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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mars 1973, le jeune commissaire Daquin débarque à Marseille en pleine succession sanglante pour le contrôle du milieu marseillais entre Zampa et Francis le Belge, après la chute des frères Guérini et le démantèlement de la French Connection, la filière de l'héroïne qui approvisionnait les Etats-Unis depuis la France, en particulier depuis la cité phocéenne.

Lorsque Maxime Pieri, un ancien lieutenant des Guérini devenu un homme d'affaires en vue de Marseille, est abattu par un tireur d'élite en sortant d'un casino de Nice, l'enquête est confiée à Daquin et à sa nouvelle équipe. Pieri était accompagné ce soir-là d'Emily Frickx, petite-fille d'un magnat des mines d'Afrique du Sud mariée à un important trader de minerais, et qui reste introuvable.

«Pieri, un personnage. Massif, complexe, comme je les aime. Je ne le tiens pas encore, mais je m'approche. Ne pas aller trop vite. Garder l'esprit ouvert à toutes les surprises, il y en aura encore.»

Alors que des indices flagrants semblent valider la thèse du règlement de comptes dans la guerre de succession entre clans marseillais, Daquin et son équipe, soumis à des intimidations multiples sur le déroulement de leurs investigations et les moeurs de ce commissaire hors normes, démêlent peu à peu les fils d'une enquête qui ressemble de plus en plus à un labyrinthe impliquant le milieu marseillais, le SAC, des services secrets français en pleine restructuration, au moment où la libéralisation du commerce du pétrole fait naître des appétits démesurés pour de nouvelles formes de contrebande.

«Daquin quitte l'Évêché, direction la gare Saint-Charles et l'agence Eurauto. A pied, pour se donner du temps pour respirer. Il traverse le Panier, le vieux Marseille. Ruelles étroites, entre de hautes façades rongées par la pauvreté que la perspective resserre sur les passants comme les parois d'un étau. Très haut, très loin, une mince bande de ciel. Un quartier replié sur son folklore et ses réseaux mafieux. Pieri-Simon, un noeud d'embrouilles. Simon, l'ombre d'un inconnu qui semble prospérer dans les officines. Pieri, une présence écrasante, mais un personnage dont il ne sait toujours rien. le Santa Lucia, une promesse d'orage. Un ou plusieurs tireurs d'élite dans la nature. le couple intrigant que forment Emily et son cousin. Frickx, le grand absent. Et ce sentiment oppressant, sans doute lié à la configuration du quartier, que le pire est à venir, et que l'étau des murs lépreux des rues du Panier va finir par le broyer.»

Remarquablement documenté et efficace, entremêlant trafics et coups tordus de toutes natures et origines, "Or noir" éclaire un moment fondamental de basculement vers un nouveau monde, et le cynisme et les ambitions sans limites qui vont naître de la libéralisation du commerce du pétrole et de l'économie.
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L'écriture de Dominique Manotti est remarquable, sèche, sans fioriture, quasi cinématographique. L'idéal pour suivre cette intrigue complexe, qui fait se croiser à Marseille au printemps 1973, à la suite de l'assassinat très professionnel d'un armateur marseillais à Nice, les restes de la French Connection, et les débuts d'une nouvelle ère au Moyen Orient avec l'envolée des prix du pétrole. La victime Pieri est un ancien lieutenant de la French reconverti dans les affaires, qui était justement en train de se réorienter vers le pétrole.

Pour mener l'enquête Manotti reprend son héros récurent des années 1990, le commissaire Daquin. Dans ce prequel, jeune et inexpérimenté, Daquin va se heurter aux particularismes locaux, qu'il ne maîtrise pas en temps que parisien, et à la volonté de l'institution judiciaire de ne pas faire de vagues en épargnant quelques notabilités.

Avec son équipe réduite, il enquête sur qui paraît être un meurtre du milieu, un de plus dans la guerre de succession post Guérini, mais qui pourrait cacher en fait des intérêts économiques supérieurs. Chaque élément découvert, chaque témoin entendu, va venir éclairer ce contexte financier et économique au nom duquel on a tué sans aucun scrupule.

