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sur 1091 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je retrouve Henning Mankell avec plaisir après un long intermède, un style à part dans la littérature policière, loin de ce qui s'écrit aujourd'hui, si j'osais je parlerais de polar en pantoufles sans que ce soit péjoratif.
Kurt Wallander, suite aux événements du précédent opus a touché le fond, plus déprimé que jamais il est à deux doigts de démissionner quand un de ses amis qui lui demandait son aide est assassiné, c'est l'électrochoc qu'il fallait pour qu'il reprenne du service.
Que dire encore de Wallander ? c'est lent et précis, c'est intimiste comme rarement, l'enquête avance à dose homéopathique, rythmée par les nombreux états d'âme de notre enquêteur, la naïveté de la police suédoise est confondante et assez surréaliste, c'est vraiment atypique et reposant pour tout dire.
Il s'agit pourtant d'une lecture étrange car ce que je décris plus haut vaut pour les deux premiers tiers du récit, à ma grande surprise le dernier tiers va faire exception et être assez animé, peut être même trop.
Je vais conclure en regrettant une fin qui m'a parue assez invraisemblable, le sentiment que l'auteur ne savait plus trop comment conclure...
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Kurt Wallander ne se présente plus.
Un brin étranger à sa propre vie, un tantinet dépressif, le commissaire suédois se fond dans les hivers sans fin de la Scanie contemporaine, pose sa silhouette d'anti-héros dans les obscurités nordiques qui écrasent l'âme, tel un ciel baudelairien.
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle…

Après avoir mené un combat contre la dépression en arpentant sans fin la même plage, après avoir annoncé sa démission, Wallander reprend du service, l'âme plombée par l'acte d'avoir précédemment donné la mort et la culpabilité exacerbée. Refuser son aide à un ami qui meurt assassiné est peu anodin même si l'on est pas homme à faire étalage de ses émotions.

Mankell met ici en scène une confrontation entre l'homme pugnace aux épaules qui ploient et l'homme charismatique qui sourit. Entre le flic banal et le puissant. Entre le fonctionnariat et les multinationales. C'est le petit commissariat contre l'inaccessible château.

Toujours écartelé entre son goût pour la solitude et la nécessité du travail d'équipe, Wallander mène son enquête comme cela lui chante, l'intuition aux aguets. Ce qui lui réussira malgré le constat amer d'une Suède qui change, plus violente, moins morale. Ainsi va le monde, ici comme ailleurs.

J'ai accompagné Wallander pour la première fois. Sans déplaisir. Mais avec la même retenue que le bonhomme.
Comme si je ne parvenais pas à emplir mes poumons de l'air hivernal, comme si je ne parvenais pas à goûter pleinement cette Suède brouillardeuse. Moins glaciale que l'Islande d'un Indridason, moins charnelle que la Louisiane d'un Burke, la Suède de Mankell évoque à peine les tempêtes qui balaient les terres. Je n'ai pas entendu les pas crisser dans la neige, les hurlements du vent qui siffle durement.
Peut-être est-ce parce que Mankell m'avait séduite dès les premières lignes.
"Le brouillard. Comme l'approche d'un prédateur silencieux."
Dès la première page, l'élément naturel devenait personnage. Wallander l'affrontait. Dès les premières pages, le commissaire donnait à voir une faille, son angoisse dans le brouillard blanc.

