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EAN : 978B0018IMPNI
(30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
Dans ces pages dont le chatoiement verbal répond à une condensation extrême de la pensée, l'auteur replace tout d'abord son personnage dans la grande famille héroïque de ces esprits qui dominèrent le XIXe siècle, esprits ouverts aux entreprises gigantesques et à des labeurs de titans, œuvrant parmi les déboires et les luttes pour un art nouveau et pour un monde meilleur.
Loin d'éluder les contradictions dont sont tissées l’œuvre, la vie et la doctrine de Wagn... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Que quelqu'un puisse justement ne pas considérer l'existence comme une fin en soi, mais comme un indispensable moyen en vue d'une fin supérieure, qui donc comprend cela avec son cœur et son esprit?" (Lettre [de Wagner] à M. Wesendonk, Venise, octobre 1858.) En effet il et contraire à la dignité et humiliant au degré suprême d'avoir à lutter pour l'existence, et à mendier, alors que l'on a en vue autre chose que l'existence, un fin hors d'elle, plus haute qu'elle, supérieure à elle: l'art, l'oeuvre créatrice, pour laquelle il faut conquérir la tranquillité et la paix, qui apparaît elle-même dans la lumière de la tranquillité et la paix. Mais, une fois péniblement conquise la liberté d'être soi, d'appartenir à son travail, ce qui suppose beaucoup de conditions remplies, alors, enfin libérée, intervient la formé véritable, supérieure de la liberté, une forme productive, une lutte pour l'art, sur l'essence duquel l'artiste luttant pour des choses inférieures s'abandonnait à des illusions philosophiques, étant donné que l'art n'est nullement connaissance qui délivre et pure " représentation", mais au contraire volonté luttant au maximum; c'est cela la vraie "roue d'Ixion".
Pureté et paix; en lui il y a, complémentaire de sa soif de vivre, un profond désir d'y atteindre, et aussitôt que, par réaction contre ses vaines tentatives de jouissance directe, ce désir domine, l'art lui apparaît - nouvelle complication - comme l'obstacle au salut. C'est un façon apparentée à celle de Tolstoï de réprouver l'art, sa cruelle négation du don que lui a fait la nature et que, pour l'amour de l'"esprit", il rejette à son tour. Hélas, l'art! Combien Bouddha avait raison de penser que rien ne détourne autant des voies du salut! C'est une lettre longue, orageuse, adressée de Venise en 1858 à M. Wesendonk, dans laquelle il expose cela à l'amie, après lui avoir parlé de son projet d'un drame bouddhiste: Die Sieger (Les Vainqueurs). Drame bouddhiste, voilà le difficile. C'est une contradictio in adjecto, et cela lui est apparu tel devant la difficulté d'utiliser pour la représentation dramatique, et en particulier dans un drame musical, détaché de toute passion, la Bouddha précisément. Ce qui est pur, saint, pacifié par la connaissance, est mort pour l'art. Sainteté et drame sont inconciliables, c'est clair, et c'est une chance que Cykiamuni - Bouddha soit, d'après les sources, placé devant un problème dernier, impliqué dans un ultime conflit: il lui faut prendre, en conflit avec les principes qui l'ont jusqu'alors guidé, la résolution d'admettre dans la communauté des saints le jeune fille Tschandala, Sawitri. Dieu soit loué, une possibilité est donnée à l'artiste de traiter le sujet. Wagner se réjouit - et au même instant sa conscience est troublée de constater combien l'art et lié à la vie, de reconnaître sa puissance de séduction. N'est-il pas pris sur le fait, voulant le drame, et non la sainteté? Sans l'art, il pourrait être... un saint, avec l'art, jamais. Le suprême savoir, la vue la plus profonde, siil les possédait, ne feraient jamais de lui qu'un poète, qu'un artiste; de leur révélation du sensible et su spirituel il ne sortirait pour lui qu'une ravissante image, dont le créateur ne pourrait s'empêcher de faire un élément d'art.
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La passion pour l’œuvre enchanteresse de Wagner a accompagné mon existence depuis le jour où j'en eus connaissance, où j'ai commencé à la conquérir et à la pénétrer de savoir. Je n'oublierai jamais les joies ni les leçons que je lui dois, ni les heures d'un bonheur profond et solitaire au milieu de la foule, dans le théâtre, les heures pleines de frisson et de joie nerveuse et intellectuelle, les regards jetés sur de touchantes et grandioses révélations, comme seul cet art peut en donner. Jamais la curiosité que j'en eus n'a faibli; je ne me suis jamais lassé de l'écouter, de l'admirer, de le surveiller, non sans méfiance, je l'accorde; mais les doutes, les objections, les atteintes, le diminuaient aussi peu que le diminue l'immortelle critique de Wagner qu'a faite Nietzsche, critique qui m'a paru un panégyrique, avec un simple changement de signe, une nouvelle forme de glorification. C'était là haine amoureuse, châtiment de soi. L'art de Wagner a été la grande passion amoureuse de la vie de Nietzsche. Il l'a aimé comme Baudelaire l'a aimé. On dit du poète des fleurs du mal que dans son agonie, paralysé et à demi inconscient, il souriait encore de plaisir lorsqu'on prononçait devant lui le nom de Wagner. " Il a souri d'allégresse...". Et Nietzsche, paralysé, dans les ténèbres dressait l'oreille à ce nom, disant: "Quelqu'un que j'ai beaucoup aimé." Quelqu'un qu'il a aussi beaucoup détesté, pour des raisons intellectuelles et morales, et parce qu'il avait une conception différente de la culture. Commenter ces raisons, ce n'en est ni le lieu, ni le jour, "ce jour sacré", pour reprendre le mot de Nietzsche, "où Richard Wagner mourut à Venise". Mais il serait étrange que je fusse seul à éprouver que la polémique de Nietzsche contre Wagner aiguillonne l'enthousiasme plutôt qu'elle ne le paralyse.
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Dans "Tristan", Wagner n'est pas moins poète des mythes que dans la "Tétralogie": dans le drame d'amour aussi il s'agit d'une mythe de la naissance du monde. "Avec un élan de l'âme, écrit-il de Paris en 1860 à Mathilde Wesendonk, je tourne souvent mes regards vers le pays du Nirvana. Mais "Tristan" redevient vite mon nirvana. Vous connaissez la théorie bouddhiste de la naissance du monde: un souffle trouble la pureté du ciel", et il écrit la montée chromatique des quatre notes par lesquelles commence son opus métaphysique et par lesquelles il finit; sol dièse, la, la dièse, si. "cela s'enfle, se matérialise, et voici de nouveau devant moi l'univers dans son opacité." C'est l'idée musicale que l'on a coutume d'appeler le motif de la nostalgie et qui, dans la cosmogonie de "Tristan", signifie le commencement de toute chose, comme dans la Tétralogie le mi bémol majeur du motif du "Rhin". C'est la "Volonté" de Schopenhauer représentée par ce que Schopenhauer appelle le "Foyer de la volonté", le désir d'amour. Et cette mythique assimilation du principe de douceur et de douleur créant le monde au désir sexuel est tellement schopenhauerienne que l'entêtement des adeptes à le nier n'est précisément qu'entêtement.
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