Ce livre est le retour de ce type de polar économico-politique dans lequel Manotti excelle. L'arrière fond marseillais est bien rendu de l'Evéché jusqu'aux cabanons des calenques. Manotti rend hommage à la beauté des paysages et ne cache rien de la complexité des relations humaines et des renvois d'ascenseur. Car les réseaux se télescopent : les stups sont liés au consulat américain de Marseille, la sécurité publique abrite quelques membres du SAC, les Corses s'entraident entre truands et flics, la PJ veut faire oublier son inefficacité.
Un excellent Manotti qui se lit d'une traite.
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J'ai découvert Dominique Manotti lors d'une rencontre littéraire intitulée Elles signent en noir organisée en juin 2021 à Saint-Nazaire. Elle venait y faire la promotion de Marseille 73, son dernier roman. J'ai préféré démarrer mon chemin de lecture par un poche et mon choix s'est arrêté sur Or noir. Bon choix selon l'autrice.
J'ai tout de suite accroché avec le commissaire Daquin fraîchement débarqué à Marseille en provenance de Paris. Les préjugés ont la vie dure et il aura bien besoin du soutien de ses deux acolytes pour comprendre le fonctionnement de la ville ainsi que les rouages de la police et de la justice locales. « Vous connaissez ce commissaire Daquin ? Il est raisonnable ? Il peut être sensible à vos arguments ?
- Personne ne le connaît. Il vient de débarquer. Un Parisien semble-t-il.
- Un de plus !
Le procureur réfléchit pendant quelques secondes, puis :
- Espérons qu'il soit capable de comprendre qu'ici, sur la Côte d'Azur, nous aimons l'ordre et le calme, pas la guerre. » le ton est donné.
Ancienne enseignante en histoire économique contemporaine, l'autrice maîtrise admirablement son sujet grâce à un gros travail de recherche. Elle nous apprend le fonctionnement du marché du pétrole. C'est complexe. Fort heureusement, la forme romancée permet de suivre plus facilement et en cas de perte, l'intrigue est là pour nous tenir en haleine.
« Tueurs, barbouzes du SAC, flics corrompus et requins de la finance se croisent dans cette intrigue passionnante. » selon le Parisien. Je confirme.
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La naissance du trading pétrolier en 1973 comme fait divers sanglant. du très grand art.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/03/15/note-de-lecture-or-noir-dominique-manotti/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Dominique Manotti est née à Paris en 1942, prof d'histoire économique contemporaine à la fac et aussi militante politique et syndicale. C'est pourquoi elle est à l'aise pour retranscrire dans ses romans noirs , les rapports d'influence entre argent et pouvoir dans le Marseille des années 1973. Très documenté, ce livre raconte l'enquête du commissaire Daquin qui essaie de démêler les liens complexes qui apparaissent derrière les règlements de comptes entre Marseille et Nice. En effet, luttant pour le pouvoir et l'argent, les intérêts de la mafia corse, italienne, de l'extrême droite (le SAC), des politiciens locaux entrent en conflit ou s'aident suivant les circonstances. D'un côté, les politiciens veulent le pouvoir mais ça passe par l'argent et l'argent c'est l'affaire du trafic de drogue, des armes (qui sont revendues pour mener la guerre , guerres nationales comme guerres des gangs) de la prostitution, des casinos et ... du pétrole et tout ça c'est l'affaire des truands, de la mafia, des hommes d'affaires, de magistrats complices ou de policiers ripoux. Bien sûr, on a besoin de tireurs d'élite pour faire le sale boulot de « nettoyage » qu'on recrute dans l'armée...Donc tout un monde qui grouille où tout un chacun devient tour à tour le bourreau et la victime.
J'ai beaucoup aimé le contexte réel de cette géopolitique qui gouverne le monde , j'ai fait des recherches sur l'importance du pétrole comme enjeu stratégique de domination mondiale , pour l'argent et le pouvoir . J'ai beaucoup aimé aussi le style sec de Dominique Manotti qui use de la phrase nominale comme d'un accélérateur narratif, comme d'un condensé émotionnel dénué de psychologie à rallonges : on comprend ce que ressentent les personnages à leurs paroles et à leurs actes mais pas besoin d'explications . Cette façon aussi d'intégrer les paroles au récit parfois, de passer de la troisième personne à la première d'une phrase à l'autre sont comme autant de plans séquences qui s'enchevêtrent et se succèdent: une écriture cinématographique où la caméra passe d'un plan large à un gros plan ( une voix off peut-être). J'ai bien aimé aussi les explications géostratégiques qui informent le lecteur et l'aspect administratif du style qui rappelle un dépôt de plainte ou un constat policier. Bonne lecture mais exigeante pour le/la lecteur/trice.
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Encore un excellent polar de Dominique Manotti. Un polar captivant, sans esbroufe mais si solidement documenté qu'il pourrait s'apparenter à une enquête d'investigation. Mme Manotti n'est pas professeur d'histoire économique qu'à sa chaire ! Elle revient sur les jeunes années de son commissaire préféré, prenant son premier poste à Marseille avec une enquête qui le dépasse complètement, et assumant avec humour son commandement et son homosexualité. Roman au style tonique mais bien tourné et qui décrit parfaitement le climat marseillais de ces années 73 (j'y vivais, sans être forcément un ami de Zampa ou de Francis le Belge !) du grand art qui mériterait une adaptation cinématographique comme “Nos fantastiques années fric”.
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Excellent polar qui se distingue des autres de par son intrigue politico-économique dans le monde actuel : des noms de personnes connues ne sont pas changées.
En outre le style est particulièrement alerte, les personnages particulièrement bien étudiés, et pour une fois que le personnage principal est gay et l'assume.
A lire
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Mars 1973.

