AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 362 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel plaisir de retrouver la plume d'Henning Menkel ! Il possède l'art de nous entrainer avec lui dans son univers, qu'il soit quelque part dans les brumes des lacs suédois ou dans les plaines chauffées à blanc de l'Afrique. "L'oeil du léopard" nous plonge dans ces deux atmosphères à la fois, dans un étonnant chaud-froid littéraire. le roman raconte la vie de Hans Olofson qui, en février 1956, a douze ans. Sa mère a quitté le foyer et il vit seul avec son père dans un village du nord de la Suède. Son père Erik a été marin sur différentes mers du globe et en garde une forte nostalgie. En attendant de pouvoir retrouver un emploi de marin, il exerce le métier de bucheron.

Hans un jour réalisera le rêve de voyager à son tour et il atterrira à Lusaka, la capitale de la Zambie. de là, pour accomplir un voeu, il se rendra en pleine brousse dans une mission fondée jadis par un suédois. Puis les circonstances le feront rester et s'installer dans ce pays, à la tête d'une ferme de production d'oeufs où travaillent deux cents noirs.

Toute la magie de ce livre tient dans l'art de conter de son auteur. Alternant les chapitres sur la jeunesse de Hans avec ceux décrivant sa vie africaine, on est soumis à ce roulis de babord à tribord et emporté en haute mer sur quelque splendide goélette. Au fil du livre, les chapitres concernant l'Afrique se font plus prégnants car les événements s'y précipitent et la tension y est de plus en plus forte. Bien-sûr on repense à la ferme africaine de Karen Blixen qui se situait un peu plus au nord, au Kenya. Mais si la baronne Blixen a dû faire face à d'importants problèmes matériels, climatiques et économiques, son récit présente une situation presque idyllique en comparaison de ce que va affronter Hans Olofson dans sa ferme de Mutshatsha, non loin de Kitwe, vers la fin des années 80, quand les fermiers blancs deviendront la cible de groupes de rebelles noirs.

On sort de ce livre étourdi, envoûté, on se prend à redouter la prochaine crise de paludisme, à écouter le soupir de l'hippopotame, à surveiller l'oeil du léopard, à se demander si l'on ne devrait pas plutôt retourner au pays, dans les frimas du nord de la Suède. Henning Mankel, sacré sorcier !
Commenter  J’apprécie          210
Mankell nous offre ici un roman lumineux. Dès les premières pages, on ressent cette chaleur écrasante, malgré le fait que les chapitres alternent entre la Suède et la Zambie.
Hans Olafson part en Afrique pour réaliser le rêve de la seule femme qu'il aura aimée et pour fuir la Suède. Malgré l'attente et l'espoir d'une vie meilleure dans ce pays qui lui semble finalement peu accueillant, il est confronté à la haine raciale, une certaine confusion sociale, la corruption et la peur. Tout au long de ses années passées en Afrique, il doutera de son rôle et du bien-fondé de sa présence, en tant que Blanc.
Mankell exprime à travers ce roman ses craintes et son pessimisme quant à l'avenir des pays africains.
On est bien loin de ses polars Wallanderiens, l'écriture est plus romancée et personnelle.
A regretter peut-être qu'il n'ait pas continué à nous emmener dans ces pays qu'il aime tant.
Commenter  J’apprécie          210
1956, Hans Olofson a douze ans, il vit avec son père ancien marin devenu bucheron. Hans n'a aucun souvenir de sa mère partie depuis plusieurs années. Après ses études, ne sachant que faire de sa vie, il décide de s'approprier le rêve de Janine, se rendre à la mission de Mutshatsha, en Afrique. C'est en septembre 1969 qu'il embarque à bord d'un avion à destination de Lusaka.
Henning Mankell décrit de façon magistrale le vécu des Blancs et des Noirs, les colonisateurs emprisonnés dans leur racisme, les Noirs obéissants qui cultivent la haine des Blancs.
L'oeil du léopard a été publié, en Suède, en 1990, en France en avril 2012.
J'ai ressenti ce roman comme une part d'autobiographie de l'auteur. L'oeil du léopard fait partie de ces livres qui « frappent », des lectures qui ne laissent pas indifférent.
Commenter  J’apprécie          160
Connaissant assez peu l'oeuvre de Henning Mankell, c'est plutôt l'Afrique qui m'a attiré dans ce livre et ce fut une très belle découverte. Au départ, la Suède et l'indécision du héros pour entreprendre ce grand voyage vers la Zambie. A son arrivée, il se rend compte de la pérennité du mal à travers le monde : racisme, exploitation de l'homme par l'homme, rivalités, assassinats. Et puis il y a l'Afrique dont on perçoit sans cesse la lourde atmosphère, envoûtante et dangereuse. Un livre assez noir et plein de désillusion.
Commenter  J’apprécie          100
Apprivoiser l'Afrique est une bien lourde tâche pour un Suèdois à la recherche de sa propre identité. Mankell réussit avec brio à poser le problème du colonialisme autant dans sa dimension sociologique que psychologique. L'alternance entre la période africaine de Hans Olofson et le cheminement qui l'a précédé en Suède aide le lecteur à comprendre la valse hésitation de la première à l'aide des clés fournies par le deuxième. L'auteur connait bien l'Afrique pour y avoir oeuvré et demeuré, aime de toute évidence ce continent tout en restant implacablement lucide quant aux tensions auxquelles il est soumis. Sous le couvert d'un roman, il pose des questions fondamentales qui incitent à moult réflexions. Une lecture enrichissante!
Commenter  J’apprécie          90
Quel livre !
Quel coup de coeur !
Comment ne pas faire le parallèle entre la vie d'Henning et celle de son personnage Hans !