Quant à l'enquête elle-même, servant à épingler la mondialisation au service du crime, le grand capital blanchissant à tour de bras ses profits immoraux, avait-elle besoin d'un personnage aussi stéréotypé qu'Harderberg à force de l'avoir figé dans le mystère et l'inhumanité? le méchant désincarné devient plus une figure du mal qu'un dirigeant pourri. La dénonciation perd hélas de sa force.
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C'est le premier livre de l'écrivain que je lis. C'est un polar où il n'est pas question d'un super flic qui doit arrêter un super délinquant. Aujourd'hui ça devient la mode et Mankell sait éviter cette tendance. Ce qu'il y a d'original dans le livre, c'est qu'on suit le commissaire Wallander pas à pas sans jamais le quitter d'un iota, dans ses méandres de psychologie (légères) , de doutes, dans son enquête qui avance péniblement, fastidieusement (pas de preuve , pas de témoin – rien du tout pour élucider deux crimes) alors on épluche tout ce que l'on peut trouver sous la main. L'auteur rend cohérent et surement réaliste le travail d'enquêteur policier que ce soit en solo ou en équipe. On accompagne durant tout le livre Wallander soumis aux incertitudes de sa vie et de son travail. Trouver le responsable d'un meurtre effectué de main de maître doit s'avérer délicate et Mankell le transcrit bien. Être un flic, c'est pas juste dégainer son arme et dire ‘ haut les mains ‘ . C'est surtout un travail d'investigation.
(question : ne pourrait-on pas dire ‘ hautes les mains ‘ lorsqu'on arrête un individu masqué ? )

L'auteur sait aussi tenir en haleine son lecteur, rebondissements, actions, …, le tout en pays nordique… On y parle aussi de l'aura médiatique et de sa face sombre, le pouvoir du monde des affaires qui influence les jugements et corrompent les institutions. le rythme du livre pourrait paraitre décevant pour certains, mais l'atmosphère nous plonge dans un brouillard constant et ce n'est pas déplaisant.
Un bémol quand même : l'enquête piétine donc du début jusque la fin (avec lenteur et parcimonie) et arrivé à la fin, tout à coup ça file très vite ! Trop vite. Un peu bâclée quand même (la fin – pas le livre).
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Henning Mankell est un écrivain suédois né en 1948 à Stockholm. Très vite abandonné par sa mère, il est élevé par son père, juge d'instance. Il est le gendre d'Ingmar Bergman dont il a épousé en secondes noces la fille Eva. Il partage sa vie entre la Suède et le Mozambique où il a monté une troupe de théâtre. Il est connu internationalement grâce à la série policière des enquêtes de Kurt Wallander. L'Homme qui souriait est paru chez nous en 2005.
Nous retrouvons Kurt Wallander à un tournant de sa carrière. Après dix-huit mois d'arrêt maladie pour dépression – il a tué un homme alors qu'il était en état de légitime défense – Wallander se prépare à donner sa démission de la police. Quand son vieil ami l'avocat Sten Torstensson vient lui demander de l'aide — son père Gustav vient de mourir dans des circonstances mystérieuses —, l'inspecteur refuse puisqu'il a décidé de quitter la police. Mais de retour à Ystad, lorsqu'il apprend que Sten Torstensson est mort, tué par balle, il change d'avis, déchire sa lettre de démission et demande à se charger de l'enquête sur la mort des deux avocats. Il découvre bientôt que Gustav Torstensson s'occupait presque exclusivement des affaires d'Alfred Harderberg, richissime propriétaire de sociétés dans le monde entier.
Comme d'habitude je vais vous donner mon avis personnel sur ce roman mais je reconnais qu'avec Henning Mankell je suis souvent dubitatif. L'écrivain est encensé dans le monde entier pour sa série de polars, or je trouve que c'est le mauvais angle pour le présenter. Si vous n'avez jamais lu un bouquin dont Wallander est le héros, vous risquez en tant qu'amateur de polars d'être déçu et je le comprendrais très bien. En fait, l'écrivain écrit de bons romans dont la toile de fond est du domaine du polar. Nuance.
Ici encore, si on ne considère que l'aspect polar du livre, l'intrigue n'est pas remarquable et l'on pourrait y dénicher des invraisemblances et des faiblesses en tous genres : un policier lambda qui tombe dans les pommes parce qu'il voit un homme armé entrer dans un aéroport ! Ou bien notre héros qui « pour une raison mystérieuse, avait encore son pistolet à la main » ce qui arrange bien l'écrivain pour redresser la situation ! S'il n'y avait qu'une enquête ou une histoire policière dans les romans de Mankell, ça serait un peu court.
Heureusement, il y a tout le reste. Kurt Wallander est un anti-héros profondément attachant car il n'est fait que de faiblesses bien humaines. Solitaire et ne vivant que pour son boulot, il se désespère de n'avoir jamais le temps de s'occuper de son vieux père ou de sa fille qui s'est éloignée. A l'aube de la cinquantaine, il se demande ce qu'il a fait de sa vie et le bilan entrevu n'arrange guère son état dépressif quasi chronique. Aux aspects psychologiques de son héros récurrent, Henning Mankell met dans la bouche de Wallander, ses réflexions sur l'état de la justice, de la police, de la Suède son pays et du monde en général. Là encore, le constat est amer, « le monde est peut-être le même. Mais son image, non. » A cette grisaille mentale, ajoutez la météo locale où bourrasque, froid, brouillard et neige sont le courant des autochtones et un rythme le plus souvent lent.
Rassurez-vous, tout ceci n'interdit pas d'avoir un bon roman entre les mains, mais de là à dire que c'est un bon polar, il y a une marge. En tout cas moi j'aime beaucoup la série des Kurt Wallander et comme il m'en reste encore quelques uns à lire, nous en reparlerons tôt ou tard.
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Au début de ce récit Wallander doute de sa place dans la police. Quelque temps plus tôt, il a du tuer pour la première fois de sa vie, et ne s'en remet pas vraiment. L'utilité profonde de son action lui échappe parfois. Mais l'assassinat d'un de ses anciens amis, qui avait sollicité son aide, va le sortir de ses pensées morbides et le lancer dans une enquête qui touchera de prés des intérêts puissants. Pour certains milieux, il faut que l'argent circule, peu importent les victimes.