Deux corps mitraillés à Marseille. Un armateur tué de dix balles de 11.43 à sa sortie d'un casino sur la Promenade des Anglais à Nice. Toutes les victimes avaient entretenu des liens avec le clan Guérini qui après le trafic de cigarettes d'après guerre avait contrôlé la filière de l'héroïne jusqu'à la fin des années 1960. La French Connection a ainsi amassé une fortune colossale. Puis la famille Guérini est tombée et la guerre de succession n'en finit pas, les exécutions succèdent aux exécutions.

L'armateur assassiné à Nice, Maxime Pieri, avait été un des meilleurs lieutenants d'Antoine Guérini avant de se reconvertir dans les affaires, à la tête de la Somar, une entreprise qui fait naviguer une dizaine de cargos. Dés son arrivée à Marseille, le jeune commissaire Théodore Daquin muté au SRPJ, brigade criminelle, Groupe de répression du banditime, à la tête d'une petite équipe de deux inspecteurs, Grimbert et Dumas, se voit confier l'affaire Pieri avec la consigne de ne pas faire de vagues dans le cadre de l'enquête de flagrance qui ne durera que quinze jours. Durant ces quinze jours, grâce à son opiniâtreté et sa perspicacité, Daquin et son groupe vont dénouer un écheveau aux ramifications internationales sur l'utilisation de l'argent de la French Connection pour se faire une place dans l'économie moderne devenue mondiale.

Avec Madame Dominique Manotti, la fiction rejoint la réalité, son portrait de Marseille est criant de vérité, en 1973 son économie est ruinée avec la fin des échanges coloniaux. Elle a du mal à tourner la page de la French Connection. La police est volontairement impuissante, écartelée entre le manque de moyens et les intérêts locaux. le récit de l'auteur parle de Gaston Deferre, du SAC, du poids des clans corses Elle raconte la construction du port de Fos objet de toutes les espérances et convoitises, décortique la géopolitique du pétrole qui voit l'OPEP prendre la main sur le commerce de cette matière première, prémices d'une envolée des prix et promesse de bénéfices inouïs mais les sommes à investir sont colossales.

Ce récit est un habile travail d'investigations journalistiques et de recherches historiques. C'est aussi un polar passionnant avec des procédures bien décrites. On y croise le commissaire van Loc. Il y a l'habile commissaire Daquin de la PJ ( à Marseille ce n'est pas au 36 mais à l'Évêché ) mais aussi les stups, la financière, les douanes dans une ambiance marseillaise bien reconstituée. Marseille est un personnage à part entière, c'est l'occasion de parcourir ses quartiers aux noms familiers, parfois rongés par la pauvreté. C'est aussi le Marseille des calanques à la beauté somptueuse. Marseille pièce d'un puzzle d'une rare complexité où se mêlent contrebande, traiding, blanchiment d'argent sale, paradis fiscaux, espionnage, relations internationales et politique. Une nouvelle criminalité voit le jour, elle fait fi des frontières à l'image des pipelines. le pétrole n'a jamais si bien mérité son nom de "or noir".

Pas une minute de répit pour le lecteur qui est littéralement happé par un récit mené à cent à l'heure et qui l'amène pas seulement vers un dénouement mais aussi vers des révélations. le style est sobre, pas de phrase inutile lorsqu'un mot seul peut décrire une situation. L'auteure est la narratrice, ponctuellement Daquin l'est aussi, moments de confidences presque de complicité avec le lecteur, brefs moments où la tension se relâche avant de mieux rebondir.

Dominique MANOTTI : Or noir. Parution le 5 mars 2015, collection série noire, Gallimard. ISBN 9782070148707.
Réédition en février 2017, collection Folio policier ( n° 819 ), Gallimard.

Je remercie l'auteure, livre lu grâce à sa générosité.


Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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Coup de foudre.

Mon premier, et peut-être le meilleur récit de D.Manotti que j'ai lu. J'ai tout de suite adoré son style.
Sa façon d'écrire, sans fioritures, des situations percutantes tout le temps, des analyses (technico-historico-économico...) pertinentes, cette façon de nous raconter une histoire, en y intégrant des anecdotes ou situations réelles qui intensifient le récit.

On se recentre sur le roman : nous sommes ici à la croisée des chemins.
Années 70. Deux mondes se télescopent, le milieu Marseillais post "French Connection" et le monde de l'énergie, en l'occurrence l'industrie pétrolière.

Une belle enquête, un focus sur la mutation macro-économique du secteur à cette époque, et des enjeux que cela représentait. Excellent.
Seul bémol, un héros auquel on s'attache, mais sans plus.
(plus d'avis sur PP)
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Un super polar avec des personnages savoureux ; une intrigue solide et brillamment construite ; un cadre grandiose dans le Marseille post trench connections ; un final réussi. On peut également ajouter le style ciselé de l auteur et des thèmes fort. Bref un grand moment de lecture
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