Ses parents ont divorcé quand il avait un an. Il nous propose au début du roman une analyse de ce qu'a pu vivre son père abandonné par sa femme, et comment lui, le petit garçon a essayé de comprendre pourquoi sa mère est partie un soir, l'abandonnant lui aussi ...
Ce départ, pourquoi ? Hans n'aura pas non plus la réponse et passera une partie de sa vie à essayer de comprendre ce qui n'est pas compréhensible pour un petit garçon.

Il me semble que ce livre est le premier écrit par Henning sur l'Afrique....
"Leopardens öga" a été publié en Suède en 1990, Henning a découvert l'Afrique en 1972. Dans "l'oeil du léopard", Hans part découvrir l'afrique la Zambie en 1969.
Peut on supposer que nous lisons la ou les premières réflexions qu'Henning a pu se faire en découvrant ce continent ?
Hans nous fait partager la découverte de ce lieu avec ce que cela peut traduire de bouleversements dans sa vie.
Les motivations d'un jeune homme qui a besoin de se confronter à un tout autre monde que celui qu'il connaît. C'est une façon comme une autre de remonter le temps et de retrouver l'origine du monde, revenir aux valeurs essentielles et choisir son chemin de vie.

"L'oeil du léopard", ce léopard que jamais nous ne rencontrerons que dans nos rêves ou dans nos cauchemars, l'oeil de la conscience des valeurs qui nous tiennent debout.
Pour moi le Must de ses romans traitant de l'Afrique et de notre rapport avec ce continent.
L'Afrique et les africains avec des façons de vivre différentes des nôtres. Les blancs colonisateurs, découvreurs d'un nouveau monde, ont voulu façonner une autre société pour que leurs réalités ressemblent à leurs rêves mais c'est du grand n'importe quoi ... que des blancs obligent les noirs à accomplir des travaux incongrus ... ils ont transformé l'Afrique et les africains !
Il est malheureux qu'Henning ne puisse plus répondre à nos questions ?

