n'est pas avec lui ce jour-là et pour jamais.
Puis Kyo et May sont arrêtés et Kyo jeté en prison. Hemmelrich, communiste belge activiste voit sa famille assassinée. Avec Katow il décide de se venger contre Tchang Kaï Chek. Gisors tentera alors de sauver son fils avec l'aide de Clappique. Les prisonniers torturés sont ensuite brûlés vifs dans la chaudière d'une locomotive. Kyo se suicide au cyanure et Katow marche en héros au supplice avec courage en offrant sa dose de cyanure à deux jeunes chinois. Clappique parvient à s'échapper grâce à un subterfuge. Un chapitre bouleversant de ce roman ou le tragique le dispute au grandiose.
La fin du livre se termine à Paris où Ferral ne peut sauver le consortium français en Chine, et à Kobé où May retrouve Gisors et sa pipe à opium et la méditation.
Voilà résumés brièvement les temps forts de l'histoire.
La Condition Humaine est un roman qui montre qu'outre l'irréductible échéance liée à la mort avec ses multiples et souvent indicibles souffrances il est donné à chacun de choisir son destin. La vie est une tragédie, reste à lui donner un sens. La Révolution au nom d'une foi en la fraternité en est un. C'est ce que les héros de la Condition Humaine ont choisi pour échapper à l'angoisse de n'être qu'un homme. L'amour aussi est présent dans ce livre pour adoucir cette condition et la solitude. Misère et héroïsme se conjuguent tout au long des chapitres de ce roman grandiose et d'une intelligence rare. de la dernière partie émane un parfum d'insoutenable.
Les héros de ce roman ont choisi pour combat de vaincre l'humiliation par le biais de la Révolution. Pour vaincre l'angoisse et l'absurdité existentielles, certains ont choisi l'amour, mais pas n'importe quel amour, un amour fusionnel et total, celui qu'éprouvent Kyo et May l'un pour l'autre et qui est susceptible de briser la profonde solitude des êtres. D'autres ont choisi de s'engager dans l'Histoire et d'agir pour influer sur le courant de leur destinée. Ce roman met en lumière la misère humaine, celle d'une humanité qui peut être héroïque et grandiose malgré l'irréductible et absurde échéance liée à la mort et les indicibles souffrances de la vie. Telle est la Condition humaine qui permet de choisir son destin à qui le veut. La vie peut être jugée tragique, mais il faut lui donner un sens. Ainsi la Révolution au nom d'une foi en la fraternité est une arme contre la misère qui enchaîne l‘homme et le prive de dignité. L'homme peut lutter contre sa condition. Ce roman est considéré comme le précurseur de la mouvance existentialiste dont Sartre et Camus seront les grandes figures.
Pour bien comprendre le roman, il faut retenir que le Kuomintang fut fondé en 1912 par SunYat Sen et domina le gouvernement central de la république de Chine à partir de 1928, jusqu'à la prise de pouvoir par les communistes en 1949. Dans le roman, en mars 1927, l'armée révolutionnaire du Kuomintang sous le commandement de Tchang Kaï Chek, marche vers Shangaï pour conquérir la ville où sur place les communistes préparent le terrain en soulevant le peuple. Cependant, Tchang Kaï Chek se méfie des communistes qui ont de plus en plus d'influence et décide de les trahir. Avec l'aide de l'Occident, il fait assassiner des milliers d'ouvriers et de dirigeants communistes le 12 avril 1927.
La technique d'écriture de Malraux est très particulière et d'aucuns l'ont comparée à des techniques cinématographiques en juxtaposant différents plans de façon discontinue, ce qui induit un style parfois heurté et haché, épuré et concis, le lecteur devant faire l'effort de reconstituer la réalité pour accéder à une lecture à plusieurs niveaux. Ipso facto la lecture n'est pas toujours aisée et une concentration certaine est requise. Toutefois un moment de stupeur passé, le lecteur vibre au fil des pages grâce à un style efficace et limpide et une analyse psychologique des personnages remarquable, qui eux-mêmes se questionnent constamment. Une bonne connaissance de l'histoire de la Chine après 1917 c'est à dire de la période de Sun Yat Sen et Tchang Kaï Chek, est requise pour bien comprendre tous les ressorts de cette Révolution qui se cherche.
Un roman majeur, fort, non engagé sur le plan politique, publié en 1933, classé en 5e position des 100 meilleurs livres du XXe siècle. Je l'avais lu à l'âge de 18 ans c'est à dire il y a 60 ans. Je n'en avais pas saisi toute la puissance, l'intelligence et l'humanité. Je pense que c'est à présent fait.
Commenter  J’apprécie          52
Première critique de livre sur Babelio, quelle angoisse! Je ne pensais pas faire un jour parti de l'excellent collège de critiques Babeliens. Et pourtant je me suis souvent imaginé me risquant à l'exercice, posant un commentaire élogieux sur une oeuvre qui m'aurait marqué. Finalement et sans que je ne puisse l'expliquer, c'est par une oeuvre qui m'aura fait souffrir que je commence.

Un ami fan inconditionnel de l'auteur après de nombreuses tentatives m'avait finalement convaincu d'entamer cette lecture. Je m'y plongeais donc avec plaisir de découvrir cet auteur qui fut objet de nombres de nos discussions. Malheureusement, j'ai assez vite étant décontenancé, d'abord par le cadre spatio-temporel que je ne maîtrisais pas du tout, mais également par le nombre de personnages aux noms confusants et pour lesquels je n'ai su trouver de réels repères me permettant de les différencier. Ce roman, je l'ai donc parcouru, parfois même survolé, avec un manque certain d'identification et donc de projection dans sa narration. Certaines critiques l'ont déjà evoqué avant moi, j'ai eu la sensation de passer à côté de ce monument de la littérature.

Toutefois, je note quand même que des thèmes intemporels y sont abordés, parfois avec brio, comme la relation face à la mort, la croyance, la dévotion et la recherche de soi. Certains dialogues glaciaux touchent du doigt ces questions universelles et confèrent au roman son titre de chef d'oeuvre. Une lecture que je recommencerai vraisemblablement dans quelques années.
Commenter  J’apprécie          21




Lecteurs (10155) Voir plus



Quiz Voir plus

André Malraux

Quel roman d’André Malraux obtient le prix Goncourt ?

«La Métamorphose des dieux»
«L’Espoir»
«La condition humaine»

11 questions
106 lecteurs ont répondu
Thème : André MalrauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}