Comme d'habitude Wallander va progresser méticuleusement dans son enquête, indice par indice. Dans le même temps il est tenaillé par sa culpabilité de fils par rapport à son père artiste peintre, vieillissant et bien difficile, sa fille a quitté Ystad, sa vie sentimentale est limitée, et la Suède qu'il a connu disparaît avec les mutations de la société et de la police.

Henning Mankell écrit remarquablement bien les petites avancées de la vie, les petits riens qui s'accumulent, autant dans la vie quotidienne que dans les enquêtes de Wallander. Avec lui le roman policier dépasse les limites du genre.
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Une enquête policière vécue pas à pas dans les méandres de la pensée du commissaire qui en est chargé, avec ses lenteurs, ses moments de découragement, et les petites étincelles qui la font avancer par paliers successifs. le livre est à l'image de l'enquête, avec des longueurs entrecoupées de rares rebondissements, dans une atmosphère globalement morose. Seule la fin s'accélère à un rythme qui dénote avec le reste de l'histoire.
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Deuxième Mankell que je lis, après Meurtriers sans visage qui était le tout premier roman policier à mettre en scène le désormais célèbre commissaire Kurt Wallander. Voici donc l'anti-héros Kurt Wallander (un peu moins alcoolisé, mais un peu plus perdu que quand je l'ai quitté à la fin du premier livre) qui est de retour sur une enquête après 18 mois d'arrêt maladie. Il ne prévoyait pas reprendre du service, mais un événement troublant vient changer la donne et l'incite à se remettre aussitôt en scelle. On se retrouve alors au coeur d'un mystère qui semble s'obscurcir à vue d'oeil, allant de victime en victime au rythme des découvertes. On suit Wallander alors qu'il tente à la fois de résoudre l'enquête et de reprendre ses marques dans le petit commissariat d'Ystad, constamment partagé entre son besoin de solitude et la nécessité évidente de travailler en équipe.

Ce roman – pour ses nombreuses réflexions sur ce que semble devenir la Suède d'aujourd'hui, avec ses crimes de plus en plus brutaux et complexes et la police qui n'en mène pas large de son côté – m'a rappelé l'excellente série Roman d'un crime de Sjöwall et Wahlöö. Toutefois, il s'agit ici plutôt de psychologie que de sociologie. J'ai souvent eu l'impression de progresser davantage dans ma compréhension du personnage (que je me faisais une joie de retrouver, surtout quand je me suis rendue compte que les enquêtes manquées ne m'empêchaient pas d'établir des liens avec le tout premier roman) et de ses angoisses que dans le développement de l'intrigue en tant que telle. C'est, à mon sens, à la fois un point fort et un point faible. L'enquête piétine pendant une bonne partie du livre, ce qui n'a pas manqué de m'irriter par moment. Oui, on a envie de connaître la suite, donc c'est assez réussi, mais ce n'est pas une raison pour abuser de ses lecteurs! le rythme majoritairement lent des deux premiers tiers est d'autant plus frustrant que Wallander passe son temps à faire référence à ce sentiment d'urgence qui l'assaille.