Laissons le nous rappeler,
"Je sais que je suis blanc et beaucoup trop visible. "
"Je suis seulement de passage, je ne suis ni complice ni coupable "
"Il y a une chose que j'ai comprise au bout de toutes ces années, c'est que l'Afrique a été sacrifiée sur l'autel occidental, qu'elle a été dépossédée de son avenir pendant une ou deux générations. Mais pas pour plus longtemps. Ça aussi je l'ai compris...."
Puisses tu cher Henning avoir raison !
Commenter  J’apprécie          90
Ce mois-ci j'ai lu ce livre car il m'a été proposé par une amie et je n'ai pas été déçue bien au contraire. Dès les premières lignes du roman l'auteur nous fait rentrer dans le vif du sujet. Son personnage Hans Olofson nous fait partager son univers plein d'angoisse en nous décrivant une crise de paludisme. On entre instantanément dans l'ambiance africaine en partageant ses frissons.
Tout d'abord il a été balloté par la vie, sa mère est partie lorsqu'il était très jeune, il a été élevé par son père, ancien marin devenu alcoolique. Il veut d'une autre vie, il désire devenir l'avocat des circonstances atténuantes.
Après avoir perdu ses deux amis les plus chers, Hans décidera de partir sur les traces d'un missionnaire en Zambie. Il part donc pour quelques semaines à Mutshatsha sur les traces du fameux missionnaire tant aimé par son amie de coeur Janine (qui n'a pas eu une vie facile elle non plus), finalement il restera en Afrique 19 ans après avoir accepté de reprendre la ferme de Judith Fillington.
Mankell nous peint une Afrique post-coloniale malade où règne la peur, la violence, la haine et les tensions se montrent de plus en plus fortes entre les fermiers blancs et les noirs.
C'est un roman fort en émotion, profond, violent, on partage les souffrances de Hans à travers ce pays qui est l'Afrique et qui souffre aussi bien économiquement qu'humainement.
Nous passons d'un pays à un autre avec aisance tout au long des différents chapitres sans aucune gêne, (de la suède à l'Afrique). Malgré le désordre et le chaos indescriptible de l'Afrique, ce continent m'a attirée car Mankell le connaît bien par conséquent il sait en parler et le faire aimer.
C'est un très beau roman réaliste que nous livre ici Mankell sans aucun jugement de sa part.
A lire absolument
Commenter  J’apprécie          90
Ce n'est pas l'auteur de polars suédois que l'on retrouve ici mais un Mankell social et humaniste. A travers le destin d'Hans Olafson, enfant, adolescent et jeune adulte dans la Suède du nord et adulte dans une Zambie post-coloniale, c'est le portrait d'une Afrique noire de 1969 à 1988 où la cohabitation entre le Blanc et le Noir semble bien impossible. Cette vision réaliste sans doute et sans concession pour les uns comme pour les autres interpelle le lecteur et le force à réfléchir sur la confrontation des deux cultures et son constat est implacable : « L'homme blanc n'a jamais compris l'Afrique ! ». Comme on le sait, Mankell partage sa vie entre Suède et Mozambique et on peut penser qu'il connaît bien cette partie africaine. Publié en 1990 en Suède, il sortira en 2012 ans chez nous : c'est donc une image de l'Afrique de voilà 22 ans et depuis, on peut penser que les choses et les mentalités ont sans doute évolué. C'est un roman dur, difficile mais tellement fort.
Lien : http://leoalu2.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          90
1987. Dans sa maison, à Mutshatscha en Zambie, Hans Olafson est en proie à une violente crise de paludisme. La forte fièvre ranime ses souvenirs.
Il revoit son arrivée en 1969 dans ce continent dont il ignorait presque tout, sa rencontre avec un couple de fermiers racistes puis celle avec Judith, une Anglaise à la tête d'une exploitation avicole qui avait sollicité son aide. Il avait accepté sa proposition, pensant ne rester que quelques mois, mais 18 ans plus tard, il a repris la ferme à son compte et il est toujours là. Mais y restera-t-il encore longtemps ?
Ses souvenirs d'enfance remontent à la surface : dans leur maison en bois, après le départ de sa mère, la vie avec son père, ancien marin devenu bûcheron ; l'amitié qui le liait à Sturge, le fils du juge ; la Femme sans Nez, cette femme mutilée par un chirurgien ivre, et les soirées inoubliables qu'ils passaient tous les trois, ensemble.
C'est pour Henning Mankell l'occasion d'établir un état des lieux peu réjouissant de ces pays qui venaient d'accéder à l'autonomie : animaux en voie de disparition, économie dégradée, misère, sorcellerie et superstitions, corruption, haine, racismes, violences, meurtres, guerres ; les colons blancs, riches et puissants, méprisent les Noirs, main d'oeuvre bon marché qu'ils exploitent et réduisent quasiment en esclavage, et les Noirs détestent les Blancs, ces hommes venus du Nord chez eux leur imposer leurs lois… Et avec Hans il se pose la question du droit que peut représenter l'antériorité d'un peuple sur un autre : les Africains sur les Blancs, les Indiens sur les colons européens…

Peinture sans concession de la société africaine. Roman noir mais roman superbe qui ne laisse pas indifférent. Quand le livre est fermé, ses mots résonnent encore.

Commenter  J’apprécie          50
Henning Mankell nous offre ici une magnifique immersion dans les résidus du colonialisme en Afrique et tente de dresser un tableau de ce pays où s'exerce la violence, la corruption, l'incompréhension entre deux cultures, la noire et la blanche. Pris dès le départ entre l'enfance du héros en Suède et sa vie en Zambie, on plonge dans son passé tourmenté au gré de ses crises de paludisme dans lesquelles les hallucinations côtoient les souvenirs. Un roman sombre, profond et violent où l'ambiance pesante et moite colle parfaitement avec le récit et où l'auteur réussit à ne pas porter de jugement sur les graves problématiques exposées au fil des pages. Forte en émotion, intense, enrichissante et engagée, cette lecture fait partie de celles qu'on n'oublie pas!
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (815) Voir plus



Quiz Voir plus

Henning Mankell et Kurt Wallander

Deux hommes sont retrouvés morts sur un canot, exécutés d'une balle dans le cœur. Les corps sont identifiés : des criminels lettons d'origine russe liés à la mafia.

Meurtriers sans visage (1994)
Les Chiens de Riga (2003)
La Lionne blanche (2004)
L'Homme qui souriait (2005)
Le Guerrier solitaire (1999)
La Cinquième Femme (2000)
Les Morts de la Saint-Jean (2001)
La Muraille invisible (2002)
Avant le gel (2005)
L'Homme inquiet (2010)

10 questions
227 lecteurs ont répondu
Thème : Henning MankellCréer un quiz sur ce livre

{* *}