Je crois que je décrirais cette oeuvre comme étant un bon roman noir, avant d'être un grand polar comme on s'y attendrait. Ce n'est pas plus mal comme ça, seulement il ne faut pas l'ouvrir en espérant se lancer dans une course à l'assassin qui nous laissera haletant d'une page à l'autre, car alors forcément on sera déçu.

Somme toute, une lecture agréable. Je n'hésiterai donc pas à ouvrir un autre Mankell si j'en ai de nouveau l'occasion à l'avenir.

Lien : https://enattendantdemain.wo..
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L'homme qui souriait, 4ème de la série des aventures de Kurt Wallander signe le retour de notre héros sur la scène policière après un an et demi d'arrêt de travail suite aux événements tragiques vécus dans La Lionne blanche, le roman précédent. le meurtre d'un ami avocat va le décider à reprendre le travail, abandonnant brusquement son idée de démissionner de la police.
La description de la personnalité de notre héros vieillissant tient une grande place dans ce récit, les questionnements sur sa vie, sa carrière passée, le métier de policier en lui-même, son avenir. Et c'est ici que l'auteur fait intervenir un nouveau personnage : Ann-Britt Höglund, jeune policière talentueuse sortie de l'école de police, clin d'oeil sur les changements dans la police suédoise qui se féminise et rajeunit, source de conflits.
Même s'il garde le beau rôle , on sent que Wallander va devoir évoluer car on innove dans la police suédoise dans ces années 90.
Mis à part cela, nous voici conviés dans une enquête compliquée tournant autour d'un homme richissime, connu et respecté. le monde obscur des nantis, de ceux qui tirent les ficelles en arrière-plan de la société sera donc le thème développé dans cette histoire policière qui ne manque pas d'action où la peur domine.
Notre attachement à Wallander tient au talent indiscutable qu'a Henning Mankell pour nous faire aimer ce personnage tellement humain dans son quotidien.
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Cette fois l'ami Kurt se trouve confronté à l'argent, au pouvoir et à la corruption en plus de ses propres états d'âme envers à une société qui évolue trop vite et à une criminalité qui ne semble plus connaître de limites… Face à un adversaire aussi puissant et influent la police devra marcher sur des oeufs et mener une enquête aussi efficace que discrète. Concrètement ça veut dire que si vous vous attendez à un polar boosté à l'adrénaline vous allez être déçu par le rythme escargot de celui-ci ; plus encore que dans les précédents Wallander la devise italienne « chi va piano, va sano e va lontano » (qui va lentement, va sûrement et va loin) est de mise. Malgré ce rythme délibérément lent on s'intéresse à l'intrigue et l'on se demande comment Wallander et son équipe vont parvenir à relier les différentes pièces du puzzle sans attirer l'attention de leur “proie”… Seulement le hic c'est qu'au final les choses semblent avoir été trop vite (oui je sais que ça peut paraître paradoxal), un peu comme si l'auteur avait précipité la fin en fonçant dans le mur, ne sachant comment détruire “en douceur” la forteresse qu'il avait lui même érigé autour de son “méchant”.
Lien : http://amnezik666.wordpress...
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Deux hommes sont retrouvés morts sur un canot, exécutés d'une balle dans le cœur. Les corps sont identifiés : des criminels lettons d'origine russe liés à la mafia.

Meurtriers sans visage (1994)
Les Chiens de Riga (2003)
La Lionne blanche (2004)
L'Homme qui souriait (2005)
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La Cinquième Femme (2000)
Les Morts de la Saint-Jean (2001)
La Muraille invisible (2002)
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